Joe Rubinstein m’a fait pleurer ce matin en postant cette planche sur Facebook. Cet “annual” avec Spiderman, la Chose, les Vengeurs, Warlock et Thanos fut le premier comics américains que j’ai possédé. Il avait été publié en grand format en France par Lug sous le titre “Au secours des Vengeurs”. Tout était si beau. J’étais âgé de 10 ans, et je l’ai lu et relu, observé et ré-observé tant de fois ! Ce livre a une place très spéciale dans ma vie. Il est l’un des rares qui ont fait de moi l’auteur et le dessinateur de bandes dessinées que je suis maintenant. Il est tellement important que j’en ai déjà parlé dans des interviews et des livres. Un milliard de mercis à Jim Starlin et Joe Rubinstein !
Blog : Sujets divers
Pierre Wininger
L’auteur de BD Pierre Wininger est décédé le jour de Noël.
Je ne le connaissais pas personnellement, mais j’éprouve une réelle tristesse. Déjà parce que j’adore ses albums, particulièrement les trois “Evergreen”. Mais surtout parce que, en tant qu’auteur, je lui dois la première étape décisive de ma compréhension de la Bande Dessinée. En effet, c’est en 1980, dans le journal Okapi que j’ai découvert que les BD ne se faisaient pas toutes seules. J’avais 10 ans, et j’ai lu et relu 1000 fois tous les conseils donnés par Pierre Wininger au très jeune auteur que j’étais. Ces 12 pages de l’Univers d’Okapi, je les ai toujours, et je les garde très précieusement, comme un fétiche porte bonheur.
Merci Monsieur Wininger, je ne vous oublierai jamais.
André Schiffrin
J’apprends avec tristesse le décès d’André Schiffrin. Grand éditeur américain puis petit éditeur indépendant, il avait une vision passionnante sur les dérives financières de l’édition. Nous avions eu le grand plaisir, avec Valérie, de l’écouter à Bruxelles il y a quelques années. Je ne saurais trop recommander à tous ceux qui s’interrogent sur le monde actuel de l’édition de lire L’édition sans éditeurs, écrit en 1999, une analyse visionnaire toujours d’actualité (et ses suites chez le même éditeur)
Le petit cirque ne jouera plus
Moins d’un mois après le décès de Comès, c’est au tour de Fred de nous quitter. Encore un auteur fondamental dans mon parcours artistique. Encore une triste journée, mais qui s’éclaire de merveilleux souvenirs.
Après être revenu à la Bande Dessinée franco-belge à la fin de mon adolescence grâce à la lecture de Peeters & Schuiten, Tardi & Forest et Comès, j’ai commencé à fouiller les
rayons des librairies d’occasion à la recherche d’auteurs au travail particulier. Je tombais assez rapidement sur Philhémon, que j’achetais dans la peu chère collection 16/22. Au début, je n’aimais pas le dessin, mais j’étais fasciné par son utilisation totalement libre de la structure de la planche. Et puis je fus conquis par sa poésie, par le sens de son non-sens. Et finalement par son dessin, le vecteur de toute cette merveille…
J’eus le grand plaisir et le grand privilège de l’interviewer en 1993 chez lui, au centre de Paris, en compagnie de Philippe Marcel et Johan Gauthier. C’était pour notre fanzine Le Goinfre. Ce fut un moment merveilleux, délicieux, malicieux et lumineux. De longues heures à évoquer son passé et son actualité (il venait de sortir le Corbac aux Baskets). Cela donna, après de longues heures de transcription, une belle interview, très riche, publiée dans le Goinfre n°13, le dernier numéro dont je me suis occupé. J’en profite pour remercier François Le Bescond, qui nous avait offert la chance de faire cet entretien. Un des plus précieux souvenirs de ma vie de lecteur.
Mes condoléances aux siens.
Interview de Fred dans Le Goinfre : Le_Goinfre_Interview_Fred.pdf
Un grand silence
À l’heure actuelle, je pourrais très bien être un auteur de comics aux USA. La rencontre avec Strange et les super héros Marvel dans mon adolescence avait été tellement intense que cela m’avait totalement éloigné de la BD franco-belge. Je ne relisais plus que mes vieux Tintin…
C’est quelques chefs d’œuvre qui m’ont ramené dans le “droit chemin”. Les deux premiers furent La Fièvre d’Urbicande et La Tour de Peeters & Schuiten. Enthousiaste, j’achetai alors les deux autres albums de la collection (À Suivre) disponibles dans ma maison de la presse de province. Le Ici-même de Forest & Tardi. Puis le Silence de Comès. Deux nouveaux chocs.
Trente-cinq ans plus tard, me voici chez Casterman. J’ai donc l’honneur et l’énorme plaisir de pouvoir discuter confraternellement avec ces auteurs qui ont bouleversé mon chemin créatif.
Au dernier festival d’Angoulême, Thierry Bellefroid m’a présenté à Didier Comès dont il assurait le commissariat d’exposition. Très impressionné, je lui ai dit toute l’importance qu’avait eu Silence pour la jeune tête remplie de super héros qu’avait été la mienne. Et je me suis enfui, en me disant que j’aurais bien d’autres occasions de discuter avec lui.Ce matin, j’apprends son décès. Je resterai donc sur cette courte rencontre, et sur la longue standing ovation que la BD lui a faite au théâtre d’Angoulême lors de la remise des prix.
Mes condoléances à toute sa famille. Moi, je me sens un peu orphelin.
Marie-Claire Alain
Je suis très triste ce soir : je viens d’apprendre le décès de Marie-Claire Alain à l’âge de 86 ans. C’est l’organiste qui a le plus bercé mon enfance, et j’écoute en boucle ses intégrales de Bach depuis sans doute plus de 30 ans. J’ai eu la chance de la voir en concert à Saint-Pierre de Caen il y a quelques années…
Madame Alain, je vous remercie.
Gerry Anderson
Cosmos 1999 est mon plus vieux souvenir de Science-fiction. Je la regardais dans les années 70, tout gosse, partagé entre la trouille et l’excitation. Je n’ai jamais oublié cette série : je travaille même tous les jours avec deux belles maquettes en métal des vaisseaux “eagle” posées devant moi.
Gerry Anderson, son génial créateur, vient de rejoindre les étoiles.
Avec tout mon respect, Mister Anderson.
Boris Strougatski
L’écrivain russe est décédé hier dans une certaine indifférence. Pourtant, avec son frère Arcadi, mort il y 20 ans, ils ont donné à la science-fiction quelques-uns de ses plus beaux romans. Au-delà du célèbre “Stalker”, je vous recommande de lire leur excellent “Il est difficile d’être un dieu”, sombre description de la montée d’un totalitarisme dans une société pseudo-médiévale.
André Geerts
Ce matin, André Geerts, une des personnalités les plus attachantes de la Bande dessinée, est mort à Bruxelles.
Auteur de Jojo ou de Mademoiselle Louise, c’était aussi et surtout pour nous un ami dont l’attention n’était égalée que par la gentillesse.
Toutes nos pensées vont à sa famille.
Nicolas Atchine
A STAR IS DEAD
Je regardais comme à mon habitude la Nouvelle Star tout en calinant mon canard lorsque Philippe Manœuvre dédicaça un titre de Bob Dylan à la mémoire d’un des plus grands experts de Dylan qui venait justement de mourir : “Nicolas Atchine”.
Ce nom n’a sans doute pas dit grand chose à grand monde. Mais moi ça m’a fait un méchant choc. Je le connaissais bien, le petit Nicolas… On avait fait nos premières armes ensemble à la fin des années 80 à Scarce, un fanzine spécialisé dans les comics américains. Nicolas était très jeune à l’époque, mais avait déjà une culture pop encyclopédique. Il écrivait très bien, avec beaucoup d’aisance. Il avait un avis sur tout, et donc beaucoup d’ennemis. Moi je l’ai tout de suite apprécié : on devait se ressembler un peu.
On faisait de la musique tous les deux, et ne jurions que par les comics… Lui a finalement choisi de suivre plutôt la voie du rock que celle de la BD, et j’ai perdu contact avec lui, ne le recroisant qu’en de rares occasions, genre avec le fils de Jodorowsky. Nicolas Atchine était devenu Nikola Acin, traduisait moultes ouvrages, interviewait moultes gens pour le magazine Rock & Folk de Manœuvre, avait monté son groupe les Hellboys, et je devais ignorer les trois quarts de ses activités…
J’ai fouillé la toile à l’instant. Une seule confirmation de la mort : “Nikola est décédé de façon soudaine le dimanche 18 mai 2008 à l’âge de 34 ans.” C’est jeune, 34 ans. pour mourir. Merde.
On ne s’attend pas à apprendre la mort d’un vieux pote en regardant la Nouvelle Star. Merde.