Rémunération des auteurs en festival BD [2]

Je vois des auteurs qui s’inquiètent de ne plus être invités en festivals si la rémunération à la simple présence se mettait en place. Bah oui, s’il fallait payer, les festivals n’inviteraient plus que des auteurs “bankables”, c’est évident, non ? Et bien, non, justement.

Les auteurs bankables, il y en a hélas bien peu, sont déjà très convoités par les organisateurs, ne serait-ce juste pour attirer du monde. Ces auteurs bankables n’iront pas plus en festival qu’ils soient rémunérés ou pas, vu que cette rémunération restera anecdotique pour ceux qui gagnent déjà beaucoup. Bref, rien ne changera, les festivals les plus âpres au gain n’auront pas d’autre choix que de continuer à inviter plein d’auteurs pas bankables pour remplir leurs travées.

Si le SNAC BD a lancé le sujet, c’est justement pour les auteurs pas bankables, les précaires, ceux qui ont besoin de tous les compléments de revenu possibles pour juste pouvoir survivre. Bref, chers confrères, n’ayez pas peur de ne plus être invités, et battez-vous pour améliorer un peu vos revenus !

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Rémunération des auteurs en festival BD

Chers organisateurs de festival, savez-vous seulement qu’aujourd’hui, plus de la moitié des auteurs de BD gagnent moins que le SMIC ? Qu’un tiers d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté ? Et que c’est de pire en pire chaque année ? Dans ces conditions, trouvez-vous normal qu’ils passent leurs week-ends loin de chez eux, pour vendre, si tout va très bien, 20 livres qui leurs rapporteront donc entre 15 et 30 euros de droits d’auteur ? Et, encore, qui ne leur rapporteront probablement RIEN, vu que la plupart n’ont pas remboursé leurs avances sur droits, pourtant très faibles…

Chers organisateurs, si ça ne vous gêne pas de faire travailler des auteurs pauvres tout le week-end pour rien, alors il n’y a plus rien à faire. Si ça vous gêne, alors réfléchissez à comment repenser vos manifestations pour que les auteurs les plus pauvres en repartent un peu moins pauvres.

C’est dans ce cadre que le SNAC BD, syndicat des auteurs, s’adresse aux festivals et salons de bande dessinée à propos de la rémunération de la présence des auteurs et des autrices.

Vers une rémunération minimale de la présence des auteurs.trices en Festival et Salon

Chers organisateurs.trices de manifestations de bande dessinée,

Nous tentons de vous contacter aujourd’hui pour vous parler de l’importance de la place de l’auteur en Festivals et Salons.

Pour beaucoup d’auteurs, les Festivals et Salons tiennent une place importante dans leurs agendas. Dans une étude récente, il est d’ailleurs précisé que 65 % des auteurs participent à ces manifestations (près des deux tiers des 1.500 auteurs sondés).

Dans la très grande majorité des cas, lors de ces manifestations, les auteurs sont très bien accueillis, et nous vous en remercions chaleureusement. Rencontres amicales, échanges conviviaux, ces moments sont évidemment précieux pour vous, les auteurs et le public. Tous, nous devons faire en sorte qu’ils perdurent.

La présence des auteurs est le cœur d’un Festival de bande dessinée, c’est donc aussi la source de son attractivité. Par leur présence en signatures et dédicaces, les auteurs consacrent de leur temps, de leur talent et donc de leur travail. S’ils le font avec enthousiasme et naturel, cette présence est une activité professionnelle à part entière et devrait être, comme elle l’est pour un musicien invité à un Festival de musique, naturellement rémunérée.

Dans le domaine du Livre, cette initiative d’organiser une rémunération des participants professionnels n’est pas nouvelle, elle est mise en place depuis plus de trente ans par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse. Il est évident que les organisateurs de Festivals et Salons qui mettront en place cette rémunération, non seulement approfondiront leur lien et leur implication auprès des auteurs, mais participeront également, plus largement, au soutien de la création.

Nous sommes conscients que la mise en place de cette rémunération dans l’équilibre souvent fragile de vos budgets sera probablement complexe et délicate, mais déjà, de nombreux auteurs ont annoncé leur décision de ne plus dédicacer.
C’est un fait : l’auteur ne peut plus se permettre de passer du temps loin de son travail, de sa famille, à titre gracieux. Aussi, nous vous encourageons vivement à prendre le plus rapidement possible cette proposition en considération, afin de pouvoir l’intégrer à votre projet de manifestation BD.

Vous trouverez ici les tarifs conseillés et les modalités ainsi qu’une FAQ. Sourcewww.snacbd.fr

Lire ou élire ?

En un an le marché du livre s’effondre de 9%

Le livre va mal. Après une relative stabilisation du marché entre 2015 et 2016, l’année écoulée est de mauvaise augure pour le secteur.

Le marché du livre a accusé une baisse de 9% en euros courants et de 9,3% en volume, tous circuits confondus, par rapport à avril 2016, selon l’étude menée par Livres Hebdo avec l’institut I+C. […]

Lire la suite surculturebox.francetvinfo.fr

Dans le milieu du livre, les années électorales ont la réputation d’être mauvaises pour la librairie. Des lecteurs moins attentifs, plus angoissés par l’avenir, trop occupés à discuter pour lire, les explications étaient multiples.

Mais, aujourd’hui, force est de constater que de plus en plus d’éditeurs retardent la sortie des livres sur lesquels il y a des enjeux économiques, préférant en tirer tout le profit possible un peu plus tard. Cette année, beaucoup de libraires disent ouvertement s’être retrouvés en manque de nouveautés importantes, et ce depuis des mois. On sait que cela durera jusqu’à la fin de la séquence électorale, donc jusqu’à la rentrée littéraire, qui elle va se retrouver probablement saturée de ces nouveautés à enjeux commerciaux, qui vont donc se marcher les unes sur les autres…

Il y avait sans doute un phénomène année électorale en librairie, mais la trouille et les tactiques à court terme de trop d’éditeurs va-t-elle finir par transformer, tous les cinq ans, cette difficulté en vraie catastrophe ?

Quatre ministres en trois ans

Nouvelle Ministre de la Culture : Françoise Nyssen. Une éditrice ? Tant mieux, les associations d’auteurs n’auront pas à lui expliquer comment fonctionne toute la chaîne du livre avant de pouvoir passer aux vrais problèmes du moment. Nous aurons juste à lui rappeler, si elle l’oubliait, que c’est les auteurs qui font les livres bien avant les éditeurs.

Ceci dit, je me sens un peu las en voyant arriver cette quatrième tête en trois ans. Comme la désagréable impression que la continuité des dossiers repose un peu trop sur les bénévoles comme nous…

L’auteur et le traducteur, demain

Pour commencer, merci au Centre national du livre de nous avoir invités à parler de l’avenir des auteurs dans leur Amphithéâtre du Salon du livre de Paris. Je vais essayer de vous faire un petit résumé (trop) rapide, et de surtout vous faire partager le fond de ce que j’ai pu dire sur scène.

Marie Sellier, présidente de la Société des Gens de Lettres, a rappelé avec précision la situation actuelle et les évolutions déjà en cours, en soulignant que la situation des auteurs du livre, dans leur ensemble, se précarise de plus en plus. Elle a présenté le Guide des auteurs 2017 co-édité par le CNL, la Fill et la SGDL, dont je ne peux que vous recommander la lecture.

Jörn Cambreleng, traducteur et directeur du CITL, a parlé avec beaucoup de pertinence des intelligences artificielles en train d’apparaître, entre autres, chez Google Traduction, et de leur capacité à remplacer les traducteurs pour les tâches les plus simples. Il ne leur restera alors que les tâches les plus hautes, tel que traduire de la poésie, de la grande littérature ou de l’humour. Mais ce sera les priver de tout un travail élémentaire et surtout alimentaire qui est indispensable à la plupart pour survivre.

Quant à moi, j’ai évidemment parlé des évolutions récentes de la Bande Dessinée. J’ai rappelé que les auteurs de BD étaient, pour la plupart, des professionnels à plein temps, ce qui n’est pas le cas dans la littérature, mais que l’effondrement des revenus était en train de bouleverser cette donne, en particulier à cause de l’explosion du nombre de publications. J’ai essayé d’élargir nos questionnements à tous les auteurs, rappelant qu’on avait rêvé un monde où tous les humains seraient des créateurs et que, grâce à la révolution numérique, cela devenait une réalité. Tous ces nouveaux outils ont mis des artisanats très complexes à la portée de plus en plus de gens : le synthétiseur et le home studio en musique, les logiciels d’assistance à l’écriture en littérature et la tablette graphique, le lettrage informatique et le scan pour la BD. Dans un même temps, le numérique, la mondialisation et le transfert d’une partie de la fabrication vers l’auteur (manuscrit déjà saisi en traitement de texte par les romanciers, scans faits par les dessinateurs, fichiers livrés clef en main par les coloristes…) ont beaucoup fait chuter le prix de publication d’un livre. Cette facilité d’accès à la création pour tout un chacun et cette baisse des coûts de publication expliquent, en bonne partie, l’explosion du nombre d’auteurs, d’éditeurs et de publications que ce soit dans la BD ou le livre en général.

Il n’y a aucune raison que ce mouvement ralentisse à court terme. Mais cette profusion, qui est dans l’absolu une excellent nouvelle pour la liberté de création, empêche, de plus en plus souvent, que des longues carrières se mettent en place. Le candidat créateur, passé l’apprentissage, produit quelques œuvres, mais elles sont le plus souvent totalement noyées dans le flot continu des autres productions. Il devient de plus en plus inenvisageable d’en tirer un revenu. Au bout de quelques années, l’auteur craque sous les difficultés économiques et le manque de reconnaissance, et abandonne toute idée de devenir professionnel, de se consacrer à plein temps à son art. Et c’est là qu’est, à mon avis, le plus grand risque. Bien sûr, il y aura toujours des génies spontanés ou des succès immédiats. Mais la majorité des créateurs ont besoin de beaucoup de temps pour s’accomplir, pour atteindre cette richesse et cette maturité qui font une œuvre. Et on sait à quel point c’est vrai avec la Bande Dessinée qui nécessite un plein temps (voire plusieurs) si on veut livrer un livre tous les ans. SI on continue, seuls les auteurs de best-sellers instantanés et les riches rentiers pourront consacrer leur vie à leur Art. C’est un retour en arrière incroyable, et cet élan démocratique qui nous rêvait tous en créateurs laissera place à un monde créatif aux mains de quelques rares auteurs sortis de la cuisse de Jupiter régnant au-dessus de la horde des créateurs du dimanche invisibilisés.

J’ai fini sur un appel à l’État et aux politiques, puisque le CNL qui nous recevait est le « bras armé » du Ministère de la Culture pour le livre. Le pouvoir politique avait su proposer, en son temps, la loi sur le prix unique du livre afin de maintenir l’existence des petites librairies face aux risques que leur faisait courir la grande distribution. Le pouvoir politique, en cette période électorale, doit comprendre l’urgence de mettre en place des solutions pour protéger les revenus des auteurs. Autrement, dans les prochaines décennies, à l’image de ce que connaît aujourd’hui la presse d’information, le livre connaîtra une catastrophe économique et créative qui participera, elle aussi, à la destruction de notre démocratie.

Merci à Claire Darfeuille pour le grand sérieux avec lequel elle a préparé et modéré ce débat. Et merci à Aymeric Seassau pour la photo.

Salon du Livre de Paris 2017

Je serais au Salon du Livre de Paris le vendredi 24 mars 2017.

De 14h à 15h, je participerai à la table ronde “L’auteur et le traducteur, demain” proposée par le Centre National du Livre. J’y évoquerai bien sûr les mutations actuelles des métiers et des pratiques des auteurs de Bande Dessinée.

De 15h30 à 17h, je signerai mes livres sur le Stand Casterman BD. Sans dessin, comme à mon habitude, mais avec conversations enthousiastes. Je me fais très rare sur Paris, alors ne manquez pas cette occasion !

L’auteur et le traducteur, demain

Quel sera le statut de l’auteur dans 20 ans ? Comment évoluera la cartographie juridique, économique et sociale des auteurs ? Quels seront les changements et les invariants de la création ? La place de l’auteur ? Avec Denis Bajram, scénariste et dessinateur de bande dessinée, Jörn Cambreleng, traducteur et directeur du Collège International des Traducteurs Littéraires, Marie Sellier, écrivaine, présidente de la Société des Gens de Lettres.

Stand CNL (F68)

Témoignages sur le sexisme dans la BD

Donc, un auteur à succès, aussi hype que progressiste, peut déclarer en 2017 dans une interview sur le sexisme « Il n’y a aucun machisme dans la bande dessinée, aucun ! ».

Lui et tant d’autres mâles de notre milieu de la BD déduisent cela du fait qu’ils n’ont jamais subi de machisme ou qu’ils ne l’ont jamais observé. Pourtant, il suffit d’être un tant soit peu attentif. Rien que cette année, dans les soirées du festival d’Angoulême, j’ai assisté à beaucoup trop de scènes qui n’étaient vraiment pas à l’honneur de la gent masculine.

Pour finir, oser dire qu’il n’y a pas vraiment de sexisme ou de machisme dans la BD, c’est cracher à la figure des centaines d’autrices qui se sont réunies depuis deux ans pour combattre justement ces problèmes de sexisme dans la BD. Alors, les mecs, lisez leurs témoignages avant de dire qu’il n’y a pas de problème. Et ouvrez enfin les yeux.

EGBD : vidéo Angoulême 2017

Pendant le Festival International de la BD d’Angoulême, les États Généraux de la Bande Dessinée ont proposé une rencontre sous le titre « Auteur de BD, une profession en danger ». Après être revenus sur les chiffres les plus marquants de la grande enquête auteurs, ils ont présenté plusieurs focus sur le volet qualitatif de cette étude. Un ensemble des données et de témoignages saisissants.

La rencontre se tenait le samedi 28 janvier 2017, de 11h à 13h, dans la salle Nemo de la la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.

Merci à Pierre Lungheretti et aux équipes de la Cité.

EGBD : Rencontre Angoulême 2017

Auteur de BD, une profession en danger

La grande enquête des États Généraux de la Bande Dessinée auprès de 1500 auteurs a montré que leur situation socio-économique était souvent très précaire.

Afin d’avoir des données plus précises et plus fines sur les réalités de leur pratique quotidienne, une enquête qualitative est en cours auprès d’une vingtaine d’autrices et d’auteurs de plusieurs générations et divers niveaux de notoriété, mais qui se considèrent tous comme professionnels. Des sociologues et de jeunes chercheurs les interrogent sur leurs conditions de travail, leurs horaires, leurs revenus, leur protection sociale, etc.

Les premiers résultats permettent déjà, sans faire de misérabilisme, de confirmer de façon claire et étayée que la profession d’auteur de bande dessinée est en grand danger. Cette rencontre s’adresse donc aux professionnels mais aussi à tous les lecteurs qui voudraient mieux comprendre cette inquiétante situation. La présentation sera suivie d’un débat avec la salle.

Date : Samedi 28 janvier de 11h00 à 12h30
Lieu : Salle Nemo, CIBDI, 60 Avenue de Cognac, 16000 Angoulême.

Entrée libre dans la limite des 250 places disponibles.

Organisée par les États Généraux de la Bande Dessinée,
en partenariat avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.

 

Formation pro Angoulême 2017

Grande première cette année au festival d’Angoulême, nous avons obtenu qu’il y ait enfin des sessions de formation professionnelle gratuites pour nous, les auteurs ! Elles se tiendront le jeudi et le vendredi. Inscrivez-vous sans tarder !

– Comprendre son contrat d’édition:
– Le statut d’auteur
– Comprendre son relevé de droits
– Le scénario
– Comprendre et pratiquer la modélisation
– Animer un atelier
– Les droits sociaux pour les auteurs
– Auto-édition
– Atelier Turbomedia
– Crowfunding