Imaginales 2023

Pour la première fois Valérie et moi nous rendrons aux Imaginales, le célèbre festival de la ville d’Épinal. Nous avons répondu à l’invitation de notre camarade Gilles Francescano, le tout nouveau directeur artistique de la manifestation. Gratuit et ouvert à tout public, les Imaginales sont organisées depuis 22 années à la fin du mois de mai dans le Parc du Cours et accueillent plus de 200 auteurs et autrices et 45 000 visiteurs.

Comme nous ne sommes venus que très rarement dans l’est de la France, c’est avec un grand plaisir que nous rencontrerons un public que nous ne connaissons pas encore.

Ce sera aussi l’occasion pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de la voir aux Utopiales de découvrir la très belle exposition Valérie Mangin, scénariser sans limite au siège de la Communauté d’Agglomération d’Épinal, avenue Dutac. Elle y sera visible jusqu’à fin juin.

Vous pourrez me retrouver en table ronde à ces dates :

► Jeudi 25 mai de 18h à 19h au Magic Salon Perdu
« La Pop culture, reflet d’une société psychotique ? »
Avec Denis Bajram, Laurent Genefort, Clément Pélissier et Christophe Siebert

► Samedi 26 mai de 12h à 13h au Magic Deluxe
« Rapport Science et Science Fiction ? comment la SF modifie le réel. »
Avec Denis Bajram, Claude Ecken, Rakel Haslund, Pierre Lagrange, Jean-Marc Ligny, Olivier Paquet

► Samedi 27 mai de 17h à 18h au Magic Salon Perdu
« La bande dessinée, une histoire de couple ? »
Avec Denis Bajram, Ariane Delrieu, Laurent Genefort, Valérie Mangin, Frédéric Michel, Alexandre Ristorcelli

► Dimanche 28 mai de 14h à 15h au Magic Salon Perdu
« Quand l’outil forme la main et la pensée. »
Avec Denis Bajram, François Baranger, Céline Blaché, Yannick Huchard, Stéphanie LeCam, Olivier Paquet

Chacune de ces rencontres sera suivie par une séance de signature d’une heure. Je précise, que, comme à mon habitude, je ne ferais pas de dessin. Ça nous laissera le temps d’avoir de vrais échanges avec tous ceux qui le voudront. Enfin, en dehors de ces plages horaires, si vous nous croisez dans les allées, n’hésitez surtout pas à nous arrêter pour discuter : nous venons pour ça !

Images ©www.imaginales.fr

Auteurs & autrices de BD, la Ligue a besoin de vous

Bientôt, ce sont les élections au conseil de la Ligue des auteurs professionnels. L’excellent Frédéric Maupomé ayant présidé avec brio notre syndicat en se donnant à 1000% comme Samantha et moi l’avions fait auparavant, il a l’obligation maintenant de se reposer… enfin, de reprendre son travail d’auteur normal.

Je ne vais pas vous cacher que cela pose un problème côté bande dessinée. Je vais me retrouver seul à la représenter dans un conseil syndical de 14 membres. Je n’ai pas de doute que les autres seront à l’écoute de tout ce que je dirai, mais je ne suis ni disponible tout le temps ni, surtout, infaillible. Même si, depuis les États Généraux de la Bande Dessinée, je continue à être très attentif aux évolutions sociales, économiques, légales et technologiques qui nous concernent dans la BD, je pense que je ne dois pas être seul à parler pour les métiers de la BD à la Ligue.

Enfin, le conseil syndical de la ligue est surtout composé d’auteurs et d’autrices de textes. En fait, je suis le seul à y tenir un pinceau aujourd’hui. Il faudrait donc que dessinateurs, dessinatrices et coloristes se présentent à nos élections pour mieux veiller aux sujets qui les concernent en particulier.

Être au conseil, c’est bien sûr prenant, c’est la certitude d’ajouter des heures de travail à des semaines déjà trop courtes. En échange, c’est l’assurance de se sentir un peu plus utile aux autres dans un métier souvent trop individualiste. C’est aussi l’occasion de se former rapidement au droit d’auteur, aux complexités sociales et fiscales, mais aussi aux enjeux économiques et sociétaux à long terme de notre profession d’artiste-auteur. En vous engageant à la Ligue, vous aiderez donc surtout les autres, mais vous vous préparerez aussi à surmonter les difficultés de nos métiers

N’hésitez pas à venir discuter de votre éventuelle candidature en privé avec moi. Et si vous voulez commencer plus doucement, vous pouvez aussi rejoindre le rang de nos bénévoles actifs !

25 ans de la Cour des miracles

En 2006, j’ai arrêté de faire des dédicaces dessinées, pour plein de raisons que j’avais expliquées à l’époque. En 2015, j’avais tout de même accepté de refaire cinq belles dédicaces payantes pour aider à financer un nouveau festival dont j’étais le parrain.

Huit ans plus tard, j’ai donc remis le couvert pour soutenir l’ami Jean-Marie Le Callonec et sa librairie, La Cour des Miracles à Caen, qui s’est retrouvée hélas en difficultés économiques après 25 ans de passion au service de la Bande Dessinée.

Sur les cinq dédicaces couleurs vendues 500 € au profit de la librairie, j’ai eu le plaisir d’en réaliser deux sur places pour deux fans qui avaient fait le déplacement, l’un de Paris, l’autre du nord de la France. Nous avons donc passé deux heures ensemble à papoter, le temps que je réalise les dessins.

L’ambiance de la journée a été plus qu’excellente, et ça faisait très plaisir de voir autant de gens entourer Jean-Marie pour les 25 ans de la librairie. Jean-Marie, on te souhaite le meilleur pour la seconde partie de cette aventure !

Et merci à Valérie pour les photos.

 

 

Retraite + IA = ?

Deux actualités se télescopent alors qu’elles ont l’air de n’avoir rien en commun : la première est celle de la réforme des retraites, qui repousse encore une fois l’âge de départ, et l’autre l’arrivée d’intelligences artificielles de création de contenus de plus en plus puissantes.

D’un côté, j’entends de gens qui ont fait de longues études dire qu’ils travailleront jusqu’à 64 ans, voire 67, tant pis. De l’autre j’entends en parallèle Goldman Sachs prédire le remplacement de l’équivalent de centaines de millions d’emploi, et en particulier dans les emplois administratifs et intellectuels.

En clair, pour tous ceux qui se croient plus ou moins capables d’endurer la réforme des retraites, il va non seulement falloir arriver en bonne santé à l’âge de départ, mais il va falloir prier de ne pas être devenu obsolète avant. Miam miam.

Paranoïa numérique

Ce matin, je vois passer sur Facebook « une image de la NASA montrant le lancement de la navette Atlantis en 2006 prise par un avion de très haute altitude, le WB-57 ». Peu d’internautes l’auraient sans doute questionnée il y a encore un an, mais là, tout de suite, beaucoup parlent de trucage ou d’IA.

En fait, c’est bien la photo du lancement, mais recadrée, avec de l’ajout de flou sur le fond, ce qui lui donne cette apparence de maquette photographiée au macro-objectif. C’est donc une vrai-fausse image réelle, une version esthétisée d’une photographie.

Avec l’apparition des images générées par IA, pas mal de gens sont en train de devenir plus prudents avec ce qu’on leur montre. Et cela va devenir le cas dans tous les domaines touchés par les IA de génération de contenus. On peut s’en réjouir, mais on peu aussi s’en inquiéter. Ce monde numérique des fake news, des arnaques e-mail, des virus et des contenus IA ne serait-il pas en train de nous rendre tous complètement paranoïaques ?

Le ministre de l’Intérieur menace la LDH

La Fédération internationale pour les droits humains réunit 188 organisations de défense des droits de l’Homme. Aujourd’hui, elle se retrouve à devoir apporter son soutien à un de ses membres fondateurs, la Ligue des droits de l’Homme française.

Pourquoi ? Parce que l’actuel ministre de l’Intérieur menace la LDH de graves représailles économiques pour avoir osé documenter tout ce qui ne va pas dans le maintien de l’ordre en France.

S’en prendre aux organisations de défense des droits humains comme aux syndicats n’est pas un geste mineur. Ce gouvernement passe son temps à dénoncer les extrêmes, mais semble être capable de dériver tout seul vers le pire.

 

 

Cinq dédicaces à 500€ pour soutenir un libraire

En 2006, j’ai arrêté de faire des dédicaces dessinées, pour plein de raisons que j’avais expliquées à l’époque. En 2015, j’avais tout de même accepté de refaire cinq belles dédicaces payantes pour aider à financer un nouveau festival dont j’étais le parrain.

Huit ans plus tard, je remets le couvert pour soutenir l’ami Jean-Marie et sa librairie La Cour des Miracles à Caen. Je réaliserai cinq dédicaces en couleur (encres ocre jaune et ocre rouge + trait noir) dans l’album Universal War 1 ou 2 de votre choix.

Chaque dédicace sera vendue à 500 euros. C’est, bien sûr, hors de prix, mais c’est pour une bonne cause. Je précise que je ne toucherai pas un centime sur cette opération « caritative ». Et à ce prix, vous pourrez choisir évidemment ce que je vous dessinerai (dans les limites du raisonnable et du bon goût, évidemment).

Je réaliserai ces cinq dessins à la librairie pendant l’après-midi du 15 avril. Cela permettra à ceux qui n’auront pas les moyens de s’offrir un tel cadeau d’au moins profiter de cette session de dessin. Ce sera surtout l’occasion de venir discuter. Et comme ce sera ce jour-là les 25 ans de la librairie, il y a tout un programme festif de prévu !

Pour vous inscrire, contactez Jean-Marie Le Callonec, le libraire. La priorité sera donnée à ceux qui pourront être présents sur place, puis aux premiers inscrits.

Voilà, je compte sur vous pour participer à ce grand plan de sauvegarde de La Cour des Miracles !

 

⚠️ MISE À JOUR : LES DÉDICACES SONT DÉJÀ TOUTES RÉSERVÉES

La Cour des Miracles

Adresse : 51 Rue Froide, Caen, France

Téléphone : 02 31 86 46 02

Email : lacourdesmiracles.caen@gmail.com

James Bowman

Je suis assez ému d’apprendre le décès du contreténor James Bowman. C’est avec lui que j’ai été initié à tout un pan de la musique baroque. Je me rappelle encore très bien du choc émotionnel pendant mon enfance quand j’ai entendu pour la première fois le Stabat Mater de Vivaldi qu’il avait enregistré en 1976 avec the Academy of Ancient Music sous la direction de Christopher Hogwood.

Étonnement, je viens tout juste de racheter ce disque en CD tant j’avais usé mon disque vinyl d’époque, au point de le faire sonner un peu trop feu de bois. Lundi, j’ai donc déballé cet enregistrement pour le tester sur le tout nouvel amplificateur Hifi qui vient d’arriver à la maison. L’occasion de comparer la magie d’un CD sur une amplification Full Digital avec un vieux 33T usé sur un ampli à lampes.

Réécouter ce Stabat Mater a été un moment merveilleux qui a résonné à fond dans toute la maison. Et la voix de James Bowman m’a fait fondre encore une fois.

C’était le jour même de son décès.

« Synchronicity ».

 

James Bowman à Leeds en 1972 © Jeremy Fletcher/Redferns

Est-ce aux pouvoirs publics de choisir les syndicats ?

Depuis la fondation de la Ligue des auteurs professionnels nous réclamons une démocratie sociale digne de ce nom pour les artistes-auteurs. Et on en est loin.

En effet, fin février, le ministère de la Culture organisait une réunion pour préparer le prochain cycle de négociation entre auteurs et éditeurs. Au moins deux organisations syndicales qui souhaitent pourtant participer aux négociations n’étaient pas conviées : côté auteurs le CAAP, Comité Pluridisciplinaire des Artistes-Auteurs·trices, et côté éditeurs la FEDEI, Fédération des éditions indépendantes.

Le CAAP est pourtant en pointe depuis des années dans la défense des artistes-auteurs, et a en parallèle été nommé, faute d’élection, par ce même ministère au conseil d’administration de la Sécurité Sociale des Artistes-Auteurs.

Le CAAP ne s’est pas démonté, et s’est présenté à la réunion avec un commissaire de justice (un huissier) pour faire constater l’entrave aux libertés syndicales. Malgré cela, on lui en a interdit l’entrée. Va-t-il falloir à nouveau retourner devant la justice ? Rappelons que le CAAP et la Ligue ont déjà dû assigner le ministère de la Culture devant le Conseil d’État pour que le droit français transcrive correctement la « rémunération appropriée et proportionnelle » obligatoire au niveau européen1.

Bref, voici ce qui se passe lorsqu’il n’y a pas de d’élections professionnelles : ce ne sont pas les artistes-auteurs eux-mêmes, mais les pouvoirs publics qui décident qui a le droit ou pas de représenter… les artistes-auteurs. Est-ce cela la démocratie sociale ?

Cher ministère de la Culture, doit-on encore une fois vous citer le rapport Bruno Racine2 ?

En proposant un calendrier de mise en œuvre de ses recommandations, la mission souligne que certaines de ces mesures conditionnent les autres. Il s’agit en effet :

– de renforcer les artistes-auteurs collectivement, par l’organisation rapide d’élections professionnelles qui permettront de donner corps et légitimité au Conseil national des artistes-auteurs à créer afin de servir de cadre à la négociation collective avec les diffuseurs.

Notes

Thierry Cailleteau

Autoportrait avec Thierry Cailletau – 1996

J’apprends à l’instant le décès de Thierry Cailleteau. Quel choc. Et que de souvenirs.

1994. Thierry, fan d’ordinateur, voulait faire un CD-ROM sur Aquablue, la série vedette qu’il scénarisait à l’époque. Il passe donc avec Guy Delcourt à l’atelier de Mathieu Lauffray un des jours où je suis là. Mathieu, jeune auteur de la maison d’édition, leur avait dit que j’étais de bons conseils sur les questions de développement informatique.

Sur ma table, il y a, bien visibles, les planches de L’Arche, un projet de science-fiction que je rêve de signer chez un éditeur. Guy n’en a cure, mais Thierry les regarde quelques minutes. Puis on va déjeuner au restaurant à côté, où l’on discute donc de faisabilité d’un CD Rom. Après le repas, Thierry demande à repasser à l’atelier. Il se plante à nouveau devant ma table et les planches de mon projet SF. Puis me demande, avec le grand sourire qui était le sien, si je ne voudrais pas dessiner un album pour lui. Et j’ai vite compris ce qu’il avait en tête : me faire reprendre Aquablue.

Quelques planches d’essai plus tard, Guy et Thierry m’annonçaient que ce projet ne se ferait pas pour des raisons indépendantes de leur volonté. Mais Thierry ne m’oublia pas, et m’envoya bien vite un autre scénario, Cryozone, une histoire de zombies dans un vaisseau spatial en même temps réaliste et fun. Ce fut donc ma première collaboration au long cours. Je ne compte plus les grandes discussions de passionnés de science-fiction ni le nombre de fax échangés entre nous pour faire le meilleur album possible. Mais ce furent aussi les bonnes rigolades, les heures passées chez lui à jouer à Doom en réseau et les descentes dans les bars de Rouen avec ses nombreux potes.

Nous avons fait les deux albums prévus ensemble. Et grâce à la notoriété de Thierry, j’ai connu le succès avec ces premiers livres. Mais je l’avais prévenu dès le départ que j‘étais un raconteur en images plus qu’un dessinateur. J’ai donc repris ma liberté, et j’ai même dû changer de maison d’édition pour pouvoir écrire seul mes histoires, comme je le faisais depuis mon enfance. Mais c’est une autre aventure.

En écrivant ces lignes, je repense à la dernière fois où nous nous étions revus à Rouen, pour une expo rétrospective sur ma carrière. Je n’ai jamais oublié que celle-ci lui doit beaucoup. J’ai connu la meilleure des entrées dans ce métier grâce à Thierry. Il a su voir dans mes planches de l’époque ce qu’aucun éditeur n’avait perçu avant. Il m’a ensuite livré un excellent scénario, plein d’idées et de scènes passionnantes à dessiner. Il m’a surtout montré qu’une bonne histoire, même à grand spectacle, passait par les personnages. Car Thierry, entre autres par son art du dialogue, avait su mettre dans ceux de Cryozone toute son incroyable truculence. J’imagine qu’avec son départ, la ville de Rouen va sembler soudainement très calme…

Merci Thierry. Et mes condoléances à tous les tiens.