J’ai de plus en plus l’étrange sentiment d’être un extrémiste de gauche à refuser cet état d’urgence de longue durée. Alors que je ne suis qu’un citoyen qui s’oppose à la suspension prolongée des libertés et des droits démocratiques. Comment ne pas s’indigner quand on constate que le droit de manifester est suspendu trois mois au nom de la sécurité, mais pas la Saint-Sylvestre géante sur les Champs-Élysée ? Que pour combattre le terrorisme islamique on perquisitionne et met en liberté surveillée des militants écologistes ? Quel est ce silence général ? Ou est passé la presse de gauche ? Que fait la presse d’opposition ? Il n’y a eu quasi personne pour dire non à cet état d’urgence prolongé et ils ne seront pas plus nombreux à vouloir empêcher qu’il soit constitutionnalisé. C’est à dire rendu potentiellement permanent.
Hélas, la population est la première qui ne semble pas se sentir concernée. Pense-t-elle que sa sécurité vaut bien la sacrifice de la liberté de quelques-uns ? Voici le résultat de vingt ans de discours politique focalisé sur le tout sécuritaire. La bataille des esprits a été perdue, elle n’a même pas vraiment été menée. Car on a laissé les Sarkozy, Valls et consorts nous emmener sur leur champ de bataille, celui de la peur, de la menace permanente, d’un pseudo retour à l’autorité, d’un rêve de tolérance zéro… tout cela sans aucun résultat sur l’insécurité réelle, en plus. Des mots, des litanies, des imprécations qui ont reprogrammé le pays et créé un besoin impossible à combler. Sauf en allant jusqu’au bout de ce discours, en choisissant l’extrême droite. Et ce jour là, l’état d’urgence permanent et constitutionnel concernera bien tous les citoyens qui refuseront le nouvel ordre national.
Après les deux révolutions industrielles, la révolution informatique, voici venir la prochaine révolution économique. Extrait :
« Même les libertaires de la Silicon Valley commencent à s’inquiéter. Jaron Lanier, le génie universel à l’origine de l’intelligence artificielle a déclaré : « Même si ça me fait mal de le dire, on pourrait survivre que si on éliminait les classes moyennes de musiciens, de journalistes et de photographes. En revanche, ce qui nous serait fatal, c’est la destruction de la classe moyenne dans les transports, la production, l’énergie, le travail dans les bureaux, l’éducation et la santé. »
Martin Ford fait référence à un colloque sur le travail auquel il a assisté avec environ cinquante dirigeants de sociétés technologiques : « Ici, dans la Silicon Valley, il y a un consensus remarquable à ce sujet. Tout le monde était d’accord pour dire qu’on est au bord d’une rupture et qu’on va devoir bouger nos lignes pour s’assurer un revenu minimum garanti. Il y a eu une entente sans équivoque dans ce sens. »
J’entends encore parler du “plafond de verre” que ne pourrait pas dépasser le FN, mais jamais de son “plancher en béton” qui monte pourtant plus haut à chaque élection. Plafond et plancher sont si proches aujourd’hui qu’ils sont en train de comprimer tout ce qui se trouve entre eux. Gare à l’énorme explosion si ou quand le plafond cèdera sous la pression…
A ce sujet, je viens de lire “La Présidente”, qui raconte l’élection de Marine Le Pen en mai 2017 et les 9 premiers mois qui suivent. Valérie et moi avions pensé très sérieusement à nous attaquer à cet exercice de prospective il y a quelques années. Notre pronostic pour sa première année de pouvoir était en gros le même, mais je vous laisse le découvrir.
Nous n’avions finalement pas concrétisé ce projet, pour plein de raisons plus ou moins valables : la complexité et le nombre de sujets à maîtriser (économiques, institutionnels, politiques, sociologiques, médiatiques…), les limites légales (entre autres, prêter des actes et pensées à des personnes existantes), l’impression de ne pas avoir l’autorité pour le faire, mais aussi la peur de participer à une certaine psychose collective qui, en cherchant à le combattre, mettrait le FN au centre du jeu politique…
Finalement, d’autres ont eu plus de courage ou d’inconscience que nous. Félicitations à François Durpaire et Farid Boudjellal pour ce travail. Lisez “La Présidente”, ça n’arrivera sans doute pas exactement tel que c’est raconté, certains événements sont déjà contredits… mais d’autres sont aussi déjà tristement devancés. Winter is coming ?
Merci Simon Léturgie, en reportage au Toulouse Game Show 🙂
Le premier ministre a déclaré au Sénat, ce 26 novembre 2015, qu’il en avait « assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé ».
Et pourtant… Comprendre au lieu de rester dans l’émotion. Analyser pour sortir de la colère. Les sciences humaines contre les politiques du pire. C’est exactement ce que fait le sociologue Bernard Lahire dans cet entretien. Je suis très fier que nous ayons un esprit aussi solide dans le conseil scientifique des États Généraux de la Bande Dessinée.

J’ai donné une longue interview à Télérama pour leur hors-série Star Wars. J’ai un rapport très critique avec le saint-graal de ma génération, je me suis même plus d’une fois accroché avec certains de mes amis ou confrères sur le sujet. Merci au journaliste Frédéric Strauss qui me permet d’exprimer finement un point de vue sceptique et admiratif à la fois sur l’œuvre et le phénomène Star Wars.
Ce week-end, je suis invité au TGS, le Toulouse Game Show, un gros salon consacré à toute la culture geek et pop.
Le samedi de 13h45 à 14h30, je ferai une sur ma manière de dessiner en numérique.
Le dimanche de 13h30 à 14h15 l’excellent Paul Renaud animera une rencontre consacrée à mon travail.
En dehors de ces horaires, je passerai à la librairie signer mes albums (sans dessin comme d’habitude).
Enfin, et surtout, je viens pour rencontrer mes lecteurs, donc n’hésitez pas à saisir la moindre occasion pour discuter avec moi. Venez nombreux, qu’on rigole à nouveau un peu !
Sur Facebook, je me pose beaucoup de questions sur la dérive sécuritaire post attentats…
Toutes les lois sécuritaires votées depuis les attentats Charlie et les changements constitutionnels liberticides qu’on nous promet maintenant seront bien au point pour 2017. C’est très aimable de mettre en place l’état policier pour le FN, ça lui fera moins de travail si ou quand il sera élu…Statut Facebook
La France a regardé avec incompréhension, voire un joli petit mépris, les dérives sécuritaires et militaires des USA après le 11 septembre 2001… et on va suivre la même voie 14 ans après ? C’était donc juste notre éternel retard sur les modes venues des USA…Statut Facebook
Notre premier ministre devant le Sénat :
« Je suis extrêmement dubitatif sur l’idée de saisir le Conseil constitutionnel. Je souhaite que nous allions vite sur la mise en œuvre des dispositifs […] que vous allez voter, mais il y a toujours un risque à saisir le Conseil constitutionnel. Si le Conseil répondait que la loi révisée est inconstitutionnelle sur un certain nombre de points, sur un certain nombre de garanties apportées, cela peut faire tomber 786 perquisitions et 150 assignations à résidence déjà faites. Il y a y compris des mesures qui ont été votées hier à l’Assemblée nationale – je pense à celle sur le bracelet électronique, je suis dans la transparence – qui ont une fragilité constitutionnelle. »
Et tous les partis ont l’air d’accord. Bof, la constitution, quelle importance, hein.Statut Facebook
Workshop aux Utopiales Nantes 2015. J’y tente de montrer comment fonctionne mon petit cerveau quand je fais un design de vaisseau spatial. Je fais aussi beaucoup le clown pour occuper cette grande scène un peu vide. Peut-être aussi parce que ce jour-là j’avais croisé trop de gens qui me parlaient comme si j’étais quelqu’un d’important (c’est gentil, mais non). Mais aussi parce que, malgré une apparence parfois très sérieuse et pessimiste, je suis un garçon profondément joyeux et optimiste.
Et je le resterai malgré tous ceux qui voudraient nous faire penser le contraire.
Je me souviens d’un concert dans les années 90 au Bataclan où on avait eu un gros problème de sécurité avec deux abrutis qui s’étaient fait virer et étaient revenus avec un fusil de chasse. Heureusement, ils n’avaient pas eu l’idée de s’en servir et avaient fui l’arrivée de la police. J’avais admiré le sang froid des deux agents de sécurité ce jour là. Et, oui, j’avais eu très peur, sur le coup, mais aussi rétrospectivement. Je n’ai jamais pu retourner au Bataclan, côté loges ou côté public, sans y repenser.
Mais ça c’était avant.