Je viens d’apprendre qu’Ego comme x ferme ses portes. Quelle tristesse.
Ego comme x fait partie de la poignée de maisons d’édition qui ont marqué la Bande Dessinée dans les années 90. Créée à Angoulême par Fabrice Neaud, Xavier Mussat et Loïc Néhou autour de la revue éponyme, elle est principalement connue pour avoir quasi inventé l’autobiographie en bande dessinée. Pendant 23 ans, Ego comme x n’a été que pertinence et exigence, se renouvelant sans cesse sans jamais tomber dans les modes ni les facilités. Depuis 10 ans, elle s’était ouverte à la littérature avec la même sagacité. Cette tenue dans le temps, on la devait à Loïc Néhou et à son sens du sacerdoce.
J’habitais à Angoulême au milieu des années 90, et j’ai bien connu les débuts de cette aventure. Je trouvais la revue excellente, j’ai cherché à les rencontrer, et ses trois fondateurs sont devenus des amis. Au delà de cette amitié, je garde le plus grand respect pour tout ce qu’ils ont créé. Je savais les difficultés de Loïc, il s’en était ouvert à moi. Oublié par les financiers culturels locaux, en particulier le CRL Poitou-Charentes et Magelis, il n’arrivait même plus à se verser un salaire depuis cinq ans. Il jette donc finalement l’éponge. Et Angoulême perd sa plus ancienne et prestigieuse maison d’édition.
Comment est-ce possible dans cette ville, ce département et cette région ou tant de politiques et décideurs revendiquent leur action pour la Bande Dessinée ? On ne parle pas de millions de subvention, mais de quoi financer une petite structure construite pour être la plus économe possible. Heureusement que tous ces acteurs locaux sont censés défendre la Culture. Comment mieux qu’avec Ego comme X pouvaient-ils le faire ? Franchement, c’est lamentable.
Je te fais une grosse bise, Loïc.