Colloque « Propriété intellectuelle et pop culture » au Palais Bourbon

Le jeudi 15 décembre, je serai à Paris au Palais Bourbon pour la 4e édition du colloque « Propriété intellectuelle et pop culture » organisé par le CEIPI et la Ligue des auteurs professionnels en collaboration avec Quatrebarbes, SCAN Avocats, Artlex, GUIU IP, LexisNexis France et ARDAN. Au programme : Jeux vidéos, NFT, Bande dessinée, Intelligences artificielles…

J’interviendrai lors de la table ronde « Mid-journey et autres intelligences artificielles : menace fantôme pour les métiers de la bd ? » le matin à 10h aux côtés de Stéphanie Le Cam, maître de conférences à l’Université Rennes 2 et directrice générale de la Ligue des auteurs professionnels, Caroline Le Goffic, professeur à l’Université de Lille Marie-Anne Ferry-Fall, directrice générale de l’ADAGP et Frédéric Maupomé, scénariste de BD.

Date :
Jeudi 15 décembre 2022 de 9h à 18h

Lieu :
Palais Bourbon (Assemblée Nationale), Salle Colbert
26 Rue de l’Université 75007 Paris

L’inscription est obligatoire :
https://sondagesv3.unistra.fr/index.php/768825?lang=fr

Liste des intervenants :
Denis Bajram, Yann Basire, Émilie Bulledop, Stéphanie Carre, Jean-Pierre Clavier, Carole Couson, Nathalie De Quatrebarbes, Jean-Marc Deltorn, Julien Delucenay, Anaïs Dépinoy, Marie-Anne Ferry-Fall, Aurelie Guetin, Denis Goulette, Stéphanie Le Cam, Caroline Le Goffic, Frédéric Maupomé, Alexandre Nappey, Xavier Pres, Mathieu Salvia, Laurent Teyssèdre, Gilles Vercken.

Clip Studio Paint dit non à la génération d’images par IA

On parle beaucoup d’intelligences artificielles créatrices d’images ces derniers temps. Mais tout ne va pas de soi dans ce nouveau monde, comme le montre ce qui s’est passé ces derniers jours avec le logiciel Clip Studio Paint.

Clip Studio Paint, ex Manga Studio, est un des logiciels de dessin les plus utilisés par les dessinateurs de Bande Dessinée à travers le monde. Il y a quelques jours, son éditeur avait annoncé qu’il allait intégrer une palette permettant de générer des images via une intelligence artificielle. Le projet était basé sur une IA déjà assez éprouvée, Stable Diffusion. On peut voir fonctionner cette palette ici :

La réaction très négative d’une partie des utilisateurs a amené Clip Studio Paint à mettre pour l’instant fin à ce projet. Ce qui est particulièrement intéressant, ce sont les arguments donnés par l’éditeur, qui résume une bonne partie du débat sur les IA de création d’images. Un communiqué à lire attentivement :

CLIP STUDIO PAINT n’implémentera pas la fonction de génération d’images IA

2 décembre 2022

Nous nous excusons pour l’inquiétude que nous vous avons causée suite à l’annonce de la palette de génération d’images IA le 29 novembre.

Après cette annonce, nous avons reçu de nombreux retours de la communauté et avons décidé que nous ne l’implémenterons finalement plus.

Voici quelques-unes de vos préoccupations que nous avons prises à cœur :

  • Les IA de génération d’images actuelles exploitent la propriété intellectuelle d’autres artistes et sont donc inutilisables.
  • Cette fonction entravera plus qu’elle n’aidera les artistes dans leurs activités créatives.
  • L’utilisation du travail d’un artiste qui n’a pas donné son consentement est éthiquement inacceptable.
  • La crainte que CLIP STUDIO PAINT deviennent synonyme de génération par IA.
  • Certaines fonctionnalités existantes devraient être privilégiées par rapport aux fonctions de génération d’images par IA.
  • Le fait qu’une application utilisée quotidiennement contient une fonction enfreignant potentiellement des droits légaux ou moraux est inacceptable.
  • CLIP STUDIO PAINT devrait être une application qui assure la responsabilité d’un environnement sûr et créatif.

La palette de génération d’images IA a été développée avec l’espoir que nous pourrions fournir une nouvelle façon d’expérimenter avec créativité. Cependant, nous avons négligé de prendre les considérations nécessaires.

Nous étions tellement focalisés sur la façon dont la technologie IA générative pouvait être utilisée de manière créative que nous avons perdu de vue ce que nos principaux utilisateurs attendent de CLIP STUDIO PAINT en tant qu’outil créatif. Nous tenons à nous excuser sincèrement.

Celsys n’implémentera pas de fonctionnalités de génération d’images IA dans CLIP STUDIO PAINT qui présentent ce type de problématiques, et écoutera plus sincèrement les opinions des créateurs. Nous redoublerons d’efforts pour fournir des fonctionnalités qui peuvent être utilisées en toute sérénité et par tous les artistes.

clipstudio.net

Les deux communiqués successifs de Clip Studio Paint :

David Hockney à Bayeux

Ce matin, nous avons eu le privilège de visiter en avant-première l’exposition David Hockney à la Tapisserie de Bayeux. Ce fut un vrai moment d’éblouissement entre leçon de couleur et de perspective. Surtout, cette fresque toute en longueur se révèle être un très étonnant panoramique en cinq dimensions. Au moins cinq !

Le musée de la Tapisserie de Bayeux accueille en effet jusqu’à avril 2023 une œuvre exceptionnelle. Elle avait été précédemment exposée, sous une forme différente, au Musée de l’Orangerie à Paris. À Bayeux, on découvre,, en face d’une reproduction de la célèbre tapisserie médiévale, une longue fresque imprimée représentant le paysage qu’Hockney voit autour de sa maison en Normandie. Cette longue bande de papier est donc une sorte de gigantesque panoramique sur la campagne du Pays d’Auge. Mais c’est, déjà, un panoramique qui va au-delà des 360°, changeant de point de vue et de perspective (on connait le travail d’Hockney sur la question).

Aux trois dimensions de l’espace, s’ajoute la quatrième dimension du temps. En effet, cette fresque est le montage de très nombreux dessins réalisés durant toute une année par le peintre anglais. Cette durée de réalisation offre, entre autres choses, d’assister à un prodigieux jeu sur la couleur, changeante au fil du temps, passant des blancs de l’hiver aux couleurs les plus éclatantes du printemps, de l’été puis de l’automne. Cette couleur est presque éblouissante tellement elle est présente. David Hockney rend avec une extraordinaire justesse les émotions que l’on peut avoir face aux explosions chromatiques observables sous le soleil normand, en particulier dans les chatoiements de verdure.

Une cinquième dimension s’ajoute à ce panoramique. En effet, David Hockney a décidé de dessiner cette longue œuvre d’après nature sur un iPad. Son usage de l’outil est au début très simple et radical, il dessine en seulement quelques traits. Puis les aplats deviennent plus denses et la matière plus complexe au fur et à mesure que l’artiste s’approprie l’outil. La fin du printemps et l’été deviennent d’une foisonnement pictural intense. Une sorte de maturité calme se développe sur la seconde partie de l’année, jusqu’à revenir à la radicalité graphique d’origine pour la neige hivernale. Une radicalité qui n’a cependant plus rien à voir avec celle du début, toute enrichie qu’elle est par un an de pratique de l’outil numérique.

Et il y aurait bien d’autres dimensions à vous décrire ici… Mieux vaut voir par vous-même ! Alors, si vous passez en Normandie avant avril prochain, ne manquez surtout pas de visiter le musée de la Tapisserie de Bayeux. Pour le prix d’une entrée vous pourrez admirer deux chefs-d’œuvres !

 

Fabrice Neaud : réédition, nouveauté et exposition

Fabrice Neaud est un très grand ami. Mais c’est surtout un très grand auteur. Depuis des années, il continuait discrètement à travailler sur la suite de Journal, sa remarquable bande dessinée autobiographique, restée en suspens, en particulier depuis le bien triste fin des éditions Ego comme X.

Grâce à des retrouvailles avec une des figures centrales du récit, mais aussi à l’engagement éditorial de David Chauvel, cette suite du Journal va enfin être publiée. À partir du 6 avril 2022, nous aurons donc le bonheur de voir paraître aux Éditions Delcourt la réédition des anciens tomes puis, à partir de 2023, de pouvoir nous plonger dans de nouveaux volumes. L’ensemble de ce travail sera réuni sous le nom Esthétique des Brutes.

J’ai eu le privilège de lire des scènes de ces livres à paraître et je ressens exactement la même certitude en voyant ce qu’il partage sur son compte Facebook en avant-première : Fabrice n’a jamais été aussi bon. Et ce n’est pas peu dire vu la qualité de son travail publié depuis presque 30 ans.

En attendant, si vous avez la chance de pouvoir vous rendre à Caen, je ne peux que vous recommander d’aller admirer son exposition du 25 février au 18 mars. Fabrice y présentera une centaine de planches originales, un nombre très impressionnant qui permettra d’avoir un bel aperçu des milliers de planches de son œuvre.

Cette exposition inaugurera un tout nouveau lieu culturel normand, Les Petits Miracles, dont l’initiative revient à la librairie La Cour des Miracles.

Exposition Fabrice Neaud

du 25 février au 18 mars
les jeudi, vendredi et samedi
de 15h00 à 19h00

Les Petits Miracles
65, rue des rosiers, 14 000 Caen – plan

Séance de dédicaces le vendredi 11 mars

Les coloristes existent, il serait temps de s’en apercevoir

Excellente intervention de Yoann Guillo, auteur des couleurs de notre Goldorak, au sujet de la place des coloristes dans la bande dessinée. C’est en fait un retour d’expérience, puisque nous, les cinq co-auteurs, avons tenu dès le début de la promotion de notre album à mettre en avant le travail de la couleur. Il est temps que les coloristes et leur art aient la visibilité qu’ils méritent !

Je viens de lire la récente actualité d’Isabelle Merlet sur son mur FB et les nombreux commentaires qui en découlent. Pour la faire courte, cela tourne autour d’un coup de gueule à propos de l’invisibilisation des coloristes, dans certaines maisons d’éditions, sur certains sites, par certaines personnes…
Le coup de gueule d’Isabelle est motivé par le fait que n’étant pas créditée comme il se doit, on fini par attribuer son travail à quelqu’un d’autre, pour la énième fois…
Ça pourrait paraître capricieux qu’une coloriste se plaigne que son nom ne soit pas quelque part, c’est vrai quoi, il y a plein de professions où ce n’est pas le cas, pourquoi ça serait un problème là ?

Eh bien parce-que la couleur prend une part entière dans la manière dont l’ouvrage sera perçu par le lecteur. Le talent ou les univers graphiques de certains coloristes sont tels, qu’il est impossible de les interchanger sans que cela ait un impact sur le ressenti du lecteur.
Pour citer Isabelle, la couleur est à la BD ce que la musique est au cinéma. Vous comprendrez très bien l’histoire sans la musique, mais elle peut transformer votre film en navet ou en chef d’œuvre.

Au-delà de l’aspect artistique, il y a une seconde raison pour laquelle la quasi-totalité de nos BD sont en couleurs : c’est que la couleur fait vendre.
Alors oui, on pourrait discuter longtemps pour savoir si le coloriste doit ou ne doit pas avoir son nom en couverture, doit ou ne doit pas être considéré comme auteur.
Le problème n’est pas vraiment là.

Le problème est que de par leur invisibilité médiatique, les coloristes sont souvent considérés comme la cinquième roue du carrosse dans leur propre milieu professionnel.
Et ils en voient des vertes et des pas mûres : travail sans contrat, tarifs dégueulasses, délais absurdes, mépris de classe d’une partie de la profession, relations de travail infantilisantes, débarquements brutaux des projets, modifications de plannings multiples, “des délais trop court pour finir l’album ? rassure-toi coloriste, on va prendre un second coloriste”, re-colorisation de vieux albums pour récupérer les éventuels droits d’auteurs, et j’en passe.
J’ai une pensée pour Bruno Tatti, coloriste aux ambiances magnifiques, dont le nom a récemment été oublié de l’un de ses albums…

Avec Goldorak, j’ai eu la chance de travailler avec des amis qui ont la même vision que moi sur la situation des auteurs, et en particulier des coloristes et du rôle de la couleur, ainsi qu’ avec Kana, une maison d’édition qui a accepté de jouer le jeu, à savoir : un coloriste peut aussi être un auteur à part entière. Ce qui implique d’avoir son nom sur la couverture, un contrat d’auteur avec une part des droits non rétrocédés, et d’être complètement intégré au processus créatif et éditorial.

Dès le début sur Goldorak, une part belle a été donnée à la couleur. Elle a été mentionnée sur plusieurs pages de la plaquette pédagogique “Dans l’atelier” (une trentaine de pages) que Kana a fourni aux libraires et aux journalistes quelques mois avant la sortie de l’album.

Cette politique à l’intention du travail de la couleur a eu un résultat des plus impressionnants : de très nombreuses interviews (une trentaine peut-être, dont plusieurs passages télé) ont eu une ou plusieurs questions sur la couleur. J’ai même eu l’occasion de faire deux directs télévisés sur la chaîne belge LN24, moi, un coloriste, et dans l’un deux la présentatrice Brigitte Weberman a même fait l’éloge des couleurs de l’album. La couleur est complimentée dans presque toutes les critiques, et il arrive que certaines me soient spécialement adressées, du jamais vu.
£L’énorme licence Goldorak nous a permis d’éclairer avec un gros projecteur le métier de coloriste, son importance, et l’intérêt qu’il peut susciter auprès du public.

Voilà, j’espère que mon message saura convaincre d’autres professionnels de la BD de ne plus considérer les coloristes comme une sorte de « mal nécessaire », mais comme un collaborateur de grande importance qu’il faut valoriser. Car ils participent grandement au succès de certains albums ; le grand public étant sensible à cet aspect graphique, qu’il s’en rende compte ou non.
Ah, et au passage, il faudrait aussi payer les coloristes correctement et les intéresser à la vente, car inciter quelqu’un qui va passer de nombreuses heures sur chacune de vos pages à considérer que le succès de l’album lui importe peu, me semble un bien mauvais calcul…

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Allegretto à Delphes

Arte, je ne vous remercie pas, car hier vous m’avez fait décrocher de mon travail. En effet, pour accompagner mes 90 heures de dessin hebdomadaires, nous mettons parfois en fond à l’atelier des films que nous connaissons par cœur ou des replays de programmes TV. Hier soir, c’était le cycle des neuf symphonies de Beethoven que la chaîne avait proposé en direct toute la journée de dimanche qui était au programme.

Si j’ai été assez déçu par la prestation française à Strasbourg sur la 8e symphonie, convaincu par la 9e à Vienne, j’ai été totalement ébloui par la 7e proposée par la Grèce. Le cadre de ce concert est déjà une merveille à lui tout seul : le sanctuaire antique de Delphes1. C’est un lieu où coule la mythologie, l’art et la magie, comme j’ai eu la chance de le vérifier sur place il y a des années. C’est dans le théâtre antique, surplombant le sanctuaire et la vallée que l’orchestre s’est installé. C’est une petite formation, resserrée. Le son est net, clair, claquant, presque baroque. Les musiciens jouent debout, répondants aux danseurs contemporains dans le site. Les drones tournent autour de la scène. Tout est magie chorégraphiée alors que le soleil se couche lentement sur les montagnes. Extraordinaire ! Καλὸς κἀγαθός !

 

Si vous ne devez voir qu’un extrait de ce concert, je vous recommande le second mouvement, le célèbre allegretto, qui commence à partir de 18 mn 30. Celui-là même qu’on entend dans le film Zardoz qu’Arte diffusait il y a quelques jours, justement…

Arte, en fait, je vous remercie.

 

Notes

1J’ai eu la chance de profiter quasiment seul du site archéologique de Delphes pendant mes études de scénographie aux Arts déco de Paris dans les années 90, et ce grâce à l’entremise de l’école Française d’Athènes. J’ai connu à Delphes une véritable extase, traversé à la fois par la culture grecque classique que j’ai eu le plaisir de traduire adolescent et par la géographie extraordinaire de toute cette vallée. Assis dans le théâtre antique et méditant les mots de Nietzsche et de tant d’autres sur les origines de nos arts, je me souviens avoir pleuré longuement de bonheur. À Delphes se trouve l’omphalos marquant le centre du monde, et ce jour-là c’était bien le cas pour moi.

Laurie Spiegel

Laurie Spiegel, Américaine née en 1945, a beaucoup apporté à la musique électronique.

En plus d’être une musicienne et compositrice de talent, elle a aussi été développeuse informatique. En particulier, elle programma en 1986 le logiciel Music Mouse pour Mac, Atari et Amiga qui permettait d’improviser de manière algorithmique.

Et comme il n’y a rien de mieux que d’essayer soi-même, en voici une émulation en ligne :

Si vous voulez écouter ses œuvres :

 

Si vous voulez en connaitre plus sur son parcours :

Monetcam

Une webcam filme maintenant en continu la façade de la cathédrale de Rouen. C’est évidemment en hommage à la célèbre série de tableaux de Monet et à leurs lumières changeantes sur le monument gothique.

Aujourd’hui, aux merveilles du jour s’ajoutent celles de la nuit :

Cette webcam permet bien sûr d’observer la cathédrale en direct mais on peut aussi regarder les jours précédents en temps accéléré. Je vous propose de regarder le 2 juillet, car on y voit les illuminations de nuit, un ciel bien chargé le matin, puis le soleil percer entre les tours, le temps se dégager et enfin le soleil se coucher sur la façade.

 

Merci à l’ami Laurent Bonnaterre pour m’avoir fait découvrir cette webcam.

Baroque romantique

Vu que mes status sur la musique classique ne passionnent pas les foules, je continue. Né en 1970, j’ai été éduqué à écouter Bach dans des interprétations baroques, très baroques même. Des versions rapides, vives, scandées, détaillées, parfois même rugueuses. Sur les ondes de France Musique et dans les pages de Diapason, il était de bon ton d’afficher son mépris pour les interprétations classiques ou romantiques qui avaient précédé cette résurrection du baroque. Déjà elles avaient le mauvais goût d’être bien mal informées historiquement, d’ignorer comment on jouait ces œuvres à l’époque de Bach. Au-delà des instruments trop modernes, du mauvais diapason, on les trouvait trop lentes, trop lourdes, trop pompeuses, voire pompier.

J’ai un vinyle en mauvais état de la Passion selon St Matthieu par Karl Richter chez Deustche Grammophon (enregistrement de 1971, je pense) que je n’écoutais plus depuis longtemps car il me plaisait bien moins que mes Corboz, Leonhardt, Herreweghe et autres Gardiner. Cependant, depuis quelques temps, j’ai entendu ci et là dire à nouveau du bien de la première version enregistrée par ce même Karl Richter en 1958 et je viens donc d’en acheter le coffret CD remastérisé en 2001 par Archiv Produktion.

Eh bien, Karl Richter, à la tête de ses chœur et orchestre Bach de Munich, c’est peut-être, en effet, trop lent : cette version dure 3h 18 contre seulement 2h 37 pour celle de Gardiner ! C’est sans doute aussi, trop appuyé voire trop lourd pour les gardiens du temple baroque. Mais, pourtant, que c’est beau ! Cette version de 1958 offre tout ce qu’il y a de plus saisissant dans la vision romantique, mais annonce dans sa mise en place parfaite et ses détails ciselés ce que seront les interprétations baroques des décennies suivantes. Et quels solistes, leur maitrise technique est ahurissante. Mais surtout, quelle ferveur d’ensemble ! On est à Jérusalem à mourir avec le Christ, qu’on y croit ou pas. Extraordinaire !

Côté son, cet enregistrement des débuts de la stéréo tient sacrément le choc et sa remastérisation numérique est lumineuse et transparente. Côté prix, c’est à peine plus de 20 euros pour un coffret de trois CDs, c’est donc tout à fait correct. Pour en savoir plus : www.discogs.com

On trouve plusieurs fois cet enregistrement en intégral sur Youtube (il est grand le mystère du piratage). La qualité en est inévitablement un peu dégradée, mais bon, ce sera suffisant pour vous en faire une idée :

Magie au Walt Disney Hall

Je continue à acheter des disques, je ne sais pas très bien pourquoi. Sans doute parce que cela m’oblige à faire des choix, que c’est un moyen de réfléchir à ce que j’écoute, que cela me permet de résister au gavage, à l’ensevelissement sous une offre devenue démesurée. Sur le serveur hifi de l’atelier, il n’y a donc quasiment que des disques que nous avons acquis “physiquement”. Grâce à cela, nous sommes sûr que chaque morceau et chaque album est rejoué tous les trois ou quatre ans. Réécouter. Revoir. Relire. Le seul moyen d’affiner son approche des œuvres.

Orgue du Walt Disney Hall à Los Angeles © www.musiqueorguequebec.ca

Bref, aujourd’hui, je viens d’encoder les dernières nouveautés arrivées à la maison. Entre autres merveilles dont je parlerai peut-être plus tard, nous avons acquis un disque d’orgue assez étonnant, Once Upon A Time… At The Walt Disney Concert Hall. Jean-Baptiste Robin y interprète des transcriptions et œuvres originales autour de l’idée du conte de fée sur l’incroyable orgue du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles. Cet instrument, en photo ci dessus, est venu parachever la magnifique salle de concert construite au début des années 2000 par Frank Gehry.

Ce disque rend un bel hommage aux dimensions et aux possibilités de cet instrument. Pour vous en faire une idée, écoutez la transcription du Prélude no15 de Chopin, devenu presque terrifiante jouée ainsi :

Pour en savoir plus, en particulier sur cet orgue, je vous recommande l’excellente critique qui m’a appris l’existence de ce disque :

Une lecture à compléter par cette fiche descriptive de l’instrument qui revient aussi sur l’histoire du Walt Disney Concert Hall de Los Angeles :

Les CD de Brilliant Classics sont très peu chers, il vous coutera moins de 8 euros pour acquérir celui-ci. En attendant, vous pouvez l’écouter intégralement en ligne :