
On n’aura pas réussi à vraiment voir la comète Swan dans l’hémisphère nord, mais on peut observer sa cousine Neowise en ce moment à la tombée de la nuit et au petit matin.
Mise à jour
Très belle vidéo de Neowise, toujours par Guillaume Canat.
Site officiel de Denis Bajram
On n’aura pas réussi à vraiment voir la comète Swan dans l’hémisphère nord, mais on peut observer sa cousine Neowise en ce moment à la tombée de la nuit et au petit matin.
Très belle vidéo de Neowise, toujours par Guillaume Canat.
Une webcam filme maintenant en continu la façade de la cathédrale de Rouen. C’est évidemment en hommage à la célèbre série de tableaux de Monet et à leurs lumières changeantes sur le monument gothique.
Aujourd’hui, aux merveilles du jour s’ajoutent celles de la nuit :
Cette webcam permet bien sûr d’observer la cathédrale en direct mais on peut aussi regarder les jours précédents en temps accéléré. Je vous propose de regarder le 2 juillet, car on y voit les illuminations de nuit, un ciel bien chargé le matin, puis le soleil percer entre les tours, le temps se dégager et enfin le soleil se coucher sur la façade.
Merci à l’ami Laurent Bonnaterre pour m’avoir fait découvrir cette webcam.
Ces derniers jours, on a pu constater que le SNE, Syndicat national de l’édition, a décidé de traiter la Ligue des auteurs professionnels comme un ennemi. En assemblée générale, son président lui reproche de ne pas être raisonnable, d’avoir des positions excessives, de rendre toute discussion impossible. Jusqu’à proposer d’influencer d’éventuelles élections professionnelles pour écarter les syndicats d’auteurs qui leur déplairaient, au mépris de la démocratie sociale1. Pourtant, pour ce qui est de rendre toute discussion impossible, le SNE a pris plus que sa part dans les dernières années.
Quand nous avions créé les États Généraux de la Bande Dessinée en 2015, c’était dans l’idée de rassembler le plus d’acteurs possible de la BD pour constater la situation et chercher des solutions. Beaucoup accueillirent favorablement la proposition, et acceptèrent d’y participer, dont en particulier le SNE, Syndicat national de l’édition2. Nous étions plein d’espoir.
Mais dès que nous avons publié l’étude auteurs, avec ses constats effrayants, nous avons senti que l’ambiance changeait. Au lieu de dire « il va falloir prendre ce problème à bras le corps », le reste de la chaîne du livre, dans sa très grande majorité, a détourné le regard et bouché ses oreilles. Pire, beaucoup ont nié la situation dévoilée par les réponses de 1500 auteurs et autrices de BD. Encore pire, des éditeurs ont accusé cette enquête statistique, pourtant des plus solides, d’être totalement fausse.
La grande majorité de la chaîne du livre a donc mis fin, de facto, à la discussion : comment travailler ensemble à une amélioration quand on nie l’ampleur voire l’existence d’un problème ? Pour moi qui suis un négociateur dans l’âme, moi qui suis persuadé, peut-être naïvement, que la plupart des humains veulent plutôt arranger les choses, ce fut une grande déception.
Nous, auteurs, autrices, n’avons donc pas eu d’autre choix que de constater cette situation de blocage et de passer à une revendication plus frontale pour essayer de stopper la dégradation de notre situation sociale et économique.
Ce qui s’est passé depuis cinq ans vient confirmer les pires pronostics pour les auteurs et autrices. Pourtant, ceux qui niaient le problème, et refusaient donc de changer quoi que ce soit, ceux-là viennent maintenant nous expliquer que nous sommes de dangereux syndicalistes qui menacent la gentille cohérence de la chaîne du livre…
Il n’est donc pas difficile de prévoir l’avenir si rien ne change. Dans 10 ou 20 ans, la fracture entre les créateurs et créatrices et le reste de l’industrie du livre sera totalement ouverte. Majoritairement, pragmatiquement, les auteurs et autrices feront le choix de se passer de la chaîne du livre pour accéder à leurs lecteurs. C’est à ce moment qu’on entendra tous ceux qui niaient la situation des auteurs, et en particulier le SNE, pleurer sur leur business perdu.
Si les membres du SNE veulent échapper à ce destin, c’est maintenant qu’il faut négocier. Et pas avec ceux qui ont peur d’eux ou les flattent, mais avec ceux qui leur disent la terrible vérité sur la situation. C’est maintenant, pas quand il sera trop tard pour toute la chaîne du livre.
Vu que mes status sur la musique classique ne passionnent pas les foules, je continue. Né en 1970, j’ai été éduqué à écouter Bach dans des interprétations baroques, très baroques même. Des versions rapides, vives, scandées, détaillées, parfois même rugueuses. Sur les ondes de France Musique et dans les pages de Diapason, il était de bon ton d’afficher son mépris pour les interprétations classiques ou romantiques qui avaient précédé cette résurrection du baroque. Déjà elles avaient le mauvais goût d’être bien mal informées historiquement, d’ignorer comment on jouait ces œuvres à l’époque de Bach. Au-delà des instruments trop modernes, du mauvais diapason, on les trouvait trop lentes, trop lourdes, trop pompeuses, voire pompier.
J’ai un vinyle en mauvais état de la Passion selon St Matthieu par Karl Richter chez Deustche Grammophon (enregistrement de 1971, je pense) que je n’écoutais plus depuis longtemps car il me plaisait bien moins que mes Corboz, Leonhardt, Herreweghe et autres Gardiner. Cependant, depuis quelques temps, j’ai entendu ci et là dire à nouveau du bien de la première version enregistrée par ce même Karl Richter en 1958 et je viens donc d’en acheter le coffret CD remastérisé en 2001 par Archiv Produktion.
Eh bien, Karl Richter, à la tête de ses chœur et orchestre Bach de Munich, c’est peut-être, en effet, trop lent : cette version dure 3h 18 contre seulement 2h 37 pour celle de Gardiner ! C’est sans doute aussi, trop appuyé voire trop lourd pour les gardiens du temple baroque. Mais, pourtant, que c’est beau ! Cette version de 1958 offre tout ce qu’il y a de plus saisissant dans la vision romantique, mais annonce dans sa mise en place parfaite et ses détails ciselés ce que seront les interprétations baroques des décennies suivantes. Et quels solistes, leur maitrise technique est ahurissante. Mais surtout, quelle ferveur d’ensemble ! On est à Jérusalem à mourir avec le Christ, qu’on y croit ou pas. Extraordinaire !
Côté son, cet enregistrement des débuts de la stéréo tient sacrément le choc et sa remastérisation numérique est lumineuse et transparente. Côté prix, c’est à peine plus de 20 euros pour un coffret de trois CDs, c’est donc tout à fait correct. Pour en savoir plus : www.discogs.com
On trouve plusieurs fois cet enregistrement en intégral sur Youtube (il est grand le mystère du piratage). La qualité en est inévitablement un peu dégradée, mais bon, ce sera suffisant pour vous en faire une idée :
Je continue à acheter des disques, je ne sais pas très bien pourquoi. Sans doute parce que cela m’oblige à faire des choix, que c’est un moyen de réfléchir à ce que j’écoute, que cela me permet de résister au gavage, à l’ensevelissement sous une offre devenue démesurée. Sur le serveur hifi de l’atelier, il n’y a donc quasiment que des disques que nous avons acquis “physiquement”. Grâce à cela, nous sommes sûr que chaque morceau et chaque album est rejoué tous les trois ou quatre ans. Réécouter. Revoir. Relire. Le seul moyen d’affiner son approche des œuvres.
Bref, aujourd’hui, je viens d’encoder les dernières nouveautés arrivées à la maison. Entre autres merveilles dont je parlerai peut-être plus tard, nous avons acquis un disque d’orgue assez étonnant, Once Upon A Time… At The Walt Disney Concert Hall. Jean-Baptiste Robin y interprète des transcriptions et œuvres originales autour de l’idée du conte de fée sur l’incroyable orgue du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles. Cet instrument, en photo ci dessus, est venu parachever la magnifique salle de concert construite au début des années 2000 par Frank Gehry.
Ce disque rend un bel hommage aux dimensions et aux possibilités de cet instrument. Pour vous en faire une idée, écoutez la transcription du Prélude no15 de Chopin, devenu presque terrifiante jouée ainsi :
Pour en savoir plus, en particulier sur cet orgue, je vous recommande l’excellente critique qui m’a appris l’existence de ce disque :
Une lecture à compléter par cette fiche descriptive de l’instrument qui revient aussi sur l’histoire du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles :
Les CD de Brilliant Classics sont très peu chers, il vous coutera moins de 8 euros pour acquérir celui-ci. En attendant, vous pouvez l’écouter intégralement en ligne :
De nombreux directs live seront proposés sur la page Facebook du festival. Entre autres avec votre serviteur, samedi matin.
Vendredi 5 juin
– 18h : introduction par Thierry Cavalié, président de l’association On a marché sur la bulle
– battle de dessin en direct avec Greg Blondin, Olivier Frasier, Hardoc et David Périmony
Samedi 6 juin
– 11h15 : table ronde « Quel statut pour les auteurs ? » avec Valérie Mangin et Denis Bajram
– 13h : le coup de cœur bénévole
– 14h : fabrique de la Bande Dessinée avec Laurent Lefeuvre
– 15h : dessin live avec Aude Mermilliod
– 16h : petite fabrique de la Bande Dessinée avec Dav
– 17h : interview avec Cyril Pedrosa
L’équipe propose aussi une revue spéciale Le Festival s’invite chez vous. C’est 86 auteurs et autrices qui ont répondu à l’invitation.
Malgré mon amitié pour les Rendez-vous d’Amiens, j’avoue que je n’ai pas réussi à trouver une idée assez originale pour participer. Il faut dire qu’en plein confinement, ce n’était pas simple de rester positif. Et je ne me voyais pas plomber encore plus l’ambiance…
Bref la revue est dores et déjà distribuée dans Amiens et lisible en ligne :
Enfin, pendant tout le mois de juin, vous pourrez retrouver sur sa page Facebook des vidéos de dessinateurs et dessinatrices, des interviews interactives et bien plus encore… Bref, un Rendez-vous à ne pas manquer !
Enfin, je tiens à remercier les Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens, et en particulier Pascal Mériaux, d’avoir dès le début de la crise sanitaire travaillé à ce que les auteurs et autrices invitées soient payées malgré l’annulation. La plupart ont déjà des revenus très précaires en temps normal et il est donc plus important que jamais de les soutenir. Merci au festival et à ses financeurs d’avoir pris cet engagement.
Le dernier numéro de Casemate a mis en avant dans son courrier des lecteurs la lettre d’un certain Guy. Pour résumer, Guy pense que les auteurs de Bande Dessinée qui n’arrivent pas à gagner leur vie avec devraient changer de métier au lieu de se plaindre. Cela a évidemment provoqué pas mal de réactions chez les auteurs et autrices. Mais Guy pose une question à laquelle il faut bien aujourd’hui se décider à répondre.
Depuis des années, des gens, parfois très gentils, venaient m’expliquer régulièrement, comme Guy, que les auteurs et autrices qui ne s’en sortent pas devraient chercher un autre métier, que c’est la vie, que c’est comme ça.
Je répondais à chaque fois en leur demandant pourquoi, à leur avis, je militais pour défendre ces auteurs sans succès, moi qui en avais. Et pourquoi plein d’autres auteurs très installés le faisaient aussi. Ça provoquait en général un grand blanc. Je leur expliquais qu’avant d’atteindre la reconnaissance, la plupart des auteurs devaient passer par de longues années de galère. Que pour qu’il y ait un succès, il faut hélas souvent 100 auteurs qui triment. Donc que dire à tous ceux qui ne s’en sortent pas, ou mal, de passer à autre chose, c’est juste dire à la BD d’arrêter de générer de nouveaux succès à très court terme. C’est donc dire, dans le fond, à tous les auteurs de disparaître.
De fait, l’explosion du nombre d’auteurs et d’autrices de BD depuis deux décennies change profondément ce fonctionnement. Aujourd’hui, de plus en plus d’éditeurs attendent un succès rapide voire immédiat et n’insistent plus si ce n’est pas le cas. Il faut dire qu’il y tellement d’auteurs qui attendent à leur porte qu’il peut paraître plus simple de passer au suivant pour voir si ça marchera mieux… Il faut l’admettre, avec cette méthode, de nouveaux succès apparaissent bien, même s’ils sont souvent moins gros qu’auparavant. Et tant qu’il y aura de la chair à canon, ça continuera.
Que répondre aujourd’hui à ceux qui pensent comme notre Guy si beaucoup d’éditeurs eux-mêmes émettent ce message dans leur comportement ?
Pour commencer, que c’est en train de tuer une bonne partie de la bande dessinée, celle qui nécessite beaucoup de temps, un travail long et continu. Si les gens ne peuvent plus dessiner que le week-end et le soir, cela les pousse à adopter un dessin plus rapide, à l’antithèse de qui s’était développé auparavant avec la professionnalisation. Ce n’est pas qu’un changement économique, c’est aussi inévitablement un changement esthétique majeur. Et il a commencé très évidemment depuis des années (il faudrait que je revienne sérieusement sur ce sujet un jour, il y une toute histoire de notre Art par le prisme économique et social qui reste à écrire).
Il faut aussi craindre qu’il faille toujours plus de chair à canon pour alimenter cette bataille. Or si les perspectives d’en vivre deviennent évidemment bouchées, que se passera-t-il ? Qui acceptera de payer des études de BD à 20 000 € ou plus s’il est quasiment sûr de ne jamais en faire son métier ? Qui va se lancer sur un chemin aussi difficile si l’espoir d’atteindre ne serait-ce qu’une première étape s’éloigne plus vite qu’on arrive à marcher ?
Enfin, si les éditeurs n’offrent plus des conditions professionnelles, voire simplement plus des revenus permettant aux auteurs au moins de survivre, s’ils continuent à utiliser l’argent économisé ainsi pour augmenter la production, tout cela pour tester de plus en plus de livres, et d’auteurs, si les livres, trop nombreux, continuent de se vendre à cause de cela de moins en moins, pourquoi les auteurs continueraient-ils à aller voir un éditeur ?
En observateur de ce milieu éditorial depuis trois décennies, je me demande quand les auteurs et autrices vont vraiment craquer. L’amour de la Bande Dessinée a fait faire à des milliers d’entre eux des sacrifices délirants. Combien de temps cela va-t-il durer ? J’ai l’intime conviction qu’à un moment, les chances d’être seulement un peu visible vont devenir trop faibles, et qu’une génération complète de nouveaux auteurs potentiels va décider de ne pas y aller.
Ce jour-là, les Guy de la BD comprendront en quoi leur vision était à très court terme.
Ce phénomène est particulièrement visible dans les aplats. Si on s’amuse à convertir dix fois de suite un fichier de RVB vers CMJN puis RVB, on finit par obtenir un bruit très visible, comme on peut le constater sur l’animation ci-dessous (cliquez pour agrandir) :
Je ne m’étais jamais aperçu de cela auparavant. C’est Alexis Sentenac, mon compère de l’atelier virtuel, qui a levé ce lièvre, en découvrant que les aplats sur ses pages n’étaient plus vraiment des aplats après passage en CMJN, et que cela lui posait des problèmes pour les sélectionner proprement.
Après avoir exploré le problème avec lui dans Photoshop, on a fini par comprendre que c’était une option de conversion qui provoquait cela. C’est ce qu’Adobe appelle « simulation » en français, « dither » en anglais, et qu’on traduit d’habitude par « diffusion d’erreur » en français.
Le dither est donc un procédé qui consiste à introduire du bruit dans un signal numérique. C’est courant dans le domaine de l’audionumérique, mais je n’avais pas réalisé que c’était aussi le cas par défaut dans notre bon vieux Photoshop. Mais pourquoi ajouter du bruit à une image au moment de la convertir ?
Il faut savoir que l’espace de couleur CMJN qui sert à l’impression est plus petit que l’espace RVB de nos écrans.
Donc, quand on passe de l’un vers l’autre, le CMJN peut manquer de couleurs pour représenter toutes celles du RVB. En conséquence beaucoup vont se retrouver transformées et simplifiées. Cela va se traduire, dans certains dégradés, par des transitions violentes entre certaines plages de couleurs, alors qu’elles étaient fluides en RVB, Cela provoque à l’arrivée des effets de bandes assez inesthétiques.
C’est pour cela qu’est introduit ce dither, ce bruit aléatoire, durant la conversion, afin de masquer ces transitions brutales.
C’est une assez bonne solution, mais il vaut mieux le savoir, car cela n’est donc pas sans impact sur nos fichiers. Et il ne faut surtout pas hésiter à décocher cette option pour certains usages qui nécessitent une grande fidélité des aplats. Pour contrôler cela au cas par cas, vous pouvez utiliser le menu Édition > Convertir en profil :
Ce dither a un autre impact : cela fait longtemps que je ne comprenais pas pourquoi les fichiers CMJN étaient parfois beaucoup plus lourds que les RVB. Car si le RVB comporte trois couches et le CMJN quatre, la différence de poids entre les deux ne devrait être que de 25%. Or, le plus souvent, c’est beaucoup plus. C’est en fait lié à la manière dont les fichiers sont compressés et au dither.
Quand plusieurs pixels consécutifs ont la même couleur, les formats de fichiers courants se contentent de n’enregistrer la couleur qu’une seule fois, et de noter ensuite le nombre de pixels consécutifs de la même couleur. Décrire un grand aplat ne pèse donc pas bien lourd, une page blanche encore moins. Si au contraire, chaque pixel a une couleur particulière, c’est 3 octets en RVB, 4 octets en CMJN qu’il faut enregistrer à chaque fois.
Donc, avec l’ajout du bruit à la conversion, qui fait que chaque pixel devient un peu différent de son voisin, c’est bien la taille du fichier qui explose à la fin inévitablement. Tout s’explique.
Pour finir, ce qui m’effraye un peu, c’est d’avoir utilisé Photoshop depuis la version 2.0 sans n’avoir jamais été confronté à cette question du dither RVB vers CMJN. Ces logiciels font énormément de choses et on oublie trop vite à quel point on n’en maitrise jamais tous les arcanes, même avec une véritable expertise, même au bout de 30 ans. Un rappel de la prudence et de la modestie qu’il faut garder face à toutes les technologies qui ont envahi nos vies.
Ces derniers jours, un test politique refleurit sur Facebook. On vous promet de vous donner votre positionnement politique exact si vous remplissez un petit questionnaire sur le site irdlabs.com.
Enfin, petit, c’est vite dit : le questionnaire compte tout de même trente-six questions. Avec autant de réponses, on peut en effet établir un profil politique assez précis. Cela veut donc dire que, si c’est proposé par un ami sur Facebook, beaucoup vont aller dévoiler leurs opinions politiques profondes à un site web inconnu.
Quand on voit la sensibilité de la plupart de ces mêmes personnes sur leurs données personnelles, on s’étonne. J’ai vu, par exemple, une partie de ceux qui ont rempli ce test se plaindre en parallèle de l’application StopCovid, dénonçant un risque de surveillance par l’État. Alors pourquoi les mêmes passent-ils de longues minutes à déclarer leur pensée politique profonde à une entreprise inconnue ?
Se sont-ils seulement demandés qui est derrière ce site web ? Qui est IRDlabs ? D’autant plus que c’est une vraie question, vu l’absence d’information à ce sujet sur leur site. Quand on l’explore, on découvre surtout de très nombreux tests, qui ne portent pas que sur les opinions politiques, mais aussi religieuses, sexuelles… C’est donc clairement très intrusifs, et dans tous les domaines. Si le site possède une page sur sa politique de confidentialité, il est impossible de trouver nulle part une information sur IRDlabs. Est-ce une société ? Qui sont ces dirigeants ? Dans quel pays est-elle déclarée ? À quelle législation est-elle soumise ?
Si on cherche à savoir dans quel pays se trouve ce serveur web, on s’aperçoit qu’il est abrité derrière les services de Cloudfare, un outil qui empêche, entre autres, de le localiser. Quand on fait une recherche whois sur le domaine irdlabs.com, on n’a pas plus de coordonnées ou d’identification Mais on découvre que ce domaine est déclaré aux Bahamas, un paradis fiscal bien connu pour son manque de transparence et de collaboration judiciaire. Très rassurant.
On pourrait s’en moquer en se disant que les opinions qu’on va déclarer sur ce site restent anonymes, vu qu’on ne donne pas son nom ou son adresse, mais que son adresse IP. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Quand quelqu’un s’y connecte via Facebook, IRDlabs récupère une information, le fbclid que Facebook ajoute à toute adresse, qui permet de suivre un utilisateur ou une source. Et, bien pire, si cet utilisateur partage les résultats depuis le site lui-même, comme j’ai vu beaucoup le faire, cela offre à IRDlabs la possibilité de capturer son identité à ce moment-là, et de la lier aux données récupérées…
En clair : si ce site a décidé de ne pas respecter l’anonymat qu’il promet, si cette société bien cachée est aussi malhonnête que cela le laisse penser, elle doit être en train d’établir des fichiers d’opinions politiques, sociales, religieuses et sexuelles sur des millions d’utilisateurs. Le scandale Cambrige Analatyca de 2018 a déjà montré que non seulement des sociétés dûment déclarées et enregistrées ne se gênaient pas pour le faire, jusqu’à influencer les résultats de l’élection américaine, alors imaginons ce que peut faire cette société fantôme…
Je m’étais alarmé il y a quelques temps, dans cette note de blog, de voir apparaître des initiatives sur ces même réseaux sociaux qui permettaient à n’importe qui d’établir très facilement des listes de militants gilet jaune. Il est vraiment temps que nous, citoyens, commencions à réfléchir à qui nous confions nos opinions et nos données, et qui pourrait bien s’en servir pour nous manipuler à grande échelle en retour.
Demain soir, mercredi 27 mai, la NASA va envoyer deux astronautes vers la station spatiale internationale par ses propres moyens pour la première fois depuis l’arrêt des navettes en juillet 2011. C’est SpaceX qui fournit la fusée, une Falcon 9 réutilisable, et le vaisseau des passagers, le tout nouveau Crew Dragon. Le chemin parcouru par la société d’Elon Musk depuis sa fondation en en 2002 est impressionnant. Espérons pour les deux astronautes que tout se passera au mieux.