Arnaque aux images libres de droits

Vous croyez que vous pouvez illustrer tranquillement vos publications avec des images « Creative Commons » trouvées sur des sites Internet qui proposent des illustrations a priori libres de droits ? Eh bien, méfiez-vous, vous pourriez vous retrouver à devoir payer des milliers d’euros malgré votre bonne foi.

Des petits malins ont trouvé un filon pour piéger en toute légalité un maximum d’internautes. Les licences « Creative Commons » qui accompagnent les images qu’ils mettent à disposition du public sont en effet complétées avec des mentions très particulières (faire un rétrolien vers le site d’origine par exemple). Si vous ne respectez pas à la lettre ces petites lignes dans la licence, ça devient un usage illégal de l’image. Et les infractions au droit d’auteur, c’est grave.

Surtout, ne vous croyez pas protégé par la taille gigantesque d’Internet. Il n’y a rien de plus simple pour des robots que de parcourir tranquillement les sites web pour retrouver des images. Ces robots dédiés à rechercher vos éventuels « abus » finiront par les retrouver et vous enverrons immédiatement une facture salée. On parle souvent de plusieurs milliers d’euros !

Pire, il semblerait que certains fournisseurs d’images « gratuites » modifient leur licence au bout de quelques années, et partent ensuite à la recherche des « abus » qu’ils ont eux-mêmes favorisés. Comment pourrez-vous prouver, aujourd’hui, qu’une image avait une licence différente autorisant cet usage au moment où vous l’avez mise sur votre site ? L’arnaque est réelle mais est difficile à prouver !

Vous êtes prévenu. Les images libres de droit ne sont que rarement totalement libre d’usage. Et même sur des sites très connus, vous prenez un risque important dans la durée.

 

PS: Et voilà qui va pousser encore plus de gens vers les IA de génération d’images…

 

 

 

 


Mise à jour

Un intéressant commentaire de Mathieu Salvia, scénariste ET juriste spécialisé en propriété intellectuelle :

Complétement d’accord, mais je voudrais juste tempérer un peu les “risques” réels encourus. Pour commencer, je préciserai que cette situation n’est pas nouvelle. Dans ma carrière précédente, en tant qu’avocat, j’en ai traitée un certain nombre, y compris pour des auteurs qui avaient reçu des lettres de ce genre. Aujourd’hui, je deal avec ces plateformes et leurs CGV obscures tous les jours, et force est de constater que rien n’a réellement changé.

Ensuite, il faut garder en tête que parce que lorsqu’on est un particulier/consommateur ou même jusqu’à un certain point, un indépendant, on risque en réalité très peu de choses dans ce genre de situations (en tout cas rarement des milliers d’euros). Surtout si l’usage qu’on fait de l’image litigeuse s’est limité à un site ou à un blog, avec peu de fréquentation. Tout simplement parce qu’en droit d’auteur, en France, avant d’obtenir quelque chose de manière forcée, il faut passer par le juge, démontrer qu’on a bien les droits sur l’image (souvent tricky), la réalité de l’infraction, la réalité et le quantum du préjudice (c’est souvent ici que le gâteau se dégonfle dramatiquement) et le fait que le contrat (les CGV) était légal, et a bien été violé. Ouf. Il faut aussi comprendre que ce genre de procédure judiciaire prend de 12 à 18 mois et coûte finalement bien plus en frais de procédure et honoraires d’avocat que ce qui est réclamé par les ayant droits (le montant des D&I en France doit être proportionnel à l’atteinte).

Il y a d’autres barrages légaux qui jouent : notamment le fait qu’un particulier/consommateur sera considéré comme une partie faible au contrat et à ce titre, bénéficiera d’une plus grande protection. Un parallèle un peu similaire pourra être dressé pour les indépendants, n’exerçant pas dans un métier du droit. Le droit de la consommation s’ajoute alors au droit de la PI pour protéger les consommateurs des “pièges” tendus par les CGV et tout type de contrats d’adhésions similaire (mentions obligatoires, clauses interdites, acceptation expresse par le consommateur, lisibilité des CGV etc.). Lorsque les CGV ne sont pas claires, ou déceptives, elles ne peuvent servir à justifier une faute contractuelle (je vais vite, mais je me rends compte que je suis en train de créer une véritable tartine que peu de gens liront 🙂)

Enfin, j’ajouterai que si c’est l’auteur original de l’image qui réclame un dédommagement, il y aura, dans certains cas, la possibilité pour le particulier/consommateur ou l’indépendant, de se retourner contre la plateforme / ou de l’appeler en garantie.

Il ne faut aussi pas oublier que les avocats qui enverront la Cease and Desist letter chercheront toujours à taper les poches pleines (les plateformes) plutôt que celles d’un particulier ou d’un indépendant. En face d’un refus persistant, ils finissent souvent par… laisser tomber, sans suite.

Ceci étant, il faut bien évidemment TOUJOURS lire les termes des CGV, SURTOUT lorsque le contenu est soi disant gratuit. Si ce n’est pas clair, ou si la plateforme s’arroge le droit d’en changer les termes quand elle le souhaite, alors il vaut mieux renoncer et passer son chemin.

Gros bug Photoshop 2023

Attention, la dernière version d’Adobe Photoshop, numérotée 24.1, peut vous faire perdre votre travail. En effet, la commande Annuler (Ctrl/Command Z) vous fait parfois revenir à une étape aléatoire de l’historique. Cela ramène votre fichier à l’état dans lequel il était des dizaines de minutes plus tôt et vous perdez donc tout ce que vous avez fait depuis ! Certains semblent même avoir expérimenté ce bug rien qu’en changeant de calque… Bref, ça n’aide pas à dessiner sa carte de vœux, croyez-moi

Seule solution pour l’instant, revenir à la version précédente de Photoshop, la 24.0.1, en passant par le gestionnaire Creative Cloud comme je le montre sur l’image ci-dessous.

Voilà en tout cas qui rajoute un sacré grief à ce que j’avais dit sur la maison mère de Photoshop il y a quelques temps : Vais-je me séparer d’Adobe après 30 ans de vie commune ?

Écrivez à vos parlementaires pour aider les auteurs

Dans une tribune publiée par Le Monde, un collectif rassemblant plusieurs organisations professionnelles représentatives des artistes-auteurs, dont la Ligue des auteurs professionnels, demande au Parlement de transcrire dans le droit français l’obligation européenne d’instaurer le principe d’une juste rémunération de la création. Les organisations proposent que vous interpelliez vous-mêmes les parlementaires à ce sujet. Je republie ici le texte de cet appel et le mode d’emploi pour nous aider.

« LES AUTEURS RÉCLAMENT LA TRANSPOSITION DE LEUR DROIT À UNE RÉMUNÉRATION APPROPRIÉE ! »

Suite à la demande de la Ligue des auteurs professionnels et du CAAP, le Conseil d’État a condamné le Ministère de la Culture pour excès de pouvoir et annulé partiellement l’ordonnance du 12 mai 2021 portant transposition de la directive 2019/790 du 17 avril 2019 parce qu’elle ne prévoit pas que les auteurs cédant leurs droits exclusifs pour l’exploitation de leurs œuvres ont le droit de percevoir une rémunération appropriée !

C’est une victoire pour les artistes-auteurs et autrices ! Mais le combat continue. Nous demandons maintenant la reconnaissance en droit français de ce droit, pour qu’il puisse désormais être établi, dans tous les domaines de la création !

AIDEZ-NOUS : INTERPELLEZ VOS PARLEMENTAIRES !

Si vous voulez aider les artistes-auteurs et artistes-autrices, nous vous proposons d’envoyer à vos parlementaires ce courrier. Vous n’avez qu’à copier-coller ce texte et choisir au début et à la fin à qui vous vous adressez.

Monsieur le député,
Madame la députée,
Monsieur le sénateur,
Madame la sénatrice,

Dans une décision n° 45-4477 du 15 novembre 2022, le Conseil d’État vient d’annuler en partie une ordonnance du Ministère de la Culture du 12 mai 2021 en tant qu’elle ne transposait pas le droit à une rémunération appropriée pour les artistes-auteurs et autrices.

Je vous demande de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour transposer à la lettre dans le droit français cette obligation européenne : il s’agit de l’un des droits les plus élémentaires des artistes-auteurs et autrices : être rémunérés pour leur création de manière appropriée.

Je vous demande de défendre auprès d’eux :

  • qu’il n’est pas approprié de ne pas prévoir de versement de droits d’auteur ou de prévoir des pourcentages de rémunération proportionnelle ridiculement bas ;
  • que le caractère approprié de nos rémunérations doit s’apprécier au regard de l’étendue et de la durée de cession de nos droits, trop souvent imposées par les exploitants de nos œuvres.
  • qu’il n’est pas approprié, dans le cadre d’une commande, de ne pas payer le travail de conception de l’œuvre (autrement que par une avance amortissable) et de demander aux artistes-auteurs et autrices de rembourser les sommes qui leur ont été versées pour le travail de création intellectuelle d’une œuvre ;
  • qu’il n’est pas approprié que des exploitants de nos œuvres puissent nous imposer une cession gratuite via des règlements ou d’autres formes de contrats d’adhésion ;
  • qu’il n’est pas approprié que, dans les appels d’offres publics, il soit demandé aux candidats de fournir un travail gratuit.

J’espère que vous saurez soutenir à l’Assemblée nationale ou au Sénat les propositions qui iront dans ce sens.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le député, Madame la députée, Monsieur le sénateur, Madame la sénatrice, l’expression de ma haute considération.

Pour contacter votre député ou députée, obtenir son nom, son adresse e-mail ou son adresse postale, consultez le site de l’Assemblée nationale : www.assemblee-nationale.fr

Pour contacter vos sénateurs et sénatrices, consultez le site du Sénat : www.senat.fr

Auteurs et artistes, vous pouvez bien sûr écrire une lettre plus personnalisée, témoignant de votre situation. Vous pouvez même demander, individuellement ou collectivement, à rencontrer vos parlementaires pour leur parler des difficultés actuelles des créateurs !

Il en va de l’avenir de nos métiers !

Colloque « Propriété intellectuelle et pop culture » au Palais Bourbon

Le jeudi 15 décembre, je serai à Paris au Palais Bourbon pour la 4e édition du colloque « Propriété intellectuelle et pop culture » organisé par le CEIPI et la Ligue des auteurs professionnels en collaboration avec Quatrebarbes, SCAN Avocats, Artlex, GUIU IP, LexisNexis France et ARDAN. Au programme : Jeux vidéos, NFT, Bande dessinée, Intelligences artificielles…

J’interviendrai lors de la table ronde « Mid-journey et autres intelligences artificielles : menace fantôme pour les métiers de la bd ? » le matin à 10h aux côtés de Stéphanie Le Cam, maître de conférences à l’Université Rennes 2 et directrice générale de la Ligue des auteurs professionnels, Caroline Le Goffic, professeur à l’Université de Lille Marie-Anne Ferry-Fall, directrice générale de l’ADAGP et Frédéric Maupomé, scénariste de BD.

Date :
Jeudi 15 décembre 2022 de 9h à 18h

Lieu :
Palais Bourbon (Assemblée Nationale), Salle Colbert
26 Rue de l’Université 75007 Paris

L’inscription est obligatoire :
https://sondagesv3.unistra.fr/index.php/768825?lang=fr

Liste des intervenants :
Denis Bajram, Yann Basire, Émilie Bulledop, Stéphanie Carre, Jean-Pierre Clavier, Carole Couson, Nathalie De Quatrebarbes, Jean-Marc Deltorn, Julien Delucenay, Anaïs Dépinoy, Marie-Anne Ferry-Fall, Aurelie Guetin, Denis Goulette, Stéphanie Le Cam, Caroline Le Goffic, Frédéric Maupomé, Alexandre Nappey, Xavier Pres, Mathieu Salvia, Laurent Teyssèdre, Gilles Vercken.

Clip Studio Paint dit non à la génération d’images par IA

On parle beaucoup d’intelligences artificielles créatrices d’images ces derniers temps. Mais tout ne va pas de soi dans ce nouveau monde, comme le montre ce qui s’est passé ces derniers jours avec le logiciel Clip Studio Paint.

Clip Studio Paint, ex Manga Studio, est un des logiciels de dessin les plus utilisés par les dessinateurs de Bande Dessinée à travers le monde. Il y a quelques jours, son éditeur avait annoncé qu’il allait intégrer une palette permettant de générer des images via une intelligence artificielle. Le projet était basé sur une IA déjà assez éprouvée, Stable Diffusion. On peut voir fonctionner cette palette ici :

La réaction très négative d’une partie des utilisateurs a amené Clip Studio Paint à mettre pour l’instant fin à ce projet. Ce qui est particulièrement intéressant, ce sont les arguments donnés par l’éditeur, qui résume une bonne partie du débat sur les IA de création d’images. Un communiqué à lire attentivement :

CLIP STUDIO PAINT n’implémentera pas la fonction de génération d’images IA

2 décembre 2022

Nous nous excusons pour l’inquiétude que nous vous avons causée suite à l’annonce de la palette de génération d’images IA le 29 novembre.

Après cette annonce, nous avons reçu de nombreux retours de la communauté et avons décidé que nous ne l’implémenterons finalement plus.

Voici quelques-unes de vos préoccupations que nous avons prises à cœur :

  • Les IA de génération d’images actuelles exploitent la propriété intellectuelle d’autres artistes et sont donc inutilisables.
  • Cette fonction entravera plus qu’elle n’aidera les artistes dans leurs activités créatives.
  • L’utilisation du travail d’un artiste qui n’a pas donné son consentement est éthiquement inacceptable.
  • La crainte que CLIP STUDIO PAINT deviennent synonyme de génération par IA.
  • Certaines fonctionnalités existantes devraient être privilégiées par rapport aux fonctions de génération d’images par IA.
  • Le fait qu’une application utilisée quotidiennement contient une fonction enfreignant potentiellement des droits légaux ou moraux est inacceptable.
  • CLIP STUDIO PAINT devrait être une application qui assure la responsabilité d’un environnement sûr et créatif.

La palette de génération d’images IA a été développée avec l’espoir que nous pourrions fournir une nouvelle façon d’expérimenter avec créativité. Cependant, nous avons négligé de prendre les considérations nécessaires.

Nous étions tellement focalisés sur la façon dont la technologie IA générative pouvait être utilisée de manière créative que nous avons perdu de vue ce que nos principaux utilisateurs attendent de CLIP STUDIO PAINT en tant qu’outil créatif. Nous tenons à nous excuser sincèrement.

Celsys n’implémentera pas de fonctionnalités de génération d’images IA dans CLIP STUDIO PAINT qui présentent ce type de problématiques, et écoutera plus sincèrement les opinions des créateurs. Nous redoublerons d’efforts pour fournir des fonctionnalités qui peuvent être utilisées en toute sérénité et par tous les artistes.

clipstudio.net

Les deux communiqués successifs de Clip Studio Paint :

Un bon auteur, c’est un auteur pauvre

Auteurs, autrices, ce qui se passe en ce moment est très grave. Dans le cadre des négociations professionnelles1 le SNE, syndicat des éditeurs, a annoncé qu’il refusait de discuter sérieusement d’une amélioration de la rémunération des auteurs. Le SNE a clairement dit qu’il était « très attaché au modèle actuel »2, confirmant en cela que ce modèle lui est tout à fait favorable. Et tant pis si la plupart des auteurs professionnels se retrouvent dans une situation de grande précarité et de pauvreté. Cela semble être un dommage collatéral parfaitement acceptable pour le SNE.

Vu cette fin de non-recevoir sur la rémunération, l’ensemble des organisations d’auteurs impliquées dans la négociation viennent donc de refuser de signer le peu qui a été obtenu jusque-là. Si le SNE décide de nous marcher dessus de tout son poids, on ne va pas en plus faire semblant de ne pas avoir mal.

Vu ce blocage de la part du SNE et ce déséquilibre manifeste en sa faveur, il est vraiment urgent que le ministère de la Culture prenne enfin ses responsabilités. Comment peut-il ne pas défendre mieux les créateurs précaires face aux dirigeants des industries culturelles ? Si le SNE ne veut pas discuter, tant pis pour lui, c’est maintenant au politique d’imposer un rééquilibrage du partage de la valeur entre éditeurs et auteurs.

Ou alors, qu’on nous dise directement qu’un bon auteur, c’est un auteur pauvre.

Cette note de blog a été reprise par actualitte.com.

Notes

C’est donc possible : Le Québec renforce très sérieusement le statut des artistes-auteurs

On aimerait lire un jour dans la presse française ce qu’on lit dans celle du Québec aujourd’hui :

Jour « historique » pour le milieu de la culture : après des années d’attente, la réforme du statut de l’artiste a finalement et été adoptée à l’unanimité vendredi à l’Assemblée nationale »

Les auteurs pourront négocier des conventions collectives. […]

Le Tribunal administratif du travail a plus de pouvoirs […]

La nouvelle loi sur le statut de l’artiste offre des dispositions supplémentaires aux artistes en cas de harcèlement psychologique au travail. […]

La ministre Roy s’est félicitée de contribuer à l’amélioration des conditions de travail des artistes. « Le Québec peut maintenant s’enorgueillir d’avoir une nouvelle loi équilibrée, qui permet aux artistes québécois d’avoir accès à de meilleures conditions de travail et d’exercer leur art dans un environnement sain et sécuritaire, et plus largement, de contribuer au plein développement de l’ensemble du milieu culturel québécois » […]

www.ledevoir.com

Peu de temps après sa création, la Ligue des auteurs professionnels avait rencontré l’UNEQ, L’union des écrivains et écrivaines québécois, et avait été impressionnée des avancées en cours chez nos cousins d’outre-atlantique (voir : ligue.auteurs.pro). La loi que vient de voter le parlement québécois répond en partie à ce que la Ligue porte depuis ses origines : s’il était essentiel de protéger les œuvres par le droit d’auteur, il est maintenant urgent de protéger aussi les travailleurs et travailleuses que sont les artistes-auteurs. Cette réflexion avait fortement influencé la mission Bruno Racine, mais on sait, hélas, comment la plupart des propositions de son rapport final ont été depuis enterrées.

Cher Ministère de la Culture, il va bien falloir que tu admettes que ce que proposait le rapport Bruno Racine n’avait rien de fantaisiste. Combien de temps vas-tu continuer à faire comme s’il n’y avait pas un énorme problème de statut des artistes-auteurs ? Combien de fois va-t-on devoir te le redire ? Combien de temps vas-tu mettre à enfin légiférer pour renforcer sérieusement la protection des travailleurs et travailleuses que sont ces artistes-auteurs ? Combien de temps vas-tu mettre à comprendre la leçon que le Québec donne aujourd’hui à la France ?

« C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, une nouvelle époque qui commence pour les autrices et les auteurs québécois », affirme Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ. « Après de longues années d’attente et de travail, après une mobilisation exceptionnelle de ses membres, notre Union est fière d’avoir démontré au gouvernement du Québec l’absolue nécessité d’offrir un statut d’artiste à part entière aux écrivaines et aux écrivains. »

ww.uneq.qc.ca

Panser le droit d’auteur

S’il y a une certitude que j’ai acquise en travaillant sur la question du droit d’auteur ces dernières années, c’est que ceux qui disent « le droit d’auteur protège les auteurs » sont déconnectés de la réalité. Ils ignorent que le droit d’auteur protège, aujourd’hui, surtout ceux qui arrivent à prendre le contrôle de l’exploitation de l’œuvre d’un auteur. Et donc à en capter les profits.

Ce n’est pas pour rien que les producteurs et les éditeurs sont toujours en première ligne pour défendre le droit d’auteur en Europe. C’est parce qu’il leur est très favorable. Si le droit d’auteur protégeait les auteurs des abus comme le droit du travail protège les salariés des abus du patron, le droit d’auteur ne serait pas autant défendu par toute l’industrie culturelle. Les producteurs et les éditeurs se battraient même contre lui à chaque occasion.

Le droit d’auteur a donc, à mon avis, été détourné de sa fonction initiale : protéger l’auteur. Ce constat, il est vraiment temps que les juristes, les spécialistes de la propriété intellectuelle et le législateur le comprenne. J’espère bien que Panser le droit d’auteur aidera à y parvenir.

Lancement de Panser le droit d’auteur

C’est aujourd’hui que nous annonçons la naissance de Panser le droit d’auteur.

Il s’agit d’un espace d’échanges, dont la raison d’être est d’attirer l’attention sur les pratiques abusives dont sont victimes les artistes-autrices et auteurs.

Il s’agit aussi de faire évoluer la connaissance du droit des auteurs, aujourd’hui centré sur le droit d’auteur, vers une meilleure compréhension de tous les droits des artistes-autrices et auteurs (civil, fiscal, social etc.).

Cet espace est destiné à la publication de contributions par des professionnels du droit et des artistes-autrices et auteurs, désireux de mettre en lumière des problématiques qu’ils rencontrent, entretenues par les insuffisances du droit applicable, notamment les usages, ainsi que par l’écosystème de la création (politiques publiques, rôle des différentes directions du ministère de la culture, organismes de gestion collective, syndicats d’exploitants, organisations d’auteurs, etc.).

Son objectif est de permettre à tout professionnel du monde de la culture et du droit, ainsi qu’à tout décideur public ou parlementaire, d’appréhender la réalité des difficultés rencontrées par les artistes-autrices et auteurs, et la fréquente inadéquation entre les différentes branches du droit qui leurs sont applicables.

Il part d’un constat partagé par de nombreuses autrices et auteurs, ainsi que par des professionnels du droit, qui constatent un décalage entre l’approche théorique du droit d’auteur, censée être favorable aux auteurs, et son approche pratique qui contourne cette vocation initiale.

Pour en savoir plus : www.panserledroitdauteur.org

www.facebook.com

L’atelier des années 90

Hier, j’ai publié cette photo sur les réseaux sociaux commentée d’un « Retrouvailles de l’atelier des années 90. De gauche à droite, Xavier Dorison, Alex Alice, Denis Bajram et Mathieu Lauffray ». Beaucoup de lecteurs ont eu l’air de découvrir à ce moment les liens qui nous unissent tous les quatre. C’est vrai que nous nous étalons rarement sur nos parcours, préférant laisser parler nos livres. Alors, ouvrons la boîte à souvenirs.

En 1990, après une année de maths à Jussieu puis deux ans aux Beaux-Arts de Caen, j’ai eu la chance d’être admis dans la prestigieuse École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris. J’y ai rencontré plein d’autres étudiants et étudiantes, plus doués les uns que les autres. Mais la rencontre la plus marquante fut celle d’un certain… Mathieu Lauffray. Ce fut particulièrement pendant les cours de « morphostructure » (manière compliquée de dire géométrie) que nous avons commencé à discuter, en particulier de BD et de comics dont nous étions fans tous les deux. Un jour, en sortant des cours, je l’ai donc suivi à son petit appartement, au pied de la montagne Sainte Geneviève où se situait l’école, et donc en plein quartier des libraires BD.

De proche en proche, j’ai fini par venir de plus en plus souvent pour squatter le second bureau du petit atelier qui occupait la moitié des lieux. On a beaucoup échangé, lui m’initiant aux arcanes de l’illustration ou de l’encrage, moi lui faisant découvrir en échange les subtilités de la narration graphique propre à la Bande Dessinée. Si nous avions tous les deux déjà beaucoup travaillé nos pratiques artistiques, nous l’avions fait dans des axes très différents, et nous avions donc énormément à nous apprendre l’un à l’autre. Finalement, au milieu des années 90, Mathieu signa chez les encore jeunes éditions Delcourt pour son premier album, Le Serment de l’Ambre et je ne tardais pas à le suivre avec Cryozone.

D’autres dessinateurs passaient à l’atelier, les amis de Mathieu bien sûr comme Marc Botta, François Baranger, Nicolas Bouvier aka Sparth… J’y amenais aussi les miens. En parallèle de mes études, j’avais animé des fanzines de BD et participé à l’organisation de festivals. C’est dans le cadre de celui des grandes écoles que j’avais rencontré Xavier Dorison, étudiant en école de commerce qui voulait devenir scénariste. Il m’avait à son tour présenté son comparse dessinateur, Alex Alice, avec lequel ils essayaient de monter un projet BD, très original à l’époque, nommé Le Troisième testament. de la « catholic-fantasy » comme il était amusant de le résumer. Très vite, les présentations avec Mathieu furent faites, et très vite aussi toute la bande s’entendit au mieux.

Mais, après avoir bien gagné ma vie comme graphiste chez Hachette, je me retrouvais jeune auteur de BD sans le sou. N’arrivant plus à me payer un loyer parisien, je dû partir à Angoulême en 1995. La place libérée, Alex travailla ses pages chez Mathieu. Mais il passa aussi du temps chez moi à Angoulême pour s’initier à la narration et à la mise en page. Et enfin, Xavier et lui signèrent Le Troisième Testament chez Glénat.

Mathieu, me voyant dépérir à Angoulême, profita d’un projet de nouvel atelier pour me rapatrier dans son ancien appartement parisien (encore mille mercis, Mathieu, tu m’as sauvé la vie ce jour-là !). En effet, sa nouvelle habitation avait été choisie beaucoup plus vaste pour pouvoir accueillir un très grand lieu de travail collectif.

C’est dans une petite cour de la rue Saint-Denis que la magie allait de nouveau fonctionner. En plus de Mathieu, d’Alex, de Xavier (qui nous rendait visite en sortant de son boulot) et de votre serviteur, les principaux habitués furent Christian Mattiucci ami graphiste rencontré aux Arts déco, Patrick Pion, que j’avais connu à Angoulême, Robin Recht, sans oublier tous ceux passèrent nous voir là-bas plus ou moins fréquemment…

Ce vendredi, profitant de mon passage au festival du Livre de Paris, nous avons réuni le noyau dur historique de l’atelier des années 90. Franchement, quel plaisir de se retrouver ainsi au soleil pour un long repas en terrasse avec Mathieu, Alex et Xavier. Et, pour une fois, on n’allait pas oublier de faire une photo.

En la publiant sur les réseaux sociaux, j’ai bien vu que beaucoup y voyaient une magnifique « dream team » de la BD. C’est vrai que nous avons tous les quatre eu la chance énorme de connaître le succès, parfois même en travaillant les uns avec les autres. Mais ce qui compte pour moi, c’est l’amitié qui nous réunit tous les quatre. Elle est riche d’être à la fois humaine et artistique. Et elle est riche de durer depuis trois décennies. Que ce soit dit, je vous aime, les copains !

 

 

 

Nous n’irons plus en festival

Valérie et moi sommes toujours franchement malades du COVID, onze jours après être rentrés du festival d’Angoulême. Grosse toux permanente, nez transformé en rivière, fatigue continue… le tout bien confirmé par deux nouveaux tests positifs avant-hier. Ce n’est pas qu’un gros rhume, ni même qu’une bonne grippe, c’est bien plus pénible, et nous commençons à être sévèrement fatigués. Bref, nous payons bien cher la levée prématurée des règles sanitaires.

Nous serons donc très probablement absents ce week-end au festival d’Hérouville-Saint-Clair, afin de ne contaminer personne. Même si le test de vendredi se montrait négatif, nous ne voyons pas trop comment nous serions en état physique d’ici là. Car si c’est pour tousser toutes les minutes dans son masque, ça va vite être intenable. Dommage, on ne verra pas tous les copains, la team Goldorak, l’Atelier virtuel… Nous sommes aussi bien sûr désolés pour nos lecteurs comme pour les organisateurs.

Pour la suite, il est assez probable que nous allons refuser de nous rendre en festival tant que la pandémie battra son plein et tant que des mesures sanitaires bien plus sévères ne seront pas appliquées par l’État ou par les organisateurs d’événements. En effet, on le sait maintenant, les variants actuels du COVID peuvent recontaminer n’importe qui quelques semaines seulement après avoir été malade ou vacciné. Même si nous ne sommes pas les pires victimes (il y a toujours plus de cent morts par jour), nous ne sommes pas prêts à revivre ce que nous traversons en ce moment. Sans parler du risque de refiler cette ***** à d’autres.

Nous étions trop K.O. cette semaine pour participer à la rédaction de ce message de la Ligue des auteurs professionnels sur le sujet, reproduit en bas de cet article. Nous sommes évidemment tout à fait d’accord avec ses recommandations mais nous irons personnellement sans doute plus loin, en tout cas tant que le virus circulera avec une telle intensité : si le festival ou la librairie n’impose pas le port strict du masque, ce sera sans nous.

Voilà, espérons que nous vous donnerons de meilleures nouvelles de notre santé bientôt. Surtout, bon courage à tous dans cette sixième vague. Surtout, protégez-vous : le COVID-19 n’est pas toujours qu’un rhume ou qu’une grippette.

Covid 19 : le monde du livre face à ses responsabilités

Communiqué de presse de la Ligue des auteurs professionnels

Depuis le 14 mars 2022, le port du masque n’est plus obligatoire en intérieur sauf dans les transports collectifs de voyageurs et les établissements de santé. Une décision gouvernementale qui n’est pas sans conséquence sur les lieux culturels et lieux de rencontre, à l’image des festivals et salons littéraires. En effet, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême qui se tenait du 17 au 20 mars a subi de plein fouet les conséquences de cet assouplissement des mesures sanitaires, avec la création d’un cluster qui a touché de nombreux auteurs et autrices et de nombreux festivaliers et festivalières. Une « édition sans masques ni pass sanitaire » (ndlr : l’affiche officielle du FIBD) qui a eu de graves conséquences sur les participants de ce festival.

Malgré ce relâchement des pouvoirs publics concernant les gestes barrières, il est utile de rappeler que les contaminations au Covid 19 continuent de progresser en France, avec plus de 127 000 nouveaux cas par jour enregistrés en moyenne sur 7 jours. Le 27 mars, on comptabilisait 110 000 nouveaux cas supplémentaires en 24 heures. Les personnes les plus fragiles, personnes âgées, malades chroniques, avec des comorbidités sont une fois de plus mises en danger par cette remontée épidémique. Également, les effets du « Covid long » commencent à peine à être quantifiés et ont de graves conséquences sur l’ensemble des malades.

C’est dans ce contexte que la Ligue des Auteurs Professionnels incite les organisateurs de festivals et salons littéraires à prendre des mesures pour protéger les participants à leurs événements, et encourage d’autant plus les auteurs et autrices à redoubler de vigilance. Il est essentiel que chacun mesure les conséquences de son comportement individuel sur le collectif.

Pour les festivals et salons littéraires, nous encourageons la mise en place d’un protocole renforcé :

  • Incitation au port du masque envers tous les festivaliers ;
  • Distribution gratuite de masques FFP2 ;
  • Protocole fiable d’aération des espaces tout au long de la journée ;
  • Communication responsable autour des gestes barrières ;
  • Gel hydroalcoolique à disposition ;
  • Protection des personnes à risques.

Pour les auteurs et autrices, nous invitons à la responsabilité individuelle :

  • Test antigénique ou PCR effectué avant le départ ;
  • Port du masque lors des dédicaces et des interventions ;
  • Eviter les rassemblements lors des moments de restauration en intérieur ;
  • Eviter les contacts physiques.

Tous ensemble, nous pouvons limiter les risques et éviter la formation de nouveaux clusters dans les événements culturels, salons et festivals, si importants pour nos professions !https://ligue.auteurs.pro/


Mise à jour

Dans la droite ligne de cette note de blog, j’ai signé la tribune « Rencontres culturelles : non aux clusters » : actualitte.com