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UW1 au musée

Photo ¢ Centre Belge de la Bande DessinéeLe Centre Belge de la Bande Dessinée me prévient que la planche originale d’Universal War One qu’ils m’ont demandée de leur prêter est maintenant installée dans l’espace Art de la BD.

C’est un grand bonheur d’être exposé dans un musée que j’ai eu tant de plaisir à fréquenter quand j’habitais Bruxelles.

Fans d’UW1, c’est le moment de visiter ou de revisiter cette belle institution !

Utopiales 2018

Comme tous les ans, je serai présent aux Utopiales, le rendez-vous incontournable de la science-fiction. Il se tient cette année du 31 octobre au 5 novembre 2018 à la Cité des congrès de Nantes.

Grande nouvelle, vous pourrez y découvrir l’expérience de réalité virtuelle Universal War One qui était installée tout cet été à Poitiers. Elle sera présentée aux Utopiales dans une version encore améliorée. Attention, il n’y a “que” quatre casques de réalité virtuelle, donc essayez de venir en dehors des heures de pointe.

Je serais plus souvent possible dans les parages pour répondre à toutes vos question et signer vos livres. D’ailleurs, n’hésitez pas à m’arrêter n’importe ou et n’importe quand dans le festival : je viens pour vous rencontrer.

Comme tous les ans, j’interviendrai aussi dans des tables-rondes variées. Cette année, les Utopiales m’ont en plus demandé de me prêter à l’exercice de la conférence en solo. À croire que je parle facilement… 🙂

Voici le programme de ces interventions :


Le corps des machines

Laurent Genefort, Denis Bajram, Marcus Dupont-Besnard

Mercredi 31 Octobre – 16:00 / 17hh00 – Salle Hypérion

Qui n’a jamais insulté son ordinateur récalcitrant ou jeté un téléphone fonctionnel mais démodé ? L’obsolescence programmée encourage et autorise ce type d’usage des machines tandis que les robots deviennent de plus en plus interactifs à défaut d’être conscients comme les réplicants de Blade Runner. Une éthique vis-à-vis des machines est-elle à envisager ? Faut-il aussi être soigneux pour un développement durable ?


Les réseaux, nouveaux organes de démocratie ?

Avec Denis Bajram, Jeanne-A Debats, Christopher Priest.
Modération : Magali Couzigou

Jeudi 1er Novembre – 18h00 / 19h00 – Scène Shayol

1970, Sur l’Onde de Choc de John Brunner : la révélation d’un secret fait tomber des entreprises nocives. Aujourd’hui, les citoyens, en désaccord avec la politique d’une institution ou d’une entreprise, le font savoir. Et parfois, ils obtiennent satisfaction. Entre danger de censure populaire et expression d’une démocratie directe, où va le corps social du réseau ? Est-il déjà le 5e pouvoir ?

Les cités biomimétiques ou les nouveaux jardins de Babylone

Baptiste Grard, Agnès Lelièvre, Kij Johnson – Modération : Denis Bajram

Samedi 3 Novembre – 15:30 / 16h30 – Scène Shayol

La science-fiction a rêvé toutes sortes de villes, souvent mégalopoles dystopiques où le citoyen insecte peine à trouver son chemin dans la fourmilière. Mais parfois il s’agit plutôt de cités vivantes, quasi végétales, elles aussi, tels les « habitarbres de Schuitten dans ses songes archiborescents. Ces agglomérations à taille humaine feront de leurs habitants non plus des consommateurs mais les acteurs de ces nouveaux écosystèmes. Êtes-vous prêts à déménager dans le futur ?

Rigueur scientifique et bande dessinée

Université Éphémère des Utopiale – Denis Bajram

Samedi 3 Novembre – 17h00 / 18h00 – Lieu Unique

L’imagerie de science-fiction pourrait sembler n’avoir eu de frein que la frénésie des auteurs. Pourtant, dès l’aube du genre, ils se sont souvent tournés vers la science pour créer des êtres ou des machines « réalistes ». Ainsi les spéculations sur les canaux martiens ou bien les formes des vaisseaux. À l’heure de la théorie des cordes, quelles nouvelles inspirations et contraintes scientifiques pour les auteurs ?

Le constat sur le statut des auteurs

Aujourd’hui, la Ligue des Auteurs Professionnels publie son constat sur le statut des auteurs. Cela fait des semaines que nous discutons, échangeons, expertisons et essayons de rendre toute cette analyse la plus claire et accessible possible.

Ce constat n’est que le début de notre travail. La Ligue travaille d’ores et déjà sur les pistes de réformes.

Je ne peux que recommander aux auteurs, mais aussi aux lecteurs que leur sort intéresse, de lire ce constat.

Calculez vos droits d’auteur

Je viens de mettre en ligne un outil qui devrait rendre de très grands services à la plupart des auteurs : un simulateur de droits d’auteur.

Cet outil est basé sur une feuille de calcul Excel que j’ai créée il y a plus de 15 ans. Valérie et moi avons passé à cette moulinette tous les contrats que nous avons signés depuis et cela nous a permis plus d’une fois de ne pas nous tromper. J’ai toujours eu envie de partager ce fichier Excel, mais je ne l’ai pas fait parce qu’il était assez compliqué à utiliser, qu’il pouvait donc facilement induire des collègues en erreur.

En travaillant sur une version web, j’ai souhaité faire tout le contraire : le rendre à la fois le plus simple possible et le plus ouvert possible. J’ai intégré une aide au remplissage. J’ai aussi fait en sorte que les éventuelles incohérences de saisie soient bien signalées à l’utilisateur. Côté fonctions, on peut ajouter autant d’auteurs que nécessaire, autant de paliers de droits, mettre des prix par page ou en global, gérer le fixe, l’avance etc… Enfin, une option particulièrement utile est le calcul de la proportionnelle. Pour plus d’explications sur tout cela, je vous renvoie à l’aide intégrée.

Enfin, je précise que ce simulateur est en bêta test. Ça veut dire déjà qu’il ne faut pas se fier à 100% à ses calculs, je pourrais avoir fait une erreur de programmation. Ça veut aussi dire qu’il ne faut pas hésiter à me signaler des bugs qui auraient échappé aux tests faits avec les copains de l’atelier virtuel et du SNAC.

PS : Quelques infos pour les geeks : j’ai pour l’occasion développé une librairie de type tableur, que j’ai appelée WSS, Web Spread Sheet. Tout le contenu est généré en Javascript à la volée (sans jQuery). Enfin, j’ai packagé le tout dans un plugin WordPress, histoire de pouvoir le distribuer à l’avenir à des organisations d’auteurs.

 

Métal brûlant

Cela fait bizarre de se réveiller avec un de ses dessins reproduit dans le presse du monde entier. Il faut dire que cette image accompagne une publication scientifique dans la prestigieuse revue Nature, ce qui explique cette importante diffusion.

C’est ma seconde collaboration avec l’observatoire de l’Université de Genève. Après une première illustration consacrée à l’exoplanète GJ436, c’est à une autre, Kelt-9b, que l’astrophysicien David Ehrenreich m’a proposé de m’attaquer. Avec une vraie difficulté, représenter une géante gazeuse tellement proche de son soleil que son atmosphère contient du fer et du titane gazéifiés par la chaleur intense (4000°).

L’idée était de faire encore une fois une image de science-fiction. Nous avons eu de nombreux échanges, entre autres pour représenter le plus justement possible les couleurs de l’étoile et de l’atmosphère de la planète. Nous sommes tombés d’accord pour montrer des vaisseaux récoltant du métal au moment où il se condense en brume liquide, à la limite entre les faces sombre et éclairée et de la planète.

Mais la science-fiction comme outil pédagogique et machine à faire rêver le grand public a toujours du mal à être légitime en science, même quand il s’agit de vulgarisation. C’est la version sans les vaisseaux qui a finalement été diffusée en presse.

Je milite depuis des années pour qu’on utilise le “merveilleux scientifique” pour intéresser beaucoup plus le grand public aux sciences. J’ai donc évidemment un petit regret. L’erreur a sans doute été de laisser le choix aux médias.

Avec un grand merci à David Ehrenreich, ce fut encore une fois passionnant !

Quelques liens parmi les centaines d’articles publiés sur cette découverte :


Mise à jour

Le Huffington Post m’a demandé s’il pouvait publier cette note de blog. J’ai évidemment dit oui. Voilà qui renoue avec de bons souvenirs, lorsque j’avais été rédacteur-en-chef du futur pour leur site.

Manifestons-nous !

La démocratie est un bien commun fragile. Il faut des longues années de luttes, et souvent de nombreuses victimes, pour obtenir des droits qui semblent pourtant relever de la plus grande banalité quelques décennies après. Hélas, il faut beaucoup moins de temps pour perdre ces droits.

Le pouvoir, quel qu’il soit, aime le pouvoir. Il a toujours tendance à vouloir le conserver voire à l’accroitre. Plus il est faible, plus il est incompétent, plus il devient paranoïaque, plus il ne lui reste que l’usage du pouvoir pour prouver qu’il a le pouvoir. Une des plus vieilles méthodes du pouvoir pour détourner le regard de ses buts réels, de ses turpitudes ou de son incompétence est de designer des boucs émissaires. Il est très facile, hélas, d’instrumentaliser la peur d’un ennemi extérieur ou intérieur, réel ou supposé. Plus la menace est forte, qu’elle soit vraie ou non, plus un pouvoir obtient de suspendre l’état de droit, plus il peut renforcer son propre pouvoir.

Il y un an, une enquête d’Amnesty dénonçait les atteintes au droit de manifester en France sous le précédent gouvernement. Aujourd’hui on découvre que des sbires employés à l’Élysée et dans le parti du nouveau président, portant brassards et insignes de police en toute illégalité, se permettaient de jouer au petit milicien pendant la manifestation du 1er mai sans qu’un seul policier autour d’eux ne pense à les en empêcher.

Le droit de manifester est déjà sévèrement contrôlé par la loi en France. Aujourd’hui, comme le montrait l’enquête d’Amnesty, il est réprimé dans les faits. En instrumentalisant les lois anti-terroristes. En utilisant le moindre prétexte pour avoir un recours excessif à l’usage de la force. En s’en prenant aux journalistes qui auraient la mauvaise idée de vouloir rapporter ses violences. Ces débordements sont tellement entrés dans les mœurs du pouvoir que maintenant il lui semble presque normal que ses petits copains aillent se défouler sur les manifestants.

La démocratie est un bien commun fragile. J’ai déjà plusieurs fois écrit contre l’état d’urgence permanent, maintenant, hélas, inscrit dans nos lois. Si, par dessus, nos gouvernements successifs arrivent dans les faits à réduire le droit de manifester, il ne faut pas douter qu’ils s’en prendront ensuite au droit de grève, à l’indépendance de la justice, à la liberté d’expression, s’ils n’ont pas déjà commencé…

La démocratie est un bien commun fragile. Il va falloir maintenant que, nous, démocrates, nous défendions le droit de manifester. Il va falloir que nous allions manifester systématiquement pour le simple fait de renforcer ce droit à manifester. Il va falloir que nous documentions systématiquement les violences. Il va falloir que nous portions systématiquement plainte. Manifestons-nous !

Album ou livre ? BD ou roman graphique ?

 

Un môssieur, tout fier d’avoir écrit un roman, a tenté de défendre sur le mur Facebook d’un ami que les bandes dessinées étaient des “albums” et pas du tout des “livres”. On a beau lui avoir opposé arguments et figures d’autorité, rien n’y a fait. Les BD portent un ISBN (International Serial Book Number) comme tout livre vendu en librairie ? Le Centre National du Livre soutient les BD, parce que ce sont des livres comme les autres ? Non, non, non, il n’en démordait pas, les BD ne peuvent pas être des livres. Heureusement que le ridicule ne tue pas, les réseaux sociaux ressembleraient au Père Lachaise.

Plus intéressant est de voir les confusions de vocabulaire apparues à cette occasion. À commencer par ce mot d’album.

L’album, c’est ce qui permet de rassembler, de collectionner, de compiler des petites choses, des morceaux choisis. Album de timbres, album musical 33 tours etc. (Éthymologie : http://www.cnrtl.fr/etymologie/album/substantif)

Dans le cas de l’album de BD, le terme s’est imposé parce que c’était un livre qui rassemblait les pages ou les épisodes parus initialement dans un journal. Ce terme est donc intimement lié à la prépublication en presse.

C’est les auteurs et éditeurs “indépendants” des années 90 qui ont popularisé le remplacement du terme “album” par celui de “livre”. La quête d’une reconnaissance culturelle pour la Bande Dessinée en était le moteur, mais les plus cultivés d’entre eux avaient bien conscience d’avoir rompu avec la presse jeunesse, et affirmaient donc à juste titre ne plus faire d’album de BD. Le mot livre l’a finalement très largement emporté dans la profession et la crispation s’est déplacée dans l’opposition des formats “48CC” (48 pages cartonné couleur, l’ex “album”) et “roman graphique” (l’ex “livre”).

On a assisté aux mêmes crispations sur le terme “BD” (et son cousin dégénéré “bédé”) qui après avoir remplacé “bandes dessinées” (qui lui même avait remplacé “illustrés”), est devenu ringard pour les indés. BD renvoyait à une production considérée comme trop commerciale et/ou populaire. Des néologismes comme “narration graphique” ont finalement cédé la place à un retour à “Bande Dessinée”, mais au singulier et avec les majuscules d’un Art majeur.

Il y a eu aussi un amusant turn-over de vocabulaire pour désigner la bande dessinée qui se veut non-commerciale. De “alternative”, “fanzine”, “graphzine” dans les années 80, elle est devenue “indépendante” voire “indé” dans les années 90, puis le néologisme journalistique “nouvelle BD” a un temps remplacé le tout dans les années 2000, avant que l’expression “roman graphique” ne finisse par l’emporter. Ce “roman graphique” est devenu un mot valise désignant à la fois un format, le livre épais, un genre, mais tellement ouvert que nul ne saurait le définir, bref tout ce qui n’est pas supposé “commercial” où “mainstream”… même si certains romans graphiques sont depuis longtemps des best-sellers.

Aujourd’hui, “BD”, “bédé” et même “Bande Dessinée” semblent toujours imprononçables sans mépris par beaucoup trop de commentateurs. En général, ce sont les mêmes qui auront un usage aussi flou que ridicule du mot “roman graphique”. On retrouve là l’opposition snobarde du môssieur cité en début de texte, qui refusait à la Bande Dessinée le mot de “livre”, elle n’était que des “albums”.

J’avoue être passé par ces revendications et cette quête de reconnaissance culturelle. J’ai cherché dans les années 90, avec d’autres, le terme idéal. J’avais proposé “illustration séquentielle”. Illustration, car chaque “case” est en effet une image illustrant un sens, y compris par sa part textuelle. Séquentielle parce que c’est l’enchaînement de ces Illustrations qui fait la Bande Dessinée. Bon, “illustration séquentielle” est encore plus long que “bande dessinée” et se battre pour ne remplacer à la fin “BD” que par “I.S.” n’était pas des plus motivants.

Aujourd’hui, je parle de “livres” pour mes albums, je mets des majuscules à Bande Dessinée dès que c’est de notre 9e Art que je parle. Mais, ces derniers temps, j’ai une vraie envie de redire “BD”, d’assumer les origines crottées, populaires et grand public de la narration graphique. Nous avons obtenu une partie de la reconnaissance culturelle que nous réclamions pour la Bande Dessinée dans les années 90, mais à l’arrivée, cela se paye d’une gentrification, d’un embourgeoisement de notre public, alors que les auteurs, eux, s’ils sont de plus en plus formés et cultivés, s’appauvrissent. C’est un vaste sujet sur lequel il faudra que je revienne plus sérieusement.

 

Illustration : La Librairie Payot à Genève – Photo originale d’ActuaLitté.

Orgue héroïque

Valérie et moi nous sommes rappelés au dernier moment qu’il y avait un concert d’orgue hier à la cathédrale. Grand moment, qu’il aurait été bien dommage de manquer ! Olivier Penin, le titulaire du Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde à Paris était venu jouer celui de notre ville de Bayeux. Au programme Mendelssohn, Debussy et Franck. Une interprétation organique, symphonique, avec une mention spéciale au très beau travail de registration. Olivier Penin a extrait des merveilles sonores de notre instrument !

Pour vous donner une idée, le voici interprétant la Pièce héroïque de César Franck sur son Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde :

Avec un grand merci aux Amis de la cathédrale de Bayeux pour nous avoir offert ce petit moment de paradis.


Mise à jour

Juste après avoir posté sur les réseaux sociaux cette Pièce héroïque de César Franck, Je découvre que la superbe partition de Basil Poledouris pour le film Conan de John Milius a été transposée pour orgue !

C’est un jeune organiste allemand, Philipp Maximilian Pelster, qui a eu cette excellente idée et qui l’interprète pour un CD publié en 2015 par Naxos.

L’instrument qu’on entend ici est une création conjointe du facteur allemand Glatter-Götz et du facteur américain Rosales pour la Claremont United Church of Christ, en Californie :

Je rappelle à qui ne le saurait pas que Naxos est un éditeur de musique classique à petit prix. Donc si ce disque vous plait, vous pourrez vous le procurer pour environ 7 euros.

Et merci à François Baranger pour cette découverte !

Universal War One en réalité virtuelle

Voici un aperçu de ce que vous pourrez expérimenter jusqu’au 14 octobre 2018 à La Chapelle Saint-Louis de Poitiers, puis pendant cinq jours aux Utopiales de Nantes. Au sein d’un des modules tout en métal de l’exposition, deux casques de réalité virtuelle permettent une immersion sonore et visuelle en relief et à 360°. On croirait vraiment être à bord d’un des vaisseaux d’Universal War One. Magique !

La gratuité se paye toujours

Un site que je lis souvent a été contacté par l’AFP qui lui réclame 300€ pour avoir utilisé une photo d’un auteur japonais sans en avoir le droit ni les droits. C’est un site de passionnés, tous bénévoles, bref qui ne génère pas de cash. Son fondateur a bien dû payer, et se pose la question de ne plus jamais publier que des images libres de droits. Ce qui limite évidemment beaucoup sa capacité à illustrer les articles.

L’ambiance est en train de se durcir côté ayant-droits. Pourquoi ? Le principe de base est simple : les artistes-auteurs doivent pouvoir vivre de leur travail. Et aujourd’hui ça devient extrêmement difficile, en partie parce que tout le monde se permet de publier leur travail gratuitement. Et certains journaux ou grands médias rechignent de plus en plus à remplir leur obligations (Canal + a arrêté de payer les droits d’auteurs depuis des mois, allant au bras de fer avec les sociétés d’auteurs)

Précisons que publier une image d’un créateur, même sans en faire le commerce, n’est pas du tout neutre : cela va lentement et sûrement la banaliser, lui ôter sa rareté, ce qui fera que livres, journaux ou documentaires ne l’achèteront plus.

Les géants du web, les GAFA, Facebook en tête, nous ont habitués à publier tout et n’importe quoi sans se poser la question de savoir à qui ça appartient. C’est une importation du fair use américain qui permet en effet d’utiliser dans certaines conditions les textes ou images des autres. Ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que cette gratuité des contenus permet d’alimenter ces plateformes qui elles, gagnent beaucoup d’argent sur le dos du travail des autres. Elles font de l’argent sur votre dos ou le mien quand nous faisons un statut, et sur le dos des artistes quand vous ou moi postons leurs images. Ces plateformes arrivent pour l’instant à ne pas payer les artistes-auteurs comme elles arrivent à ne pas avoir à payer les impôts qu’elles devraient à nos pays. Les milliards que valent les GAFA sont clairement sortis de nos poches à tous. Ce sont des hôpitaux et des crèches que nous n’avons pas construits, des emplois que nos pays n’ont pas créés. Participer de cette culture de la gratuité en niant le travail des autres, c’est bien avoir cette attitude de prédateur. C’est participer à construire un monde dans lequel, rapidement, vous ne serez plus payés non plus. Ou mal payés, juste assez pour que vous ne fassiez pas la révolution et continuez à nourrir les vrais gagnants de la “gratuité”.

Voilà, ce n’est vraiment pas simple. Mais il est important de se rappeler que quand on ne veut pas payer le travail des autres, c’est probablement soi-même qu’on appauvrit à terme.


Mise à jour

Cette note a fait parler ! Il va sans doute falloir que pour la Bande Dessinée, les organisations d’auteurs, d’éditeurs et de critiques se mettent autour de la table pour écrire un code des bons usages permettant de définir ce qui est et ce qui n’est pas une “citation” légitime. Qu’on mette au point des règles simples qui éviteraient l’actuelle incertitude juridique. Je vais en discuter avec les uns et les autres pour voir si ça aurait du sens pour eux.