Ce week-end, Valérie et moi avons découvert pour la première fois les Imaginales. Quel merveilleux festival ! Consacré à l’imaginaire, il accueille tous les ans plus de 40 000 visiteurs dans un cadre idyllique, un parc au centre-ville d’Épinal. Différentes tentes et structures s’y dressent, et, avec une météo particulièrement idyllique comme cette année, c’est un vrai bonheur de circuler dans ce jardin enchanté.
Les Imaginales est un festival comme je les aime, un festival culturel à la fois grand public et pointu, et où, surtout, la dédicace n’est pas le seul centre d’intérêt. Vous le savez, j‘ai arrêté les séances de dédicaces dessinées il y a plus de quinze années, pour de nombreuses raisons, la première étant que je pensais, et pense toujours, qu’il y a de bien meilleurs moyens de montrer et parler de notre travail que des files de lecteurs devant des auteurs tête baissée sur leur dessin (voir ici). C’est pour cela que j’ai réorienté mes sorties vers les manifestations qui me proposaient autre chose que la séance de dédicace : tables rondes, démonstrations live, expositions, master class, cafés littéraires, ateliers et autres rencontres.
Ces dernières années, sous la pression de certains libraires, j’avais repris lentement le chemin des tables de dédicaces, mais dans une formule réduite à la seule signature de mes ouvrages. En ne faisant « que » signer, j’évitais les files d’attente de parfois plusieurs heures qui se formaient devant moi quand je dessinais. Et je pensais pouvoir discuter tranquillement avec ceux que ça intéresserait. Mais, dans les faits, il semble que seul un petit tiers des gens qui viennent devant moi ont envie de discuter. Les autres ne sont là que pour obtenir un autographe destiné à valoriser leurs livres de manière symbolique, mais aussi pécuniaire pour certains, je ne suis pas dupe.
Si j’avais accepté l’invitation des Imaginales (merci Gilles Francescano), c’était donc pour les tables rondes, les retrouvailles avec les amis et le fait qu’on m’avait dit que la rencontre avec le public était facilitée par le cadre. Et c’est bien le cas : j’ai été arrêté dans les allées du parc par de nombreux lecteurs et lectrices, et nous avons pu parler de plein de choses passionnantes. Entre autres excellents souvenirs, celui où, après une bonne sieste en fin de journée avec Valérie sous un des grands arbres un peu à l’écart, nous avons eu le plaisir de discuter avec un jeune libraire d’Octopus qui est venu, passionné, à notre rencontre. Je venais justement de poster sur mon mur Facebook une petite photo de cette sieste idyllique en souhaitant un bon week-end à tout le monde.
Hélas, en rentrant, j’ai eu le plaisir de découvrir sous ce message celui d’un malotru se plaignant de nous voir faire la sieste : « Au lieu de dédicacer… Triste 2 x 2 heures d’attente pour rien… Tant pis les autres auteurs ont fait le taf. »
Pourtant, nous avons été présents à tous les créneaux de signature que nous avions donnés au libraire dès le premier jour. Je suis juste arrivé un matin en retard d’une demi-heure car j’avais été occupé par une petite réunion professionnelle. Donc si ce monsieur a attendu deux fois deux heures pour rien, c’est qu’il n’a pas demandé aux libraires à quel moment nous venions. Mais cela ne semble pas être le cas, puisqu’il commente un peu plus bas « c’est le week-end qui a l’air d avoir été complexe selon les libraires… ».
J’ai du mal à croire que les libraires du pôle BD aient dit du mal dans mon dos, car ça serait plus que déplacé. J’imagine que ce monsieur s’est surtout fait un film. Car, sans doute, doit-il considérer qu’un auteur doit être à son service durant toute la durée d’un festival. Et il en est tellement persuadé qu’il a la goujaterie de venir le dire en commentaire sur mon propre mur.
Doit-on encore rappeler que le seul service que nous devons à nos lecteurs et lectrices, c’est de leur faire les meilleurs livres possibles ? Que la rencontre, la signature ou la dédicace dessinée sont des cadeaux gratuits que nous avons la gentillesse de leur faire ? Que nous prenons sur nos week-ends et nos vacances pour cela ? Et que nous avons donc peut-être le droit de faire une petite sieste ?
Bref. Suite à cette aventure, je commence à me dire qu’il serait plus simple que j’arrête toute séance de signature. Comme ça personne n’attendra devant une table vide. Je continuerai de voir mes lecteurs et lectrices à la fin des interventions sur scène, pendant les ateliers ou par hasard dans les allées. Je continuerai à y signer rapidement mes livres en souvenir de ces rencontres presque improvisées. Et tout le monde en sortira bien plus heureux, non ?
Rassurez-vous, cette petite histoire n’arrivera pas à gâcher l’excellent souvenir de ces Imaginales. Et même si c’est un peu trop loin de la maison, nous y retournerons Valérie et moi avec un grand plaisir… mais probablement sans signer la prochaine fois 😊