Bomb X est une nouvelle série de science-fiction qui a mûrit au sein de notre atelier virtuel. Sans que je ne sache vraiment de quoi parlait le scénario de Vincent Brugeas, c’était passionnant de voir comment Ronan Toulhoat, Brice Cossu et Yoann Guillo étaient en train mixer leurs styles, le tout sous l’excellente direction artistique d’Alexis Sentenac.
Leur éditeur m’ayant proposé d’écrire une préface à l’album, j’ai tout de même demandé à lire l’album finalisé avant de donner mon accord. heureusement, je n’ai pas été déçu, bien au contraire, par la lecture !
C’est donc avec un grand plaisir que j’ai écris ces quelques mots pour le livre de mes camarades :
Qu’est-ce que la science-fiction ? Durant des décennies des aéropages d’érudits ont proposé de bonnes définitions, mais il suffisait qu’un nouveau chef-d’œuvre bouleverse le genre pour qu’il faille les réécrire. Bien sûr, on peut définir la SF par ses sujets évidents, comme les histoires sur le progrès scientifique, les voyages dans l’espace ou dans le temps voire dans des univers parallèles, les extra-terrestres, les créations technologiques les plus incroyables… Mais, défini comme cela, ce vaste univers de la SF peut passer pour de la pure fantaisie jusqu’à n’être qu’un genre d’évasion un peu creux.
Je vois, au contraire, dans la science-fiction un genre des plus sérieux. Si je devais réduire la définition de la SF au plus court, je dirais qu’elle est spéculation sociétale. Car, si on invente tous ces mondes hypothétiques, c’est en fait pour observer différemment nos organisations humaines et nos comportements actuels. Si on amplifie certains phénomènes ou questions à l’extrême, c’est pour les voir fonctionner plus clairement, mieux en comprendre tenants et aboutissants et mieux identifier avantages et risques.
Bomb X correspond, bien sûr, à la définition classique de la science-fiction d’évasion. Sans rien vous dévoiler, on y retrouve beaucoup des grands thèmes que j’évoquais au début. Si vous avez feuilleté l’album, vous l’avez déjà constaté, les dessinateurs et le coloriste ont réalisé de sublimes images de SF. Et quelle mise en scène, quelle vie dans les personnages ! Bref, côté évasion, le lecteur est choyé.
Mais Bomb X est aussi de la science-fiction telle que j’aime à la définir. En effet, la micro-société que les auteurs nous décrivent est le résultat du télescopage d’humains venus d’horizons très différents. Il ressort inévitablement de cette expérience, voire de cette confrontation, des questions fortes, en particulier pour les Occidentaux de ce début de millénaire que nous sommes.
Je suis évidemment curieux maintenant d’en savoir plus sur ce monde énigmatique. Mais, je suis aussi curieux de continuer l’aventure avec tous ces personnages, de vivre avec eux cette expérience d’humanité inédite. Ne l’oublions jamais, la fiction a parfois plus à nous apprendre sur nous-mêmes que la réalité.
Denis Bajram
Pour avoir un aperçu de l’album :