Les robots sont parmi nous

Depuis quelques jour, la cité-État de Singapour expérimente les “chiens-robots” de la société Boston Dynamics pour vérifier l’application des mesures anti COVID-19.

Tous ceux qui ont vu la série Black Mirror ne peuvent s’empêcher d’avoir un petit frisson dans le dos…

À ce sujet, je ne peux que vous recommander de regarder jusqu’au bout cette autre vidéo :

 

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Antonov 225

Hier soir, j’entraperçois un reportage sur le “plus gros avion du monde” qui apporte huit millions de masques en France. À l’écran, un avion cargo Antonov avec six réacteurs contre quatre habituellement… Il a en plus d’étranges protubérances à l’endroit où les ailes rejoignent la carlingue.

Tout cela me titille l’hippocampe, mais c’est ce matin que je connecte : c’est l’avion qui transportait la navette spatiale russe Bourane dans les années 80 !

 

Antonov An-225 transportant la navette spatiale Bourane au Bourget en 1989. © Master Sgt. Dave Casey - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
An-225 et Bourane au Bourget en 1989
Antonov An-225 et Bourane en vol. © Ralf Manteufel - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
An-225 et Bourane en vol

Mais n’était-ce pas un modèle unique ? Wikipedia me confirme que oui. Et c’est bien lui qui est revenu se poser en France plus de 30 après !

Développé à partir de l’An-124, l’appareil avait pour but premier le transport de la navette spatiale russe Bourane, cependant ses capacités militaires étaient évidentes. Le seul exemplaire achevé de l’An-225 prit l’air pour la première fois à Kiev le 21 décembre 1988. Au cours d’un vol de 3 h 30 min le 22 mars 1989, l’An-225 battit 106 records du monde dont : celui de la masse maximale au décollage avec 508 200 kg, de la charge utile avec 156 300 kg et de l’altitude maximale avec charge en atteignant 12 340 m2. Quelques jours plus tard, le 13 mai 1989, il décolla avec la navette spatiale Bourane et participa au salon du Bourget en juin 1989.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique et l’arrêt du programme spatial, la mission initiale de cet appareil fut abandonnée et l’appareil fut remisé en 1994, et ses 6 réacteurs furent démontés pour être réutilisés sur des Antonov 124. La construction du second appareil fut alors arrêtée.

Il reprit du service au printemps 2001 et apparut au salon du Bourget cette même année. Par la suite, il a été exploité par la compagnie ukrainienne Antonov Airlines pour des vols cargos à la demande. Après un chantier de modernisation de 18 mois où il reçoit, entre-autres, un système de gestion des réacteurs conçu en Ukraine, il effectue un vol d’essais le 25 mars 2020.https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225

Et pour ceux qui voudraient encore plus d’informations :

 

© Clem Tillier (clem AT tillier.net) - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
Comparaison des tailles des avions géants

Être responsables pour ne pas être coupables

Selon qu’on est désinvolte ou paranoïaque, l’actuel coronavirus passe pour une grippette ou pour une maladie mortelle… En fait, tout le monde a raison.

Le principal problème avec le COVID-19, c’est que pour les plus fragiles (mais pas que), il peut vite tourner au “syndrome respiratoire aigu”. Les poumons ne fonctionnent plus correctement et les gens n’arrivent plus à respirer. On peut s’en sortir en étant mis sous assistance respiratoire extra-corporelle dans un service de réanimation hospitalier : en gros, on met en place un circuit externe pour oxygéner directement votre sang.

Dans toutes les autres situations, c’est en effet une simple “grippette”. Mais si cette grippette circule librement, le nombre de cas aigus ne peut qu’augmenter. Et là est le second problème : il n’y a pas du tout assez d’équipements hospitaliers pour mettre en même temps des dizaines de milliers de patients sous assistance respiratoire extra-corporelle. Et c’est à ce moment que risque d’exploser la surmortalité…

Pour résumer, c’est une grippette, très contagieuse mais peu dangereuse. Mais comme elle est très contagieuse, il y a vite beaucoup de cas, et les cas graves ne peuvent plus être tous traités correctement par les hôpitaux. La grippette devient alors tristement mortelle.

Que faire alors ? Être très prudent, pour ralentir au maximum la pandémie. Moins il y aura de cas en même temps, plus les cas aigus auront de chance de s’en sortir.

Personnellement, je ne me sens pas vraiment menacé, mais je ne voudrais pas que quelqu’un de mon entourage meure parce que je lui ai fait la bise, parce que je ne me suis pas lavé les mains ou parce que j’ai voulu continuer à sortir comme si de rien n’était… Espérons que tout le monde comprendra que l’heure est venue de tous nous protéger les uns les autres.

 

PS : Cette réflexion vient après une longue discussion sur Skype avec des amis italiens enfermés chez eux, qui regrettent bien de ne pas avoir été, collectivement, plus prudents plus tôt.

 

Un traitement équilibré de l’information ?

Ceci ce n’est pas un appel à manifester le 5 décembre comme le texte d’hier n’était pas un appel à ne pas manifester.

Même si je me tiens à une grande réserve sur les sujets politiques, comme je l’expliquais hier, j’avoue que c’est sidérant de voir à quel point les journaux télévisés escamotent les raisons de la grève de demain au profit de reportages sur les conséquences de cette grève. Ils ne parlent quasiment que de “comment s’organiser”, de “pays bloqué” laissant la parole uniquement à des personnes présentées comme “victimes” voire “otages” de la grève.

Quoi qu’on pense de cette grève, elle mériterait, ne serait-ce que par respect pour l’ampleur de cette mobilisation sociale, un traitement un peu plus équilibré… Donc, quoi que vous pensez de ce gouvernement ou de cette réforme, allez lire ce que disent les syndicats qui appellent à la grève, ne vous contentez surtout pas uniquement de ce seul discours anxiogène anti-grève.

À titre d’information, donc, pour les auteurs et autrices qui s’interrogeraient encore sur ce qu’ils feront ou pas demain, un collectif “Art en grève” s’est constitué, et semble devenir le point de convergence d’une partie des artistes-auteurs qui veulent manifester : www.artengreve.com

 

 

Manifester le 5 décembre en tant qu’auteur ?

Hier, je me suis rendu à Paris pour une réunion au Ministère de la Culture et pour un conseil d’administration de la Ligue des auteurs professionnels. Cette journée a été avancée vu les difficultés de transport qui s’annoncent dans les prochains jours. J’ai donc profité de ce trajet en train pour prendre le temps de vous expliquer pourquoi la Ligue n’a pas donné de consignes pour la grande journée de mobilisation du 5 décembre prochain. Et en quoi ce n’est pas non plus un appel à ne pas manifester.

En effet, ce jour-là, « Les organisations syndicales et de jeunesse s’engagent à construire un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel » comme le dit le communiqué de l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNEF1.

Or il y a quelques mois la Ligue des auteurs professionnels et ses amis menaient la campagne Extinction Culturelle2 au sujet de cette même réforme des retraites. Une campagne plus qu’inquiète : le passage à un système de retraite à points promettait de tourner à la catastrophe pour les artistes-auteurs.

Pour rappel, depuis 1975 les artistes-auteurs sont rattachés au régime général de la Sécurité sociale comme n’importe quel salarié3. Dès le départ, vu que les artistes-auteurs n’ont pas d’employeur, le législateur avait remplacé la part patronale sur les cotisations par une contribution diffuseur4, payée, pour les auteurs de livres, par les maisons d’édition. Pourtant, aujourd’hui, elle n’a rien à voir en termes de montant avec les cotisations patronales, puisqu’elle n’est que de 1,1%. Avec le passage à la retraite à points, cette quasi inexistence des cotisations patronales allait se transformer soit en baisse cataclysmique des pensions des futurs artistes-auteurs retraités, soit, pour éviter cela, en nouvelles cotisations à payer par les auteurs, ou par les éditeurs, ce qui reviendrait au même vu qu’ils n’auraient sans doute pas manqué de la reporter sur leurs auteurs. On parlait d’une perte de revenus d’au moins 13% !5

 

Alors, pourquoi notre silence aujourd’hui ? En fait, en juillet, dans ses préconisations pour la future réforme universelle des retraites, le Haut-Commissaire, Jean-Paul Delevoye, a recommandé explicitement que l’État prenne à sa charge l’équivalent de la part patronale des artistes-auteurs. C’était ce que nous avions demandé. Nous avions réussi à convaincre non seulement le Haut-commissaire, mais aussi le gouvernement et la Sécurité sociale qu’il n’y avait pas d’autre solution. C’était donc une grande victoire pour les artistes-auteurs6.

Nous nous montrions tout de même prudents à l’époque : ce n’était que les recommandations, pas la réforme des retraites elle-même. On a vu depuis que cette prudence est plus que justifiée, les différents points de cette réforme ne sont tellement pas actés que plus personne ne sait vraiment à quelle sauce on propose de manger les Français.

Ceci dit, les organisations syndicales des auteurs ont du mal à croire que la préconisation Delevoye à leur sujet ne sera pas suivie. Nous pensons avoir convaincu les pouvoirs publics que c’était la seule solution pour éviter une catastrophe culturelle en France. Nous avons du mal à croire qu’ils puissent maintenant revenir en arrière pour de strictes raisons budgétaires. Ou alors, autant fermer tout de suite le ministère de la Culture vu l’avenir sans création que cela préparerait.

 

À partir du moment où nous avons, pour l’instant, une réforme des retraites qui nous épargne, il paraît donc contre-productif à une partie des organisations syndicales, dont la Ligue, d’appeler les artistes-auteurs à se mobiliser contre cette réforme le 5 décembre. Même si l’idée n’est pas de tomber dans une position strictement corporatiste, j’y reviendrai plus loin.

En plus, nous ne sommes pas non plus en conflit ouvert avec le gouvernement. L’actuel ministre de la Culture s’est montré des plus attentifs à nos demandes. Nous attendons dans les prochaines semaines le rapport de la Mission Bruno Racine et la manière dont le ministre va s’en emparer. Nous sommes donc aujourd’hui, contrairement à beaucoup d’autres, dans une phase de discussion et de concertation réelle.

Nous ne sommes pas dupes, nous savons que cela ne va pas être simple, et nous savons bien que nous pouvons nous faire croquer tout cru à la fin. Mais, en n’appelant pas à se mobiliser le 5 décembre, nous disons au gouvernement que nous voulons croire qu’il a bien compris les enjeux pour les artistes-auteurs.

 

Bien sûr, ce « non appel » de certaines de vos organisations artiste-auteurs ne veut pas dire qu’il ne faut pas aller manifester, voire s’afficher un « en grève » (la grève passe inévitablement pour les artistes-auteurs par d’autres moyens que l’arrêt du travail). Vous pouvez, évidemment, le faire, à titre individuel où collectif, par solidarité avec des professions qui risquent, elles, de beaucoup perdre dans cette réforme, ou même simplement par opposition avec la politique du gouvernement. C’est bien à chacun d’entre nous de se décider selon ses convictions, en citoyen.

 

Je ne vous dirai pas ce que, moi, je ferai ce jour-là. Je commence à être un vieux militant politique et syndical, vous pouvez imaginer que je ne suis pas indifférent à ce qui se passe dans le pays. Mais il me paraît nécessaire, en tant que représentant des auteurs et autrices, de garder une grande réserve sur mes opinions personnelles. Je suis là pour les représenter tous équitablement, y compris ceux avec qui je ne suis pas d’accord. De plus, je dois discuter avec les pouvoirs publics, souvent, ce qui m’oblige aussi à une vraie retenue sur mes opinions politiques. Convaincre est souvent plus simple que d’affronter, en tout cas tant qu’on veut bien nous écouter.

Je ne vais pas vous cacher que c’est vraiment pénible de devoir tout le temps cacher ses opinions, et pire, de devoir taire certaines de ses révoltes. Ceci dit, à une époque où tout le monde donne des leçons sociétales ou politiques à tout le monde sur les réseaux sociaux, cette cure de modestie n’a pas que du mauvais 🙂

 

Voilà, j’espère que j’ai réussi à éclaircir un peu la situation. Il ne me reste qu’à vous souhaiter un bon choix citoyen pour ce que vous ferez le 5 décembre.

Notes

1Cf. https://www.cgt.fr/comm-de-presse/jeudi-5-decembre-toutes-et-tous-en-greve-et-dans-laction-communique-intersyndical

2Cf. http://www.extinction-culturelle.fr/

3Loi n° 75-1348 du 31 décembre 1975 : JO1976-loi-75-1348.pdf

4Loi n° 75-1348 du 31 décembre 1975, article III :
« Le financement des charges incombant aux employeurs au titre des assurances sociales et des prestations familiales est assuré par le versement d’une contribution par toute personne physique ou morale, y compris l’État et les autres collectivités publiques, qui procède, à titre principal ou à titre accessoire, à la diffusion ou à l’exploitation commerciale d’œuvres originales relevant des arts visés par le présent titre.
Cette contribution est calculée selon un barème tenant compte notamment du chiffre d’affaires réalise par ces personnes à raison de la diffusion ou de l’exploitation commerciale des œuvres des auteurs, vivants ou morts, ou de la rémunération versée à l’auteur lorsque l’œuvre n’est pas vendue au public.
Elle est recouvrée comme en matière de sécurité sociale par l’intermédiaire d’organismes agréés par l’autorité administrative qui assument, en matière d’affiliation, les obligations de l’employeur à l’égard de la sécurité sociale.
Conformément aux dispositions du paragraphe VI ci-dessous, cette contribution permet de financer les dépenses du régime qui ne sont pas couvertes par les cotisations des personnes mentionnées à l’article L. 613-1. »

5Cf. http://www.extinction-culturelle.fr/retraite/

6Cf. https://ligue.auteurs.pro/2019/07/18/reforme-des-retraites-des-preconisations-en-faveur-des-auteurs/

Rencontre aux Arts et métiers

Amis parisiens, je vous donne rendez-vous vendredi prochain, 22 novembre, de 19h à 20h30, au Musée des arts et métiers pour une table ronde consacrée à la vision du futur par la science-fiction :

Le futur a-t-il (encore) de l’avenir ?

Lors de cette rencontre au sommet, animée par Thierry Bellefroid et Eric Dubois, co-commissaires de l’exposition Scientifiction, Blake et Mortimer au musée des Arts et Métiers, trois éminents acteurs et spécialistes incontestés de la science-fiction mondiale débattront des futurs possibles explorés par les auteurs de bande dessinée, de littérature fantastique et de cinéma au cours des XXe et XXIe siècles. Le passage en revue des représentations contradictoires des sciences comme imaginaire subversif, mythe moderne alternatif ou contre-projet politique promettent un débat passionné et passionnant. Le futur a t-il encore de l’avenir ?

Denis Bajram est un scénariste et dessinateur de bande dessinée.
Jean-Pierre Dionnet est un producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision français.
Roland Lehoucq est un astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique, enseignant, auteur et vulgarisateur. Il est le président du festival de science-fiction Utopiales Nantes.

Vendredi 22 novembre 2019 de 19h à 20h30
Amphi Abbé Grégoire, accès par l’entrée du Cnam au 292 rue Saint Martin 75003 Paris

Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée, inscrivez-vous ici :


 

Politique et science-fiction

Où en est l’école politique de la science fiction française ? Table ronde aux Utopiales 2019 avec Alain Damasio, Yannick Rumpala, Denis Bajram et Xavier Mauméjean.

On a parlé de politique, de société et de science-fiction. C’était riche, on a évoqué, parfois trop vite, un tas de sujets plus passionnants les uns que les autres. Cet exercice n’était pas simple : il devient difficile de se positionner politiquement en pensant à demain tellement tous les horizons paraissent le plus souvent bouchés vus d’aujourd’hui. Et je ne sais toujours pas s’il fallait répondre comme je l’ai fait à la juste question de la dernière intervenante dans le public. Bref, on m’invite souvent à des tables rondes en pensant que j’ai des choses à affirmer, mais j’en reviens plutôt avec de nouvelles idées et surtout avec beaucoup de doutes…

Merci à Actusf pour la captation vidéo.

Utopiales 2019

Comme tous les ans, je serai présent aux Utopiales, le rendez-vous incontournable de la science-fiction. Il se tient cette année du 31 octobre au 4 novembre 2019 à la Cité des congrès de Nantes.

Thème de cette année, coder/décoder. L’occasion pour moi de me retrouver sur scène pour deux tables rondes sur des sujets militaires, dans la continuité de ce que j’évoquais dans cet article. Une autre table ronde interrogera politique et SF et une dernière portera sur le space opera. Programme plus précis ci-dessous.

Je serai bien sûr, comme à mon habitude, à trainer dans le festival un peu partout un peu tout le temps. N’hésitez surtout pas à m’aborder : je viens pour vous rencontrer ! Je signerai donc les livres qu’on me tendra (enfin, si c’est les miens) et répondrai à toutes vos questions (enfin, si j’ai une réponse).

PS : Belle affiche de l’ami Mathieu Bablet, je suis très curieux de découvrir la grande exposition consacrée à son travail.

Mon programme :

Secret défense

Avec Alain Damasio, Denis Bajram et Emmanuel Chiva,
Modération : Bertrand Campeis

Vendredi 1er novembre – 9h30 / 10h30 – Scène Shayol

Pour paraphraser la devise de la Marine Nationale, « Notre défense commence dans le cyberespace ». Protéger les données, les personnels, les structures, surveiller les approvisionnements en eau, pétrole, électricité ou bien surveiller les produits ou informations sensibles. Tel est l’enjeu de la cyberdéfense, dans la guerre invisible du cyberespace…


Les codes de création du space opera

Avec Brandon Sanderson, Mathieu Bablet et Pierre Bordage
Modération : Denis Bajram

Vendredi 1er Novembre – 20h30 / 21h30 – Scène Shayol

Popularisé à coups de sabre laser et de tricorder par Star Wars et Star Trek, le space opera pourrait se définir par des intrigues épiques, dramatiques ou parfois intimistes, dans des cadres spatiaux et des situations politiques à l’échelle de la galaxie. Du space opera de l’âge d’or à Ann Leckie ou Beckie Chambers, le code a-t-il évolué ?

Codes de guerre, le débarquement

Avec Denis Bajram et Emmanuel Chiva
Modération : Bertrand Campeis

Samedi 2 Novembre – 11h30 / 12h30 – Scène Shayol

En science-fiction, la série militaire est un genre à lui tout seul, épique, technique, parodique ou pacifiste, d’Honor Harrington aux Psychopompes de Klash en passant par la Planète hurlante.
Mais de quel œil, intéressé ou gentiment condescendant, les vrais militaires considèrent-ils le genre ? Le consultent-ils pour s’amuser ou pour y trouver de nouvelles idées ?

Où en est l’école politique de la science-fiction française ?

Avec Alain Damasio, Denis Bajram et Yannick Rumpala
Modération : Xavier Mauméjean

Samedi 2 Novembre – 19h30 / 20h30 – Scène Shayol

C’est devenu presque une tautologie que de déclarer que la science-fiction est le reflet des tensions et conflits qui traversent une époque. La science-fiction française n’y a pas fait exception dans les décennies précédentes, avec des auteurs tels qu’Ayerdhal, Roland C. Wagner, Dominique Douay ou Jean-Pierre Andrevon. À quelle révolution rêve-t-on aujourd’hui ?

Rien n’est pur, et alors ?

Il faut craindre que tout ce qui atteint une notoriété dans notre société l’atteint parce qu’il a été instrumentalisé à un moment ou un autre par le capital.

Ce matin, nous avons eu une discussion entre amis sur qui exploiterait l’engagement sincère de Greta Thunberg. Sans aller jusqu’à soupçonner une manipulation initiale, on peut s’interroger sur qui et quoi l’a amenée à une telle notoriété mondiale. Normalement la plupart des idées différentes, la plupart des colères sont invisibles. Celles que nous voyons apparaître au grand jour dans un système consumériste capitaliste le sont parce qu’elles ont été transformées en produit de consommation et en objet de mode. Même quand on est totalement contre le système consumériste capitaliste, on n’est pas à l’abri, il suffit de voir que Che Guevara a fini par devenir une icône pour t-shirts ou portefeuilles…

Encore récemment on a vu BFM et consort faire leur beurre avec les gilets jaunes, dans une danse savante, à moitié haine des uns pour les autres, et à moitié amour de tous pour l’audience… Et on se demande déjà si la colère des oubliés n’est pas en train de (re)devenir une marchandise comme les autres pour les politiques et les chroniqueurs en mal d’inspiration…

Bref, tout ce qui est visible l’est parce que certains acteurs du système consumériste capitaliste sont déjà en train d’essayer d’en tirer profit. Quasiment rien n’arrive à nos yeux et nos oreilles en restant pur. Mais décrédibiliser tout combat au nom d’une pureté impossible, quelle que soit la qualité du discours ou du projet initial, quelles que soient ses conséquences réelles contre le système, c’est vraiment le meilleur moyen d’être sûr que rien ne changera. À un moment les « je ne suis pas dupe » ressemblent à des « je suis complice par inaction ».

 

Fichage politique d’initiative partagée

Savez-vous que la liste des signataires pour le référendum d’initiative partagée sur l’Aéroport de Paris sera rendue publique ?

Extrait des mentions légales du site : « La liste des électeurs soutenant une proposition de loi est accessible par ordre alphabétique des noms des électeurs […] Cette liste, accessible aux seules fins de consultation, précise pour chaque électeur soutenant la proposition de loi son nom, son ou ses prénoms et sa commune d’inscription sur les listes électorales »

Cela veut donc dire qu’amis, ennemis, partis politiques, publicitaires, employeurs, organisations à but non démocratique, tous pourront vérifier qui pense quoi. Charmant.

Bien sûr, la loi interdit de constituer à partir de là un fichier politique de citoyens français… mais on sait que ça ne gênera pas les plus malhonnêtes ni les plus dangereux, et pas plus les entreprises ou les puissances étrangères…

Les lois et décrets qui organisent le référendum d’initiative partagée, qu’on doit aux précédentes législatures et gouvernements, ont donc abouti à un résultat simplement scandaleux en termes de fichage public des citoyens.

Depuis le lancement de la campagne de signature, j’hésite donc. Au-delà même de la question de la privatisation d’une entreprise stratégique et rentable pour l’État, je suis plutôt favorable à une démocratie qui consulterait plus souvent sa population. Mais, franchement, j’ai du mal à envisager d’aller m’inscrire de moi-même dans un fichier politique public.

D’un autre côté, depuis des mois, j’hésite aussi à parler de ce risque, car c’est un bon moyen de participer à plomber ce premier essai de référendum pétitionnaire, d’autant plus qu’on sait que la barre des 4,7 millions de signataires sera très difficile à atteindre.

Je sais que quelques députés me lisent. Il serait vraiment sérieux de construire un nouveau RIP, qui n’obligerait pas les citoyens à auto-dénoncer publiquement leurs opinions politiques. Et quitte à faire cela, à réfléchir à tous les modèles existants, de la Suisse à l’Angleterre en passant bien sûr par les propositions liées au RIC. Sans passer à l’ochlocratie, le pouvoir de l’ochlos, la foule, il est tout de même urgent que la démocratie représentative écoute mieux le dêmos, le peuple.