Château de cartes

Décidément Emmanuel Macron est un aimant à chance.

Il aurait eu du mal à être au second tour face à un Manuel Valls candidat, qui aurait empêché le ralliement de l’aile droite du PS à EM ? Paf, c’est l’aile gauche du PS qui sort vainqueur de la primaire et c’est elle qui se fait vampiriser par Mélenchon.

Il ne pouvait pas gagner face à Juppé, qui aurait capté la majorité des centristes ? Paf, c’est Fillon qui sort vainqueur de la primaire. Jusque-là on peut encore se dire que c’était prévisible, les opinions s’étant radicalisées à droite comme à gauche. Mais, vrai miracle, Fillon s’avère être, contre tout attente, un canard boiteux dans une mare d’affaires, ce qui accélère la défection du centre droit vers EM.

À ce moment, Emmanuel Macron s’allie tactiquement au Modem, ce qui permet d’éviter se faire voler des voix par une candidature de Bayrou et de renforcer sa position de centriste de droite vis à vis des déçus de Fillon. Vrai problème, il va devoir supporter François Bayrou le temps qu’il faudra si la majorité d’EM à l’assemblée devait être trop juste. Paf, nouveau miracle, une nouvelle affaire emporte tout le Modem, poussant tous ces braves gens dehors sans qu’on ne puisse absolument rien rapprocher à EM.

Résultat, Emmanuel Macron est au pouvoir, tout seul, sans partage, avec une majorité solide, alors qu’il n’avait même pas de parti début avril 2016.

On se croirait dans la série House of Cards.

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Au bureau de vote

Valérie et moi avons de nouveaux participé au dépouillement du vote dans notre Ville de Bayeux. Nous nous étions dit que passer de onze candidats à deux allait nous simplifier le travail, mais ce fut, en fait, bien plus compliqué, vu le nombre de votes nuls ou blancs, et l’inventivité des électeurs : enveloppes vides, bulletins pour les deux candidats, bulletins déchirés, commentaires au stylo rouge “ni l’un ni l’autre”, et enfin, un nombre étonnant de bulletins pour François Fillon, pourtant absent du second tour. En tout cas une très bonne ambiance encore une fois dans notre bureau de vote, il fait vraiment bon vivre ici !

 

Réflexion en creux

Moi aussi, j’ai découvert très tardivement le “C” caché en défonce dans le logo de Carrefour. Sur un mur Facebook, je vois tout le monde en conclure que, vraiment, le graphiste de ce logo est très mauvais.

Pourtant, ce logo reste parfaitement identifiable et remplit les fonctions essentielles de reconnaissance de la marque. Il y a une élégance à ne pas être immédiatement compréhensible qui est probablement très volontaire vu le moment ou ce logo a été conçu. Au milieu des années 60, on croyait plus que jamais au progrès de l’humanité. Et on osait lui offrir de la complexité.

Aujourd’hui, à l’inverse, les “communicants” pensent que l’humanité est constituée de cons et s’adaptent à la situation, voire travaillent à exploiter la bêtise au maximum. Que nous pensions aujourd’hui que le C caché du logo Carrefour est dû à un problème d’incompétence d’un graphiste au lieu d’y voir de la subtilité est bien le reflet de l’utilitarisme vulgarisé de notre époque.

Bref, nous nous jugeons nous-mêmes quand nous croyons juger le passé.

Les pouvoirs exceptionnels du président

Quand un président de gauche s’autorise à maintenir la France sous état d’urgence pendant vingt mois, que se permettra un président d’extrême droite au prochain gros attentat ou au prochain conflit social d’ampleur ? Tout ce qu’il voudra, vu que la constitution lui offre un joli petit article 16 pour imposer la dictature. Pour ceux qui ne serait pas encore au courant, je vous recommande de lire ce papier aussi modéré qu’officiel sur le sujet, il y a déjà de quoi avoir des sueurs froides.

Les pouvoirs exceptionnels du Président

Les pouvoirs exceptionnels du Président ou “pouvoirs de crise” ont été définis par l’article 16 de la Constitution de la Ve République. Ils trouvent leur origine dans le souvenir de la défaite de juin 1940, marquée par la grande faiblesse du pouvoir exécutif, alors impuissant à résister à l’invasion allemande. D’après de nombreux témoignages, le général de Gaulle aurait été convaincu, dès cette époque, de la nécessité de permettre au chef de l’État de se saisir de pouvoirs exceptionnels en cas de crise majeure. Son retour au pouvoir en 1958 et la rédaction d’une nouvelle Constitution lui ont donné l’occasion de mettre en application ce projet.

Les conditions de mise en œuvre

Le principe est que le président de la République prend les mesures exigées par les circonstances en cas de crise. Mais, cette compétence est soumise à des conditions de fond et de forme.

Les deux premières conditions de fond sont cumulatives. Il faut, d’une part, que les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux de la France soient menacées de manière grave et immédiate. Il faut, d’autre part, que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics soit interrompu. Une fois ces conditions réunies, le Président peut prendre les mesures qui s’imposent. Mais, et c’est la troisième condition, ces mesures doivent avoir pour objectif d’assurer aux pouvoirs publics, dans les plus brefs délais, les moyens d’accomplir leur mission.

À cela s’ajoutent plusieurs conditions de forme. Le Président de la République doit d’abord consulter officiellement le Premier ministre, le président de chacune des deux assemblées et le Conseil constitutionnel. Ensuite, il doit informer le pays de la mise en œuvre de l’article 16. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel doit être consulté au sujet de chacune des mesures prises par le Président dans ce cadre. Le Parlement se réunit de plein droit et l’Assemblée nationale ne peut être dissoute durant la période de mise en œuvre des pouvoirs exceptionnels. En outre, le Président ne peut réviser la Constitution, ce qui est implicitement contenu dans l’article 16 qui ne lui accorde des pouvoirs que pour rétablir “… les pouvoirs publics constitutionnels”. L’article 89 sur la révision de la Constitution précise, quant à lui, qu’« aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ».

Une disposition critiquée

Lors de la présentation du texte constitutionnel, des voix se sont élevées contre l’article 16 jugé “liberticide”. Sa mise en œuvre – unique jusqu’à aujourd’hui – du 23 avril au 29 septembre 1961 a également suscité des critiques.

C’est à la suite du putsch de quatre généraux en Algérie que le général de Gaulle a décidé d’utiliser ses pouvoirs de crise. Or, quelques jours à peine après la mise en œuvre de l’article 16, les pouvoirs publics avaient retrouvé un fonctionnement normal. La durée de son application a donc été abusivement prolongée. La majeure partie de la période a en fait été utilisée par le président de la République pour créer les outils lui permettant d’assurer le retour de l’ordre en Algérie (par exemple, la mise en place de tribunaux d’exception).

De plus, la décision de recourir à l’article 16 et les actes législatifs pris par le président pendant sa mise en œuvre ne font l’objet d’aucun contrôle juridictionnel. Dans un arrêt du 2 mars 1962 (arrêt Rubin de Servens), le Conseil d’État a noté que la décision présidentielle de mettre en œuvre l’article 16 était un “acte de gouvernement” (c’est-à-dire un acte insusceptible de recours juridictionnel). Il a également souligné qu’il ne pouvait être saisi que de recours contre des mesures relevant du domaine réglementaire. Dès lors, une mesure prise dans le cadre de l’article 16, relevant du domaine législatif, et violant les libertés fondamentales, ne peut être déférée au juge administratif.

Des propositions de réforme

C’est en raison de ces insuffisances que le système de l’article 16 a souvent fait l’objet de propositions de réformes.

Ainsi, le Programme commun de la gauche, signé en 1972, prévoyait la suppression de cette disposition. En revanche, elle ne figurait pas parmi les 110 propositions de François Mitterrand en 1981. Pourtant, lorsque le Gouvernement Bérégovoy, en 1993, déposa un projet de réforme constitutionnelle sur le bureau du Sénat, l’abrogation de l’article 16 était prévue, mais la réforme n’a pas abouti en raison du changement de majorité parlementaire.

Enfin, de manière plus nuancée, et probablement plus réaliste, la “Commission Vedel” réunie par François Mitterrand en 1992, fit une intéressante proposition. En effet, il lui paraissait indispensable de de prévoir le terme de la période d’application de l’article 16, afin d’éviter un exercice abusivement long de cette disposition. Le président était le seul à pouvoir demander au Conseil constitutionnel de constater que les conditions d’application des pouvoirs de crise ne sont plus réunies. La Commission Vedel proposait que le président du Sénat et celui de l’Assemblée nationale puissent également, par une demande conjointe, saisir le Conseil aux mêmes fins.

La réforme de 2008

La loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 reprend la proposition du Comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve République, présidé par Édouard Balladur. Il instaure un contrôle démocratique sur la durée de l’application de l’article 16 qui ne peut plus être le “fait du prince” , ce qui permet aussi d’atténuer fortement le caractère éventuellement “liberticide” que lui reprochaient ses adversaires. Désormais, après trente jours d’application, le Conseil constitutionnel, saisi par le président d’une des deux assemblées ou par soixante députés ou sénateurs, doit se prononcer par un avis public pour examiner si les conditions d’application des pouvoirs de crise sont toujours réunies. Le Conseil se prononce de plein droit au terme de soixante jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà.www.vie-publique.fr

Témoignages sur le sexisme dans la BD

Donc, un auteur à succès, aussi hype que progressiste, peut déclarer en 2017 dans une interview sur le sexisme « Il n’y a aucun machisme dans la bande dessinée, aucun ! ».

Lui et tant d’autres mâles de notre milieu de la BD déduisent cela du fait qu’ils n’ont jamais subi de machisme ou qu’ils ne l’ont jamais observé. Pourtant, il suffit d’être un tant soit peu attentif. Rien que cette année, dans les soirées du festival d’Angoulême, j’ai assisté à beaucoup trop de scènes qui n’étaient vraiment pas à l’honneur de la gent masculine.

Pour finir, oser dire qu’il n’y a pas vraiment de sexisme ou de machisme dans la BD, c’est cracher à la figure des centaines d’autrices qui se sont réunies depuis deux ans pour combattre justement ces problèmes de sexisme dans la BD. Alors, les mecs, lisez leurs témoignages avant de dire qu’il n’y a pas de problème. Et ouvrez enfin les yeux.

20 mois sous état d’urgence…

Je me souviens que beaucoup s’étaient moqués de mon pessimisme quand j’avais écrit qu’on partait vers un “état d’urgence permanent” au moment du premier vote sur le sujet en novembre 2015. L’Assemblée Nationale vient pourtant de le re-prolonger jusqu’à juillet 2017, au bout d’à peine quatre heures de débats, et ce par 288 voix contre 32. En juillet, on aura donc passé 20 mois sous état d’urgence.

Et ensuite ? On sait qu’il sera impossible au vainqueur de l’élection présidentielle de mai 2017, très probablement de droite, voire d’extrême droite, d’en sortir rapidement. Ce serait passer pour un faible en matière de sécurité, surtout après les socialistes réputés pour leur “laxisme”. Et ce serait aussi se priver d’un outil bien pratique contre la contestation sociale, comme on l’a déjà vu hélas… L’état d’urgence deviendra aussi commun que le plan Vigipirate.

Que se passera-t-il alors si par malheur survient un nouvel attentat majeur ? Quelle rodomontade va-ton trouver pour monter d’un cran ? La loi martiale ? Et on moquera de nouveau mon pessimisme quand je parlerai de risque de “loi martiale permanente” ?

Personnages féminins en BD

Le traitement des personnages féminins dans la bande dessinée reste problématique. Deux récentes affaires permettent d’approfondir la réflexion : dans un cas le personnage de femme est réduit à un object sexuel, dans l’autre il est rendu simplement invisible. À lire.

Trump

Trump, ça veut dire “trompette” en français. Ça fait des mois que j’étais persuadé qu’il allait gagner. Et que je pensais aux trompettes de l’Apocalypse de Saint-Jean, le texte qui doit ouvrir les chapitres d’Universal War Three. Heureusement que je n’y crois pas.

Puis les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.

Le premier sonna de la trompette, et de la grêle et du feu mêlés de sang s’abattirent sur la terre. Le tiers de la terre fut brûlé, le tiers des arbres fut brûlé et toute herbe verte fut brûlée.

Le deuxième ange sonna de la trompette, et quelque chose qui ressemblait à une grande montagne embrasée [par le feu] fut précipité dans la mer. Le tiers de la mer devint du sang, le tiers des créatures qui vivaient dans la mer mourut, et le tiers des bateaux fut détruit.

Le troisième ange sonna de la trompette, et du ciel tomba une grande étoile qui brûlait comme un flambeau; elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources d’eau. […]