En 2013, le documentaire Sous les bulles, l’autre visage du monde de la Bande dessinée faisait grand bruit en mettant les pieds dans le plat de la surproduction de livres et de la déprofessionnalisation des auteurs et autrices.
Aujourd’hui, Maiana Bidegain et Joel Callede ont décidé de proposer un second volet. Car, en sept ans, la situation a fait plus que changer, et pas dans le bon sens. Tandis que les problèmes évoqués dans Sous les bulles continuaient à détruire les conditions de travail des auteurs, plusieurs réformes sociales catastrophiques se sont enchainées pour eux… Ce furent donc sept années de luttes. Dont les auteurs et autrices ne sortent pour l’instant pas vainqueurs, soyons clairs. Et aujourd’hui, voilà que s’y ajoute une effrayante crise sanitaire et économique…
Ce projet de documentaire Sous les Bulles 2020, les auteurs contre-attaquent est donc plus qu’important. Comme il se construit avec un financement participatif, je ne peux que vous recommander d’y apporter votre contribution, même modeste :
Ce texte n’est vraiment pas facile à écrire. Mais, aujourd’hui, je n’ai d’autre choix que de me mettre en retrait de l’action syndicale.
Comme beaucoup d’entre vous le savent, je suis depuis de nombreuses années très impliqué dans la défense collective des auteurs et autrices. C’est un long parcours, et une part importante de ma vie. J’ai été syndicaliste étudiant dès les années 90 aux Arts décos de Paris, puis j’ai participé à la création en 2000 de l’association des auteurs de BD, en 2007 du syndicat SNAC BD, en 2014 des États généraux de la Bande Dessinée et enfin en 2018 de la Ligue des auteurs professionnels. Chacune de ces organisations répondait aux nécessités du moment. Chacune m’a pris plus de temps que la précédente.
Ces dernières années, j’ai plus été syndicaliste qu’auteur de BD. Cela a mis en péril mon travail, cela a provoqué un report continu de la publication de nouveaux tomes d’Universal War comme de mes autres projets. Déjà parce que j’ai fini par passer un vrai plein temps sur les activités syndicales comme sur celles de lobbyiste en faveur des artistes-auteurs de la BD et aujourd’hui de l’ensemble du livre. Mais aussi parce que vivre avec tous les témoignages et les problèmes des créateurs et créatrices est quelque chose d’extrêmement difficile à supporter si on a un minimum d’empathie.
Ne plus écrire et dessiner est un enfer pour moi. Je n’ai pas choisi ce métier pour passer mon temps à lire les projets de loi de finance de la Sécurité Sociale ou à écrire des synthèses en langage administratif. Je n’ai pas choisi ce métier pour que mon mur Facebook ne soit quasiment plus qu’un fil d’information syndical.
Ne pas publier de livre a évidemment eu des conséquences réelles sur mes revenus : je gagne aujourd’hui deux fois moins qu’il y a quelques années. Sans Universal War qui se vend toujours bien et la « rente » du projet de film, il m’aurait été impossible de continuer ainsi. Je précise que je n’ai jamais touché la moindre indemnité et que j’ai juste accepté le remboursement de mes billets de trains pour aller en réunion.
M’exposer sur le terrain syndical a eu aussi des conséquences fortes sur mon moral. Déjà, ce n’est pas simple de porter au quotidien le malheur des collègues, comme je le disais plus haut. Mais s’y ajoutent les nombreuses discussions tendues qu’on a en permanence, ainsi que les mails et les coups de téléphones très agressifs de tous ceux qui semblent penser que rien ne doit changer dans la chaîne du livre.
Tout cela est épuisant. Toute cela se traduit en fatigue, en nervosité, et en problèmes de santé divers. Tout cela doit pourtant être caché en public. Il faut, chaque jour, faire semblant que tout va bien, qu’on avance, qu’on va gagner. Il faut chaque jour reprendre la pédagogie avec tout le monde, avec la même patience et avec la même conviction.
Il aurait sans doute fallu que j’arrête il y a plus d’un an, vu les signaux d’alerte que me donnait mon corps. Rien de très grave, mais l’estomac, les dents, les douleurs, tout m’alertait sur mon épuisement. Cela fait donc plus d’un an que je continue de foncer alors que je suis en « burn out ». Pourquoi ai-je malgré tout continué ? Hélas, nous sommes très peu aujourd’hui à maitriser, ou au moins comprendre, l‘ensemble des dossiers qui concernent les auteurs : droit d’auteur, social, fiscalité, sociologie de la création, connaissance de terrain des auteurs, connaissance interne de l’édition, de la librairie, des institutions… sans parler de la nécessité d’avoir un vaste réseau de relations parmi les auteurs, mais aussi les politiques, les organisations diverses, les maisons d’éditions… M’arrêter en plein milieu du chemin, c’était risquer de gâcher tout cela. C’était d’autant plus impossible vu le peu que nous sommes à pouvoir gérer tous ces dossiers. C’était donc inenvisageable et je ne l’ai même pas envisagé. La solution aurait pu être de confier une partie du travail à d’autres, même s’il n’est pas simple de trouver des remplaçants. Mais, hélas, j’ai appris depuis longtemps, que quand on laisse un bras dans les rouages, on finit toujours par se refaire happer entièrement.
Aujourd’hui, j’ai donc pris la décision de stopper quasiment tous mes engagements. Principalement parce que je ne suis plus en état de continuer. Mais aussi, je ne vais pas vous le cacher, à cause du comportement de quelques rares auteurs et autrices. En effet, certains ont l’air de considérer que leurs représentants sont des sacs de sables qu’ils peuvent boxer sans qu’ils ne cèdent jamais. Ajoutez-y quelques couteaux dans le dos de la part de confrères et consœurs que je pensais être des amis, et vous avez les gouttes d’eau qui ont fait déborder un vase déjà bien trop rempli. Je ne dis surtout pas ça pour que les auteurs cherchent des coupables dans leurs rangs. C’est plutôt un avertissement à tous : par pitié, épargnez vos représentants. Hélas, oui, nous ne sommes pas parfaits. Hélas, oui, nous faisons parfois des choix que vous ne comprenez pas ou que nous n’avons pas le temps d’expliquer assez. Hélas, oui, nous faisons aussi inévitablement des erreurs, malgré notre attention permanente à respecter les attentes de tous les auteurs et autrices. Mais n’oubliez jamais que nous sommes très peu, et que si nous affichons force et conviction en public pour défendre nos causes, nous ne sommes pas des colosses indestructibles, bien au contraire.
Je peux stopper aujourd’hui mon investissement sans culpabiliser totalement pour une raison : nous sommes arrivés à la fin d’un cycle, et au début d’un nouveau. Le rapport Bruno Racine est la conclusion du cycle de réflexion sur la situation des auteurs ouvert avec les États généraux de la Bande Dessinée en 2014. Ce rapport vient enfin acter la RÉALITÉ des auteurs et autrices. C’est un changement de paradigme complet : ce n’est enfin plus à nous de prouver nos problèmes. Au bout de toutes ces années, via différentes organisations, et finalement grâce à l’engagement de la Ligue des auteurs professionnels, nous avons obtenu une énorme victoire pour les auteurs et autrices. Mais le combat n’est pas fini, bien au contraire. Nous entrons dans un nouveau cycle, où tous ceux qui profitent de la situation actuelle vont s’opposer à tout changement. Le combat prend quelque part une toute autre dimension. Et il va falloir de nouveaux combattants pour le mener.
Je quitte donc aujourd’hui la présidence de Ligue des auteurs professionnels. J’ai tout de même accepté de rester au conseil d’administration, en tant que conseiller. Histoire que toutes les connaissances et l’expérience acquises toutes ces années ne soient pas perdues. Je reste en particulier pour accompagner la réflexion de Samantha Bailly, qui a accepté de reprendre la présidence de la Ligue. Vous le savez, c’est une jeune femme extraordinaire, qui depuis des années, à la Charte puis à la Ligue, a déplacé des montagnes pour nous. Au-delà de sa remarquable expertise sur tous les dossiers, elle fait preuve d’une solidité à toute épreuve pour défendre nos intérêts collectifs. Auteurs, autrices, je vous la confie : soutenez-la, épargnez-la, protégez-la, car elle est notre meilleur atout aujourd’hui.
Enfin, et surtout, ne déduisez pas de mon retrait qu’il ne faut pas vous engager, bien au contraire ! C’est le moment ou jamais de venir non seulement me remplacer, mais d’aller renforcer vos organisations. La Ligue des auteurs professionnels est votre force de frappe dans la lutte globale des auteurs et autrices. En apprenant mon retrait, certains risquent d’avoir envie de sabrer le champagne, j’espère que vous allez leur donner tort en vous engageant nombreux. Adhérez à la Ligue si ce n’est déjà fait ! Devenez bénévoles ! Aujourd’hui, nous avons le rapport Bruno Racine sur lequel nous appuyer, il va falloir le défendre bec et ongle et l’emmener le plus loin possible. Les deux prochaines années de cette législature sont donc un moment clef de notre histoire. Je compte sur vous pour ne pas le manquer.
Depuis quelques jours, je ne sais pas quoi dire qui ne soit pas totalement négatif sur ce qu’on entend de la part des éditeurs mais aussi des libraires. Avec les États Généraux de la Bande Dessinée, nous avons essayé de créer un espace de discussion afin de faire comprendre à toute la chaîne du livre que ses différents maillons ne pouvaient continuer à faire comme si le premier, les auteurs et autrices, n’était pas en train de craquer. Au contraire, les déclarations d’éditeurs, d’organisateurs de salon ou de libraires se lavant les mains de ces problèmes se multiplient12, dans une sorte de moment de vérité : c’est comme ça, ma brave dame, on ne peut rien y faire…
Pour faire très court, les livres ne se vendent plus assez et ce serait donc aux auteurs de se débrouiller pour survivre avec des rémunérations de plus en plus faibles, ou d’en tirer les conséquences et d’arrêter. Pourtant, c’est très précisément le rôle des éditeurs, des diffuseurs qui leur appartiennent de plus en plus et des libraires de vendre les livres. On pourrait se dire que ce serait principalement à eux de se remettre en cause…
Comme les livres se vendent de moins en moins tout seuls, de plus en plus d’éditeurs mettent des clauses de promotion dans les contrats. Sans payer ce travail, ni même s’engager, en échange, à faire un marketing de soutien. C’est donc aux auteurs et autrices de passer leurs week-ends sur les routes pour aller vendre leurs livres à coup de rencontres et de dédicaces. C’est aussi à eux d’animer les réseaux sociaux, voire d’arriver avec une communauté de lecteurs toute prête. Et, de voir même des libraires reprocher aux auteurs invités de ne pas faire assez fait la promotion en ligne des événements dans leur librairie3.
Les ventes baissent, la part de la vente directement soutenue par le travail promotionnel des auteurs eux-mêmes ne fait que croitre. Mais il est hors de question de les payer un tant soit peu pour ça45.
Vraiment, très chère chaîne du livre, réalises-tu la tenaille que tu es en train de resserrer autour des auteurs ? Crois-tu vraiment qu’elle puisse encore se refermer longtemps sans que les auteurs et autrices trouvent un autre débouché un peu plus rentable à leur travail ? Quitte à vendre peu en faisant le gros de la promotion eux-mêmes, ne serait-il pas plus logique pour les auteurs de s’autoéditer ? De vendre en circuit court ? Physiquement et/ou via des plateformes internet dédiées ?
Je fais partie de ceux qui croient au rôle des éditeurs (et diffuseurs) et des libraires. Pour les éditeurs, choisir, faire des paris créatifs, financer le risque, le faire dans la durée. Pour les libraires, choisir à leur tour, être force de recommandation directe auprès du public, le faire dans la durée, chacun sur son territoire avec toutes ses spécificités. C’est indispensable pour construire les œuvres fortes de demain. Mais si ce rôle est intégralement reporté sur les auteurs et autrices, qu’est-ce qui justifie encore l’existence de la chaîne du livre ?
Ne jamais oublier que ce sont les auteurs et autrices qui contrôlent la ressource. Ils sont les puits de pétrole. Pourtant, tout le reste de la chaîne du livre à l’air de considérer que, si elle doit légitimement en vivre, elle n’a pas payer à son juste prix la ressource initiale. C’est un choix qui ne peut que se retourner contre elle. Si la chaîne du livre n’offre plus aux créateurs et créatrices la possibilité de vivre de leur art, cela veut dire qu’ils n’ont plus aucune raison de ne pas reprendre le contrôle de la ressource, et de l’exploiter librement et sans intermédiaire.
C’est une question que les auteurs et autrices se posent un peu plus chaque matin. L’industrie culturelle du livre ferait bien de se la poser elle aussi avant de découvrir les réponses que les créateurs et créatrices, en particulier les plus jeunes, vont y apporter.
2Yves Schlirf, directeur général adjoint de Dargaud Benelux : « La bande dessinée, ce n’est pas un métier en soi. Cela devient un métier quand on vend. […] Il faudra faire autre chose, un autre métier. Ce n’est pas parce que l’on veut faire de la BD que l’on va gagner sa vie. Et ce n’est d’ailleurs la faute de personne : un auteur doit avoir de la chance, trouver un public. Mais le métier de dessinateur s’ouvre sur plusieurs autres domaines. » https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/la-bande-dessinee-devient-un-metier-quand-on-vend/95082
3On découvre dans une enquête du SLF dévoilée aux Rencontre nationale de la librairie 2019 que « pour les libraires, le premier objectif d’une animation n’est pas d’augmenter les ventes (même si cela reste évidemment intéressant). Ils souhaitent avant tout donner une image dynamique de leur librairie et profiter d’un moment de partage et de convivialité avec leurs invités. », que cela se nécessite « que l’auteur fasse aussi fonctionner son réseau. C’est un partage, on ne peut pas être seul à porter ça. » mais que pour 75% des libraires « l’idée de rémunérer l’auteur n’est pas souhaitable et impliquerait clairement une réduction du nombre d’animations qu’ils organiseraient ou un transfert vers les animations sans auteurs » https://www.actualitte.com/PDF/animations-librairie.pdf
4Au sujet de la rémunération de la dédicace, Jacques Glénat complète : « l’auteur qui fait une conférence, cela me parait normal qu’il soit rémunéré, mais celui qui vient faire la promotion de son livre, rencontrer des gens, je ne vois pas pourquoi on le payerait, c’est déjà une opportunité. Qu’on soit payé pour signer un livre, je trouve cela presque contre nature, car l’auteur est content de partager son travail avec les gens, d’entendre des questions, des commentaires… Ce serait un rapport un peu bizarre » https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/payer-les-dedicaces-je-trouve-cela-presque-contre-nature-jacques-glenat/95620
L’année de la BD sans les auteurs de BD, ce serait cocasse, non ?
Je suis assez remonté, je ne vais pas vous le cacher. Avant de vous expliquer pourquoi, il est nécessaire de faire un petit rappel historique, très incomplet, mais très significatif (vous pouvez cliquer sur les dates pour en savoir plus) :
Juin 2014 : annonce d’une violente hausse des cotisations de notre retraite complémentaire (le RAAP). Mobilisation des auteurs de BD.
Octobre 2014 : débrayage et grande assemblée générale organisée à St-Malo par le Groupement des Auteurs de Bande dessinée (SNAC)
Octobre 2014 : annonce à l’AG de St-Malo de la création des États Généraux de la Bande Dessinée (EGBD)
Janvier 2015 : grande manifestation des auteurs pendant le festival d’Angoulême, organisée par le SNAC
Janvier 2015 : première session des EGBD pendant le même festival d’Angoulême
Janvier 2016 : remise de l’enquête auteurs des EGBD : 1500 réponses, et confirmation de la précarisation des auteurs : la moitié des professionnels sont sous le SMIC !
Septembre 2016 : premières rencontres nationales de la bande dessinée à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image : « La bande dessinée au tournant »
Janvier 2017 : convention de partenariat triennale entre la CIté et les EGBD. Le directeur de la cité, Pierre Lungheretti, s’empare du sujet.
Septembre 2017 : les auteurs de BD s’aperçoivent que la hausse de la CSG n’est pas compensée pour les artistes-auteurs ! Je rencontre Françoise Nyssen, alors ministre de la culture, à ce sujet. Promesses.
Janvier 2018 : la ministre confie à Pierre Lungheretti une mission de réflexion sur la politique nationale en faveur de la bande dessinée. Enfin !
Fin 2018 : les organisations d’auteurs découvrent que la réforme universelle des retraites pourrait tourner au cauchemar pour les auteurs au moment où une mesure “de soutien” bricolée vient enfin compenser la hausse de la CSG…
Janvier 2019 : remise du rapport Lungheretti. Beaucoup de propositions. Le nouveau ministre de la Culture, Franck Riester, décide d’en adopter de suite une : 2020 est déclarée année de la BD. Super, on avance !
Résumé : l’année de la BD n’existe donc que parce que les auteurs se sont mobilisés contre la dégradation de leurs rémunérations et la hausse conjointe de leurs cotisations sociales et qu’ils ont enfin réussi à faire entendre qu’il y a un vrai danger pour l’avenir de la BD au Ministère de la Culture.
Alors comment est-il possible que le pilotage de l’année de la BD fasse comme si les auteurs et leur condition sociale et économique n’était même pas un sujet ? Malgré les recommandations très claires que les EGBD et le SNAC BD ont fait au groupe de travail ? Alors que ça devrait être au centre des préoccupations ?
Le Centre national du livre – rencontres, lectures, actualités mais aussi le Syndicat National de l’Édition pensent-il vraiment que les auteurs vont regarder en souriant le petit business de la BD s’autocongratuler sur la santé de la BD pendant un an ? Que les auteurs vont avoir à cœur de venir encore une fois faire de la promotion gratuitement ? Comme si de rien n’était ?
Franchement, moi qui suis sur le pont à défendre les auteurs jour après jour depuis toutes ces longues années, j’hallucine totalement ! Comment peut-on afficher un tel mépris pour les auteurs et leurs difficultés ? Et si ce n’est pas du mépris, qu’est-ce que c’est ? Va-t-on finalement nous dire qu’on a manqué d’attention ? Qu’on a juste, c’est ballot, oublié comment on en était arrivé à cette année de la BD ?
Aujourd’hui a été dévoilée la première “photo” d’un trou noir. En coordonnant huit télescopes répartis à travers le monde, le projet Event Horizon a réussi cet incroyable exploit.
Mais, malgré ma passion pour l’astrophysique, je n’ai pas eu le temps de regarder les conférences qui faisaient l’événement cet après-midi. Car aujourd’hui, comme depuis pas mal de jours, j’étais occupé à essayer d’empêcher les artistes-auteurs de tomber dans un autre trou noir, bien plus effrayant.
Ceux qui suivent ce site savent que les auteurs prennent coups sur coups depuis des années, entre crise de surproduction et hausses de cotisations sociales. Mais c’est une catastrophe d’une ampleur encore jamais atteinte qui s’annonce à l’horizon. En effet, avec la réforme des retraites que prépare actuellement le gouvernement, les artistes-auteurs pourraient bien perdre encore près de 13% de leurs revenus, voire 17% pour les auteurs du livre !
À la Ligue des auteurs professionnels, nous avons proposé aux autres organisations professionnelles concernées d’aller au-delà des discussions en cours avec les pouvoirs publics et de lancer une grande campagne pour éviter la catastrophe aux artistes-auteurs.
Nous vous demandons donc d’écrire à vos députés et sénateurs pour les mettre au courant du danger et obtenir leur soutien. La démarche est simplifiée au maximum, tout est regroupé sur un site au nom explicite : extinction-culturelle.fr. Vous y trouverez un modèle de courrier et les liens pour récupérer rapidement l’adresse de vos parlementaires. Et, bien sûr, des explications complètes sur ce qui menace les créateurs avec la réforme des retraites.
Il faut tout faire pour que les auteurs, les artistes et avec eux une bonne partie de la culture française ne finissent pas dans un trou noir dont ils ne pourraient bien ne jamais ressortir.
J’animerai vendredi matin la table ronde Passer l’Atlantique, comment travailler avec l’édition américaine ? Trois auteurs et autrices français hyper talentueux qui ont su s’imposer aux USA nous feront l’honneur d’être là pour en parler : Olivier Coipel, Stéphanie Hans, et JL Mast. Franchement, fans de comics, c’est un rendez-vous à ne pas rater ! Attention, les “P’tit déjeuner” du SNAC BD sont réservés aux auteurs et aux étudiants en cycle de bande dessinée sur présentation de leur badge ou carte d’étudiant.
Ce même vendredi, à 18h30, toujours au Magic Mirror, c’est l’apéro des auteurs et autrices. C’est le SNAC BD qui paye son coup, mais il y aura aussi des représentants de la Ligue des auteurs professionnels, des États Généraux de la Bande Dessinée, et de l’adaBD (association des Auteurs de Bande Dessinée). Une bonne occasion de parler autour d’un verre de l’avenir de nos métiers comme de tout ce qui nous tombe dessus en 2019. On espère vous voir nombreux.
Bon, il ne me reste que deux heures de libres sur le planning. Sachant que les prises de rendez-vous ne sont pas finies… Ce n’est pas encore cette année que j’aurai le temps d’aller faire une petit sieste ! Évidemment, n’hésitez pas à m’arrêter, si vous me croiser, pour discuter un peu. SI j’ai le temps, je le ferais avec plaisir.
Bon festival à tous !
Stanislas Madej de France 3 Picardie m’a interviewé au sujet de la science-fiction et du space opera. Mais on a aussi été très sérieux. En effet, dans le cadre des Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens, je participerai à la journée professionnelle : C’est combien qu’on paye les auteurs, dis…?. Ce tournage fut donc l’occasion de revenir sur la crise que connaissent les auteurs de BD aujourd’hui. Avec l’idée de rendre ça compréhensible du plus grand public possible.
Entretien réalisé dans notre petit jardin à Bayeux, et juste interrompu par les cloches de la cathédrale 🙂
Je reviens avec un grand plaisir cette année aux Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens. En ce week-end du 2 et 3 juin 2018, le festival s’installera dans un tout nouveau lieu, assez incroyable, une ancienne halle SNCF. Je suis très curieux de voir ça. Vous y trouverez, entre autres, une grande exposition sur les vaisseaux spatiaux de la BD. J’ai prêté à cette occasion trois planches du tome 1 d’Universal War One, et je sais que je serai bien entouré par le travail de mes confrères de SF.
Les plus curieux pourront pousser jusqu’à la bibliothèque de la ville, où se tiendra une importante exposition de mon travail de SF, avec de nombreux originaux (attention, fermée le dimanche). Je vous en parlerai ultérieurement.
Mon programme :
►Table ronde sur la rémunération des auteurs en festival et autres manifestation Vendredi 1er juin à 13h30
Dans le cadre de la journée professionnelle du festival, avec Florabelle Rouyer du CNL (Centre National du Livre), Sam Bailly, présidente de La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse, Pascal Mériaux directeur du festival, ainsi qu’avec votre serviteur qui sera là pour représenter les auteurs de BD ( États Généraux de la Bande Dessinée / SNAC BD). Suivie d’un débat avec le public. Inscription obligatoire.
► Fabrique de la Bande Dessinée Samedi 2 juin à 11h00 Démonstration / atelier. En lien avec l’exposition sur les vaisseaux spatiaux, je montrerai comment je m’y prends pour les inventer.
► Visite guidée de l’exposition vaisseaux Samedi 2 juin à 15h00 Les auteurs répondrons à toutes vos questions sur leur travail.
►Table ronde sur l’exposition vaisseaux Dimanche 3 juin à 14h30
Avec Emmanuel Gangler (Astrophysicien au CNRS), les scénaristes Régis Hautière et Valérie Mangin. J’illustrerai le sujet en direct avec des petits vaisseaux sur grand écran.
►Signatures
Je signerai mes livres pendant les deux après-midis de samedi et dimanche, en dehors bien sûr des rendez-vous ci-dessus. Le festival a imprimé un ex-libris exclusif que je vous signerai aussi pour l’occasion. Attention, je rappelle que, comme depuis plus de 10 ans, je ne fais plus de dessin, que des signatures. Venez donc avec vos questions, au lieu d’attendre en file nous aurons le temps de discuter.
Et quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à m’arrêter si vous me croisez : je viens pour vous rencontrer 🙂
Je râlais encore il y a peu sur Twitter sur le fait que la promesse du gouvernement de compenser la CSG des artistes auteurs n’avait pas été traduite concrètement, qu’on attendait toujours un décret. Et bien, enfin, ce matin, ce décret est paru au journal officiel. On a envie de crier victoire, tellement il a fallu lutter pour obtenir cette compensation. Car c’est une vraie victoire, après des mois de rendez-vous, de multiples pressions politiques et médiatiques. Je ne sais pas combien de temps a été consacré à ce seul dossier. Et il aura finalement fallu que le Ministère de la Culture débloque une grosse subvention pour y parvenir (on nous a soufflé dans les 20 millions d’euros). Ouf !
Victoire ? Sans aucun doute… mais avec un goût de défaite dans la bouche. En premier parce que cela revient à remplir les caisses de la sécurité sociale avec une subvention du Ministère de la Culture. Pas terrible du tout.
Mais surtout, il risque d’y avoir des oubliés de cette mesure. C’est à dire les auteurs et artistes les plus pauvres, ceux qui sont sous le seuil d’affiliation (8 784 € en 2017). Comment l’AGESSA ou la MDA vont les prendre en compte, ces précaires qui parfois n’ont même pas de sécurité sociale ? Le décret n’en dit rien. Il renvoie même à un article de loi qui ne concerne que les affiliés.
Pourtant, dans le cas des auteurs du livre, ils sont précomptés par leurs éditeurs et payent donc la CSG et sa hausse. On ne peut pas les laisser perdre définitivement 0.95% de leur minuscule pouvoir d’achat en 2018 ! Il va falloir veiller très attentivement à ce que les conventions avec la MDA et l’AGESSA prennent en compte ces auteurs. Autrement, le gouvernement aura marché d’un pas négligent sur les plus pauvres parmi les plus pauvres des créateurs.
Le CPE, qui rassemble les organisations d’auteur, vient de confirmer les craintes :
Communiqué suite au décret du 15 mai 2018
Le Conseil Permanent des Ecrivains prend acte de la publication du décret du 15 mai 2018 relatif à l’augmentation non compensée de la CSG pour les auteurs.
Ce décret constitue de toute évidence une étape importante pour nos revendications, mais laisse aux auteurs un certain goût d’inachevé.
La mesure proposée s’apparente à une aide financière ponctuelle, plus qu’à un véritable dispositif automatique de compensation de la hausse de la CSG permettant de rétablir une inégalité de traitement des auteurs. Elle ne s’appliquerait malheureusement, et de fait, qu’aux seuls auteurs affiliés (AGESSA/MDA) et ne constituera, en aucun cas, une augmentation de leur pouvoir d’achat.
Ce décret laisse en suspens plusieurs interrogations quant à la mise en œuvre pratique de ce dispositif et ne dit rien de la pérennité d’un système de compensation pour tous les auteurs à partir de 2019, comme annoncé par la ministre de la Culture dans un communiqué du 28 novembre 2017.
Le CPE, qui sera reçu ce soir au ministère de la Culture, aura donc l’occasion d’interroger la ministre sur l’ensemble de ces points, quelques jours avant la tenue des Etats généraux du livre le 22 mai prochain.
Par ailleurs, si le CPE déplore l’absence extrêmement dommageable des services de la Direction de la sécurité sociale à ses Etats généraux, il a récemment été informé par la ministre de la Culture qu’il sera invité à participer, au mois de juin, à une réunion de présentation de la réforme du recouvrement des cotisations sociales pour le régime des artistes auteurs, en présence des services du ministère des Affaires Sociales.
Nous souhaitons vivement que cette réunion soit l’occasion d’entamer enfin, sur ces réformes sociales déterminantes pour l’avenir des auteurs, la concertation et les échanges que nous appelons de nos vœux depuis bientôt cinq ans.
Aujourd’hui, le CPE, qui rassemble toutes les organisations d’auteurs du livre, est obligé de faire une lettre ouverte à nos dirigeants politiques. Nous les avons invités aux États Généraux du Livre, mais aucun n’a su se rendre disponible.
Ont-ils tous bien compris la situation des auteurs de ce pays ? Ne peuvent-ils même pas venir expliquer les réformes sociales qu’ils leur imposent sans concertation ? Ont-ils compris que ne pas nous répondre est sans doute le meilleur moyen de faire gonfler le nombre d’#auteursencolere ?
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le ministre de l’Économie,
Madame la ministre des Solidarités et de la Santé,
Madame la ministre de la Culture,
Le 22 mai 2018 de 14h à 18h30 à la Maison de la Poésie de Paris, se tiennent les premiers États Généraux du Livre organisés à l’initiative du Conseil Permanent des Écrivains.
Nous vous y avons invités à venir répondre aux légitimes questions que se posent les auteurs sur les réformes fiscales et sociales engagées.
À ce jour, aucun de vous n’a répondu favorablement à notre invitation. Cette journée est pourtant l’occasion d’exposer les réflexions sur les travaux en cours.
Nous sommes par ailleurs consternés qu’aucun représentant de la Direction de la Sécurité sociale n’ait accepté de participer à ces États Généraux.
Si votre absence se confirmait, nous ne pourrions en tirer qu’une conclusion : le total désintérêt que vous portez aux 270 000 artistes-auteurs.
Avec l’expression de toute notre considération pour les fonctions que vous assumez,