25 ans de la Cour des miracles

En 2006, j’ai arrêté de faire des dédicaces dessinées, pour plein de raisons que j’avais expliquées à l’époque. En 2015, j’avais tout de même accepté de refaire cinq belles dédicaces payantes pour aider à financer un nouveau festival dont j’étais le parrain.

Huit ans plus tard, j’ai donc remis le couvert pour soutenir l’ami Jean-Marie Le Callonec et sa librairie, La Cour des Miracles à Caen, qui s’est retrouvée hélas en difficultés économiques après 25 ans de passion au service de la Bande Dessinée.

Sur les cinq dédicaces couleurs vendues 500 € au profit de la librairie, j’ai eu le plaisir d’en réaliser deux sur places pour deux fans qui avaient fait le déplacement, l’un de Paris, l’autre du nord de la France. Nous avons donc passé deux heures ensemble à papoter, le temps que je réalise les dessins.

L’ambiance de la journée a été plus qu’excellente, et ça faisait très plaisir de voir autant de gens entourer Jean-Marie pour les 25 ans de la librairie. Jean-Marie, on te souhaite le meilleur pour la seconde partie de cette aventure !

Et merci à Valérie pour les photos.

 

 

Thierry Cailleteau

Autoportrait avec Thierry Cailletau – 1996

J’apprends à l’instant le décès de Thierry Cailleteau. Quel choc. Et que de souvenirs.

1994. Thierry, fan d’ordinateur, voulait faire un CD-ROM sur Aquablue, la série vedette qu’il scénarisait à l’époque. Il passe donc avec Guy Delcourt à l’atelier de Mathieu Lauffray un des jours où je suis là. Mathieu, jeune auteur de la maison d’édition, leur avait dit que j’étais de bons conseils sur les questions de développement informatique.

Sur ma table, il y a, bien visibles, les planches de L’Arche, un projet de science-fiction que je rêve de signer chez un éditeur. Guy n’en a cure, mais Thierry les regarde quelques minutes. Puis on va déjeuner au restaurant à côté, où l’on discute donc de faisabilité d’un CD Rom. Après le repas, Thierry demande à repasser à l’atelier. Il se plante à nouveau devant ma table et les planches de mon projet SF. Puis me demande, avec le grand sourire qui était le sien, si je ne voudrais pas dessiner un album pour lui. Et j’ai vite compris ce qu’il avait en tête : me faire reprendre Aquablue.

Quelques planches d’essai plus tard, Guy et Thierry m’annonçaient que ce projet ne se ferait pas pour des raisons indépendantes de leur volonté. Mais Thierry ne m’oublia pas, et m’envoya bien vite un autre scénario, Cryozone, une histoire de zombies dans un vaisseau spatial en même temps réaliste et fun. Ce fut donc ma première collaboration au long cours. Je ne compte plus les grandes discussions de passionnés de science-fiction ni le nombre de fax échangés entre nous pour faire le meilleur album possible. Mais ce furent aussi les bonnes rigolades, les heures passées chez lui à jouer à Doom en réseau et les descentes dans les bars de Rouen avec ses nombreux potes.

Nous avons fait les deux albums prévus ensemble. Et grâce à la notoriété de Thierry, j’ai connu le succès avec ces premiers livres. Mais je l’avais prévenu dès le départ que j‘étais un raconteur en images plus qu’un dessinateur. J’ai donc repris ma liberté, et j’ai même dû changer de maison d’édition pour pouvoir écrire seul mes histoires, comme je le faisais depuis mon enfance. Mais c’est une autre aventure.

En écrivant ces lignes, je repense à la dernière fois où nous nous étions revus à Rouen, pour une expo rétrospective sur ma carrière. Je n’ai jamais oublié que celle-ci lui doit beaucoup. J’ai connu la meilleure des entrées dans ce métier grâce à Thierry. Il a su voir dans mes planches de l’époque ce qu’aucun éditeur n’avait perçu avant. Il m’a ensuite livré un excellent scénario, plein d’idées et de scènes passionnantes à dessiner. Il m’a surtout montré qu’une bonne histoire, même à grand spectacle, passait par les personnages. Car Thierry, entre autres par son art du dialogue, avait su mettre dans ceux de Cryozone toute son incroyable truculence. J’imagine qu’avec son départ, la ville de Rouen va sembler soudainement très calme…

Merci Thierry. Et mes condoléances à tous les tiens.

Angoulême 2023 : 50 ans !

Cela fait 35 ans que je n’ai pas manqué un festival de la Bande Dessinée d’Angoulême. Mais je ne suis pas parmi les plus anciens abonnés. En effet, la manifestation ayant commencé en 1973, on célèbre cette année son 50e anniversaire !

Pour cette occasion, le FIBD m’a proposé de participer à 50 Ans, 50 regards, un hommage tourné vers le futur avec 50 illustrations d’autrices et auteurs de tous les horizons. On retrouvera ces illustrations dans le festival lui-même, mais elles sont d’ores et déjà visibles dans les gares SNCF partenaires ainsi qu’au Jardin d’Acclimatation de Paris. Ces 50 illustrations seront enfin disponibles dans un beau portfolio limité à 1 000 exemplaires.

Pour ce qui est de mon programme sur place, je vais avoir un festival bien plus tranquille après l’énorme actualité de Goldorak de 2021 et 2022. L’occasion de voir enfin plus d’expositions ! J’ai peu de rencontres prévues avec le public, alors n’hésitez surtout pas à m’arrêter si vous me croisez, j’aurai plaisir à discuter avec vous. Je serai cependant bien occupé entre rendez-vous consacrés au travail et aux futurs projets, mais aussi aux problèmes sociaux toujours non résolus des auteurs et autrices.

À ces problèmes se rajoute cette année l’arrivée brutale des intelligences artificielles de génération d’images. Nous sommes pas mal d’auteurs à travailler sur ces inquiétants concurrents numérique. Après avoir organisé une table ronde sur le sujet à l’Assemblée nationale, la Ligue des auteurs professionnels remet ça durant le festival, le jeudi 26 à 10h. On parlera de ce que nous essayons de faire pour éviter une nouvelle et brutale précarisation des créateurs et créatrices.

J’ai posté ci-dessous le programme de la Ligue, comme toujours passionnant. J’invite en particulier mes collègues à venir nombreux nous rencontrer à notre apéro du vendredi de 17h15 à 19h. Attention, regardez bien où se passe chaque événement, ce n’est plus au Magic Mirror cette année.

Et quoi qu’il en soit, même si les problèmes semblent un peu voler en escadrille en ce moment pour les créateurs et créatrices de BD, on va quand même essayer de bien s’amuser pour les 50 ans du festival !

Angouleme 2023 : Programme
de la Ligue des auteurs professionnels

JEUDI 26 JANVIER

► Table ronde : L’intelligence artificielle, une menace pour les métiers de la création ?

▢ DE 10:00 À 12:00 – CHAMBRE DE COMMERCE ET D INDUSTRIE

Avec la participation de :

  • Denis Bajram, auteur,
  • Yann Basire, directeur général du Centre d’Etudes Internationales de la Propriété Intellectuelle et maître de conférences,
  • Stéphanie Le Cam, directrice générale de la Ligue et maître de conférences à l’Université Rennes 2,
  • Frédéric Maupomé, auteur
  • Claire Wendling, autrice
► Conférences adaBD : Vers mon premier contrat et au-delà ! Décrocher mon premier contrat et mes premières rémunérations !

▢ DE 13:00 À 17:30 – PAVILLON JEUNES TALENTS – ESPACE CONFÉRENCES

Je cherche une maison d’édition pour mon projet. Comment les identifier ? Qui contacter ? Comment présenter mon projet, mon book ? Comment utiliser les réseaux pour me faire repérer ? Quelles alternatives pour gagner ma vie ? Connaître, gérer et défendre mes droits d’auteur.

Avec la participation entre 15:00 et 16:00 de Yann Basire, directeur général du Centre d’Etudes Internationales de la Propriété Intellectuelle, Stéphanie Le Cam, directrice générale de la Ligue et Frédéric Maupomé, auteur et scénariste de BD et président de la Ligue.

► Apéro de la Ligue : Propriété intellectuelle et BD, on en parle ?

▢ DE 18:00 À 19:30 – LE BAM CAFÉ, 13 Pl. des Halles, 16000 Angoulême

Grâce à la présence de l’équipe du Centre d’études internationales de propriété intellectuelle (CEIPI), nous réaliserons des mini-podcasts pour mieux comprendre nos droits de la propriété intellectuelle… Ce sera l’occasion pour vous de nous donner votre avis sur ce sujet ô combien important !

VENDREDI 27 JANVIER

► CAFÉ DE LA LIGUE : Venez rencontrer nos juristes

▢ De 9:00 à 10:30 – le Chat Noir, 24 rue de Genève, 16000 Angoulême

Les juristes de la Ligue vous proposent de venir les rencontrer autour d’un café pour discuter de points de droit qui vous posent question. N’hésitez pas à venir avec vos contrats… Si vous souhaitez avoir un avis précis, c’est le moment !

► TABLE RONDE : Artiste-auteur ou créateur de contenu ? Webtoon, réseaux sociaux, sommes-nous encore de simples auteurs du livre ?

▢ DE 10:00 À 12:00 – CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE, 27 Pl. Bouillaud, 16000 Angoulême

Avec la participation de :

  • Sourya, auteur Twitch
  • Josselin Azorin-Lara, auteur webtoon et membre de la commission numérique de la Ligue des auteurs professionnels
  • Diane Truc, autrice webtoon
  • Marc-Antoine Boidin
  • Christelle Pécout
► TABLE RONDE ADABD : « Autoédition, autodiffusion : mon financement participatif et après ? »

▢ DE 16:00 À 17:00 – PAVILLON JEUNES TALENTS – ESPACE CONFÉRENCES

Avec la participation d’Eric Moreno, et côté Ligue des auteurs professionnels : Stéphanie Le Cam, directrice générale et maître de conférences et Frédéric Maupomé, auteur et scénariste de BD et président.

► APÉRO DES AUTEURS ET AUTRICES

▢ DE 17:15 À 19:00 – CHEZ PAUL, 8 Pl. Francis Louvel

Retour aux négos Éditeurs-Auteurs avec Stéphanie Le Cam, directrice générale de la Ligue des auteurs professionnels et Emmanuel de Rengervé, délégué général du SNAC. Point suivi d’un apéro offert par 9 ème art +

Venez nombreux !

 

La Ligue remercie chaleureusement l’équipe du CEIPI qui lui fait l’honneur de l’accompagner durant ce festival afin de vous offrir son expertise sur des sujets complexe

Elle remercie aussi l’adaBD, le SnacBD et l’Adagp pour l’organisation de ces différentes tables ronde et conférences.

 

Exposition Exoplanètes – art, science & fiction

Entre 2017 et 2019, j’ai réalisé des images de science-fiction pour accompagner les publications scientifiques de l’Observatoire de Genève au sujet de trois exoplanètes, GJ436, KELT-9B et HAT-P-11B. Merci à David Ehrenreich de m’avoir proposé cette passionnante collaboration.

Ces illustrations sont aujourd’hui présentées dans le cadre d’une exposition à Versoix près de Genève. Si vous avez la chance d’habiter dans le coin, c’est aussi l’occasion d’assister à de passionnantes conférences et tables rondes. Programme ci-dessous :

Exoplanètes – art, science & fiction | du 20 janvier au 30 avril 2023 | galerie du boléro

Dans le cadre de ses 250 ans, l’Observatoire de Genève vous invite à découvrir l’exposition « Exoplanètes – Art, Science & Fiction » à la Galerie du Boléro.

Vernissage le vendredi 20 janvier 2023 de 18h à 20h. Partie officielle à 18h30.

Si un couché de soleil sur Mars, des nébuleuses planétaires ou le ballet cosmique des galaxies se prêtent avec une certaine élégance à la photographie par de puissants télescopes, c’est une autre affaire quand il s’agit d’exoplanètes. Ces planètes qui tournent autour d’autres étoiles que le Soleil – la première a été découverte par deux chercheurs suisses du département d’astronomie de l’Université de Genève – sont beaucoup trop loin de nous pour pouvoir être photographiées directement. Leurs incroyables propriétés fascinent pourtant aussi bien les astronomes que le public : des planètes où il pleut du fer jusqu’à celles qui se prennent pour des comètes, la fantastique diversité du zoo des exoplanètes excite l’imagination. Cette exposition d’œuvres graphiques résulte d’une rencontre entre astronomes et artistes de bande-dessinée, qui se sont retrouvés pour imaginer à quoi pourraient ressembler ces mondes lointains, au carrefour entre récentes avancées scientifiques et anticipation débridée.

Conférences, débats et ateliers sont proposés durant la période de l’exposition.

Cette exposition est organisée en partenariat avec le Département d’astronomie de l’Université de Genève établi à Sauverny sur la commune de Versoix, dans le cadre des 250 ans de l’Observatoire de Genève.

Programme des conférences

JEUDI 16 FÉVRIER 2023 À 18H30 :
Conférence : Histoire de l’astronomiendans les civilisations anciennes
par l’association Historia, Samuel Angeloni

JEUDI 2 MARS 2023 À 18H30 :
Conférence et table ronde : Exoplanètes, au-delà de la science-fiction.
Comment les scientifiques analysent les exoplanètes ? Comment passer de données scientifiques brutes à des visuels engageants ?
David Ehrenreich, astrophysicien, professeur associé au département d’astronomie de l’Université de Genève.
Conférence suivie d’une table ronde avec des chercheurs et des artistes.

MARDI 21 MARS 2023 À 18H30 :
Conférence : Histoire de l’astronomie de la Rennaissance aux Temps modernes
par l’association Historia, Samuel Angeloni.

JEUDI 30 MARS 2023 À 18H30 :
Conférence et table ronde : Nous ne vivrons pas sur Mars, ni ailleurs.
Pourquoi vouloir conquérir l’espace ? L’humanité pourra-t-elle déménager sur Mars ? Pourquoi vouloir chercher ailleurs ce que nous pouvons préserver ici ?
Sylvia Ekström, astrophysicienne, collaboratrice scientifique au département d’astronomie de l’Université de Genève.
Conférence suivie d’une table ronde avec des chercheurs et des artistes.

JEUDI 27 AVRIL 2023 À 18H30 :
Conférence : A la conquête de l’espace
par l’association Historia, Samuel Angeloni.

Infos pratiques

Horaires de la Galerie
du mardi au dimanche, de 15h à 18h

Tarifs
Entrée libre, dans la mesure des places disponibles

Téléphone : +41 (0)22 950 84 00
Email: bolero@versoix.ch

Adresse
Chemin Jean-Baptiste Vandelle 8
CH 1290 Versoix


Mise à jour

Une visite virtuelle de l’exposition est maintenant en ligne :

Bonne année 2023

Ces dernières années n’ont pas été simples et 2022 n’a pas échappé à la règle. Valérie et moi espérons que 2023 sera bien meilleure, en particulier pour tous ceux qui se retrouvent en grande difficulté aujourd’hui. Et qu’en décembre 2023, nous serons enfin un peu tristes de laisser partir une année qui se sera bien passée pour l’humanité !

 

De Goldorak à Goldorak

Du 2 juin au 2 octobre, Amiens accueille l’exposition De Goldorak à Goldorak consacrée à mon parcours. Un événement à ne surtout pas manquer si vous êtes fan du robot de l’espace ou de mon travail. Entrée libre.

Pourquoi « De Goldorak à Goldorak » ? En fait, en 1980, à l’âge de dix ans, j’ai écrit et dessiné ma première bande dessinée, Goldorak, une aventure de vingt pages à l’apparence évidemment très approximative. Quarante ans plus tard, en 2021, est paru l’album Goldorak écrit et dessiné avec les amis Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo. C’est donc les quatre décennies créatives entre ces deux Goldorak que raconte l’exposition.

Elle commence au rez-de-chaussée par un parcours chronologique. Partant des dessins d’enfance puis de jeunesse, elle présente des originaux de Cryozone et d’Universal War One, avant d’entrer dans mes années numériques.

Au second étage, l’exposition offre une plongée monumentale dans les images de notre Goldorak. Vous y découvrirez les étapes des planches, mais aussi une partie des objets que j’ai pu collectionner autour du robot géant.

 

C’est avec ce message et ces photos sur les réseaux sociaux que j’ai annoncé l’exposition : « Ce week-end, j’ai emballé ce que je prête à la Maison de la Maison de la Culture Amiens pour l’exposition consacrée à mon parcours (en partenariat avec les Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens). À peine deux trois cartons, quelques planches et quelques bricoles de rien du tout… Mais je vous reparlerai bientôt plus longuement 🙂 »

Les photos du montage de l’exposition montre l’ampleur du projet sur deux étages de la Maison de la Culture d’Amiens. J’ai signé la scénographie et le commissariat d’exposition avec Marie-Luz Ceva. C’est une production de la Maison de la Culture d’Amiens dans le cadre des Rendez-vous de la Bande Dessinée d’Amiens 2022 en partenariat avec On a marché sur la bulle et les Éditions Kana.

Rendez-vous maintenant à Amiens pour découvrir tout cela en vrai et en grand. Très très grand !

Informations pratiques

Du 2 juin au 2 octobre 2022

Maison de la Culture d’Amiens,
2 place Léon Gontier

Horaires

Du mardi au vendredi :
13h-19h
Le samedi et le dimanche :
14h-19h (10h-19h au mois de juin)

Entrée libre

Vernissage le 2 juin à 18h30 en présence de l’auteur.

 

Décès de Jean-Claude Mézières

Ça n’avait pas toujours été simple entre Jean-Claude Mézières et moi. Disons-le, il ne m’avait vraiment pas beaucoup épargné à mes débuts. Heureusement, nous avions eu la chance de partager de bien meilleurs moments ces dernières années.

C’était donc avec une vraie admiration que j’avais fait ce dessin en hommage à Valérian et Laureline en 2017. Et c’est donc avec grande émotion que j’apprends aujourd’hui le décès de Jean-Claude.

Toute mon affection aux siens.

Vœux amiénois

Merci aux Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens de m’avoir proposé de faire leur affiche cette année. Pour me mettre en jambes, je leur ai donc concocté une petite carte de vœux pour 2022 :-).

On se donne donc rendez-vous dès le 4 juin prochain à la Halle Freyssinet pour les 26es RDV BD d’Amiens !

Vœux 2022

Fin 2016 paraissait le tome 3 d’Universal War. Cela fait plus de cinq ans ! Ces cinq années ont été complètement folles pour moi. Après avoir consacré toute mon énergie à la lutte en faveur des auteurs et autrices, entre autres avec la fondation des États Généraux de la Bande Dessinée puis de la Ligue des auteurs professionnels, j’ai accumulé à nouveau un trop grand nombre d’heures sur la bande dessinée Goldorak… alors que nos vies étaient profondément bouleversées par la pandémie COVID-19. Enfin, la parution et la promotion de ce Goldorak ont été un énorme moment d’émotion et de folie.

Mais tout cela est d’ores et déjà du passé. Et 2022 est une toute nouvelle année. Je retourne donc enfin à ma table à dessin. Je suis sûr que, sur notre carte de vœux commune avec Valérie Mangin, mes lecteurs les plus impatients auront reconnu Théa, l’héroïne d’Universal War two. Qu’ils se réjouissent : je suis au travail sur le tome 4 ! Et je compte bien enchainer avec les deux derniers tomes d’UW2 ! Si tout va bien dans les trois prochaines années, vous aurez la fin de cette histoire. Enfin, jusqu’à que je commence UW3, bien sûr 🙂

D’ici là, je vous souhaite à toutes et tous une très heureuse année 2022 !

 

Les coloristes existent, il serait temps de s’en apercevoir

Excellente intervention de Yoann Guillo, auteur des couleurs de notre Goldorak, au sujet de la place des coloristes dans la bande dessinée. C’est en fait un retour d’expérience, puisque nous, les cinq co-auteurs, avons tenu dès le début de la promotion de notre album à mettre en avant le travail de la couleur. Il est temps que les coloristes et leur art aient la visibilité qu’ils méritent !

Je viens de lire la récente actualité d’Isabelle Merlet sur son mur FB et les nombreux commentaires qui en découlent. Pour la faire courte, cela tourne autour d’un coup de gueule à propos de l’invisibilisation des coloristes, dans certaines maisons d’éditions, sur certains sites, par certaines personnes…
Le coup de gueule d’Isabelle est motivé par le fait que n’étant pas créditée comme il se doit, on fini par attribuer son travail à quelqu’un d’autre, pour la énième fois…
Ça pourrait paraître capricieux qu’une coloriste se plaigne que son nom ne soit pas quelque part, c’est vrai quoi, il y a plein de professions où ce n’est pas le cas, pourquoi ça serait un problème là ?

Eh bien parce-que la couleur prend une part entière dans la manière dont l’ouvrage sera perçu par le lecteur. Le talent ou les univers graphiques de certains coloristes sont tels, qu’il est impossible de les interchanger sans que cela ait un impact sur le ressenti du lecteur.
Pour citer Isabelle, la couleur est à la BD ce que la musique est au cinéma. Vous comprendrez très bien l’histoire sans la musique, mais elle peut transformer votre film en navet ou en chef d’œuvre.

Au-delà de l’aspect artistique, il y a une seconde raison pour laquelle la quasi-totalité de nos BD sont en couleurs : c’est que la couleur fait vendre.
Alors oui, on pourrait discuter longtemps pour savoir si le coloriste doit ou ne doit pas avoir son nom en couverture, doit ou ne doit pas être considéré comme auteur.
Le problème n’est pas vraiment là.

Le problème est que de par leur invisibilité médiatique, les coloristes sont souvent considérés comme la cinquième roue du carrosse dans leur propre milieu professionnel.
Et ils en voient des vertes et des pas mûres : travail sans contrat, tarifs dégueulasses, délais absurdes, mépris de classe d’une partie de la profession, relations de travail infantilisantes, débarquements brutaux des projets, modifications de plannings multiples, “des délais trop court pour finir l’album ? rassure-toi coloriste, on va prendre un second coloriste”, re-colorisation de vieux albums pour récupérer les éventuels droits d’auteurs, et j’en passe.
J’ai une pensée pour Bruno Tatti, coloriste aux ambiances magnifiques, dont le nom a récemment été oublié de l’un de ses albums…

Avec Goldorak, j’ai eu la chance de travailler avec des amis qui ont la même vision que moi sur la situation des auteurs, et en particulier des coloristes et du rôle de la couleur, ainsi qu’ avec Kana, une maison d’édition qui a accepté de jouer le jeu, à savoir : un coloriste peut aussi être un auteur à part entière. Ce qui implique d’avoir son nom sur la couverture, un contrat d’auteur avec une part des droits non rétrocédés, et d’être complètement intégré au processus créatif et éditorial.

Dès le début sur Goldorak, une part belle a été donnée à la couleur. Elle a été mentionnée sur plusieurs pages de la plaquette pédagogique “Dans l’atelier” (une trentaine de pages) que Kana a fourni aux libraires et aux journalistes quelques mois avant la sortie de l’album.

Cette politique à l’intention du travail de la couleur a eu un résultat des plus impressionnants : de très nombreuses interviews (une trentaine peut-être, dont plusieurs passages télé) ont eu une ou plusieurs questions sur la couleur. J’ai même eu l’occasion de faire deux directs télévisés sur la chaîne belge LN24, moi, un coloriste, et dans l’un deux la présentatrice Brigitte Weberman a même fait l’éloge des couleurs de l’album. La couleur est complimentée dans presque toutes les critiques, et il arrive que certaines me soient spécialement adressées, du jamais vu.
£L’énorme licence Goldorak nous a permis d’éclairer avec un gros projecteur le métier de coloriste, son importance, et l’intérêt qu’il peut susciter auprès du public.

Voilà, j’espère que mon message saura convaincre d’autres professionnels de la BD de ne plus considérer les coloristes comme une sorte de « mal nécessaire », mais comme un collaborateur de grande importance qu’il faut valoriser. Car ils participent grandement au succès de certains albums ; le grand public étant sensible à cet aspect graphique, qu’il s’en rende compte ou non.
Ah, et au passage, il faudrait aussi payer les coloristes correctement et les intéresser à la vente, car inciter quelqu’un qui va passer de nombreuses heures sur chacune de vos pages à considérer que le succès de l’album lui importe peu, me semble un bien mauvais calcul…

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