Blog : Médias
Entretien sur Star Wars dans Télérama
J’ai donné une longue interview à Télérama pour leur hors-série Star Wars. J’ai un rapport très critique avec le saint-graal de ma génération, je me suis même plus d’une fois accroché avec certains de mes amis ou confrères sur le sujet. Merci au journaliste Frédéric Strauss qui me permet d’exprimer finement un point de vue sceptique et admiratif à la fois sur l’œuvre et le phénomène Star Wars.
Proximité
Ma pomme à la télé normande. Vendredi, je me suis levé un peu trop tôt à mon goût pour passer sur France 3. Je ne l’ai pas regretté, l’équipe de l’émission de Normandie Matin est non seulement compétente et cultivée, mais aussi sympathique et généreuse. J’ai donc passé un excellent moment, complété par le plaisir de recroiser une parti de la team de “Là où ça bouge”.
Je souhaite de tout cœur que cette télévision de proximité se développe bien plus. On y parle de ce qui se passe vraiment, et non de fantasmes dictés par l’agenda des uns et des autres. Nos sociétés sont bien plus belles et rassurantes pour l’avenir quand on les regarde de près que quand on les regarde de loin à travers le prisme d’une information nationale construite sur le scoop, le spectacle, l’émotion et la peur.
Fanzine Quatre spécial SF
En tant qu’auteur de Bande Dessinée, je viens des fanzines, les revues amateurs. J’y ai beaucoup appris. J’ai beaucoup apprécié, à l’époque, les coups de main que nous avaient donnés des pros tels que Fred, Thierry Robin, Prado, Turf, Hugues Labiano… Bref, c’est toujours un vrai plaisir, passé de l’autre côté du miroir, de pouvoir renvoyer l’ascenseur à la génération qui suit 🙂
J’ai donc donné avec plaisir une couverture et une interview pour ce spécial science-fiction du Fanzine Quatre de Rouen.
Vous retrouverez son équipe ce week-end du 26 & 27 septembre au festival de Darnétal. J’espère que j’aurai le temps d’aller passer un petit moment sur leur stand !
Interview Cyberbulle
Longue interview au sujet de La CyberBulle, 1er festival BD virtuel et réel qui commence cette semaine sur internet, et qui aura sa séquence live ce week-end à Compiègne.
J’en profite pour donner quelques nouvelles de ma production (dont un scoop sur Expérience Mort) et pour reparler de tous les combats pour la cause des auteurs.
J’espère vous voir nombreux ce week-end sur place ou à suivre les lives Internet. Nous avons créé un festival qui au lieu de parquer les lecteurs dans des files de dédicaces va leur apporter plein d’informations sur comment et pourquoi nous faisons de la Bande Dessinée. Montrez-nous que nous avons raison de penser que vous êtes curieux !
Vidéo de la session d’ouverture des États Généraux de la BD
Streaming video des États Généraux de la BD
Une très bonne nouvelle pour ceux qui ne peuvent se rendre au festival d’Angoulême cette année. La session d’ouverture des États Généraux de la Bande Dessinée sera diffusée en direct en streaming video. Elle sera disponible sur la page d’accueil du site du festival vendredi matin dès 10h00.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici le teaser réalisé par les équipes du FIBD à l’occasion de la conférence de presse du festival de décembre dernier.
Je profite de cette occasion pour remercier le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême pour les moyens techniques et humains mis à notre disposition. Merci pour ce remarquable sens du partenariat !
États Généraux de la Bande Dessinée
Si les artistes ne prennent plus de risques, qui s’en chargera ?
Le Vif (l’Express belge), m’a interrogé, avec d’autres, sur les attaques contre la culture en Belgique. Ayant habité Bruxelles longtemps, pensant que tout cela va au delà des frontières du plat pays, et étant très impliqué dans la défense de la Bande Dessinée, j’ai répondu avec plaisir. My two cents.
Denis Bajram : Si les artistes ne prennent plus de risques, qui s’en chargera ?
À la réduction des subventions, au délestage de la culture à la RTBF et à la précarisation du statut des artistes s’ajoute un climat délétère aux relents populistes qui tente de faire passer l’art pour une lubie d’aristos. Qu’en pensent les principaux intéressés? La parole à Denis Bajram, scénariste et dessinateur.Année faste pour l’auteur de Universal War Two, avec un nouveau volume de sa saga SF et épique chez Casterman, mais aussi la mise sur pied et la coordination des États Généraux de la Bande Dessinée, une large association d’auteurs pour défendre un métier en danger.
Coupes budgétaires, précarisation du statut des artistes, réduction à la portion congrue de la culture sur la RTBF, censures… La culture est-elle en danger ?Vu depuis la France, la disparition d’une émission comme 50 degrés Nord, qui proposait quotidiennement un regard amical mais précis sur tous les arts et toutes les littératures, est un signe assez inquiétant. La Belgique était une vraie terre d’accueil pour toutes les cultures. Cette richesse semble menacée. Quid du rayonnement international que ses artistes et ses acteurs culturels apportaient au pays ?
Pourquoi est-elle mal-aimée ou à tout le moins déconsidérée de nos jours ?Est-ce le cas? Cela dépend de ce qu’on met sous le mot culture. Les gens passent des heures à regarder des séries télé, à écouter de la musique et à lire des BD. Une bonne partie de la population a même des pratiques créatives, fait de la musique, de la peinture ou écrit. A tel point qu’énormément de jeunes se dirigent vers des carrières artistiques, et que certaines professions sont même totalement en saturation: trop de créateurs, trop d’oeuvres et une visibilité pour chacun qui devient très difficile. Peut-on parler de “culture mal-aimée” alors qu’elle est souvent victime de son succès? En parallèle, il y a le problème des cultures plus élitistes, classiques ou avant-gardistes: du fait qu’elles sont souvent complexes et difficiles d’accès, leur existence reposait sur un système de subventions. Un modèle qui résiste évidemment mal à une crise financière et à la démagogie politique…
A qui la faute? Aux parents? Aux politiques? A l’école? A Internet ?A tout le monde. On vit dans le triomphe du plaisir égoïste: consommation et autopromotion du moi. La culture la plus pointue ne sert ni l’un ni l’autre. Elle n’a de sens qu’à long terme. Mais quelqu’un s’intéresse-t-il encore au long terme ?
C’était mieux avant ?Je ne suis pas sûr. Je me souviens quand j’étais jeune, dans les années 80, les produits culturels étaient bien plus rares. On était en pénurie. Aujourd’hui, nos tables de nuit et nos ordinateurs débordent de livres non lus, de films à voir et de séries TV en retard… Ceci dit, cette facilité d’accès à la culture, surtout à la culture populaire, ne saturerait-elle pas notre temps et finalement ne nous rendrait-elle pas plus paresseux et moins curieux ?
Si les artistes ne prennent plus de risques, qui s’en chargera ?
Quels arguments utiliseriez-vous pour convaincre les réticents que la culture doit être une priorité ?Un des principaux rôles du créateur est de permettre à la société de prendre de la distance vis-à-vis d’elle-même: se représenter à elle-même, s’observer en changeant de point de vue. Ainsi, la culture est censée nous sortir la tête du guidon, et nous éviter de foncer dans le mur… Laisser la culture ne plus obéir qu’à un système totalement marchand, c’est très dangereux. Si les artistes ne prennent plus de risques, qui se chargera de tenir leur rôle? Qui dira: “Nous allons droit dans le mur” ?
Comment redonner le goût de la culture ?Est-ce aux artistes à réfléchir à ça? Avec le danger de ne penser plus qu’en termes de public à conquérir au lieu de dire ce qu’ils doivent dire, au mépris de tous les risques?
Les révolutions technologiques ont de tout temps bouleversé les pratiques culturelles. N’est-ce pas un combat d’arrière-garde que de s’accrocher à une vision “classique”, immuable de la culture ?La culture classique s’enfonce dans l’Histoire, c’est normal. Qui peut savourer Cicéron dans le texte aujourd’hui? Une nouvelle culture se dessine -très bien. Le problème n’est pas ce renouvellement: le problème est que les enjeux deviennent principalement économiques. Si les sociétés ne sont pas prêtes à financer leurs artistes, alors elles n’auront que des artistes marchands, ainsi que quelques riches qui s’amusent en créant et quelques fous inconscients et très pauvres. C’est déjà (ou encore) comme ça que fonctionne le système culturel américain, dans le plus pur libéralisme économique. C’est un vrai choix de société: si vous trouvez normal que l’Etat se retire de la culture, c’est que vous avez déjà décidé que notre modèle social européen est mort.
Et la bande dessinée dans tout ça ? On sait que la situation des auteurs est devenue particulièrement difficile, et qu’en France une certaine réaction collective est en train de se mettre en place. Qu’en espérez-vous, et à quoi faut-il s’attendre pour 2015 ?La BD est victime de son succès: plein de lecteurs, plein de créateurs -tellement, en fait, qu’il y a trop d’albums publiés par an. Quand j’ai commencé dans les années 90, il y avait 700 sorties, aujourd’hui, on en est à 5000! Cette surabondance est signe d’une extraordinaire vitalité créatrice. Mais elle a une terrible conséquence: le chiffre d’affaires global n’ayant pas augmenté autant que les sorties, chaque album se vend moins bien en moyenne. Les revenus de la plupart des auteurs se sont dégradés année après année. On est arrivés à un niveau de précarisation inquiétant. C’est pour cette raison que quelques auteurs épargnés par cette crise ont proposé à l’ensemble de la profession d’organiser des États Généraux de la Bande Dessinée, pour faire un bilan économique et sociologique de la situation, donner la parole à tous, et essayer de trouver des solutions pour l’avenir. Première session en janvier 2015 pendant le festival d’Angoulême.
focus.levif.be
Télérama : la BD traverse une grave crise
Télérama parle de la situation des auteurs de BD. Ceci dit, je préférais presque le titre “Pour 1000 bulles t’as plus rien” de la version papier. Là ça fait carrément peur…
Grève des dédicaces : la BD traverse une grave crise
En vingt ans, la publication d’albums a décuplé… mais pas le lectorat. Le secteur de la bande dessinée est confronté au phénomène de surproduction, et les créateurs crient famine.A 17h15 tapantes, ils ont remballé leurs gommes et leurs crayons. Dix minutes plus tard, la plupart des stands de Quai des bulles, le festival BD de Saint-Malo, étaient déserts. Le 11 octobre dernier, de nombreux auteurs de bande dessinée ont fait, deux heures durant, la grève des dédicaces. Une grande première dans le monde merveilleux des bulles et des « petits miquets ».
Pourquoi ? Parce que leur caisse de retraite a décidé d’augmenter considérablement leur cotisation annuelle. Pour bénéficier d’une retraite complémentaire – bien hypothétique –, les auteurs sont censés, à partir de 2016, verser 8 % de leurs revenus annuels (soit un mois d’émoluments). Or la moitié des 1 500 scénaristes et dessinateurs de BD français gagnent moins que le smic ! Si cette réforme a depuis été différée, la menace demeure, fragilisant encore davantage un secteur qui n’avait pas besoin de ça. […]