Thierry Cailleteau

Autoportrait avec Thierry Cailletau – 1996

J’apprends à l’instant le décès de Thierry Cailleteau. Quel choc. Et que de souvenirs.

1994. Thierry, fan d’ordinateur, voulait faire un CD-ROM sur Aquablue, la série vedette qu’il scénarisait à l’époque. Il passe donc avec Guy Delcourt à l’atelier de Mathieu Lauffray un des jours où je suis là. Mathieu, jeune auteur de la maison d’édition, leur avait dit que j’étais de bons conseils sur les questions de développement informatique.

Sur ma table, il y a, bien visibles, les planches de L’Arche, un projet de science-fiction que je rêve de signer chez un éditeur. Guy n’en a cure, mais Thierry les regarde quelques minutes. Puis on va déjeuner au restaurant à côté, où l’on discute donc de faisabilité d’un CD Rom. Après le repas, Thierry demande à repasser à l’atelier. Il se plante à nouveau devant ma table et les planches de mon projet SF. Puis me demande, avec le grand sourire qui était le sien, si je ne voudrais pas dessiner un album pour lui. Et j’ai vite compris ce qu’il avait en tête : me faire reprendre Aquablue.

Quelques planches d’essai plus tard, Guy et Thierry m’annonçaient que ce projet ne se ferait pas pour des raisons indépendantes de leur volonté. Mais Thierry ne m’oublia pas, et m’envoya bien vite un autre scénario, Cryozone, une histoire de zombies dans un vaisseau spatial en même temps réaliste et fun. Ce fut donc ma première collaboration au long cours. Je ne compte plus les grandes discussions de passionnés de science-fiction ni le nombre de fax échangés entre nous pour faire le meilleur album possible. Mais ce furent aussi les bonnes rigolades, les heures passées chez lui à jouer à Doom en réseau et les descentes dans les bars de Rouen avec ses nombreux potes.

Nous avons fait les deux albums prévus ensemble. Et grâce à la notoriété de Thierry, j’ai connu le succès avec ces premiers livres. Mais je l’avais prévenu dès le départ que j‘étais un raconteur en images plus qu’un dessinateur. J’ai donc repris ma liberté, et j’ai même dû changer de maison d’édition pour pouvoir écrire seul mes histoires, comme je le faisais depuis mon enfance. Mais c’est une autre aventure.

En écrivant ces lignes, je repense à la dernière fois où nous nous étions revus à Rouen, pour une expo rétrospective sur ma carrière. Je n’ai jamais oublié que celle-ci lui doit beaucoup. J’ai connu la meilleure des entrées dans ce métier grâce à Thierry. Il a su voir dans mes planches de l’époque ce qu’aucun éditeur n’avait perçu avant. Il m’a ensuite livré un excellent scénario, plein d’idées et de scènes passionnantes à dessiner. Il m’a surtout montré qu’une bonne histoire, même à grand spectacle, passait par les personnages. Car Thierry, entre autres par son art du dialogue, avait su mettre dans ceux de Cryozone toute son incroyable truculence. J’imagine qu’avec son départ, la ville de Rouen va sembler soudainement très calme…

Merci Thierry. Et mes condoléances à tous les tiens.

Souvenir avec Leiji Matsumoto

Leiji Matsumoto, le créateur, entre autres, d’Albator, est décédé à l’âge de 85 ans. Avec Valérie et l’ami Berberian, nous avions eu le plaisir de passer une soirée avec lui lors du festival d’Angoulême 2013. Ce fut un moment assez étonnant, nous avions échangé (via interprète) sur beaucoup de sujets. Je dois dire que je garde un souvenir assez marquant de son regard intense et de sa gestuelle calme et incisive.

À la fin, nous avions dédicacé sur le livre d’or de la ville. Impressionnant de dessiner sous l’œil très attentif de Leiji Matsumoto ! Alors que je stressais déjà d’ajouter ma modeste contribution à toutes celles de mes illustres prédécesseurs !

On n’a pas pris de photos. Mais il reste de cette épisode un dessin de Charles Berberian paru dans “Mon Lapin” numéro 1 quelques mois plus tard. Surtout il nous reste le souvenir d’une sacrée rencontre. Merci Leiji Matsumoto !

Mémoire des prix

Source : facebook.com

L’ami Fred Beltran écrit sur Facebook qu’il doit se résoudre à se débarrasser de vieux Macintoshs pourtant acquis à prix d’or à l’époque. Que de souvenirs. En me remémorant le PowerMac qu’on avait acheté à deux avec Mathieu Lauffray, hors de prix pour de jeunes artistes débutants, j’ai donc commenté que ces ordinateurs « coûtaient un rein ». Mais certains me répondent que « ça n’a pas vraiment changé aujourd’hui ». Rien de moins sûr.

Sur la publicité d’époque, on peut voir le prix de la gamme des Macintoshs de 1994.

Si on convertit en euros les 20 000 Francs HT d’un PowerMac 7100, en tenant compte de l’inflation évidemment, on obtient presque 5 000 € HT / 6 000 € TTC d’aujourd’hui. Ce PowerMac 7100 de 1994 à 6 000 € a en gros comme équivalent dans la gamme aujourd’hui le Mac Mini M2 ”pro” à 1 500 €. C’est donc 4 fois moins cher. En performance, c’est évidemment sans comparaison.

Pour rappel, les tarifs du Mac Mini M2 de 2023 commencent à 700 € (et c’est déjà une sacrée bête de course à ce prix). Même le Mac Studio Ultra, horriblement cher, n’est « que » à 4 500 €.

Bref, les prix des PC comme des Mac se sont totalement effondrés en 30 ans à gamme égale. Et c’est vrai pour la plupart des appareils électroniques. Et ce sans tenir compte des prodigieux gains de performance obtenus entre temps. Et pourtant beaucoup continuent à les trouver bien trop chers.

On ne peut donc que recommander de comparer les prix dans le temps, car notre mémoire est très approximative sur ces sujets. Je pratique souvent cet exercice, et c’est plus surprenant qu’on ne l’imaginerait. Je le fais bien sûr aussi sur la rémunération des auteurs et autrices dans l’édition. Et croyez-moi, avec une vision de plus de 30 ans de recul sur les tarifs pratiqués, il y a de quoi avoir peur.

Pour faire des calculs des prix avec l’inflation mais aussi la conversion entre francs et euros entre les années :

Geekerie : l’Amstrad CPC464

En 1984, après avoir fait mes gammes sur les ordinateurs de l’école, des Sinclair ZX81 puis Commodore VIC20, je m’offrais enfin mon premier ordinateur personnel, un splendide Amstrad CPC464 monochrome. J’avais travaillé tout l’été pour pouvoir le payer. Pourtant, c’était l’ordinateur le moins cher de l’époque, et de loin. Il ne coûtait que 2990 francs, ce qui correspond avec l’inflation à un peu moins de mille euros d’aujourd’hui.

Dans l’année qui avait suivi, je lui avais soudé un modem maison pour jouer par téléphone à Pong avec un voisin et, surtout, me prendre pour un pirate comme dans le film Wargame. J’avais aussi réussi à lui adjoindre un petit circuit électronique pour utiliser comme manette de jeu le commodo défectueux de la Peugeot 505 de mes parents. Je codais beaucoup, en particulier mes propres petits jeux vidéo, apprenant l’assembleur du Z80 pour réussir à faire des séquences en 3D filaire. Enfin, j’avais transformé mon Amstrad CPC464 en synthétiseur musical, jouant du clavier de l’ordinateur comme d’une sorte de clavier d’accordéon. Cerise sur le gâteau, ce synthé pouvait restituer de courts sons « réalistes », car j’avais détourné le magnéto cassette interne pour sampler (en 8bits) ce que je voulais…

Et dire que, même avec son processeur tournant à fond, il devait avoir moins de puissance que mon actuel smartphone quand il est en veille !

Je n’ai qu’un seul regret avec cet Amstrad CPC464, c’est de l’avoir vendu quand je suis parti étudier les maths à Paris. Autrement, il trônerait fièrement sur le dessus des étagères de mon bureau, entre le vieux Minitel à clapet et le Mac tournesol transformé en lampe…

 

Un vieux Mac des années 90 dans votre navigateur

Je me souviens de mes débuts sur Photoshop en 1991. J’étais étudiant à l’école des Arts décoratifs de Paris et on y trouvait une incroyable salle informatique emplie d’ordinateurs Mac plus chers les uns que les autres. Dès les premiers cours, j’avais eu droit à une démonstration de la toute récente version 2 d’Adobe Photoshop sur un rutilant « Macintosh II » couleur. Quel émerveillement cela avait été ! On pouvait manipuler une image exactement comme on le voulait, pixel par pixel s’il le fallait ! Que de promesses ! Si on m’avait laissé faire, je n’aurais plus quitter la salle informatique.

Et pourtant, rétroactivement, que ce pauvre Photoshop 2.0 était lent, limité et incomplet (sans même parler de l’archaïsme du système Mac OS 6). Trois décennies plus tard, on a du mal à se souvenir à quel point les débuts de l’informatique personnelle était laborieux. Les grands gagnants étaient surtout les fabricants de machines à café vu le temps qu’on a passé à attendre devant des ordinateurs qui moulinaient…

Heureusement, plusieurs projets permettent de revivre cette incomparable expérience. Si ça vous amuse, vous pouvez dès maintenant essayer cela dans votre navigateur avec un Mac virtuel de 1997.

Vous (re)découvrirez les grosses fenêtres boudinées de Mac OS 8.1, les icônes en mauvais plastique, les polices pixelisées du bon vieux temps. Dans le dossier « Graphics » vous trouverez surtout un Photoshop 3.0, une version presque moderne puisque c’était la première à proposer les calques.

En fouillant dans les autres dossiers, vous pourrez essayer plein d’autres vieux loukoums comme Word 5, Hypercard, Filemaker II, ou des vidéos Quicktime d’époque. Pour les amateurs de retrogaming, c’est aussi l’occasion de jouer les vieilles versions de Prince of Persia, Sim City, Civilization, Indiana Jones, Warcraft II, Maelstrom…

Les ordinateurs d’aujourd’hui sont devenus tellement puissants, qu’ils peuvent émuler nos anciens systèmes en javascript dans le premier navigateur venu. On voit bien là les incroyables progrès qu’ont connus toutes ces technologies en trente ans !

Avec un grand merci à l’excellent Korben pour l’info.

 


Mise à jour

J’avoue que j’ai pris un plaisir fou à refaire quelques parties de Maelstrom, un excellent clone pour Mac du jeu Asteroid d’Atari. Résultat, j’ai vérifié si quelqu’un n’en aurait pas fait un portage moderne. J’ai fini par découvrir que le code source de Maelstrom était devenu libre. Depuis, des passionnés ont continué à le compiler pour des systèmes récents, dont nos Mac M1.

Maelstrom, me revoilààààààààààààà !

L’atelier des années 90

Hier, j’ai publié cette photo sur les réseaux sociaux commentée d’un « Retrouvailles de l’atelier des années 90. De gauche à droite, Xavier Dorison, Alex Alice, Denis Bajram et Mathieu Lauffray ». Beaucoup de lecteurs ont eu l’air de découvrir à ce moment les liens qui nous unissent tous les quatre. C’est vrai que nous nous étalons rarement sur nos parcours, préférant laisser parler nos livres. Alors, ouvrons la boîte à souvenirs.

En 1990, après une année de maths à Jussieu puis deux ans aux Beaux-Arts de Caen, j’ai eu la chance d’être admis dans la prestigieuse École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris. J’y ai rencontré plein d’autres étudiants et étudiantes, plus doués les uns que les autres. Mais la rencontre la plus marquante fut celle d’un certain… Mathieu Lauffray. Ce fut particulièrement pendant les cours de « morphostructure » (manière compliquée de dire géométrie) que nous avons commencé à discuter, en particulier de BD et de comics dont nous étions fans tous les deux. Un jour, en sortant des cours, je l’ai donc suivi à son petit appartement, au pied de la montagne Sainte Geneviève où se situait l’école, et donc en plein quartier des libraires BD.

De proche en proche, j’ai fini par venir de plus en plus souvent pour squatter le second bureau du petit atelier qui occupait la moitié des lieux. On a beaucoup échangé, lui m’initiant aux arcanes de l’illustration ou de l’encrage, moi lui faisant découvrir en échange les subtilités de la narration graphique propre à la Bande Dessinée. Si nous avions tous les deux déjà beaucoup travaillé nos pratiques artistiques, nous l’avions fait dans des axes très différents, et nous avions donc énormément à nous apprendre l’un à l’autre. Finalement, au milieu des années 90, Mathieu signa chez les encore jeunes éditions Delcourt pour son premier album, Le Serment de l’Ambre et je ne tardais pas à le suivre avec Cryozone.

D’autres dessinateurs passaient à l’atelier, les amis de Mathieu bien sûr comme Marc Botta, François Baranger, Nicolas Bouvier aka Sparth… J’y amenais aussi les miens. En parallèle de mes études, j’avais animé des fanzines de BD et participé à l’organisation de festivals. C’est dans le cadre de celui des grandes écoles que j’avais rencontré Xavier Dorison, étudiant en école de commerce qui voulait devenir scénariste. Il m’avait à son tour présenté son comparse dessinateur, Alex Alice, avec lequel ils essayaient de monter un projet BD, très original à l’époque, nommé Le Troisième testament. de la « catholic-fantasy » comme il était amusant de le résumer. Très vite, les présentations avec Mathieu furent faites, et très vite aussi toute la bande s’entendit au mieux.

Mais, après avoir bien gagné ma vie comme graphiste chez Hachette, je me retrouvais jeune auteur de BD sans le sou. N’arrivant plus à me payer un loyer parisien, je dû partir à Angoulême en 1995. La place libérée, Alex travailla ses pages chez Mathieu. Mais il passa aussi du temps chez moi à Angoulême pour s’initier à la narration et à la mise en page. Et enfin, Xavier et lui signèrent Le Troisième Testament chez Glénat.

Mathieu, me voyant dépérir à Angoulême, profita d’un projet de nouvel atelier pour me rapatrier dans son ancien appartement parisien (encore mille mercis, Mathieu, tu m’as sauvé la vie ce jour-là !). En effet, sa nouvelle habitation avait été choisie beaucoup plus vaste pour pouvoir accueillir un très grand lieu de travail collectif.

C’est dans une petite cour de la rue Saint-Denis que la magie allait de nouveau fonctionner. En plus de Mathieu, d’Alex, de Xavier (qui nous rendait visite en sortant de son boulot) et de votre serviteur, les principaux habitués furent Christian Mattiucci ami graphiste rencontré aux Arts déco, Patrick Pion, que j’avais connu à Angoulême, Robin Recht, sans oublier tous ceux passèrent nous voir là-bas plus ou moins fréquemment…

Ce vendredi, profitant de mon passage au festival du Livre de Paris, nous avons réuni le noyau dur historique de l’atelier des années 90. Franchement, quel plaisir de se retrouver ainsi au soleil pour un long repas en terrasse avec Mathieu, Alex et Xavier. Et, pour une fois, on n’allait pas oublier de faire une photo.

En la publiant sur les réseaux sociaux, j’ai bien vu que beaucoup y voyaient une magnifique « dream team » de la BD. C’est vrai que nous avons tous les quatre eu la chance énorme de connaître le succès, parfois même en travaillant les uns avec les autres. Mais ce qui compte pour moi, c’est l’amitié qui nous réunit tous les quatre. Elle est riche d’être à la fois humaine et artistique. Et elle est riche de durer depuis trois décennies. Que ce soit dit, je vous aime, les copains !

 

 

 

Allegretto à Delphes

Arte, je ne vous remercie pas, car hier vous m’avez fait décrocher de mon travail. En effet, pour accompagner mes 90 heures de dessin hebdomadaires, nous mettons parfois en fond à l’atelier des films que nous connaissons par cœur ou des replays de programmes TV. Hier soir, c’était le cycle des neuf symphonies de Beethoven que la chaîne avait proposé en direct toute la journée de dimanche qui était au programme.

Si j’ai été assez déçu par la prestation française à Strasbourg sur la 8e symphonie, convaincu par la 9e à Vienne, j’ai été totalement ébloui par la 7e proposée par la Grèce. Le cadre de ce concert est déjà une merveille à lui tout seul : le sanctuaire antique de Delphes1. C’est un lieu où coule la mythologie, l’art et la magie, comme j’ai eu la chance de le vérifier sur place il y a des années. C’est dans le théâtre antique, surplombant le sanctuaire et la vallée que l’orchestre s’est installé. C’est une petite formation, resserrée. Le son est net, clair, claquant, presque baroque. Les musiciens jouent debout, répondants aux danseurs contemporains dans le site. Les drones tournent autour de la scène. Tout est magie chorégraphiée alors que le soleil se couche lentement sur les montagnes. Extraordinaire ! Καλὸς κἀγαθός !

 

Si vous ne devez voir qu’un extrait de ce concert, je vous recommande le second mouvement, le célèbre allegretto, qui commence à partir de 18 mn 30. Celui-là même qu’on entend dans le film Zardoz qu’Arte diffusait il y a quelques jours, justement…

Arte, en fait, je vous remercie.

 

Notes

1J’ai eu la chance de profiter quasiment seul du site archéologique de Delphes pendant mes études de scénographie aux Arts déco de Paris dans les années 90, et ce grâce à l’entremise de l’école Française d’Athènes. J’ai connu à Delphes une véritable extase, traversé à la fois par la culture grecque classique que j’ai eu le plaisir de traduire adolescent et par la géographie extraordinaire de toute cette vallée. Assis dans le théâtre antique et méditant les mots de Nietzsche et de tant d’autres sur les origines de nos arts, je me souviens avoir pleuré longuement de bonheur. À Delphes se trouve l’omphalos marquant le centre du monde, et ce jour-là c’était bien le cas pour moi.

Goldorak perd son musicien

Shunsuke Kikuchi , le compositeur de la bande son originale de Goldorak est décédé en cette fin avril à l’âge de 89 ans. Souvent surnommé le Ennio Morricone japonais, il a marqué de ses compositions symphoniques et percussives beaucoup d’entre nous. Sa musique a accompagné des dessins animés aussi célèbres que Goldorak, Albator 84, Dr Slump, Dragon Ball et Dragon Ball Z. Beaucoup connaissent aussi la chanson Urami-Bushi, écrite en 1972 pour le film La Femme Scorpion de Shunya Ito, qui a été réutilisée par Quentin Tarantino dans Kill Bill.

Pendant que je travaille sur la bande dessinée de Goldorak que nous réalisons avec Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo, j’écoute souvent les musiques du dessin animé original. C’est un vieux CD pirate récupéré sous le manteau chez un copain marchand de comics dans les années 90, car à l’époque il était impossible de trouver ces musiques en France. Il reprend toutes les compositions de Shunsuke Kikuchi pour Goldorak, jusqu’à la moindre petite virgule sonore. Chaque thème mais aussi chaque son m’évoque encore les incroyables émotions que j’avais, enfant, en regardant Goldorak à la télé.

Ce sont ces émotions que j’ai essayées de retrouver en dessinant notre Goldorak d’après l’œuvre de Gō Nagai. Ce sont aussi ces émotions que j’ai tentées de recréer en composant la musique que nous avons mise sur le premier teaser vidéo annonçant notre Goldorak, une petite composition électro basée sur les premières notes du thème de la série animée.

Voilà, je retourne à mes dessins, notre livre sortant en octobre 2021. Je suis bien sûr en train de réécouter encore une fois mon vieux CD. Aujourd’hui, mais aussi à chaque fois maintenant que j’entendrai un des morceaux de Goldorak, j’aurai une pensée émue pour Shunsuke Kikuchi. Qu’il soit remercié pour tout ce qu’il nous a offert !

Le quartier latin se vide de ses libraires

© Julien Primard
© Julien Primard

La librairie Boulinier historique du quartier latin est obligée de fermer ! C’est donc un des plus anciens commerces de bande dessinée de Paris qui disparait. Installé depuis 1938 au début du boulevard St-Michel, Boulinier avait basculé vers la BD dans les années 80 et vers l’occasion dans les années 90. Avec Gibert et Aaapoum bapoum, ce fut une de mes principales sources d’approvisionnement d’étudiant fauché.

Les libraires sont à la merci de propriétaires des murs qui peuvent ne pas renouveler leur bail. Juste pour toucher de plus gros loyers. Hélas, la plupart des commerces sont plus lucratifs au m2 que celui du livre. Quand les librairies sont installées depuis longtemps dans des quartiers qui ne cessent de se gentrifier, elles sont particulièrement menacées. Dire qu’elles finissent en général remplacées par des franchisés ou des agences comme il y a en a déjà mille. Comme la grande librairie Dupuis/Glénat/Album du boulevard St-Germain disparue au profit d’un assureur aux vitrines mortes…

 

2015 / 2020 © Google Street View
2015 / 2020 © Google Street View

Et la liste est longue. Je pense en particulier à la mythique librairie La Hune, ou j’avais eu le plaisir d’être reçu pour une  conférence et un cocktail, victime d’un terrible incendie et convertie depuis en « corner shop », ou à la Libraire des Presses Universitaires de France, place de la Sorbonne, ou j’avais mes habitudes étudiant, et dont la fermeture fut tout un symbole…

Acculturation et uniformisation…

 

Antonov 225

Hier soir, j’entraperçois un reportage sur le “plus gros avion du monde” qui apporte huit millions de masques en France. À l’écran, un avion cargo Antonov avec six réacteurs contre quatre habituellement… Il a en plus d’étranges protubérances à l’endroit où les ailes rejoignent la carlingue.

Tout cela me titille l’hippocampe, mais c’est ce matin que je connecte : c’est l’avion qui transportait la navette spatiale russe Bourane dans les années 80 !

 

Antonov An-225 transportant la navette spatiale Bourane au Bourget en 1989. © Master Sgt. Dave Casey - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
An-225 et Bourane au Bourget en 1989
Antonov An-225 et Bourane en vol. © Ralf Manteufel - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
An-225 et Bourane en vol

Mais n’était-ce pas un modèle unique ? Wikipedia me confirme que oui. Et c’est bien lui qui est revenu se poser en France plus de 30 après !

Développé à partir de l’An-124, l’appareil avait pour but premier le transport de la navette spatiale russe Bourane, cependant ses capacités militaires étaient évidentes. Le seul exemplaire achevé de l’An-225 prit l’air pour la première fois à Kiev le 21 décembre 1988. Au cours d’un vol de 3 h 30 min le 22 mars 1989, l’An-225 battit 106 records du monde dont : celui de la masse maximale au décollage avec 508 200 kg, de la charge utile avec 156 300 kg et de l’altitude maximale avec charge en atteignant 12 340 m2. Quelques jours plus tard, le 13 mai 1989, il décolla avec la navette spatiale Bourane et participa au salon du Bourget en juin 1989.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique et l’arrêt du programme spatial, la mission initiale de cet appareil fut abandonnée et l’appareil fut remisé en 1994, et ses 6 réacteurs furent démontés pour être réutilisés sur des Antonov 124. La construction du second appareil fut alors arrêtée.

Il reprit du service au printemps 2001 et apparut au salon du Bourget cette même année. Par la suite, il a été exploité par la compagnie ukrainienne Antonov Airlines pour des vols cargos à la demande. Après un chantier de modernisation de 18 mois où il reçoit, entre-autres, un système de gestion des réacteurs conçu en Ukraine, il effectue un vol d’essais le 25 mars 2020.https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225

Et pour ceux qui voudraient encore plus d’informations :

 

© Clem Tillier (clem AT tillier.net) - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
Comparaison des tailles des avions géants