Le quartier latin se vide de ses libraires

© Julien Primard
© Julien Primard

La librairie Boulinier historique du quartier latin est obligée de fermer ! C’est donc un des plus anciens commerces de bande dessinée de Paris qui disparait. Installé depuis 1938 au début du boulevard St-Michel, Boulinier avait basculé vers la BD dans les années 80 et vers l’occasion dans les années 90. Avec Gibert et Aaapoum bapoum, ce fut une de mes principales sources d’approvisionnement d’étudiant fauché.

Les libraires sont à la merci de propriétaires des murs qui peuvent ne pas renouveler leur bail. Juste pour toucher de plus gros loyers. Hélas, la plupart des commerces sont plus lucratifs au m2 que celui du livre. Quand les librairies sont installées depuis longtemps dans des quartiers qui ne cessent de se gentrifier, elles sont particulièrement menacées. Dire qu’elles finissent en général remplacées par des franchisés ou des agences comme il y a en a déjà mille. Comme la grande librairie Dupuis/Glénat/Album du boulevard St-Germain disparue au profit d’un assureur aux vitrines mortes…

 

2015 / 2020 © Google Street View
2015 / 2020 © Google Street View

Et la liste est longue. Je pense en particulier à la mythique librairie La Hune, ou j’avais eu le plaisir d’être reçu pour une  conférence et un cocktail, victime d’un terrible incendie et convertie depuis en « corner shop », ou à la Libraire des Presses Universitaires de France, place de la Sorbonne, ou j’avais mes habitudes étudiant, et dont la fermeture fut tout un symbole…

Acculturation et uniformisation…

 

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Les robots sont parmi nous

Depuis quelques jour, la cité-État de Singapour expérimente les “chiens-robots” de la société Boston Dynamics pour vérifier l’application des mesures anti COVID-19.

Tous ceux qui ont vu la série Black Mirror ne peuvent s’empêcher d’avoir un petit frisson dans le dos…

À ce sujet, je ne peux que vous recommander de regarder jusqu’au bout cette autre vidéo :

 

Du côté de chez Swan

© Gerald Rhemann

Voici madame Swan, pris en photo dans le ciel de Namibie par Gerald Rhemann. Cette comète, qui répond aussi au doux nom de C/2020 F8, est en train de passer au plus près de la Terre, à un plus de 84 millions de kilomètres (tout de même).

Il faut être dans l’hémisphère sud pour observer la comète Swan en ce moment, mais elle devrait être visible pour nous à partir du 21 mai, peu avant l’aube, et ce juste au dessus de l’horizon, dans la constellation de Persée. Si tout va bien, elle atteindra son éclat maximum un peu moins d’une semaine après, le 27, quand elle sera au plus proche du Soleil. À surveiller pour les lève-tôt, donc.

Et en bonus, une petite capture animée :

 

Antonov 225

Hier soir, j’entraperçois un reportage sur le “plus gros avion du monde” qui apporte huit millions de masques en France. À l’écran, un avion cargo Antonov avec six réacteurs contre quatre habituellement… Il a en plus d’étranges protubérances à l’endroit où les ailes rejoignent la carlingue.

Tout cela me titille l’hippocampe, mais c’est ce matin que je connecte : c’est l’avion qui transportait la navette spatiale russe Bourane dans les années 80 !

 

Antonov An-225 transportant la navette spatiale Bourane au Bourget en 1989. © Master Sgt. Dave Casey - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
An-225 et Bourane au Bourget en 1989
Antonov An-225 et Bourane en vol. © Ralf Manteufel - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
An-225 et Bourane en vol

Mais n’était-ce pas un modèle unique ? Wikipedia me confirme que oui. Et c’est bien lui qui est revenu se poser en France plus de 30 après !

Développé à partir de l’An-124, l’appareil avait pour but premier le transport de la navette spatiale russe Bourane, cependant ses capacités militaires étaient évidentes. Le seul exemplaire achevé de l’An-225 prit l’air pour la première fois à Kiev le 21 décembre 1988. Au cours d’un vol de 3 h 30 min le 22 mars 1989, l’An-225 battit 106 records du monde dont : celui de la masse maximale au décollage avec 508 200 kg, de la charge utile avec 156 300 kg et de l’altitude maximale avec charge en atteignant 12 340 m2. Quelques jours plus tard, le 13 mai 1989, il décolla avec la navette spatiale Bourane et participa au salon du Bourget en juin 1989.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique et l’arrêt du programme spatial, la mission initiale de cet appareil fut abandonnée et l’appareil fut remisé en 1994, et ses 6 réacteurs furent démontés pour être réutilisés sur des Antonov 124. La construction du second appareil fut alors arrêtée.

Il reprit du service au printemps 2001 et apparut au salon du Bourget cette même année. Par la suite, il a été exploité par la compagnie ukrainienne Antonov Airlines pour des vols cargos à la demande. Après un chantier de modernisation de 18 mois où il reçoit, entre-autres, un système de gestion des réacteurs conçu en Ukraine, il effectue un vol d’essais le 25 mars 2020.https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225

Et pour ceux qui voudraient encore plus d’informations :

 

© Clem Tillier (clem AT tillier.net) - Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonov_An-225
Comparaison des tailles des avions géants

Juan Gimenez

Juan Gimenez vient de décéder du COVID-19 à l’âge de 76 ans.

Je me souviens très bien des premières fois où j’ai vu son travail. On était bien avant l’ère informatique et il était un des seuls qui savaient, à la peinture, faire les effets de lumières propres à la science-fiction. À commencer par les lasers.

C’est idiot comment on s’attache parfois à ce genre de détails dans un travail avant de remarquer tout le reste. Car l’art de Juan Gimenez n’était pas avare en talents et en morceaux de bravoure. Grâce à cette profusion, Il était un des rares à parfaitement réussir à combiner la SF d’aspect technologique et l’épique le plus baroque. En ça, il était le maître du space opera en BD. Je me suis souvent dit qu’il aurait été l’illustrateur parfait du Dune de Frank Herbert…

Je cherche un peu mes mots, pris par l’émotion. Vous l’aurez compris, c’est un monument de la bande dessinée de science-fiction qui vient de disparaitre.

Toutes mes condoléances les plus sincères aux siens.

Albert Uderzo

J’apprends le décès d’Albert Uderzo. C’est un extraordinaire dessinateur qui vient de nous quitter. On ne l’imagine sans doute pas en voyant mes BD de science-fiction réaliste, mais J’ai toujours regardé de très près son travail. Albert Uderzo m’a donc beaucoup aidé à progresser, comme il a dû aider beaucoup d’autres dessinateurs et dessinatrices j’imagine. Hélas, je ne l’ai jamais croisé dans des circonstances un peu calmes. Je n’aurai donc jamais eu l’occasion de lui dire toute mon admiration, mais surtout de le remercier pour tout ce qu’il nous a offert.

Avec mes plus sincères condoléances aux siens.

En illustration, un dessin que j’avais posté sur les réseaux sociaux pour ses 90 ans.

 

Être responsables pour ne pas être coupables

Selon qu’on est désinvolte ou paranoïaque, l’actuel coronavirus passe pour une grippette ou pour une maladie mortelle… En fait, tout le monde a raison.

Le principal problème avec le COVID-19, c’est que pour les plus fragiles (mais pas que), il peut vite tourner au “syndrome respiratoire aigu”. Les poumons ne fonctionnent plus correctement et les gens n’arrivent plus à respirer. On peut s’en sortir en étant mis sous assistance respiratoire extra-corporelle dans un service de réanimation hospitalier : en gros, on met en place un circuit externe pour oxygéner directement votre sang.

Dans toutes les autres situations, c’est en effet une simple “grippette”. Mais si cette grippette circule librement, le nombre de cas aigus ne peut qu’augmenter. Et là est le second problème : il n’y a pas du tout assez d’équipements hospitaliers pour mettre en même temps des dizaines de milliers de patients sous assistance respiratoire extra-corporelle. Et c’est à ce moment que risque d’exploser la surmortalité…

Pour résumer, c’est une grippette, très contagieuse mais peu dangereuse. Mais comme elle est très contagieuse, il y a vite beaucoup de cas, et les cas graves ne peuvent plus être tous traités correctement par les hôpitaux. La grippette devient alors tristement mortelle.

Que faire alors ? Être très prudent, pour ralentir au maximum la pandémie. Moins il y aura de cas en même temps, plus les cas aigus auront de chance de s’en sortir.

Personnellement, je ne me sens pas vraiment menacé, mais je ne voudrais pas que quelqu’un de mon entourage meure parce que je lui ai fait la bise, parce que je ne me suis pas lavé les mains ou parce que j’ai voulu continuer à sortir comme si de rien n’était… Espérons que tout le monde comprendra que l’heure est venue de tous nous protéger les uns les autres.

 

PS : Cette réflexion vient après une longue discussion sur Skype avec des amis italiens enfermés chez eux, qui regrettent bien de ne pas avoir été, collectivement, plus prudents plus tôt.

 

Le mot « professionnel » fait toujours peur

Ce matin, je lis une tribune qui s’en prend au rapport Bruno Racine et à la Ligue des auteurs professionnels sous la plume du président de la SGDL. Voilà qui s’ajoute aux récents propos peu confraternels du SNAC. On comprend mieux les tensions qui ont poussé la Ligue à quitter le CPE.

Aujourd’hui, l’attaque porte sur la notion même de « professionnel ». Clairement, un gros mot.

Rappelons-le : la Ligue se bat pour que le plus d’artistes-auteurs possible aient accès à un solide statut professionnel. Étonnement, ce mot de « professionnel », certains nous le reprochent sans arrêt, depuis le début, comme s’il était excluant, comme s’ils avaient peur de ne pas en faire partie, de se retrouver classer dans une catégorie « amateur ». Rappelons bien de quoi nous parlons : de protection sociale, pas d’autre chose ! Pas de savoir qui fait bien ou mal ses livres ! Notre principal sujet est de mieux protéger les auteurs et autrices qui n’ont pas d’autres moyen d’avoir une protection sociale par ailleurs, parce qu’ils n’ont pas d’autre métier en fait. C’est exactement ce que nous disons dans le document que nous avons remis à la mission Bruno Racine, en proposant de mettre en place un « statut à points » qui permette, en multipliant les critères autres que les revenus, de rattraper le maximum de gens, bien en dessous des seuils actuels, et dans des pratiques bien plus ouvertes, dont l’auto-édition.

Bref, depuis des semaines, c’est l’attaque en règle contre la Ligue des auteurs professionnels, quitte à raconter n’importe quoi, quitte à tordre le bras à la réalité ou à nos propos. À les lire, on a l’impression qu’ils paniquent à l’idée qu’on change le statut des artistes-auteurs. Comme s’ils pensaient que la situation actuelle n’était pas si mal, qu’il n’y avait pas de gros problèmes, qu’il n’y avait pas d’urgence, qu’il n’y avait pas de crises grave pour les artistes-auteurs. De fait, si on évacue les immenses difficultés que rencontrent les auteurs et autrices professionnels aujourd’hui, en effet, la situation ne va pas si mal, on continue à publier des livres et ils continuent à être lus. Bref, en effet, continuons à laisser disparaître tous les professionnels, comme ça il n’y aura plus de problème.

La panique de tous ces gens est multipliée par le fait que, si les choses changent, en plus ce n’est pas du tout de leur fait. Car, oui, en un peu plus d’an d’existence, c’est la Ligue des auteurs professionnels qui a énormément fait bouger les choses. Elle est à la base de toute la séquence qui a amené au rapport Bruno Racine. Elle a longuement travaillé pour apporter une très riche contribution, là où ceux qui pleurent aujourd’hui ont fait les choses, disons, avec beaucoup moins de conviction. Notre faute est donc d’avoir osé faire bouger les choses et d’avoir travaillé pour cela ! Et trop vite, apparemment ! En effet, on nous reproche d’imposer un rythme fou, impossible à suivre. Sacrée Ligue, qui irait trop vite alors qu’elle n’est composée que d’auteurs et autrices bénévoles. Surtout, comment peut-on nous dire que nous allons trop vite ? Comment, ça, il n’y aurait pas d’urgence ? Bref, continuons à laisser disparaître tous les professionnels, comme ça il n’y aura plus d’urgence du tout.

On reproche enfin à la Ligue d’être récente, d’être bien jeune. C’est oublier qu’elle a en partie était fondée par des organisations plus anciennes, dont la Charte et ses 45 ans d’existence. C’est oublier, aussi que ces fondateurs sont des auteurs et autrices bénévoles engagés pour certains depuis 20 ans dans la défense et la représentation de leurs collègues. C’est surtout très maladroit : la Ligue a le bon goût, elle, de ne pas traiter les autres de vieillard ou d’impotent…

Tous ces gens ont fait leur possible pour que le rapport Bruno Racine soit enterré, ou ait le moins de conséquences possibles. Tous ces gens sont en particulier opposés à la création d’élections professionnelles. C’est pour ça qu’il faut s’en prendre à la notion de professionnel. Mais, et surtout, il ne faudrait surtout pas que les artistes auteurs puissent dire qui parlera en leur nom demain pour la gestion de leur statut social. À la Ligue, depuis le début, nous sommes pour cette démocratie professionnelle. Parce qu’il n’y a que les créateurs et créatrices pour savoir qui défend vraiment leurs intérêts réels, qui se bat pour régler leurs problèmes de tous les jours, qui leur offre un avenir. Bref, qui ne fait pas comme s’il n’y avait pas de graves problèmes, de vraies urgences, qui refuse que disparaissent tous les professionnels.

Pour finir, je tiens à remercier tous ceux qui veulent que rien ne change pour une chose : vos attaques sont tellement maladroites que vous êtes en train de faire une formidable publicité à la Ligue. Grâce à vous, les auteurs et autrices commencent à bien mieux voir qui est pour que rien ne change et qui est pour que notre statut se renforce enfin sérieusement !

Bref, auteurs, autrices, laissez tomber ceux qui vous disent que « professionnel » est un gros mot. Si vous voulez rester professionnel, ou le devenir, ou les soutenir, adhérez à la Ligue des auteurs professionnels !

Des neurones pour agrandir nos images

Ce matin, en utilisant Waifu2x, et je me suis dit qu’il pourrait rendre service à plus d’un ami, en particulier aux dessinateurs et dessinatrices.

À l’origine, Waifu2x était un outil qui permettait d’agrandir proprement des images issues de mangas et d’animes. Depuis, il a fait ses preuves sur tout type de dessins, d’images graphiques mais aussi de photos.

Au lieu de zoomer bêtement dans les pixels, avec le résultat imprécis et flou que l’on connait, Waifu2x recalcule l’image par le biais d’un réseau de neurones convolutifs. Cette branche de ce qu’on appelle l’intelligence artificielle imite les processus biologiques, dans ce cas précis, ce qui se passe avec la vue dans un cerveau : filtrer, différencier, reconnaitre, apprendre, comprendre1 .

Le résultat est le plus souvent bluffant. Par exemple,  en repartant d’une photo très peu définie de Valérie et moi trouvée sur Internet :

 

Cliquez pour agrandir

 

J’ai évidemment aussi testé Waifu2x sur mes dessins. J’ai volontairement abimé mon fichier original, et la “restauration” est plus que correcte :

 

Animation des deux versions

 

Il y a plusieurs versions de cet outil disponibles, mais le plus simple, pour commencer, est d’utiliser le site web :

Notes