Le Blog

Des nouvelles d’Universal War Two

Il y a quelques jours, j’ai annoncé que j’étais en train de travailler sur un Goldorak en BD. Évidemment, ça a inquiété les lecteurs d’Universal War qui attendent le tome 4 d’UW2 depuis déjà trop longtemps.

Je m’étais longuement expliqué dans un précédent message sur mon retard. Pour résumer, UW2, c’est vraiment très compliqué à faire. Mais vraiment. Ça me colle des angoisses de ne pas être au niveau du synopsis écrit en 1997. Et comme je crains de devenir de plus en plus exigeant en vieillissant, l’énergie que me demande un album d’Universal War ne cesse donc d’augmenter. Cela nécessite non seulement que je sois totalement concentré à la tâche, mais aussi que j’arrive à m’isoler sérieusement de toutes les autres sources de stress.

En me mettant en retrait de mes engagements syndicaux, j’avais bien espéré retrouver en 2020 la sérénité nécessaire. Je me préparais à partager mon temps entre la réalisation d’Universal War Two et celle de notre album de Goldorak (le fameux « projet collectif avec des amis » que j’évoquais dans ce message).

Retrouver en 2020 la sérénité ? En 2020 ? Ah ah ah, pauvre fou…

La crise sanitaire nous a évidemment tous bouleversés, même si nous n’avons pas tous été touchés de près par la maladie elle-même. Les confinements, les restrictions, les sourires masqués, les proches qu’on ne peut plus voir, les terribles difficultés économiques de beaucoup d’entre nous, la flambée des colères et parfois de la bêtise, en particulier sur les réseaux sociaux… tout cela nous a évidemment tous éprouvé. En plus, l’actualité ne s’est pas contentée de la COVID-19 en terme de mauvaises nouvelles. Qui pourrait se vanter de ne pas sortir épuisé émotionnellement de cette année ?

En tant qu’auteur de science-fiction dystopique, j’ai toujours montré des avenirs qui dérapent dans l’espoir qu’ils n’arrivent jamais. Plus on est nombreux à montrer que des chemins mènent à des futurs peu désirables, plus on peut espérer qu’on ne les empruntera pas. Hélas, cette année 2020 nous a donné l’impression de voir s’incarner une de ces dystopies. Même si je veux croire à la force des utopies, la séquence actuelle a été et est toujours profondément angoissante. Vous pouvez donc imaginer à quel point, entre mes questionnements créatifs, la fatigue accumulée par des années d’engagements syndicaux et la crise générale, il a été difficile de travailler sereinement.

J’ai donc décidé de me concentrer ces derniers mois sur le Goldorak, et ce parce que je le devais à mes amis Xavier, Brice, Alexis et Yoann. Ils comptaient sur moi pour que je sois dans les délais. Je leur devais d’apporter à ce projet mon temps, mon savoir-faire, mais aussi et surtout toute ma passion pour Goldorak.

La réalisation du story-board a été plus compliquée que je l’imaginais. Avec Brice et Alexis, on a parfois fait six versions avant d’avoir la bonne ! Ça devenait souvent obsessionnel, on voulait tellement que les scènes, que les images mais aussi que les sentiments soient à la hauteur de nos émotions d’enfance avec Goldorak.

En fait, j’ai même fini par y retrouver les mêmes niveaux d’angoisses créatives que sur Universal War Two. Je ne sais pas trop quelle leçon je dois en tirer, à part que je me colle sans doute trop la pression ! Souvent, je me dis que si je faisais les choses un peu plus à la légère, en me reposant sur un métier de plus de 25 ans, les lecteurs ne verraient sans doute pas beaucoup la différence. Puis je me dis que c’est peut-être ma façon de n’avoir jamais rien lâché tant que je n’avais pas fait de mon mieux qui a fait Universal War tel qu’il est. Et que donc ça se verrait. Et puis, et surtout, nous ne sommes pas des machines, on ne peut pas se changer comme ça, en décidant d’appuyer sur un interrupteur…

La bonne nouvelle, c’est que si réaliser ce Goldorak n’est pas facile, j’y prends aussi un plaisir gigantesque. Je me rends compte que j’apprends énormément en travaillant avec mes amis. C’est super excitant, en fait. Et j’ai d’ores et déjà très envie de voir ce que tout cela va apporter au tome 4 d’Universal War Two.

Voilà, en 2021, je terminerai donc ce Goldorak, et, je me remettrai ensuite, plein de d’énergies nouvelles, à UW2. Dès que ce tome 4 sera assez avancé, je vous tiendrai au courant sur les délais de parutions. Et, si tout va bien, je me lancerai dans les deux tomes restants dans la foulée, histoire d’arrêter de vous torturer à coup de suspens interminable, mes très très chers lecteurs et lectrices.

Vivent Goldorak et Universal War !

 

 

Goldorak : premier teaser vidéo

Le premier teaser vidéo de notre Goldorak est en ligne !

On nous a plusieurs fois demandé de qui était la musique. J’avoue que j’en suis l’heureux créateur, ou le coupable, selon ce que vous en pensez. En fait, c’est l’ensemble de ce petit clip que j’ai réalisé pour le lancement de mercredi dernier.

Cette vidéo est aussi disponible pour le partage sur Youtube et sur Facebook.

 

Laurie Spiegel

Laurie Spiegel, Américaine née en 1945, a beaucoup apporté à la musique électronique.

En plus d’être une musicienne et compositrice de talent, elle a aussi été développeuse informatique. En particulier, elle programma en 1986 le logiciel Music Mouse pour Mac, Atari et Amiga qui permettait d’improviser de manière algorithmique.

Et comme il n’y a rien de mieux que d’essayer soi-même, en voici une émulation en ligne :

Si vous voulez écouter ses œuvres :

 

Si vous voulez en connaitre plus sur son parcours :

Goldorak, go !

Cela fait des années qu’avec quelques copains nous cachons un lourd secret mais, ça y est, nous pouvons enfin le crier sur tous les toits : NOUS FAISONS UN GOLDORAK !

Ceux qui me suivent savent que j’ai très souvent rendu hommage au robot géant de mon enfance. C’est même avec Goldorak que commence pour moi la vie d’auteur, puisque, à l’âge de dix ans, j’avais imaginé et dessiné une aventure en 24 pages du héros.

Comment est né ce projet ? C’est lors du festival d’Angoulême de 2016, que Xavier Dorison raconta par hasard à Christel Hoolans, directrice de la maison d’édition Kana, que son plus grand rêve serait d’écrire une nouvelle aventure de Goldorak. Mais le hasard existe-t-il ? Christel venait justement d’entrer en contact avec Gō Nagai, le génial créateur du héros de notre enfance, avec cette même idée !

C’est donc un Xavier avec une tête de gamin en train de préparer un vol de sucreries qui m’approcha durant le festival : « Denis, tu sais qu’on pourrait avoir le droit de faire une BD de Goldorak ? ». À cet instant, les sismologues ont dû enregistrer un petit tremblement de terre inexplicable avec Angoulême pour épicentre. Mon vieux camarade connaissait déjà ma réponse, vu comment je suis un fan inconditionnel de Goldorak. Passée l’excitation, je réalisais que si on voulait que ce livre soit au top du top, il fallait qu’on s’entoure d’autres talents. Le soir même, j’attrapais donc mon copain de l’Atelier virtuel, Alexis Sentenac. Boum, re-séisme ! À deux heures du matin, l’onde de choc réveillait Brice Cossu sur la Côte d’Azur. Puis, quelques jours après, elle emportait Yoann Guillo en Bretagne. Notre « patrouille des aigles » était enfin complète !

Pourquoi n’en avons-nous pas parlé plus tôt ? Gō Nagai, le créateur de Goldorak, à qui nous avons présenté le projet il y a déjà quatre ans, nous a en fait donné son accord très vite,. Nous lui avions présenté un dossier avec croquis, synopsis et planches d’essai. Mais, Goldorak, c’est un mythe, et il a fallu de très longs mois pour arriver à régler, en japonais, tous les aspects d’un tel contrat.

Qui fait quoi dans notre petite bande d’auteurs ? Dans les premiers mois, Xavier et moi avons commencé par réfléchir à une histoire, puis c’est Xavier qui l’a scénarisée intégralement. Puis Alexis, Brice et moi avons réalisé un minutieux brouillon des pages, le story-board, afin que Gō Nagai puisse valider leur travail. Tous les trois, nous sommes aujourd’hui en train de dessiner les planches de cette nouvelle aventure du prince d’Euphor. Enfin, Yoann, va apporter sa science de la couleur au robot de l’espace. Cet album de Goldorak, est donc, pour nous cinq, à la fois un rêve de gamins qui devient réalité mais aussi une grande histoire d’amitié. Et puis, plus on est de fans, plus on rit !

Kana nous avait proposé de présenter le projet à quelques privilégiés lors du festival d’Angoulême 2020. En plus des deux planches d’essai envoyées quatre ans plus tôt à Gō Nagai, ils avaient pu découvrir quelques extraits du story-board que nous étions en train de réaliser :

 

Hier, c’était enfin la présentation publique, en vidéoconférence comme il se doit en ce moment. Ça devait durer 20 minutes, mais, avec cinq auteurs trop heureux d’enfin dévoiler leur projet, c’est devenu une heure. Mais notre enthousiasme semble avoir été communicatif vu les nombreuses réactions en ligne ! Merci à vous, cela nous a fait très plaisir.

Le replay :

Et que ce soit dit : nous sommes tous incroyablement heureux de travailler sur ce projet. Merci Gō Nagai ! Merci Kana ! Goldorak, go !

 

Loi sécurité globale : très sévère avis du Défenseur des droits

Je me suis inquiété plus d’une fois sur ce blog de la dérive autoritaire et sécuritaire en France. Il est à craindre pourtant que nous continuions de dévaler cette mauvaise pente avec la proposition de loi n°3452 relative à la sécurité globale, examinée depuis mercredi par les députés.

Heureusement, il n’y a pas que les organisations de défense des droits de l’homme et les militants des libertés publiques qui s’insurgent contre elle. Aujourd’hui, c’est la Défenseure des droits qui vient d’émettre un très sévère avis sur cette proposition de loi.

Autorité indépendante chargée de veiller au respect des règles de déontologie par les professionnels de la sécurité, publique comme privée, le Défenseur des droits a apporté ses observations dans un avis publié ce jour sur la proposition de loi relative à la « Sécurité globale ».

La Défenseure des droits, Claire Hédon, considère en effet que cette proposition de loi soulève des risques considérables d’atteinte à plusieurs droits fondamentaux, notamment au droit à la vie privée et à la liberté d’information.

Elle est particulièrement préoccupée par les restrictions envisagées concernant la diffusion d’images des agents des forces de sécurité dans l’exercice de leur fonction. Elle demande à ce que ne soient, à l’occasion de ce texte, entravés ni la liberté de la presse, ni le droit à l’information. Elle tient en effet à rappeler l’importance du caractère public de l’action des forces de sécurité et considère que l’information du public et la publication d’images relatives aux interventions de police sont légitimes et nécessaires au fonctionnement démocratique, comme à l’exercice de ses propres missions de contrôle du comportement des forces de sécurité.

Dans son avis, la Défenseure des droits souligne également les points suivants comme étant susceptibles de porter atteinte à des droits fondamentaux :

– La possibilité pour les policiers municipaux et les agents de la ville de Paris de consulter les images des caméras de vidéo protection – habilitation jusque-là strictement encadrée – porterait une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée. Ces images étant de nature à permettre l’identification des personnes, cette disposition serait contraire à nos engagements européens comme à nos obligations constitutionnelles.

– L’exploitation en temps réel des images des caméras piétons des policiers, sans objectif explicite dans le texte, est susceptible de porter une atteinte disproportionnée au respect de la vie privée.

– Enfin, le recours aux drones comme outil de surveillance ne présente pas les garanties suffisantes pour préserver la vie privée. En effet, les drones permettent une surveillance très étendue et particulièrement intrusive, contribuant à la collecte massive et indistincte de données à caractère personnel.

La Défenseure des droits suivra avec la plus grande vigilance la suite des discussions parlementaires.

Confinement sanitaire : et nos ateliers ?

Auteurs, autrices, pouvons-nous nous rendre à notre atelier pour travailler ? Il est évident que pour que le confinement sanitaire soit le plus efficace possible, ceux qui le peuvent doivent rester chez eux. Mais le manque de certains matériels ou de place à domicile peuvent imposer de devoir aller travailler à son atelier.

Heureusement, si on lit le décret1 qui régit le confinement sanitaire actuel, il semble tout à fait possible de continuer à s’y rendre, et ce sans limite de temps ni de distance. Je vous renvoie à ce sujet l’analyse juridique2 du syndicat CAAP, qui est comme toujours des plus justes

Cependant on sait que pendant le premier confinement certains représentants des forces de l’ordre se sont montrés très inquisitoriaux. Il ne faut donc surtout pas hésiter à abuser des documents prouvant à la fois que vous êtes auteur et que vous avez un atelier professionnel.

Voici une petite liste de documents à présenter en cas de contrôle :

Attestation de déplacement dérogatoire :

  • Case cochée : « déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle ».

Attestations que vous êtes artiste-auteur :

  • attestation Urssaf artiste-auteurs
  • avis de situation SIREN (si vous avez un SIREN)
  • copie de relevé récent de droits d’auteur
  • copie de contrat d’édition
  • tout simplement un de vos livres les plus récents

Document prouvant l’existence du local professionnel :

  • copie du bail de location
  • copie de l’avis de taxe foncière
  • attestation d’assurance
  • facture téléphone, EDF etc. récente
  • pourquoi pas copie d’un article de journal présentant l’atelier

N’hésitez pas à multiplier les pièces, au cas où vous tomberiez sur un contrôleur exagérément tatillon.

Voilà, bon courage à tous !

Notes

1Décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042475143

2Statut Facebook du CAAP, Comité Pluridisciplinaire des Artistes-Auteurs·trices : https://www.facebook.com/caapartsvisuels/posts/1566750660179920

Les nouveaux westerns

SpaceX et Elon Musk déclarent qu’ils établi­ront leurs propres lois sur Mars

SpaceX, l’en­tre­prise aéro­spa­tiale privée d’Elon Musk, ne recon­naî­tra pas le droit inter­na­tio­nal sur Mars, révèlent les condi­tions géné­rales de son projet d’in­ter­net par satel­lite Star­link. Elle compte y établir ses propres lois, guidées par des « prin­cipes d’au­to­no­mie », qui seront défi­nies au moment de la colo­ni­sa­tion de la planète rouge, rapporte The Inde­pendent ce 29 octobre.
Sarah Ben Bouzid / Ulyces.com

Les lecteurs d’Universal War one doivent être à peine surpris d’apprendre que SpaceX, la société privée d’Elon Musk, lancée dans la colonisation de Mars, compte donc ne reconnaitre aucun droit national ou inter­na­tio­nal si elle y arrive. On est bien dans l’idée des CIC d’UW1 (Compagnies industrielles de colonisation), totalement indépendantes et totalement au service, hélas, d’intérêts économiques et particuliers.

Il faut bien réaliser que dans la tête de tous ces Américains, et pas que, la conquête spatiale privée, c’est la “nouvelle frontière”, la nouvelle conquête de l’ouest, le Far West quoi. Si on y ajoute la volonté du capital de ne plus contribuer au national et au collectif, fiscalement bien sûr, mais aussi sur plein d’autres terrains…

Bref, quand j’ai écrit UW1, il me paraissait évident qu’il ne pourrait pas en être autrement.

Comment vont répondre les États ? Vont-ils, comme dans UW1, réussir à s’entendre au sein de l’ONU pour garder encore quelques décennies un certain contrôle sur cette privatisation du système solaire ? Ou au moins en tirer un certain profit pour leurs populations ? Ou vont-ils continuer à laisser faire les multinationales comme aujourd’hui ?

En espérant que la réalité me donnera tort et que tout ça ne se terminera pas en guerre.

Universal War One – tome 5

Utopies

Voici la page des remerciements de Inhumain, paru début octobre. Valérie et moi nous faisions une joie de présenter et signer cet album à Nantes lors des Utopiales et de pouvoir l’offrir à nos camarades de jeu là-bas.

L’annulation de ce festival, c’est l’annulation du cœur battant de la science-fiction française. Depuis 20 ans, c’est le rendez-vous de ceux et celles qui refusent de laisser triompher les dystopies. Si nous y dénonçons sans cesse toutes les dérives de notre monde, c’est toujours dans l’espoir d’en construire un meilleur. Nous voulons tous croire que demain sera mieux qu’hier. Si les utopies sont des horizons inatteignables par principe, ce sont aussi de prodigieux moteurs pour changer le monde.

L’annulation des Utopiales n’est pas un petit symbole, donc. Mais, croyez-moi, nous sommes de dangereux utopistes. Il est hors de question d’arrêter de regarder avec espoir vers l’horizon.
Bon courage à tous pour cette période.

Deux vrais complots

Voici deux documentaires à voir sur deux mouvements extrêmement dangereux pour la démocratie aux USA, et qui ont compté ou comptent des millions d’Américains dans leurs rangs. Sachant que Leurs liens avec l’actuelle élection présidentielle américaine sont plus qu’effrayants…
QAnon

Plusieurs millions d’Américains sont aujourd’hui convaincus par la théorie du complot QAnon. Pour faire très court, un vaste réseau satanique regrouperait des élites politiques, financières et médiatiques, dans le but principal de commettre des crimes pédophiles. Au cœur de ce délire complotiste, les messages crypto-prophétiques d’un mystérieux Q publiés à partir d’octobre 2017 sur les forums anonymes 4chan et 8kun.

Trois ans après, des millions de citoyens lambda sont maintenant persuadés que Donald Trump mène une guerre secrète contre ce réseau pédo-satanique qu’ils pensent très sérieusement dirigé par les Clinton, Obama, Biden et autres démocrates en vue, ainsi que par un soi-disant “Deep State” qui gangrénerait l’État américain. Et Donald Trump de ne surtout pas démentir…

Tous ces braves gens sont tellement sûrs qu’ils sont en guerre contre le mal absolu que de plus en plus sortent des réseaux sociaux pour en venir aux armes et au meurtre. Bref, QAnon, c’est le moment où une théorie du complot devient elle-même un très grave complot contre la démocratie.

La première partie de ce documentaire retrace la naissance de QAnon. À regarder absolument :

Ku Klux Klan

Le Ku Klux Klan a plus de 150 ans d’existence. Il a compté plus de 3 millions d’Américains dans ses rangs. Ses convictions racistes ont irrigué une bonne partie de l’histoire des USA. C’est en fait le plus vieux groupe terroriste en activité dans ce pays. Je ne peux que vous recommander de voir ce passionnant documentaire proposé en replay par Arte :

Lactalis, l’ogre du lait

Il y a quatre ans, je parlais de la prise de contrôle de Graindorge par le groupe Lactalis. Je m’inquiétais de l’impact que ça aurait sur le Camembert de Normandie. À juste titre, puisqu’à peine deux ans plus tard, cette AOP se retrouvait en effet grandement menacée par Lactalis et son allié Isigny-Sainte-Mère.

Il faut dire que cette multinationale bien française est régulièrement impliquée dans des scandales sanitaires, écologiques et sociaux1. Fraude sur le lait et les fromages, recyclage de produits périmés, entente sur les prix, lait infantile contaminé, refus de publication des comptes annuels, baisse unilatérale de la rémunération des producteurs et éjection de ceux qui osent dénoncer les pratiques du groupe.

Aujourd’hui, une grande enquête est publiée par DIsclose, site web d’investigation des plus sérieux, en partenariat avec Mediapart, Envoyé Spécial, France Culture, Brut, The Guardian et Le Poulpe. C’est un véritable film d’horreur. Il est vraiment temps que la justice force les portes de cette société et y fasse un grand ménage, au propre comme au figuré :

Personnellement, je boycotte autant que je peux cette entreprise. Mais ce n’est pas simple vu sa taille.

Lactalis, c’est l’ancienne fromagerie Besnier fondée à Laval en 1933, devenue en moins d’un siècle un des ogres de l’agro-alimentaire. C’est la plus grande entreprise de transformation de produits laitiers au monde après le groupe suisse Nestlé. Ce serait la première entreprise agro-alimentaire de France en chiffre d’affaire, devant Danone. Lactalis emploie environ 85 000 salariés dans plus de 250 sites industriels à travers le monde, pour un chiffre d’affaire annuel de 20 milliards d’euros.

Ses marques sont partout. Dans le camembert, c’est Président, Lanquetot, Lepetit, Graindorge et toutes leurs sous marques. Dans les autres fromages, c’est roquefort Société, Bridel, Bridélight, Rondelé, Chaussée aux moines, Primevère, Salakis, Istara, P’tit Basque, Lou Pérac, Corsica mais aussi Galbani, Santa Lucia… Dans le lait et le beurre, ce sont les marques Lactel, Président, Bridel, Puleva… Enfin, pour les bébés et enfants, ce sont les marques Celia, Picot, Taranis, Milumel…

Lactalis ne travaille pas toujours seul. Dans sa société conjointe avec Nestlé, Lactalis fabrique les yaourts et desserts La Laitière, Yoco, Flanby, Sveltesse, Viennois, B’A ainsi que des produits Lion, Kit Kat, Smarties… Lactalis possède aussi un quart de Bel, c’est à dire de La Vache qui rit, Sylphide, Babybel, Leerdamer, Boursin, Kiri…

On le voit, on se nourrit tous plus ou moins chez Lactalis, venant enrichir la famille Besnier qui possède la totalité du capital de la société, pour une fortune estimée à 12 millards d’euros. La transparence n’est déjà pas le fort du monde des affaires, mais en étant absente des marchés boursiers, Lactalis n’a de comptes à rendre qu’à la famille Besnier, au point même de refuser de publier ses comptes annuels au mépris de la loi.

Combien d’enquêtes effrayantes et de procès va-t-il falloir pour que Lactalis arrête toutes ses mauvaises pratiques ? Combien d’appels au boycott avant que la population fasse payer lourdement en magasin les trop nombreuses dérives de ce groupe ?

 

Notes