Un dessin en accéléré

Il y a quelques temps, j’avais proposé de faire cinq dédicaces payantes au profit de la librairie La Cour des Miracles qui rencontrait de sérieuses difficultés économiques. Comme tous les lecteurs sélectionnés n’avaient pas pu venir sur place, j’ai réalisé une partie des dessins à la maison. Ça a été l’occasion de poser une caméra au-dessus de ma table afin vous montrer comment je réalise ce genre de « dédicaces » couleurs. Je vous laisse découvrir en cinq minutes ce qui m’a pris quelques heures de travail 🙂

 

 

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25 ans de la Cour des miracles

En 2006, j’ai arrêté de faire des dédicaces dessinées, pour plein de raisons que j’avais expliquées à l’époque. En 2015, j’avais tout de même accepté de refaire cinq belles dédicaces payantes pour aider à financer un nouveau festival dont j’étais le parrain.

Huit ans plus tard, j’ai donc remis le couvert pour soutenir l’ami Jean-Marie Le Callonec et sa librairie, La Cour des Miracles à Caen, qui s’est retrouvée hélas en difficultés économiques après 25 ans de passion au service de la Bande Dessinée.

Sur les cinq dédicaces couleurs vendues 500 € au profit de la librairie, j’ai eu le plaisir d’en réaliser deux sur places pour deux fans qui avaient fait le déplacement, l’un de Paris, l’autre du nord de la France. Nous avons donc passé deux heures ensemble à papoter, le temps que je réalise les dessins.

L’ambiance de la journée a été plus qu’excellente, et ça faisait très plaisir de voir autant de gens entourer Jean-Marie pour les 25 ans de la librairie. Jean-Marie, on te souhaite le meilleur pour la seconde partie de cette aventure !

Et merci à Valérie pour les photos.

 

 

Cinq dédicaces à 500€ pour soutenir un libraire

En 2006, j’ai arrêté de faire des dédicaces dessinées, pour plein de raisons que j’avais expliquées à l’époque. En 2015, j’avais tout de même accepté de refaire cinq belles dédicaces payantes pour aider à financer un nouveau festival dont j’étais le parrain.

Huit ans plus tard, je remets le couvert pour soutenir l’ami Jean-Marie et sa librairie La Cour des Miracles à Caen. Je réaliserai cinq dédicaces en couleur (encres ocre jaune et ocre rouge + trait noir) dans l’album Universal War 1 ou 2 de votre choix.

Chaque dédicace sera vendue à 500 euros. C’est, bien sûr, hors de prix, mais c’est pour une bonne cause. Je précise que je ne toucherai pas un centime sur cette opération « caritative ». Et à ce prix, vous pourrez choisir évidemment ce que je vous dessinerai (dans les limites du raisonnable et du bon goût, évidemment).

Je réaliserai ces cinq dessins à la librairie pendant l’après-midi du 15 avril. Cela permettra à ceux qui n’auront pas les moyens de s’offrir un tel cadeau d’au moins profiter de cette session de dessin. Ce sera surtout l’occasion de venir discuter. Et comme ce sera ce jour-là les 25 ans de la librairie, il y a tout un programme festif de prévu !

Pour vous inscrire, contactez Jean-Marie Le Callonec, le libraire. La priorité sera donnée à ceux qui pourront être présents sur place, puis aux premiers inscrits.

Voilà, je compte sur vous pour participer à ce grand plan de sauvegarde de La Cour des Miracles !

 

⚠️ MISE À JOUR : LES DÉDICACES SONT DÉJÀ TOUTES RÉSERVÉES

La Cour des Miracles

Adresse : 51 Rue Froide, Caen, France

Téléphone : 02 31 86 46 02

Email : lacourdesmiracles.caen@gmail.com

Rendez-vous de la BD d’Amiens 2022

Depuis plus de 20 ans, je me rends avec beaucoup de plaisir au Rendez-vous de la Bande Dessinée d’Amiens. Cette année, ses organisateurs m’ont fait l’honneur de me confier leur affiche. Je serai donc au festival du 4 au 5 juin pour rencontrer le public qui s’y pressera j’imagine en nombre. Et, dès le 2 juin, j’inaugurerai la grande exposition consacrée à mon travail et à la BD Goldorak. Elle restera visible à la Maison de la Culture d’Amiens jusqu’au 2 octobre.

L’affiche

La première image que j’ai dessinée pour l’édition 2022 des Rendez-vous BD était une carte de vœux. On y voyait des personnages de BD transformer un méchant coronavirus en gentil smiley.


En ce début d’année, on avait espoir qu’en juin la crise COVID serait enfin derrière nous. C’était se réjouir un peu tôt (sans parler du fait que Valérie et moi allions attraper le virus au festival d’Angoulême peu après et passer un très mauvais moment).

C’était avec la même envie de tourner la page de la crise sanitaire que j’avais proposé aux Rendez-Vous une affiche très positive. Mes premières recherches ne me plaisaient pas : on y voyait un gigantesque Goldorak surplombant la ville d’Amiens, mais cela lui donnait un air bien trop guerrier à mon goût. La version finale est beaucoup plus tendre : devant la cathédrale de la ville, des enfants de BD grimpent dans la main du robot géant. Ainsi Goldorak ne représente plus une arme de guerre, mais une main tendue en signe de paix.

Je suis encore plus heureux d’avoir fait ce choix aujourd’hui. En effet, depuis, la guerre, la vraie, s’est tristement invitée dans nos vies d’Européens. Comme beaucoup, j’ai été choqué de voir autant d’innocents souffrir et mourir parce qu’un type dans son bureau a pensé qu’il pouvait imposer sa volonté à un autre pays. Si l’auteur d’Universal War a beaucoup parlé de la folie des hommes et de la guerre, je suis heureux que cette affiche, comme notre BD Goldorak, parlent finalement de paix.

Oui, depuis près de 25 ans, les Rendez-vous de la Bande Dessinée d’Amiens sont un lieu d’amusement, de culture et de rencontre. Je serai donc très heureux de retrouver le public et les amis d’Amiens dans quelques jours.

 

Le programme

Du 2 juin au 2 octobre
Grande exposition de Goldorak à Goldorak

Sous le titre De Goldorak à Goldorak la Maison de la Culture d’Amiens accueille une exposition consacrée à mon parcours. Un événement à ne surtout pas manquer si vous êtes fan du robot de l’espace ou de mon travail.

Entrée libre

Inauguration le 2 juin à 18h30

Pour en savoir plus :

Le 4 et 5 juin
Rencontres, ateliers et signatures

Halle Freyssinet, rue de la vallée

▶︎ SAMEDI 4 JUIN

▹ 11h00 – 12h00
La Fabrique : dessiner Goldorak

▹ 14h00 – 15h00 – Halle Freyssinet
Dessin live

▹ 15h30 – 17h00 – Halle Freyssinet
Séance de signature (sans dessin)

▶︎ DIMANCHE 5 JUIN

▹ 10h00 – 11h00 – Halle Freyssinet
Rencontre café avec 10 personnes sur inscription à l’arrivée à la Halle

▹ 15h16 – 16h15 – Halle Freyssinet
Séance de signature (sans dessin)

▹ 15h16 – 16h15 – Auditorium
Conférence Goldorak
Avec Denis Bajram et Marie-Luz Ceva (commissaire de l’exposition De Golodrak à Goldorak)

 

Pour en savoir plus :

De Goldorak à Goldorak

Du 2 juin au 2 octobre, Amiens accueille l’exposition De Goldorak à Goldorak consacrée à mon parcours. Un événement à ne surtout pas manquer si vous êtes fan du robot de l’espace ou de mon travail. Entrée libre.

Pourquoi « De Goldorak à Goldorak » ? En fait, en 1980, à l’âge de dix ans, j’ai écrit et dessiné ma première bande dessinée, Goldorak, une aventure de vingt pages à l’apparence évidemment très approximative. Quarante ans plus tard, en 2021, est paru l’album Goldorak écrit et dessiné avec les amis Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo. C’est donc les quatre décennies créatives entre ces deux Goldorak que raconte l’exposition.

Elle commence au rez-de-chaussée par un parcours chronologique. Partant des dessins d’enfance puis de jeunesse, elle présente des originaux de Cryozone et d’Universal War One, avant d’entrer dans mes années numériques.

Au second étage, l’exposition offre une plongée monumentale dans les images de notre Goldorak. Vous y découvrirez les étapes des planches, mais aussi une partie des objets que j’ai pu collectionner autour du robot géant.

 

C’est avec ce message et ces photos sur les réseaux sociaux que j’ai annoncé l’exposition : « Ce week-end, j’ai emballé ce que je prête à la Maison de la Maison de la Culture Amiens pour l’exposition consacrée à mon parcours (en partenariat avec les Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens). À peine deux trois cartons, quelques planches et quelques bricoles de rien du tout… Mais je vous reparlerai bientôt plus longuement 🙂 »

Les photos du montage de l’exposition montre l’ampleur du projet sur deux étages de la Maison de la Culture d’Amiens. J’ai signé la scénographie et le commissariat d’exposition avec Marie-Luz Ceva. C’est une production de la Maison de la Culture d’Amiens dans le cadre des Rendez-vous de la Bande Dessinée d’Amiens 2022 en partenariat avec On a marché sur la bulle et les Éditions Kana.

Rendez-vous maintenant à Amiens pour découvrir tout cela en vrai et en grand. Très très grand !

Informations pratiques

Du 2 juin au 2 octobre 2022

Maison de la Culture d’Amiens,
2 place Léon Gontier

Horaires

Du mardi au vendredi :
13h-19h
Le samedi et le dimanche :
14h-19h (10h-19h au mois de juin)

Entrée libre

Vernissage le 2 juin à 18h30 en présence de l’auteur.

 

Vœux amiénois

Merci aux Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens de m’avoir proposé de faire leur affiche cette année. Pour me mettre en jambes, je leur ai donc concocté une petite carte de vœux pour 2022 :-).

On se donne donc rendez-vous dès le 4 juin prochain à la Halle Freyssinet pour les 26es RDV BD d’Amiens !

UW1 en réalité virtuelle à La Rochelle

L’expérience de réalité virtuelle UW1 proposée par le Miroir de Poitiers en 2018, puis aux Utopiales de Nantes et enfin aux 7 lieux de Bayeux en 2019 est maintenant déconfinée. Vous pourrez donc la découvrir à la Rochelle, dans une de ses fameuses tours médiévales durant tout l’été et l’automne.

Photo de Romero Schmidtke

L’exposition propose trois modules en métal, consacrés respectivement au travail de Marion Montaigne, Mathieu Bablet et votre serviteur. Dans ce dernier, deux casques de réalité virtuelle vous offrent une immersion sonore et visuelle en relief et à 360°. On croirait vraiment être à bord d’un des vaisseaux d’Universal War One. Magique !

Voici de quoi vous faire une petite idée de la qualité de l’expérience proposé par le Studio Nyx :

INFORMATIONS PRATIQUES :

Exposition jusqu’au 7 novembre 2021 (si la situation sanitaire le permet)

Ouvert tous les jours de 10h à 13h et de 14h15 à 18h

Tarif d’entrée de 9,50 euros pour l’accès à l’exposition et la visite des trois tours médiévales de La Rochelle.

L’entrée est gratuite pour les moins de 26 ans ressortissants de l’Union Européenne (sur justificatif).

Les nouveaux westerns

SpaceX et Elon Musk déclarent qu’ils établi­ront leurs propres lois sur Mars

SpaceX, l’en­tre­prise aéro­spa­tiale privée d’Elon Musk, ne recon­naî­tra pas le droit inter­na­tio­nal sur Mars, révèlent les condi­tions géné­rales de son projet d’in­ter­net par satel­lite Star­link. Elle compte y établir ses propres lois, guidées par des « prin­cipes d’au­to­no­mie », qui seront défi­nies au moment de la colo­ni­sa­tion de la planète rouge, rapporte The Inde­pendent ce 29 octobre.
Sarah Ben Bouzid / Ulyces.com

Les lecteurs d’Universal War one doivent être à peine surpris d’apprendre que SpaceX, la société privée d’Elon Musk, lancée dans la colonisation de Mars, compte donc ne reconnaitre aucun droit national ou inter­na­tio­nal si elle y arrive. On est bien dans l’idée des CIC d’UW1 (Compagnies industrielles de colonisation), totalement indépendantes et totalement au service, hélas, d’intérêts économiques et particuliers.

Il faut bien réaliser que dans la tête de tous ces Américains, et pas que, la conquête spatiale privée, c’est la “nouvelle frontière”, la nouvelle conquête de l’ouest, le Far West quoi. Si on y ajoute la volonté du capital de ne plus contribuer au national et au collectif, fiscalement bien sûr, mais aussi sur plein d’autres terrains…

Bref, quand j’ai écrit UW1, il me paraissait évident qu’il ne pourrait pas en être autrement.

Comment vont répondre les États ? Vont-ils, comme dans UW1, réussir à s’entendre au sein de l’ONU pour garder encore quelques décennies un certain contrôle sur cette privatisation du système solaire ? Ou au moins en tirer un certain profit pour leurs populations ? Ou vont-ils continuer à laisser faire les multinationales comme aujourd’hui ?

En espérant que la réalité me donnera tort et que tout ça ne se terminera pas en guerre.

Universal War One – tome 5

l’œuf et la poule

La fusion nucléaire, c’est ce qui fait briller le Soleil lui-même. C’est une énergie particulièrement propre, tout à l’opposée de la fission nucléaire, celle de nos actuelles centrales. Le projet ITER vise à démontrer la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire comme source d’énergie. Construit en France, cofinancé par l’Union européenne, la Russie, les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Corée et la Chine, c’est le lieu d’une des plus grandes coopérations scientifiques au monde. Le réacteur sera terminé et devrait commencer ses premiers essais en 2025 : https://www.iter.org/

Les Chinois, membres du projet donc, font depuis quelques temps des déclarations fracassantes sur les progrès de leurs propres réacteurs à fusion de type tokamak. Je viens encore de voir passer sur Numerama un article enthousiaste. Mais il est bon de rappeler que cela fait déjà très longtemps qu’on travaille sur les tokamaks dans le monde, et que, pour l’instant, en tout cas, il n’y a rien de révolutionnaire dans ce que fait la Chine : https://www.futura-sciences.com/

Ce mot de “tokamak” doit dire quelque chose aux lecteurs d’Universal War one. En effet, c’est la fusion nucléaire qui rend tout possible dans ma série. Le problème du confinement des plasmas y est réglé par le maîtrise de l’antigravitation. Et le problème de l’énergie nécessaire à l’antigravité est, lui, réglé par la maîtrise de la fusion nucléaire. Cette série aurait dû s’appeler l’œuf et la poule 🙂

Des nouvelles d’Universal War

Ceci est un long texte, je ne sais pas si vous aurez le courage de le lire jusqu’au bout, mais j’essaye d’y faire un point honnête et complet sur le retard du tome 4 d‘Universal War Two comme sur ma situation d’auteur aujourd’hui.

J’ai découvert qu’une partie des libraires en ligne annonçaient la sortie du tome 4 d’Universal War Two pour le 20 novembre dernier. C’est, hélas pour mes lecteurs, totalement faux. Je n’ai aucune idée de comment cette date a pu être donnée et par qui. À aucun moment je n’ai dit à qui que ce soit que je pourrais livrer mon album cette année, j’ai même bien dit le contraire. Et, d’ailleurs, personne n’aurait pu le croire chez mon éditeur vu que je ne leur ai envoyé ni couverture, ni même une seule page terminée.

J’imagine que cette mise au point est des plus inquiétantes pour des lecteurs qui attendent depuis trop longtemps la suite d’Universal War. Qu’ils se rassurent, je travaille bien sur le tome 4 d’UW2. Je prévois même bien de finir cette série en 6 tomes, comme UW1 et comme c’est prévu dans le synopsis écrit il y a plus de 20 ans. Ce n’est pas parce que mon éditeur n’a rien vu que ce tome 4 n’est pas en cours de réalisation.

Pourquoi suis-je en retard ? Pourquoi est-ce si long ? Il y a de multiples raisons à cela.

Pour commencer, je l’ai souvent dit, je suis assez insatisfait de mon travail. La reconnaissance du public comme de la critique n’y change rien : j’ai une idée initiale de ce que devraient être mes livres mais, hélas, je n’arrive pas à la concrétiser aussi bien que je le voudrais. Année après année, mes exigences augmentant, cette insatisfaction ne va pas en s’arrangeant. J’ai donc tendance à refaire et refaire mon story-board. Cette étape chez moi est fondamentale, elle tient à la fois de l’écriture concrète des scènes et de crayonné des planches. Quand ça se passe bien, ça me prend entre 3 et 6 mois. Et derrière, je n’ai plus qu’à finaliser des planches déjà bien avancées. Mais quand ça se passe mal, que je refais sans cesse ce story-board, ce n’est pas la méthode la plus économe en énergie créative et en temps, bien au contraire…

Il s’avère qu’arrivé à ce tome 4, je dois aussi préparer des scènes des deux tomes suivants, afin d’être sûr que la trame écrite en 1997 fonctionne jusqu’au bout. Il y a une différence entre dire « il va se passer ça, ça et ça » et réussir à le faire dans 46 petites pages de Bande Dessinée. J’arrive en plus au moment des révélations : je vais présenter dans cette seconde moitié d’UW2 une nouvelle théorie physique, qui va donner un nouvel éclairage sur ce qui était donné comme évident depuis le début d’UW1. Dans ce tome 4, ces révélations s’entremêlent avec les réactions des personnages à la catastrophe et à la plongée dans l’inconnu qui vient de leur arriver dans les trois premiers tomes. Mélanger grand spectacle et touches subtiles qui permettent de mieux comprendre le caractère des personnages est un exercice d’équilibriste. Toute cette matière, ces enjeux, cette physique, ces personnages, ces civilisations, tout ceci est d’une complexité abyssale, surtout quand on veut rendre tout cela clair et évident à l’arrivée.

Malheureusement, alors qu’il m’aurait fallu le calme absolu pour mener ce travail, c’est tout le contraire depuis trop longtemps. La plupart d’entre vous ne l’ignorent pas, je me suis engagé beaucoup plus qu’auparavant dans la défense des auteurs. Depuis 2014, je suis débordé par le bénévolat que je fais pour les États généraux de la Bande Dessinée et la Ligue des auteurs professionnels. Certains mois, c’est un plein temps voire plus. Parce que la réforme des retraites ou de la Sécurité sociale n’attendront pas qu’on s’en occupe. Parce que la dégradation continue des rémunérations et des conditions de vies des autrices et des auteurs non plus.

Cela me coûte beaucoup en termes de temps, mais cela me coûte aussi beaucoup en termes d’énergie et de créativité. Imaginez : je passe une bonne partie de la semaine à lire des travaux sociologiques ou économiques qui montrent à quel point la situation des auteurs et des artistes se dégrade, je discute sans arrêt de cette réalité un peu effrayante pour l’avenir avec mes confrères et consœurs, je me retrouve sans arrêt à expliquer cela aux autres acteurs de notre milieu, aux ministères, aux politiques, aux journalistes, mais il faudrait que, juste après, je redevienne le joyeux Denis Bajram qui fait de la BD dans l’enthousiasme voire l’inconscience de tous ces enjeux ? Ce n’est pas possible. Tout cela est bien trop souvent démotivant. Je ne vais pas vous cacher que ça m’a cassé les mains pendant bien trop de semaines. Heureusement, je travaille parfois à ces moments-là sur un projet collectif avec des amis qui me permet de me nourrir de leur dynamisme et de leurs envies. Ça m’a fait beaucoup de bien à chaque fois. Je vous en reparlerai bientôt.

Certains, autour de moi, s’inquiètent gentiment de savoir comment je m’en sors financièrement. Si je peux m’engager autant, c’est que j’ai la chance de vivre bien de mes droits d’auteurs. Mais la plupart des auteurs n’arrivent pas à gagner même un SMIC en faisant de la Bande Dessinée. Plus de la moitié des autrices sont même sous le seuil de pauvreté ! On ne peut pas leur demander de travailler moins pour aller faire du bénévolat de longue durée dans les associations et syndicats d’auteurs. Dont acte : à un moment c’est aux veinards de ces métiers de donner de leur temps. Même si ça aura de grosses conséquences sur leurs revenus. Franchement, je préfère ne pas compter combien cela m’a coûté, mais c’est sans doute de l’ordre de la moitié de mes revenus d’avant…

Il y a une sorte de paradoxe dans cette situation : Aujourd’hui, vous qui avez fait le le succès de la série, vous, lecteurs qui attendez impatiemment la suite d’UW2, c’est vous qui m’avez offert des revenus suffisants qui font que j’ai pu m’engager si longtemps de manière bénévole au service des auteurs qui ont moins de chance que moi. En fait, c’est vous qui financez mon engagement social. En fait, c’est vous qui, à travers moi, défendez tous les auteurs.

J’espère sincèrement que vous comprenez l’importance de tout cela. Qu’attendre ce tome 4 trop longtemps vaut le coup. Je pense sincèrement que nous sommes quasiment arrivés à un point de non-retour. Si, rapidement, nous n’arrivons pas à protéger nos métiers, ce cycle se terminera en déprofessionnalisation massive. La Bande Dessinée en sortira irrémédiablement changée. Sans professionnels à plein temps, les albums au dessin très riche et long à faire deviendront inévitablement de plus en plus rares. Sans professionnels à plein temps, les séries à parution annuelle qui assuraient pourtant la rentabilité tranquille des maisons d’édition, ces séries se feront tout aussi rares. Et je ne suis pas sûr que les éditeurs et les libraires spécialisés s’y retrouvent très longtemps. C’est toute une économie qui va être touchée…

J’ai mis une bonne partie de mon énergie depuis cinq ans dans ce combat parce que je pense que c’est maintenant ou jamais. Mais je ne continuerai pas indéfiniment. Soit cette année nous aurons enfin vraiment avancé, en particulier avec le Ministère de la Culture, soit il faudra bien acter de l’échec et en tirer les conséquences.

Voilà, c’était un petit point sur mon travail et ma situation d’auteur. Croyez-moi, je n’ai qu’une envie aujourd’hui : écrire et dessiner, 24 heures sur 24. Et que les lecteurs d’UW2 se rassurent : j’ai mis tellement de moi dans Universal War, ce travail représente tellement dans ma vie qu’il est hors de question que je ne vous raconte pas rapidement la fin de cette incroyable histoire.