Contrat de travail

La cour d’appel de Paris vient de condamner l’entreprise Deliveroo pour avoir fermé le compte d’un livreur en 2020 parce qu’il avait le COVID. Le juge a exigé qu’il soit réintégré comme salarié et qu’on lui verse les années de salaire qu’il aurait dû toucher depuis son licenciement. Enfin, les décisions de justice se multiplient contre ces sociétés qui abusent du statut d’auto-entrepreneur pour exploiter des travailleurs qu’elles devraient normalement salarier.

Et de penser que certaines maisons d’édition devraient commencer à s’inquiéter : un jour, un auteur qui aura été écarté sans ménagement d’un travail de commande, par exemple d’une série dont les personnages appartiennent à l’éditeur, obtiendra de faire requalifier son contrat d’édition en contrat de travail.

Le piano le plus long du monde

Sur un piano, les cordes les plus graves sont en fait entourées d’une torsade de cuivre pour les alourdir et ainsi éviter qu’elles ne soient trop longues. Un jeune pianiste néozélandais de 14 ans s’est demandé il y a quelques années comment sonnerait un piano qui aurait des cordes de grave assez longues pour ne pas avoir besoin de cet artifice. Résultat, il a passé les 6 années suivantes à construire un piano pour le savoir ! Il pèse plus d’une tonne et mesure 5.7 mètres de long, c’est-à-dire le double des plus grands pianos à queue de concert. Et, en effet, il apporte une clarté et une densité assez magique au registre bas de l’instrument.

Les images de la construction accompagnées par un classique de Bach :

La comparaison avec un piano Ibach de 1886 :

Une Sonate au Clair de Lune de Beethoven toute en basses :

L’élégie « Funérailles » de Liszt qu’on croirait écrit pour ce piano :

Du jazz de Gershwin :

La démocratie sous le joug des réseaux sociaux

Meta a décidé de fermer du jour au lendemain la page Facebook “Mr Mondialisation”. C’est la suppression définitive et sans contestation possible d’un média d’information qui avait pourtant 1,5 million d’abonnés ! Tout ça pour une photo d’une tribu autochtone d’Amazonie qui avait le tort aux yeux pudibonds de Meta de montrer des corps un peu trop dénudés…

N’est-ce pas formidable ? Ces réseaux sociaux se montrent incapables de contrôler la diffusion de contenus dangereux et manipulateurs auprès des plus faibles, enfants en tête, mais, en même temps ils censurent de manière complètement aberrante des contenus qui ne peuvent que nous faire réfléchir, et ce quelles que soient nos opinions politiques, même si nous ne sommes pas d’accord avec une ligne éditoriale.

Ces réseaux sociaux ont un tel pouvoir qu’on aurait dû, il y a déjà longtemps, créer une sorte de loi antitrust pour contrer la main mise de ces intérêts très privés sur le débat public. Plus de 100 000 comptes actifs sur un site de discussion public ? Obligation de contrôle par une association de certification indépendante externe. Plus d’un million de comptes ? Obligation de transparence sur les algorithmes, règlement de modération imposé et contrôlé par une autorité publique (type Arcom pour l’audiovisuel).

Et si ça devait ne pas leur plaire, tant pis, que ces réseaux sociaux quittent la France et l’Europe. Ça nous éviterait d’en rajouter jour après jour à nos abêtissements et à nos difficultés démocratiques…

 

Si vous voulez en savoir plus et/ou soutenir Mr Mondialisation :

Mac : renommer ses fichiers par lot

J’ai réalisé hier en voyant passer un article que la plupart des utilisateurs de Mac devaient ignorer l’existence d’une fonction pour renommer des fichiers ou dossiers par lot. Grâce à elle, on peut ainsi éditer facilement tous leurs noms d’un coup, en remplaçant tout ou partie, en y ajoutant du texte au début ou à la fin, en les numérotant ou même en les datant.

Le plus merveilleux, c’est que tout cela se fait sans utilitaire particulier, juste en sélectionnant dans le Finder ses fichiers, puis en ouvrant le menu contextuel (clic droit) et en sélectionnant « Renommer ».

Et si vous connaissiez déjà cette astuce, je ne peux que vous recommander de vérifier que c’est le cas pour toutes celles proposées par l’excellent site Mac4ever :

Froideval

J’ai connu François Marcela-Froideval au tout début des années 90, alors qu’il était au sommet de sa gloire, à la fois référence incontournable du jeu de rôle en France et scénariste des Chroniques de la Lune noire, grand succès de la BD d’heroic fantasy. Il jouissait d’une réputation de très grande gueule et était largement à la hauteur de celle-ci. J’avoue qu’il avait de quoi faire un peu peur au débutant en BD que j’étais.

Je me trouvais, en effet, à l’époque encore étudiant, encore fanzineux et encore en atelier avec mon pote des Arts déco de Paris, Mathieu Lauffray. François avait découvert notre travail dans les fanzines, au festival BD des grandes écoles et via quelques relations communes. Je ne l’avais pas compris à l’époque mais il avait immédiatement flashé sur nos dessins. Il faut dire qu’il nous l’avait fait savoir à sa manière si particulière, avec des remarques du genre « Vous n’êtes pas trop mauvais, enfin si, mais vous êtes juste les moins mauvais de cette bande de nuls ».

Pour nous montrer ce qu’il estimait échapper à la catégorie de « nul », il nous avait invités à passer chez lui admirer ses originaux de Chris Foss et autres Ledroit, ce que nous fîmes bien sûr. On en profita pour regarder les milliers de pièces de collection qui emplissaient son petit manoir.

Peintures pour le projet SF avec Froideval

Finalement, je ne devais pas être si nul, puisqu’il me proposa assez vite un scénario de science-fiction, une histoire énoooooorme comme il les aimait. Je fis quelques illustrations et quelques pages (dont je poste des exemples ici) mais, assez vite, je réalisais que j’avais besoin d’un autre type de SF et m’attelais à mon propre scénario… avant finalement de finir dans les bras d’un autre scénariste, Thierry Cailleteau, pour mon premier album, Cryozone.

Première planche du projet SF avec Froideval

François, grand seigneur, ne m’en a jamais voulu de lui avoir fait faux bond… ou alors il l’a bien caché. C’était toujours un plaisir de le croiser en festival, en particulier aux Utopiales. C’est lors d’une édition de cette grand-messe de la SF que j’acceptais la proposition qu’il me fit, en tant qu’éditeur chez Léha, d’illustrer le roman Aria Stellae de l’amie Jeanne A. Debats. J’avoue que j’y voyais un moyen de boucler la boucle de notre projet avorté trente ans plus tôt.

Cher François, merci de la confiance que tu as eue dans le petit jeune que j’étais. J’ai été heureux de te connaître, et je te souhaite de fougueuses aventures au Valhalla des conteurs.

Toutes mes condoléances aux tiens.

 

Spacewar!

Voulez-vous essayer un des tous premiers jeux vidéo de l’Histoire ?

À partir de 1962, un ingénieur du MIT et des étudiants ont codé sur un ordinateur DEC PDP-1 un jeu de bataille spatiale, « Spacewar! », souvent considéré comme le premier jeu vidéo graphique de l’Histoire.

L’ordinateur DPD-1, avec son poids de 730 Kg pour seulement 10 Ko de RAM et moins de 3000 transistors, avait la qualité d’avoir un écran de 16 pouces assez défini et d’être prêt pour des usages interactifs. C’est d’ailleurs sur cet ordinateur que sera créé le premier traitement de texte, TECO, comme la première manette de jeu video. Ouvert, bien documenté, le PDP-1 sera pris en main par les étudiants de plusieurs universités, et donnera naissance à la culture hacker comme à l’open-source au MIT.

Le plus amusant, c’est que ce jeu si innovant mais si complexe à programmer dans un ordinateur qui coûtait pourtant plus d’un million d’euros d’aujourd’hui, eh bien ce petit jeu tourne sans aucun effort dans un navigateur web. Alors si vous voulez jouer à l’ancêtre du célèbre Asteroids d’Atari, c’est ici :

Et pour ceux qui voudraient en savoir beaucoup plus, voici un riche article sur le sujet :

Meta va entraîner ses IA sur nos créations sans qu’on puisse réellement s’y opposer

C’est officiel, d’ici un mois, Meta va utiliser toutes les données publiées par les utilisateurs de Facebook et Instagram pour entraîner ses IA sauf si ces utilisateurs s’y sont opposés formellement d’ici là.

Pourtant, sur les réseaux sociaux, énormément de photos, d’illustrations et de dessins sont partagés par des gens qui n’en sont pas les créateurs. S’ils ne se manifestent pas, Meta va faire comme si c’était leurs propres contenus, alors qu’ils sont déjà publiés de manière illégale du point de vue du droit d’auteur.

En conclusion, Meta va donc entraîner son IA avec tous ces contenus sans l’accord de leurs véritables auteurs et autrices. Et nous, créateurs et créatrices, il ne nous restera que nos yeux pour pleurer sur ce nouveau pillage.

Comme un petit sentiment de déjà vu…

Une image publiée par le site Astronomy Picture of the Day (APOD) de la NASA le 2 septembre dernier :

« Pourquoi un triangle flotte-t-il au-dessus du Soleil ? Bien que sa forme soit inhabituelle, son type de structure ne l’est pas : il fait partie d’une protubérance solaire en évolution. Des champs magnétiques en boucle sur le Soleil canalisent le flux de particules énergétiques, retenant parfois des structures gazeuses brillantes en l’air pendant des mois. Une protubérance brille intensément parce qu’elle contient du plasma solaire particulièrement chaud, dense ou opaque. Cette surprenante structure triangulaire est apparue la semaine dernière. Plus grande que notre Terre, cette protubérance emblématique a été photographiée par plusieurs photographes solaires et documentée par le Solar Dynamic Observatory de la NASA, où elle s’est formée et s’est violemment dissipée en une journée environ. L’image présentée a été capturée dans une couleur de lumière rouge émise fortement par l’hydrogène. »

Débâcle culturelle en pays de Loire

Vous savez à quel point j’ai plaisir à participer tous les ans aux Utopiales Nantes. S’il y a un endroit ou chaque centime de subvention est utilisé pour démocratiser les connaissances scientifiques, la littérature et les arts auprès du plus grand nombre, c’est bien les Utopiales. Mais la région des Pays de la Loire a décidé de faire des économies massives et sur tout le secteur culturel. Pour les Utopiales, c’est 15 % du budget dédié à la programmation qui disparait. Comme si l’accès à la culture n’était pas un enjeu majeur dans nos sociétés. Quelle erreur historique.

 

La pétition contre cette sombre coupe budgétaire en Pays de Loire :

L’infidélité récompensée

On marche sur la tête. Je suis client fibre chez Bouygues Telecom depuis pas mal de temps, et je vois qu’ils sortent enfin l’offre idéale pour moi, « B&YOU Pure fibre : la fibre, rien que la fibre, sans téléphone, sans télévision. C’est uniquement ce dont j’ai besoin, et ça se voit sur le prix. Hélas, il semble impossible de basculer vers cette offre depuis mon espace client.

Je contacte donc l’opérateur par tchat, où je tombe sur une IA qui visiblement ne connait pas l’offre fibre, pourtant en promo partout, et me parle de mobile. Le conseiller humain qui reprend, heureusement, le dossier me confirme, hélas, que je ne peux pas basculer sur la nouvelle offre. Je m’avance un peu plus : « Aujourd’hui, je ne peux que quitter BBox pour, genre, Red SFR, puis revenir dans un mois pour prendre un abonnement B& YOU Pure fibre ? C’est un peu ridicule, non ? C’est dommage, car je suis très content de Bouygues telecom, je dois dire … »

Soudainement l’argumentaire change de ton, devenant, je trouve, menaçant : « Je vous informe que je ne peux en aucun cas, vous conseiller de résilier et de resouscrire à nouveau, car je ne peux pas vous garantir que vous aurez la possibilité de souscrire à l’offre souhaitée. […] Je vous informe aussi que suite à la résiliation de votre ligne fixe, des frais de résiliation de 59€ seront appliqués sur votre facture de clôture, en plus des renvoi de vos équipements actuels, et la réception des nouveaux, et aussi être présent lors de l’installation de la box par le technicien. Cela, sans avoir ta certitude d’avoir une bonne qualité de réseaux, et de service client. »

La menace sur la qualité du réseau est un peu limite, alors que le réseau fibre local est le même pour tous les opérateurs. La menace de devoir payer 59€ est, elle, particulièrement de mauvais goût, car la plupart des opérateurs prennent en charge les frais de résiliation quand on passe chez eux. Mais j’imagine que ces arguments peuvent avoir un impact avec des clients moins informés…

Bref, si on veut rester fidèle à son opérateur, on est condamné à conserver une offre plus chère et moins adaptée, et si on explique que c’est idiot et qu’on va devoir partir à la concurrence, on se prend un argumentaire un peu limite.

C’est quand même fou qu’il faille être infidèle aux opérateurs, fibre ou mobile, pour avoir les meilleures conditions. Alors que c’est la fidélité qui devrait être récompensée. Je ne sais pas quelle fortune est dépensée par les opérateurs pour recruter les clients de leurs concurrents, ils feraient bien de dépenser une partie de cette somme pour garder ceux qui sont déjà chez eux. À quand un opérateur qui nous garantira de pouvoir accéder en permanence à sa meilleure offre au lieu de vouloir nous traire comme des vaches à lait si on a la mauvaise idée de rester plus de 12 mois chez eux ?