Le Blog

À Lyon

Quelques photo souvenirs de ma journée à Lyon pour deux conférences, une à l’école Emile Cohl, l’autre à la mairie du IVe. Le tout superbement organisé par la librairie La Bande Dessinée : http://labd.net/blog/2013/11/dedicace-de-denis-bajram-le-29-11-2013/

Et ce genre d’article fait aussi plaisir, c’est agréable de sentir qu’on a réussi à partager sa passion : http://blog.bellecour.fr/2013/12/06/masterclass-avec-lauteur-duniversal-war-one/

Merci à tous !

Télérama : la BD traverse une grave crise

Télérama parle de la situation des auteurs de BD. Ceci dit, je préférais presque le titre “Pour 1000 bulles t’as plus rien” de la version papier. Là ça fait carrément peur…

Grève des dédicaces : la BD traverse une grave crise

En vingt ans, la publication d’albums a décuplé… mais pas le lectorat. Le secteur de la bande dessinée est confronté au phénomène de surproduction, et les créateurs crient famine.

A 17h15 tapantes, ils ont remballé leurs gommes et leurs crayons. Dix minutes plus tard, la plupart des stands de Quai des bulles, le festival BD de Saint-Malo, étaient déserts. Le 11 octobre dernier, de nombreux auteurs de bande dessinée ont fait, deux heures durant, la grève des dédicaces. Une grande première dans le monde merveilleux des bulles et des « petits miquets ».

Pourquoi ? Parce que leur caisse de retraite a décidé d’augmenter considérablement leur ­cotisation annuelle. Pour bénéficier d’une retraite complémentaire – bien ­hypothétique –, les auteurs sont censés, à partir de 2016, verser 8 % de leurs revenus annuels (soit un mois d’émoluments). Or la moitié des 1 500 scénaristes et dessinateurs de BD français gagnent moins que le smic ! Si cette réforme a depuis été différée, la menace demeure, fragilisant encore davantage un secteur qui n’avait pas besoin de ça. […]

Le monde de la bande dessinée a besoin d’un projet

Il y a un an, lorsque, profitant de ma promo, je parlais des problèmes des auteurs à la plupart des journalistes, je sentais une certaine gène. Ils ne me le disaient pas, mais ils le pensaient si fort que je l’entendais presque : “Pourquoi un auteur à succès comme lui perd du temps à ça”.

Ce que tous les auteurs ont réussi en s’unissant enfin depuis cette fameuse lettre ouverte contre le RAAP, c’est que nos inquiétudes sont maintenant au cœur des attentions. Alors je me fais un plaisir de pouvoir enfin les donner ces interviews sur le sujet !

Denis Bajram : « Le monde de la bande dessinée a besoin d’un projet »

L’auteur des séries Universal War est devenu le porte-parole de la grogne des auteurs de bande dessinée. Pourquoi les auteurs sont-ils en colère ? Quelle est la situation du monde de la bande dessinée aujourd’hui ? Quelles sont les réflexions engagées sur le sujet ? Réponses.
Pouvez-vous résumer les problèmes actuels du monde de la bande dessinée ?

C’est une pièce en plusieurs actes. Tout dépend où l’on commence. Le gros déclencheur, récemment, a été l’annonce de la réforme du régime de retraite complémentaire des artistes et auteurs professionnels (RAAP). On doit passer d’une cotisation qui jusque-là était basée sur des tranches volontaires, à une perception obligatoire de 8% de nos revenus. En clair, pour beaucoup, c’est la perte d’un mois de revenu complet tous les ans ! Ça a secoué pas mal d’esprits. La section BD du Syndicat National des Auteurs Compositeurs (SNAC) avait tenté de mobiliser sur d’autres problèmes depuis pas mal de temps, mais d’un coup la réforme du RAAP a été le gros déclencheur. Un mois de salaire perdu, pour n’importe qui, ce serait inacceptable.

Mais il s’avère que ce n’est pas une première. Les auteurs se sont déjà fait avoir sur la TVA en 2014 : elle avait été à un moment augmentée pour le livre puis, suite à la pression des éditeurs, avait été rabaissée ensuite pour tout le monde… sauf pour les auteurs. Ce qui fait qu’on se retrouve depuis un an à payer 0,80% de TVA sur les revenus de notre travail. Ça peut paraître peu, mais à force de nous prendre quelques pour cents de plus tous les ans, cette succession de prélèvements va finir par assommer un métier qui est déjà à genoux.

Car la bande dessinée a de nombreux problèmes. Le principal est la multiplication du nombre de titres présents sur le marché. Je n’utilise pas le terme « surproduction » volontairement : pour moi, il n’y a pas de surproduction dans l’absolu, toute BD est bonne à être publiée, s’il y a des gens passionnés qui ont envie de la faire. Le problème actuel, c’est qu’il y a saturation commerciale : il y a trop de titres sur les tables des libraires. La conséquence, c’est qu’il devient très difficile de faire de la nouveauté, vu qu’elles sont noyées dans le bruit de fond. Et très difficile de rendre visibles ces nouveaux albums.

Quand j’ai commencé, il y avait 700 nouveautés par an. Maintenant, il y en a entre 3.000 et 5.000, selon les estimations. Le chiffre d’affaire global a cru, mais pas tant que ça. Ça veut dire que la part de marché de chacun a diminué. Ce ne sont pas tant les best-sellers qui sont touchés : c’est la middle class qui a été laminée, ceux qui vivaient moyennement de la BD. Ils se retrouvent beaucoup plus nombreux à partager le même gâteau. Inévitablement, ça fait s’écrouler le prix des planches, les ventes… Et à la fin, on se retrouve avec la moitié de la population de la bande dessinée qui ne gagne même pas l’équivalent d’un SMIC.

Cette « middle class de la bande dessinée » va-t-elle disparaître ?

Elle est déjà en train d’être liquidée. On ne parle plus d’un risque : c’était il y a dix ans qu’on tirait la sonnette d’alarme à ce niveau. Et pourtant, fondamentalement, historiquement, la BD est très middle class. C’était même, sociologiquement, un petit groupe involontairement caricatural d’une certaine classe moyenne française, blanche, éduquée, masculine… En accueillant plus d’auteurs, elle s’est ouverte à une vraie diversité, tant mieux. Mais économiquement, c’est une middle class en cours de prolétarisation : maintenant, on a beaucoup de gens qui n’arrivent plus à vivre de leur travail.

Risque-t-on d’avoir une reconfiguration totale du monde de la bande dessinée dans les prochaines années ?

Je ne sais pas si c’est mieux ou moins bien pour la BD. En tant que simple lecteur, quelque part, je me poserais sérieusement la question : qu’est ce que ça va changer à l’art, aux livres ?

La certitude, c’est que ça détruit lentement et sûrement une profession. Il y a plein de gens qui ont cru qu’ils pourraient gagner leur vie avec la BD et qui se rendent compte que ça ne va pas être le cas. Quand j’ai signé mes premiers contrats, en 1994, le fond de l’air était que la BD, c’était un métier. Un métier pas facile, où il fallait se battre, mais si on faisait bien son métier on pouvait en vivre. Des écoles ont été ouvertes, tout donnait cette impression d’une vraie profession. Aujourd’hui, quand on fait un album, il y a de fortes chances qu’il ait moins de 1.000 lecteurs. Moi, si on m’avait dit que mon premier bouquin ne se vendrait pas plus que mes fanzines, ça m’aurait fait un drôle d’effet… C’est extrêmement bizarre, dur, et démotivant, pour un travail dans lequel on s’investit autant… Et la question, c’est de savoir ce qui va se passer quand plein d’auteurs vont lâcher la rampe. Il n’y a pas d’assurance-chômage pour nous. Il va falloir qu’ils se reclassent, en pleine crise économique…

Votre analyse est très noire…

Oui. On n’y est pas encore totalement, mais ce vers quoi on fonce à 100 à l’heure, c’est un monde de la bande dessinée qui fonctionnerait sur le même modèle que le rock : tu fais ton groupe, mais ne t’attends pas à gagner ta vie avec. Il y aura de temps en temps des gens qui feront un tube, ramasseront le jackpot, et la grande majorité pour qui ça n’aura été qu’une passion de jeunesse.

Les États Généraux de la bande dessinée sont nés de ce constat. Quelle est l’idée générale de ce projet ?

Je suis au comité de pilotage du SNAC, le syndicat des auteurs de BD. Au niveau du syndicat, on est dans l’urgence. On se retrouve à gérer des situations et des problèmes très précis. En discutant cet été avec Benoît Peeters, qui lui n’est pas du tout au syndicat, on a remarqué que nos discussions allaient bien au-delà du territoire couvert par le SNAC, qu’on évoquait des grandes questions générales, mais qu’on avait très peu d’études sérieuses auxquelles se référer. Il faut le dire : il n’y a pas de sociologie de la bande dessinée. Ça a longtemps été un tout petit milieu. Il y a en fait très peu de personnes qui travaillent dans ce secteur et très peu d’études dessus. C’est un petit art, qui se fait quasiment entre amis.

Donc, on se retrouve avec des évolutions et questions sur l’avenir, mais on n’a pas les données qui permettraient de comprendre ce qui se passe et vers quoi on va. On s’est dit qu’il fallait rassembler ces données. On s’est aussi dit qu’il fallait rassembler les idées : il y a plein de gens qui en ont, du libraire au festival, de l’éditeur au journaliste en passant par les auteurs, évidemment. Mais un syndicat uniquement d’auteurs n’est pas fait pour gérer ce genre de projet. Cette demande là, c’est une demande de tout le peuple de la BD de savoir dans quel état il est, et d’être entendu. C’est une demande démocratique, et ça ressemble typiquement à des États Généraux. Et c’est pour cela qu’on s’est dit qu’il fallait en organiser. Car la population des auteurs est la première dans le collimateur mais les autres suivront : on ne voit pas trop comment les éditeurs s’adapteraient à un crash du corps professionnel des auteurs, comment les libraires peuvent survivre à cette saturation du marché… Les festivals sont tous dépassés par ce qui se passe, se réfugiant dans la dédicace en se demandant quoi faire de plus intéressant. Quelque part, tout le milieu est bâti sur un modèle construit entre les années 70 et 90 et qui n’a pas bougé depuis. Et puis il y a le numérique, et toutes les inquiétudes qui vont avec… Du coup, le cumul de l’ensemble justifie totalement ces États Généraux.

L’idée des États Généraux de la Bande Dessinée (EGBD) est très simple : ce sont les auteurs qui les convoquent, car à un moment il fallait bien que quelqu’un prenne la décision, mais ils sont bien ouverts à tous. L’idée, dans un premier temps, est de remonter des infos. Faire un état des lieux, du côté universitaire, sérieusement. Quelque chose qui soit à la fois sociologique, économique, historique. Dégager les tendances, voir ce qui s’est passé, regarder les statuts légaux, sociaux… Avoir les données, les compiler… Et faire cela avec intelligence, le faire faire par des gens dont c’est le métier, et qui peuvent le faire avec le détachement nécessaire, sans être dans le pathos. Des gens qui peuvent dire quand ça va bien, et quand ça va mal, ce qui se passe vraiment.

Dans le même temps, on va demander à tout ceux qui le veulent d’écrire des cahiers de doléances. Que les coloristes, les festivaliers, les auteurs, qui sais-je encore, se réunissent pour faire entendre leur parole, une parole pour le coup non aseptisée par l’analyse intellectuelle et scientifique. Et tout cela remontera aux États Généraux. Le but est de faire entendre la parole de tout le monde, que les choses soient dites. D’autant plus que ce matériel servira aux sociologues. Cela permettra aussi de faire entendre les bonnes idées de tous.

Le deuxième temps, ce sera de se réunir tous ensemble, et d’essayer de trouver un plan pour l’avenir. Ces États Généraux, on y invite tout le monde : associations représentatives du monde de la BD, syndicats d’auteurs, syndicats d’éditeurs, institutions culturelles, représentants de festivals… Que tous ces gens qui ont déjà une bonne connaissance des dossiers viennent, pour encourager la constitution de ce gros dossier commun. Les travaux universitaires seront rendus au fur et à mesure, quand ils seront prêts, ce qui permettra d’organiser des journées d’information ou des colloques intermédiaires. Dans le même temps, il y aura des réunions pour les cahiers de doléances. Ça va durer un an ou deux minimum. C’est sans doute long, mais ça permettra d’ouvrir un grand et vrai débat. Quand le second temps arrivera, beaucoup de choses auront déjà été discutées. Il sera temps, avec j’espère tout le monde rassemblé autour de la table, de construire un projet. Il nous en faut un. Pour l’instant, en se laissant guider par le quotidien, on va vers quelque chose qui n’est pas très plaisant.

Dans l’histoire de la bande dessinée, jamais encore l’ensemble de la profession ne s’était rassemblée et regardée…

Les auteurs sont par définition des hyper-individualistes. Rassembler des individualistes, c’est déjà un cauchemar. Les succès récents du SNAC en terme de mobilisation sont tout simplement ahurissants. Ce qui s’est passé à Saint-Malo – quasi 100% des auteurs qui débrayent pour aller dans une salle pour discuter – était impossible à imaginer il y a deux ans. Ça veut dire que la très grande majorité des auteurs admet que l’on va dans le mauvais sens, et s’inquiète surtout à titre individuel. Même les gros auteurs sont en train de prendre conscience que s’ils ne font pas gaffe, ils vont se retrouver dans un champ de ruines. A tous les niveaux de réussite, tous les auteurs se sentent concernés.

A côté de cela, rassembler tout le monde de la BD, c’est à dire les auteurs mais aussi les éditeurs et les autres acteurs, ça n’a jamais été facile. Même si l’initiative a été très bien accueillie par tous, on ne sait pas encore si on va réussir à rassembler tout le monde. On présentera toutes ces idées à Angoulême lors de la session d’ouverture des États Généraux, et on verra qui sont les gens de bonne et de mauvaise volonté. Ceci dit, nous sommes confiants sur leur engagement, il n’y a pas de piège, le but est même d’être totalement transparent, pour enfin sortir des visions de chapelle de chacun.

Que peut-il se passer, d’ici 3 ans, 5 ans, 10 ans… ?

J’ai bien sûr mes opinions et mes idées. Mais ce n’est pas à moi d’imposer ma vision. Je suis dans une phase où je veux essayer de représenter tout le monde. Je suis le secrétaire de l’association des EGBD, au côté du président Benoît Peeters et de la trésorière Valérie Mangin, mais j’en suis surtout le coordinateur général. Ce n’est donc pas le moment, pour moi, de présupposer ce qui pourrait sortir des travaux des États Généraux.

Pourquoi vous retrouvez-vous sur le devant, alors que vous n’êtes pas forcément le plus concerné financièrement ?

Justement parce que je ne suis pas le plus menacé. Moi, je ne suis pas inquiet à titre personnel : je me dis que dans 20 ans je serai toujours là. C’est plus facile pour des gens comme Benoît Peeters, Valérie Mangin ou moi de dire que la BD va mal, parce que ça ne va pas mal pour nous, à titre personnel. On ne va pas nous dire que l’on fait ça pour protéger nos intérêts. Dans ce genre de mouvement, il y a toujours le risque d’être vu comme corporatiste. C’est ce que l’on reproche trop facilement aux intermittents, par exemple. Moi, je n’ai que du temps à perdre dans cette histoire, je ferais mieux de faire des albums. Mais si mon métier ne va pas beaucoup changer, le contexte dans lequel je le fais risque, lui, de changer. Et je n’ai pas fait ce métier pour me retrouver parmi les derniers debout et faire partie des fossoyeurs d’un art que j’admire. Si dans 20 ans je me retrouve dans un champ de ruines, au moins, je n’aurai pas l’impression de ne pas avoir essayé. Si, finalement, il s’avérait que c’est un joli champ de coquelicots, je ne saurai pas forcément si c’est grâce aux États Généraux ou si ça devait bien se terminer de toute façon. Mais au moins, j’aurais fait quelque chose.

Thierry Soulard
pour comixtrip.fr

La CyberBulle

J’adore les festivals de BD. Mais je n’ai pas caché que je trouve que les séances de dédicaces y ont pris beaucoup trop d’importance, aux dépens des vraies rencontres et de la découverte de tout ce qui fait la BD d’hier et d’aujourd’hui. De mes discussions avec d’autres passionnés est née LA CYBERBULLE, un festival de BD totalement différent.

La CyberBulle est le premier festival de bande dessinée à la fois réel et virtuel. Elle sera consacrée aux nouvelles pratiques de la BD : créations numériques, turbomédia, informatisation des artistes, lecture on-line… Le public pourra rencontrer les auteurs concernés lors de débats, de conférences et d’ateliers. Les rencontres se feront à la fois à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) et en live sur notre plateforme web. Cette plateforme, que nous faisons entièrement développer, permettra au public de participer à toutes nos animations grâce à une combinaison de vidéo live et d’un système de chat.

Le financement participatif faisant partie de cette culture numérique, la Cyberbulle a bien sûr fait appel à tous ceux qui veulent voir exister ce festival différent. Participez, peu s’il le faut, mais participez !

Là où ça devient très drôle, c’est que, moi qui ai arrêté de dédicacer depuis 8 ans, et qui a rêvé de ce genre de festival sans dédicace, j’ai accepté, pour aider l’association, de refaire 5 belles dédicaces couleurs (et seulement 5). Alors, chers collectionneurs, c’est le moment de vous ruer sur ces pièces rares. Oui, 500 euros, c’est une somme, mais c’est votre seule chance d’avoir une belle dédicace à la peinture (sur UW2 par exemple), et, croyez-moi, je ne suis pas prêt de recommencer après ça. Surtout, comme je laisse bien tout le montant au festival, c’est un excellent moyen d’aider La CyberBulle à s’envoler tout en se faisant plaisir.

Il ne vous reste que quelques jours pour vous décider. Ça tombe bien, Noël arrive !

[EDIT] Ca y est, mes 5 dédicaces à 500 euros sont partis ! Merci à tous les généreux donateurs, petits et grands, pour l’aide qu’ils apportent à la Cyberbulle !

Les dédicaces contre la BD

Pourquoi j’ai arrêté de dédicacer

Je vais rebondir sur l’actuelle controverse sur la rémunération des auteurs de BD en dédicace. En pleine précarisation des revenus, on cherche des ressources partout, c’est compréhensible. Mais cela me questionne. J’ai l’impression que le problème est bien plus profond…

J’ai arrêté de dédicacer en 2006. Totalement. Je ne fais plus que des conférences, ateliers, démonstrations, parfois suivis d’une rare séance de signatures. J’ai pu le faire car je suis arrivé à un niveau de notoriété suffisant pour cela. Je sais que c’est une décision que tout le monde ne peut pas prendre, loin s’en faut.

Je n’ai pas arrêté de dédicacer parce que je n’étais pas payé. Ou parce que j’y perdais beaucoup de temps. Ou parce qu’on revendait mes dessins sur ebay. Ou parce que les incivilités dans les files d’attente me mettaient hors de moi. Ou parce qu’il me paraissait sidérant de voir des gens faire la queue des heures pour mes dessins les plus vite faits de l’année. Ou parce que je ne rencontrais plus mes lecteurs mais que des maniaques de la dédicace. Tous ces problèmes ont participé à ma décision, mais n’en sont pas la raison fondamentale.

Non. J’ai arrêté parce que je suis inquiet de voir les auteurs ne se montrer quasiment que sous le seul jour de la dédicace. Malgré toute la bonne volonté des quelques festivals qui ont un vrai programme culturel. Quand on entre dans une manifestation BD, on ne voit que des files de gens, cachant les auteurs qui, si on arrive enfin à les approcher, s’avèrent avoir la tête baissée sur leur dessin. Passionnant, des zombies devant des fantômes…

La plupart des manifestations ne sont pas des festivals de BD, mais des festivals de dessin original rapide sur page de garde. Une illusion de rencontre, alors que ce ne sont que des usines à faire ces petits originaux. Une machine à faire disparaître la BD et ses auteurs derrière ces petits dessins qui ne sont en rien de la BD. Car la BD, ce n’est pas ça. La BD, c’est du dessin qui demande, pour la plupart des auteurs, un bien plus long travail. La BD c’est surtout une narration qui nécessite au moins deux dessins contigus pour exister. La BD, c’est raconter. Un album de BD, ce n’est donc pas juste un écrin pour mettre un petit dessin original.

Pour résumer, la dédicace a écrasé toute autre sorte de représentation en public des auteurs de BD alors qu’elle n’a plus rien à voir avec notre art et nos pratiques. Je suis donc devenu un militant de la cause « anti-dédicace ». Qu’on remette cette pratique à sa place. Que lorsque l’on rentre dans un festival, on voit en premier des conférences, des expositions, des auteurs qui échangent avec leur lecteurs. Et que les séances de signatures ou de dédicaces ne soient que de lointains satellites des vraies rencontres autour de la vraie BD.

Mobilisation Charte et Snac à Montreuil

Chers auteurs, la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse et le SNAC BD mobilisent les troupes pour le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Ami parisiens, ne manquez pas cette occasion de montrer votre engagement contre la réforme non concertée du RAAP et autres dérapages en cours dans nos métiers. Merci !

Première mobilisation Charte et SnacBD à Montreuil !

À tous les auteur(e)s de BD ,

Comme vous le savez peut-être déjà, les auteurs du livre jeunesse se mobilisent lors du salon du livre de Montreuil qui a lieu du 26 novembre au 1er décembre (plus de détails  ici ).

Comme beaucoup d’artistes et d’auteurs, leurs préoccupations  sont  les mêmes que les nôtres: Réforme du RAAP, de la sécurité sociale, rémunérations, etc.

Joignons- nous à eux dans une semaine lors de l’inauguration du Salon le Mercredi 26 Novembre  pour porter nos revendications ensemble et d’une même voix !

Comment  faire si vous n’avez pas de carton invitation pour l’inauguration ?

Il vous suffit de nous envoyer un mail à info@syndicatbd.org ayant pour titre « action salon de Montreuil »  avec votre nom et prénom. Nous vous renverrons un mail de confirmation* avec les détails d’organisation.

Une nouvelle fois, c’est le moment de montrer que vous êtes toujours déterminés et  que ce mouvement prend même de l’ampleur !

Plus nous serons visibles, plus nous serons entendus.

Restons vigilants et mobilisés !

Le Snac BD

Marche des auteurs à Angoulême 2015

A l’initiative du syndicat SNAC BD, une marche aura lieu samedi 31 janvier 2015 dans les rues d’Angoulême. Au lendemain de la session d’ouverture des États Généraux de la Bande Dessinée, c’est aux revendications immédiates que nous nous consacrerons : le train de réformes catastrophiques qui est en train d’écraser les auteurs doit s’arrêter ! Et pour ceux qui ne seront pas au festival BD, le SNAC va aussi mettre en place des actions pour qu’ils puissent participer à distance. C’est notre avenir qui se joue aujourd’hui, alors mobilisez-vous tous !

Marche des auteurs le samedi 31 janvier 2015

Aux auteurs, aux artistes, et à tous ceux qui les soutiennent,

Il y a près de 40 ans, les artistes auteurs descendaient dans la rue pour que soit créé un régime de sécurité sociale adapté à leurs réalités.

Depuis, attaqués de toute part, nos maigres acquis et nos conditions de travail ne cessent de se dégrader.

La plus urgente menace, contre laquelle nous nous battons depuis six mois, est un projet de réforme non concertée, insoutenable dans ses modalités, reviendrait à nous amputer d’un mois de  revenus – une réforme brutale totalement déconnectée de nos réalités.

Il est temps que les auteurs reprennent la main sur  les conditions d’exercice de leur métier, sur l’évolution de leur statut, et qu’ils puissent prendre part systématiquement aux décisions qui les concernent.

Le Snac BD a annoncé à la conférence de presse du FIBD ce qui pourrait marquer symboliquement et médiatiquement cette reprise en main :

Un appel à l’ensemble des auteurs ainsi qu’aux lecteurs, souhaitant les soutenir, à se mobiliser à Angoulême le Samedi 31 Janvier pour une marche des auteurs et de soutien à la création.

Nous communiquerons prochainement les détails de cette action.

Ne ratons pas ce rendez-vous, restons vigilants et mobilisés !

Le Snac BD

Ouverture des États Généraux de la BD à Angoulême

Lors de la conférence de presse du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, je suis monté hier soir sur scène en compagnie de Benoît Peeters. Nous y avons annoncé la session d’ouverture des États Généraux de la Bande Dessinée se tiendra vendredi 30 janvier 2015 de 10h00 à 12h00 au Théâtre d’Angoulême. Dans le cadre solennel des 700 places de la grande salle seront présentés les acteurs et le programme de travail des États Généraux.

Comment je dessine UW2

Une vidéo qui résume en 7 minutes la manière dont je travaille, aujourd’hui, sur mes albums. Je me suis surpris à la regarder jusqu’au bout : ils sont forts chez Kaboom !