La BD, un secteur en plein essor ?

LA BD VA SUPER BIEN ! SI ! Car ce qui est bien avec l’Agence France-Presse, c’est que ses articles sont repris partout. Donc, c’est officiel « la bande dessinée est un secteur en plein essor » puisque Libération, Le Figaro, L’Express, Le Point et consorts le disent tous en même temps…

Bon, bien sûr, l’AFP n’a interrogé que les gros éditeurs. Mais pourquoi aurait-elle demandé leur avis aux auteurs, par exemple ? Non, non, ces auteurs ne sont définitivement bons qu’à faire des livres et qu’à se précariser dans leur coin en silence…

Bref merci l’AFP. Vous devriez aussi faire un article sur la presse qui va super bien, en n’interrogeant que les patrons des groupes et surtout aucun journaliste…

[EDIT] Le texte de l’article, qui a disparu du site de l’AFP depuis :

La bande dessinée, secteur en plein essor

Dans un marché de l’édition morose, le secteur de la bande dessinée affiche une forme éclatante avec une croissance de 20% de son chiffre d’affaires au cours des dix dernières années, selon un rapport du Syndicat national de l’édition (SNE) divulgué mardi. Le signe le plus visible de ce dynamisme est la sortie jeudi, à un total de 5 millions d’exemplaires (dont 2 millions en français), du 37e album des aventures d’Astérix, « Astérix et la Transitalique ».

Avant Astérix, il y a eu Titeuf dont le 15e album, publié fin août, a été tiré à 550.000 exemplaires ou encore Largo Winch (350.000 exemplaires), Le Chat (300.000), Corto Maltese (250.000). D’ici la fin de l’année d’autres « locomotives » sont attendues en librairie dont la suite du Chat du rabbin (100.000 exemplaires prévus), les Tuniques bleues (110.000), les Cahiers d’Esther (100.000), les Vieux fourneaux (200.000) et Lou! (320.000). Aujourd’hui, 8,4 millions de Français achètent de la BD, soit 15,5% de la population âgée de plus de 10 ans, indique le rapport du SNE. Le secteur de la BD se situe au 3e rang de l’édition française (derrière la littérature générale et l’édition jeunesse) avec 14% de parts de marché.

L’étude du SNE montre également que l’acheteur de BD est relativement jeune (41 ans en moyenne contre 44 ans pour un acheteur de littérature générale), féminin (53% des acheteurs de BD sont des femmes) et appartient plutôt aux catégories socio-professionnels supérieures. Si la BD franco-belge (Astérix, Lucky Luke, Corto Maltese…) attire encore le plus grand nombre d’acheteurs (près de 7 millions), l’étude relève que l’achat de mangas (environ 5 millions d’acheteurs) se renforce régulièrement.

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Se défendre, c’est collectivement

Suite à mon message sur la rencontre avec la Ministre de la Culture, un confrère auteur de BD écrit « Si Denis arrête, je ne vois pas qui s’investira autant pour les auteurs. »

C’est totalement faux. Ce n’est parce que je parfois je me retrouve très (trop) visible en première ligne du combat pour les auteurs que je suis le seul à le mener, bien au contraire. Déjà, Benoit Peeters et Valérie Mangin portent tout autant que moi la charge des États Généraux de la Bande Dessinée, sans oublier tous ceux qui se sont impliqués à nos côtés.

Mais, et surtout, n’oubliez jamais qu’il y a des dizaines d’auteurs qui consacrent plusieurs mois de leur temps de travail tous les ans au SNAC BD, dans le secret des nombreuses institutions ou nous siégeons, dans les négociations destinées à protéger les auteurs, et dans l’organisation de nos activités syndicales Un énorme salut respectueux aux bourreaux de travail du moment : Marc-Antoine Boidin, Christelle Pécout, Elvire DeCock, Gérard Guéro, Marc Lizano, Christian Lerolle, Antoine Ozanam, Gaelle Hersent, Gilles Corre et Alexis Sentenac.

Et, pour finir, je pense à tous ceux qui, un peu partout, travaillent là ou ils sont à aider les auteurs. Merci à eux !

CSG des auteurs : rencontre avec la Ministre de la Culture

La semaine dernière, j’ai rencontré rapidement la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen. En apprenant qu’elle venait aux Rencontres Nationales de la Bande Dessinée à Angoulême, plusieurs associations et syndicats d’auteurs m’avaient demandé de lui transmettre leurs très vives inquiétudes.

En effet, à l’instant où j’écris, l’augmentation de la CSG n’est toujours pas compensée pour les artistes et auteurs, alors qu’elle l’est chez les salariés et indépendants. Si rien ne change, ce sera 1.7% de perte de revenus pour les créateurs, ce qui sera insoutenable aujourd’hui. Je rappelle qu’en BD, plus de moitiés des auteurs professionnels gagnent moins qu’un SMIC, que plus d’un tiers sont sous le seuil de pauvreté et que ce chiffre est constante augmentation. La situation n’est pas meilleure dans d’autres branches, voire pire, à commencer pour nos cousins de la littérature jeunesse.

Cette augmentation de la CSG est censée rendre du pouvoir d’achat aux travailleurs, par des baisses de cotisations sociales coordonnées. Il serait scandaleux qu’artistes et auteurs en soient eux les victimes, alors que la plupart font déjà partie des travailleurs les plus pauvres de notre pays.

La Ministre de la Culture s’est montré très concernée, et m’a demandé de rassurer les créateurs sur le fait que cette hausse devait être compensée, qu’il ne pouvait pas en être autrement. Mais sans me donner plus de précision sur les modalités.

L’ensemble des associations et syndicats d’auteurs continuent de suivre de très près ce dossier et de multiplier les contacts politiques (J’y ai un peu passé la journée d’hier). Il y a urgence, la survie de très nombreux créateurs, et donc de l’avenir culturel de notre pays, se décide en ce moment même à l’Assemblée nationale.

Merci à Pierre Lungheretti pour son aide.

Photo Frédéric Bosser.

Assises de la littérature jeunesse ?

J’ai une pensée émue pour Sam Bailly, présidente de La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse qui est en train de participer aux Assises de la littérature jeunesse organisées par le SNE jeunesse. Que des « assises » de la littérature jeunesse ne soient montées que par le syndicat des éditeurs du secteur est déjà très étrange en soi. Pourquoi n’ont-ils pas proposé à la Charte, qui représente sans conteste les auteurs, de coorganiser cette journée ?

Et on en voit immédiatement les conséquences : le programme n’évoque nulle part les difficultés économiques des auteurs jeunesse. Quand on sait la grande précarité qui est la leur, c’est juste insultant. Et, pire, la table ronde à laquelle participe Samantha est intitulée « à la table ronde « Relation auteur-éditeur : création et prise de risque », sous-entendant que les auteurs s’éclatent bien alors que les éditeurs prennent les risques. Comme si l’auteur ne risquait pas tout pour son art, avec pour la grande majorité la pauvreté ou l’échec à la clef.

Je suis bien heureux que les États Généraux de la Bande Dessinée aient été organisés en partenariat avec toute la profession. C’est en parlant de sa réalité, et non d’une illusion corporatiste, que notre secteur pourra se construire un avenir.

[EDIT] Pour compléter ce sujet, une très intéressante interview  :

IIe Rencontres Nationales de la BD

Ces IIe Rencontres Nationales de la Bande Dessinée organisées le 5 et 6 octobre 2017 par la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image promettent d’être tout aussi passionnantes que celles de l’année dernière. Ce sera aussi l’occasion de venir discuter avec Valérie et moi-même, qui y représenterons les États Généraux de la Bande Dessinée. On vous attend !

IIe Rencontres Nationales : Éducation et Bande Dessinée

Sous le titre Éducation et Bande Dessinée, la Cité internationale de la Bande Dessinée et de l’Image organise jeudi 5 et vendredi 6 octobre 2017 la deuxième édition de ses Rencontres Nationales de la Bande Dessinée.

Réunissant différents acteurs du secteur invités à débattre des problématiques professionnelles en cours, les rencontres visent à proposer un espace de débat et d’analyse pour l’ensemble de la profession, avec des éclairages issus des réflexions d’acteurs de la chaîne éditoriale ainsi que de grands témoins, permettant de restituer les enjeux de la bande dessinée dans un contexte plus large.

« Véritable observatoire du neuvième art, la Cité a choisi de s’intéresser aux relations qui relient l’enseignement et la bande dessinée. Officiellement étudiée en classe depuis la mise en œuvre de l’Histoire des Arts revalorisant les arts visuels (2008-2009), la bande dessinée semble avoir conquis des milieux qui lui ont longtemps résisté, à savoir, les programmes des premiers cycles d’enseignement, voire les études universitaires.

On ne compte plus les cas d’utilisation de la bande dessinée comme support d’enseignement. Ici et là naissent des initiatives telles que les classes BD, les séminaires pour les enseignants, les résidences d’auteurs en milieu scolaire, les projets de recherches pluridisciplinaires ayant en commun la bande dessinée…

S’adaptant à ce qui peut s’apparenter à un mouvement de fond, les éditeurs spécialisés se sont aussi emparés du thème, multipliant les collections à visée « pédagogique » (La Petite Bédéthèque des Savoirs, Sociorama, Cases d’histoires…).

Spécialiste du domaine, Nicolas Rouvière s’interrogeait récemment sur cette intégration de la bande dessinée en classe. Notre chercheur la jugeait « en trompe-l’œil », pointant, notamment, l’utilisation de la bande dessinée pour enseigner autre chose qu’elle-même, soulignant le manque de formation des enseignants et l’absence, encore aujourd’hui, d’un vrai consensus des parents d’élèves et du monde éducatif en faveur du neuvième art.

Le moment est donc venu de faire le point sur les relations entre éducation et bande dessinée ; d’envisager tous les aspects d’une vraie réflexion sur les pistes pédagogiques et didactiques que tracent l’enseignement et la pratique du neuvième art, ainsi que les méthodologies à appliquer en classe et sur les temps périscolaires. »

Ces rencontres bénéficient du partenariat du réseau Canopé du Ministère de la Culture et de la Communication, du Ministère de l’Éducation Nationale, des États Généraux de la Bande Dessinée, de GrandAngoulême, du Pôle Image Magelis et de la région Nouvelle-Aquitaine.

Renseignements, programme et inscriptions sur www.citebd.orgSourcewww.etatsgenerauxbd.org

Anal plus

Les organismes de gestion collective des auteurs ont l’outrecuidance de trainer Canal + devant les tribunaux ? Tout ça juste pour que la chaine paye les droits d’auteurs qu’elle doit par contrat aux créateurs de ses séries ? Paf, Canal+ réclame des audits sur ces même organismes, les accusant de fait de mauvaise gestion voire de malversation. Alors qu’ils sont contrôlés annuellement par la cours des comptes, eux. Le débiteur accuse donc ses créanciers pour masquer son forfait : on ne peut pas faire plus cynique !

Inversons à notre tour l’accusation et avec autant de vulgarité insultante : De quand peuvent bien dater les derniers contrôles fiscaux de Canal +, du groupe Bolloré et de Vincent Bolloré lui-même ?

Rémunération des auteurs en festival BD [2]

Je vois des auteurs qui s’inquiètent de ne plus être invités en festivals si la rémunération à la simple présence se mettait en place. Bah oui, s’il fallait payer, les festivals n’inviteraient plus que des auteurs « bankables », c’est évident, non ? Et bien, non, justement.

Les auteurs bankables, il y en a hélas bien peu, sont déjà très convoités par les organisateurs, ne serait-ce juste pour attirer du monde. Ces auteurs bankables n’iront pas plus en festival qu’ils soient rémunérés ou pas, vu que cette rémunération restera anecdotique pour ceux qui gagnent déjà beaucoup. Bref, rien ne changera, les festivals les plus âpres au gain n’auront pas d’autre choix que de continuer à inviter plein d’auteurs pas bankables pour remplir leurs travées.

Si le SNAC BD a lancé le sujet, c’est justement pour les auteurs pas bankables, les précaires, ceux qui ont besoin de tous les compléments de revenu possibles pour juste pouvoir survivre. Bref, chers confrères, n’ayez pas peur de ne plus être invités, et battez-vous pour améliorer un peu vos revenus !

Rémunération des auteurs en festival BD

Chers organisateurs de festival, savez-vous seulement qu’aujourd’hui, plus de la moitié des auteurs de BD gagnent moins que le SMIC ? Qu’un tiers d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté ? Et que c’est de pire en pire chaque année ? Dans ces conditions, trouvez-vous normal qu’ils passent leurs week-ends loin de chez eux, pour vendre, si tout va très bien, 20 livres qui leurs rapporteront donc entre 15 et 30 euros de droits d’auteur ? Et, encore, qui ne leur rapporteront probablement RIEN, vu que la plupart n’ont pas remboursé leurs avances sur droits, pourtant très faibles…

Chers organisateurs, si ça ne vous gêne pas de faire travailler des auteurs pauvres tout le week-end pour rien, alors il n’y a plus rien à faire. Si ça vous gêne, alors réfléchissez à comment repenser vos manifestations pour que les auteurs les plus pauvres en repartent un peu moins pauvres.

C’est dans ce cadre que le SNAC BD, syndicat des auteurs, s’adresse aux festivals et salons de bande dessinée à propos de la rémunération de la présence des auteurs et des autrices.

Vers une rémunération minimale de la présence des auteurs.trices en Festival et Salon

Chers organisateurs.trices de manifestations de bande dessinée,

Nous tentons de vous contacter aujourd’hui pour vous parler de l’importance de la place de l’auteur en Festivals et Salons.

Pour beaucoup d’auteurs, les Festivals et Salons tiennent une place importante dans leurs agendas. Dans une étude récente, il est d’ailleurs précisé que 65 % des auteurs participent à ces manifestations (près des deux tiers des 1.500 auteurs sondés).

Dans la très grande majorité des cas, lors de ces manifestations, les auteurs sont très bien accueillis, et nous vous en remercions chaleureusement. Rencontres amicales, échanges conviviaux, ces moments sont évidemment précieux pour vous, les auteurs et le public. Tous, nous devons faire en sorte qu’ils perdurent.

La présence des auteurs est le cœur d’un Festival de bande dessinée, c’est donc aussi la source de son attractivité. Par leur présence en signatures et dédicaces, les auteurs consacrent de leur temps, de leur talent et donc de leur travail. S’ils le font avec enthousiasme et naturel, cette présence est une activité professionnelle à part entière et devrait être, comme elle l’est pour un musicien invité à un Festival de musique, naturellement rémunérée.

Dans le domaine du Livre, cette initiative d’organiser une rémunération des participants professionnels n’est pas nouvelle, elle est mise en place depuis plus de trente ans par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse. Il est évident que les organisateurs de Festivals et Salons qui mettront en place cette rémunération, non seulement approfondiront leur lien et leur implication auprès des auteurs, mais participeront également, plus largement, au soutien de la création.

Nous sommes conscients que la mise en place de cette rémunération dans l’équilibre souvent fragile de vos budgets sera probablement complexe et délicate, mais déjà, de nombreux auteurs ont annoncé leur décision de ne plus dédicacer.
C’est un fait : l’auteur ne peut plus se permettre de passer du temps loin de son travail, de sa famille, à titre gracieux. Aussi, nous vous encourageons vivement à prendre le plus rapidement possible cette proposition en considération, afin de pouvoir l’intégrer à votre projet de manifestation BD.

Vous trouverez ici les tarifs conseillés et les modalités ainsi qu’une FAQ. Sourcewww.snacbd.fr

Lire ou élire ?

En un an le marché du livre s’effondre de 9%

Le livre va mal. Après une relative stabilisation du marché entre 2015 et 2016, l’année écoulée est de mauvaise augure pour le secteur.

Le marché du livre a accusé une baisse de 9% en euros courants et de 9,3% en volume, tous circuits confondus, par rapport à avril 2016, selon l’étude menée par Livres Hebdo avec l’institut I+C. […]

Lire la suite surculturebox.francetvinfo.fr

Dans le milieu du livre, les années électorales ont la réputation d’être mauvaises pour la librairie. Des lecteurs moins attentifs, plus angoissés par l’avenir, trop occupés à discuter pour lire, les explications étaient multiples.

Mais, aujourd’hui, force est de constater que de plus en plus d’éditeurs retardent la sortie des livres sur lesquels il y a des enjeux économiques, préférant en tirer tout le profit possible un peu plus tard. Cette année, beaucoup de libraires disent ouvertement s’être retrouvés en manque de nouveautés importantes, et ce depuis des mois. On sait que cela durera jusqu’à la fin de la séquence électorale, donc jusqu’à la rentrée littéraire, qui elle va se retrouver probablement saturée de ces nouveautés à enjeux commerciaux, qui vont donc se marcher les unes sur les autres…

Il y avait sans doute un phénomène année électorale en librairie, mais la trouille et les tactiques à court terme de trop d’éditeurs va-t-elle finir par transformer, tous les cinq ans, cette difficulté en vraie catastrophe ?

Quatre ministres en trois ans

Nouvelle Ministre de la Culture : Françoise Nyssen. Une éditrice ? Tant mieux, les associations d’auteurs n’auront pas à lui expliquer comment fonctionne toute la chaîne du livre avant de pouvoir passer aux vrais problèmes du moment. Nous aurons juste à lui rappeler, si elle l’oubliait, que c’est les auteurs qui font les livres bien avant les éditeurs.

Ceci dit, je me sens un peu las en voyant arriver cette quatrième tête en trois ans. Comme la désagréable impression que la continuité des dossiers repose un peu trop sur les bénévoles comme nous…