Vais-je me séparer d’Adobe après 30 ans de vie commune ?

J’ai depuis quelques semaines un nouvel ordinateur, un Mac M1, qui vient remplacer le gros MacPro de 2012 qui me satisfaisait pleinement jusque-là. Je dois dire que j’ai eu plein de mauvaises surprises avec la nouvelle version du système, devenu très restrictif. Mais j’ai surtout eu des problèmes avec les nombreuses mises à jour d’application devenues nécessaires. J’ai eu beaucoup de licences à repayer, parfois pour régresser en possibilités…

Je découvre en particulier qu’Adobe a décidé de retirer le support des polices de caractères de Type 1 de tous ses logiciels, en particulier de Photoshop et InDesign. Je viens de regarder, la moitié des polices que j’utilise sont toujours sous ce vénérable format, y compris mes polices personnelles de lettrage pour Universal War. Il faut donc que je rachète ces polices, quand c’est possible, ou que je les convertisse, si c’est possible. Et, évidemment, mes vieux logiciels d’édition de polices ne marchent plus sur mon système récent…

Mais POURQUOI ? Les polices Type I fonctionnaient parfaitement jusque-là pour 99,99% des utilisateurs. Bien sûr, le format Type I est archaïque et inadapté aux usages modernes, mais il marche. IL MARCHE. Enfin, il marchait, donc…

Au pire, si une société de la taille d’Adobe voulait prendre ce genre de décision, elle devait accompagner ses fidèles clients dans la transition. Elle pouvait, par exemple, proposer un convertisseur de format de police par exemple. Je vois que FontLab le fait, mais c’est 122 euros tout de même…

Je vais donc repasser à la caisse, alors que je laisse déjà 62 euros par mois d’abonnement à Adobe. Car, oui, pour pouvoir utiliser mes applications sur le dernier système, seul compatible avec mon nouveau Mac, j’ai été forcé de m’abonner, vu qu’Adobe ne vend plus de licences illimitées. Mais malgré cette dépense importante, je découvre donc que le service n’est pas la hauteur. Et donc l’agacement fait plus que monter.

J’ai déjà abandonné les tablettes graphiques de Wacom au profit de la concurrence pour des histoires de drivers indisponibles au bout de quelques années. Je crois que je suis en train de faire un grand pas vers la décision d’abandonner les produits Adobe dès que je le pourrai. Et dire que je rappelais ici, il y a peu, que j’avais commencé sur Photoshop 2.0 au tout début des années 90. Dire que j’ai fait des démonstrations pour Adobe, et même mis dans ce cadre un logo Adobe sur le le tome 6 d’Universal War One

Vais-je me séparer d’Adobe après 30 ans de vie commune ?

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Un vieux Mac des années 90 dans votre navigateur

Je me souviens de mes débuts sur Photoshop en 1991. J’étais étudiant à l’école des Arts décoratifs de Paris et on y trouvait une incroyable salle informatique emplie d’ordinateurs Mac plus chers les uns que les autres. Dès les premiers cours, j’avais eu droit à une démonstration de la toute récente version 2 d’Adobe Photoshop sur un rutilant « Macintosh II » couleur. Quel émerveillement cela avait été ! On pouvait manipuler une image exactement comme on le voulait, pixel par pixel s’il le fallait ! Que de promesses ! Si on m’avait laissé faire, je n’aurais plus quitter la salle informatique.

Et pourtant, rétroactivement, que ce pauvre Photoshop 2.0 était lent, limité et incomplet (sans même parler de l’archaïsme du système Mac OS 6). Trois décennies plus tard, on a du mal à se souvenir à quel point les débuts de l’informatique personnelle était laborieux. Les grands gagnants étaient surtout les fabricants de machines à café vu le temps qu’on a passé à attendre devant des ordinateurs qui moulinaient…

Heureusement, plusieurs projets permettent de revivre cette incomparable expérience. Si ça vous amuse, vous pouvez dès maintenant essayer cela dans votre navigateur avec un Mac virtuel de 1997.

Vous (re)découvrirez les grosses fenêtres boudinées de Mac OS 8.1, les icônes en mauvais plastique, les polices pixelisées du bon vieux temps. Dans le dossier « Graphics » vous trouverez surtout un Photoshop 3.0, une version presque moderne puisque c’était la première à proposer les calques.

En fouillant dans les autres dossiers, vous pourrez essayer plein d’autres vieux loukoums comme Word 5, Hypercard, Filemaker II, ou des vidéos Quicktime d’époque. Pour les amateurs de retrogaming, c’est aussi l’occasion de jouer les vieilles versions de Prince of Persia, Sim City, Civilization, Indiana Jones, Warcraft II, Maelstrom…

Les ordinateurs d’aujourd’hui sont devenus tellement puissants, qu’ils peuvent émuler nos anciens systèmes en javascript dans le premier navigateur venu. On voit bien là les incroyables progrès qu’ont connus toutes ces technologies en trente ans !

Avec un grand merci à l’excellent Korben pour l’info.

 


Mise à jour

J’avoue que j’ai pris un plaisir fou à refaire quelques parties de Maelstrom, un excellent clone pour Mac du jeu Asteroid d’Atari. Résultat, j’ai vérifié si quelqu’un n’en aurait pas fait un portage moderne. J’ai fini par découvrir que le code source de Maelstrom était devenu libre. Depuis, des passionnés ont continué à le compiler pour des systèmes récents, dont nos Mac M1.

Maelstrom, me revoilààààààààààààà !

Corriger un presque bug du Mac

Attention, sur les derniers Mac, un simple « pomme R » sur votre clavier peut abimer vos fichiers images sans même que vous le sachiez. Une mauvaise initiative d’Apple… qu’on ne peut même pas désactiver ! Heureusement, je vous propose une solution à ce presque bug.

Apple a introduit sur les dernières versions de Mac OS X un moyen d’appliquer rapidement une rotation à des fichier images (jpeg, png, tiff etc.) sans sans même avoir à les ouvrir. Pratique.

Mais hélas, les développeurs d’Apple ont aussi eu la très mauvaise idée d’attribuer un raccourci clavier à cette action. Donc, si vous faites un « commande R » (⌘R) lorsque qu’un ou des fichiers images sont sélectionnés dans le Finder, ils subissent une rotation de 90° sans vous prévenir ! Sur des formats non destructifs, ce n’est pas très grave il suffit de faire trois autres fois la manœuvre, et on a fait un tour à 360° complet. Mais sur des formats destructifs, comme le JPEG, chaque opération de rotation dégrade un peu la qualité de l’image. C’est donc une manœuvre qu’il faut éviter de faire par inadvertance.

C’était déjà une assez mauvaise idée de la part d’Apple d’avoir ajouté ce raccourci clavier ⌘R par défaut. Plus dangereux, il vient remplacer un raccourci historique de Mac OS. En effet, jusque là, ⌘R permettait d’afficher l’original d’un alias, ou, encore plus pratique, d’afficher l’original d’un fichier trouvé par l’outil recherche. Cela marche encore si le fichier n’est pas une image, mais si c’est une image… on la retourne ! Un fonctionnement bien aléatoire et bien dangereux pour nos JPEG…

Pire, ce raccourci ⌘R s’avère impossible à désactiver ! Une solution serait d’aller bricoler dans les Préférences Système > Claviers > Raccourcis pour attribuer ce ⌘R à un menu toujours disponible dans le Finder, comme « Tout ramener au premier plan » mais on perd la recherche de l’original.

Si vous êtes frappé par ce « presque bug », je vous propose une solution pour rétablir le fonctionnement original du ⌘R . Télécharger ce fichier zip :

Une fois décompressé vous aurez un fichier « Afficher l’original.shortcut ». Double cliquez dessus pour l’installer.

Une fois installé, vous devriez le voir apparaitre dans le menu contextuel si vous cliquez sur un fichier du Finder.

Il ne vous reste plus qu’à attribuer le raccourci clavier ⌘R à cette action. Pour cela, rendez-vous dans les Préférences Système > Clavier > Raccourcis > Services. Là, vous trouverez notre « Afficher l’original » dans les dernières lignes. Cliquez sur le petit « Aucun » en bout de ligne, et vous pourrez ajouter un raccourci… Faites « commande R » (⌘R). C’est bon !

Bon, ce serait plus simple qu’Apple arrête de mettre des raccourcis clavier sur tout et rien, d’autant plus quand il est déjà utilisé. Mais, surtout, il devient urgent face à cette prolifération qu’Apple nous donne la possibilité de gérer l’intégralité des raccourcis clavier, et pas seulement ceux disponibles dans les menus. Autrement, on va finir par se croire sur Windows 🙂

Des utilitaires gratuits pour sécuriser votre mac

Vous êtes un peu maniaque sur la sécurité de votre Mac et un peu bricoleur ? Vous voulez savoir qui installe quoi et qui fait quoi dans votre système ? Je vous recommande de découvrir les excellents outils proposés gratuitement par le non moins excellent Patrick Wardle, ancien hacker de la NSA et gros chasseur de bugs et virus du monde Apple.

Le plus connu de ces utilitaires est Lulu, qui vous permettra de décider quelle application de votre mac a le droit de se connecter à Internet. C’est une alternative simple, puissante et gratuite à LittleSnitch. Et le meilleur moyen d’empêcher des processus un peu trop curieux de communiquer vers l’extérieur.

https://objective-see.org/products/lulu.html

 

 

Je teste aussi en ce moment BlockBlock qui surveille l’installation d’extensions, de launch daemons et agents etc. :

https://objective-see.org/products/blockblock.html

 

J’ai aussi installé RansomWhere qui surveille qu’aucun processus ne soit en train de crypter votre disque dur :

https://objective-see.org/products/ransomwhere.html

 

Enfin, KnockKnock permet de voir ce qui a été antérieurement installé dans votre système :

https://objective-see.org/products/knockknock.html

 

Il y a encore plein d’autres excellents utilitaires gratuits à découvrir sur son site :

Erreur système

Je viens de lire Erreur Système de Jenolab et Valérie Mangin, qui parait aujourd’hui chez Casterman BD. Comme j’avais pas mal échangé sur ce projet avec Valérie au tout début et que j’avais regardé par-dessus son épaule les excellents dessins de Jenolab, je pensais savoir à peu près ce que j’allais lire. Et bien non. Car ce que je n’avais pas anticipé, c’est le terrifiant réalisme de leur album.

Erreur Système est une histoire d’anticipation qui se passe « bientôt » dans une France qui s’est renfermée dans ses frontières. Un régime d’extrême centre y a quasiment éliminé la criminalité. Il faut dire que la population l’a bien aidé, acceptant en masse de se faire greffer des implants neuronaux connectés à Internet, sorte d’aboutissement ultime de notre dépendance actuelle aux smartphones. La plupart des gens semblent vivre dans un monde parallèle, repliés dans les fantasmes du numérique. Surtout, tous connectés, ils sont tous suivis à la trace par le système judiciaire. Mais pourquoi s’en inquiéter, « Quand on est honnête, on n’a rien à cacher » dit un des personnages. À tel point que les implantophobes sont facilement soupçonnés des pires dérives. À tel point que les derniers clandestins, traqués sans relâche, semblent presque réduits à une légende urbaine.

« Bientôt » ? Ce monde est hélas devenu beaucoup plus réaliste depuis que Valérie a écrit son scénario. Il faut dire qu’entre temps la société Neuralink d’Elon Musk a dévoilé des implants neurologiques fonctionnels sur des cochons et a présenté comment les implanter simplement et massivement dans nos cerveaux. Premier test sur l’humain annoncé pour 2022. C’est à dire maintenant.

Mais Erreur Système est bien plus qu’une leçon de morale dystopique, car Jenolab et Valérie ont parfaitement réussi à donner vie à Anastasia, leur héroïne. L’album commence quand, dans ce futur tristement pacifié, des attentats à la bombe viennent remettre en cause toutes les certitudes sécuritaires. En pleine élection présidentielle (tiens tiens), Anastasia mène l’enquête. Policière mais un peu trop implantophobe, elle est sans doute la mieux placée pour démanteler un réseau terroriste qui échappe aux outils de surveillances pourtant omniprésent. Hélas pour elle, elle va aller regarder là où il ne faut pas. En particulier vers la Crypte ou sont stockées les données de surveillances des français…

Bref, je viens de lire une excellente BD d’anticipation, une histoire forte, pleine de retournements et de surprises, qui décrit à la perfection le bout du chemin de nos dérives actuelles, mais aussi, et surtout, l’histoire d’une héroïne en quête de ce qu’il reste encore de notre humanité. Et comme le montre les images ci-jointes, c’est visuellement très beau. C’est donc clairement ma grosse recommandation SF du moment !

Facebook entre censure et haine

La censure imbécile de Facebook bat tous les records de n’importe quoi. Et pendant ce temps, les prêcheurs de haine passent entre les mailles des algorithmes, voire sont mis en avant…

Amis passionnés de guitare, surtout n’utilisez pas le mot « p*dale » (remplacez le * par un e, des fois que ça ne soit pas évident…) dans vos posts et vos commentaires car le grand méchant algorithme de FB considère que c’est une insulte homophobe que vous proférez… et vous avez un avertissement la première fois et un bannissement temporaire la seconde. Cela vient de m’arriver.www.facebook.com

Donc, des utilisateurs modérés se font bannir par les algorithmes de Facebook juste pour avoir utilisé un mot courant de la langue française ? Un mot qui est parfois une insulte, mais ne l’est évidemment pas dans la plupart des cas ? Même les mécanismes de censure automatique des premiers forums Internet il y a vingt ans étaient moins ridicules…

En parallèle, d’anciens employés de la compagnie confirment ce qu’on avait pressenti : c’est volontairement que le réseau social ne modère pas nombre de contenus mensongers et haineux. Et les tests anonymes de prouver, au contraire, que ces algorithmes favorisent la diffusion de cette haine en ligne…

« Le voyage de Carol vers QAnon », un rapport interne envoyé à la SEC (l’autorité boursière), évoque également la création d’un faux compte par un chercheur payé par l’entreprise pour étudier la polarisation de ses utilisateurs. D’après lui, dès l’été 2019, cette fausse mère de famille conservatrice était exposée à un « torrent de contenus extrêmes, conspirationnistes et choquants », dont des groupes liés à QAnon. Sans que le compte ne donne jamais d’intérêt aux groupes de cette mouvance, l’algorithme poussait continuellement leurs contenus, qui enfreignaient pourtant les règles de la plateforme. Facebook aurait conduit plusieurs expériences similaires ces dernières années, toujours avec le même résultat : les groupes extrémistes étaient largement mis en avant. www.clubic.com

Que faire ? Facebook est une entreprise privée et ne risque rien à saper la démocratie tant qu’elle n’enfreint pas ouvertement la loi. Sommes-nous donc totalement désarmés face aux médias sociaux ?

Non. Rappelons qu’un précédent existe : celui de l’audiovisuel, qui est, lui, soumis à un encadrement strict et à un contrôle par une autorité publique, le CSA. Inspirons-nous de ce modèle. Décidons que, au-delà d’une certaine taille (1 millions d’utilisateurs ?) les réseaux sociaux, moteurs de recherche, commerces en ligne, tous ces services devenus bien trop incontournables, doivent être soumis à un sévère contrôle démocratique. Une ou des autorités publiques, peut-être à l’échelle européenne, doivent pouvoir vérifier les algorithmes des géants du web, et, le cas échéant, sanctionner leurs dérives antidémocratiques ou monopolistiques.

Rappelons que la plupart de ces sociétés ont plié devant les exigences de la Chine. Il serait peut-être temps que nous, en Europe, nous leur imposions nos exigences démocratiques.

 

Résoudre le problème des sites devenus inaccessibles

Depuis le début du mois, beaucoup d’ordinateurs ayant des systèmes anciens ne peuvent plus accéder à énormément de sites. Vous pouvez tester votre navigateur ici : si ce site n’est pas accessible, vous êtes concernés :

Pourquoi ? En fait, c’est un certificat de sécurité dit « racine » qui a expiré. Sur les systèmes les plus anciens, qui ne reçoivent plus de mise à jour, il n’a pas été remplacé par un plus récent. Et, hélas, ce certificat était utilisé par LetsEncrypt, un des principaux acteurs de la sécurisation de sites web. Résultat, des centaines de millions de sites sont devenus d’un coup inaccessibles aux anciens ordinateurs.

Heureusement, il y a une solution simple pour retrouver un accès complet au web : utiliser le navigateur Firefox, qui embarque des certificats de sécurité mis-à-jour. Sur les plus vieux systèmes, on peut en plus installer une version de Firefox dite ESR (Extended-support release). C’est une ancienne version du navigateur, mais qui est maintenue à jour pour ce qui concerne les questions de sécurité. Pour télécharger Firefox ESR :

Réparer Chrome ou Safari sur Mac

Si vous voulez vraiment régler le problème pour tous les autres navigateurs sur votre Mac, mais aussi les autres logiciels qui pourraient avoir besoin de certificats à jour, vous pouvez installer manuellement un nouveau certificat de remplacement dans le système.

Téléchargez le certificat concerné : http://x1.i.lencr.org/

Votre navigateur va sans doute vous proposer de l’ouvrir avec l’application Keychain Access / Trousseaux d’accès. Faites-le. Choisissez de l’installer dans le « trousseau Système ». Il faudra renseigner le mot de passe habituel de votre Mac pour cela.

Si ce n’est pas automatique, double-cliquez le fichier téléchargé, nommé « ISRG Root X1.der ». Cela va ouvrir le Trousseaux d’accès. Choisissez de l’installer dans le « trousseau Système ». Il faudra renseigner le mot de passe habituel de votre Mac pour cela.

Ensuite, vous devriez voir apparaître le certificat dans l’application Trousseaux d’accès (trousseau Système, catégorie Certificats). Il se nomme ISRG Root X1. Il porte une croix rouge « Ce certificat racine n’est pas approuvé », c’est normal.

Il faut donc maintenant approuver ce certificat. Double-cliquez dessus, ouvrez l’onglet « Se fier », et mettez le premier menu sur « Toujours approuver ». Fermez la fenêtre. Il faut de nouveau saisir votre mot de passe pour valider.

Normalement, il porte maintenant une croix bleue. C’est bon, ce certificat racine devrait fonctionner parfaitement jusqu’en 2035 🙂

Pour le vérifier, essayez de vous connecter via Safari ou Chrome à https://valid-isrgrootx1.letsencrypt.org/.

 

Laurie Spiegel

Laurie Spiegel, Américaine née en 1945, a beaucoup apporté à la musique électronique.

En plus d’être une musicienne et compositrice de talent, elle a aussi été développeuse informatique. En particulier, elle programma en 1986 le logiciel Music Mouse pour Mac, Atari et Amiga qui permettait d’improviser de manière algorithmique.

Et comme il n’y a rien de mieux que d’essayer soi-même, en voici une émulation en ligne :

Si vous voulez écouter ses œuvres :

 

Si vous voulez en connaitre plus sur son parcours :

Photoshop : la conversion RVB vers CMJN fait du bruit

Amis dessinateurs et graphistes, avez-vous déjà regardé de près un fichier RVB converti en CMJN avec Photohop ? De manière très étonnante, avec les réglages par défaut, du bruit apparait au niveau des pixels.

Ce phénomène est particulièrement visible dans les aplats. Si on s’amuse à convertir dix fois de suite un fichier de RVB vers CMJN puis RVB, on finit par obtenir un bruit très visible, comme on peut le constater sur l’animation ci-dessous (cliquez pour agrandir) :

Je ne m’étais jamais aperçu de cela auparavant. C’est Alexis Sentenac, mon compère de l’atelier virtuel, qui a levé ce lièvre, en découvrant que les aplats sur ses pages n’étaient plus vraiment des aplats après passage en CMJN, et que cela lui posait des problèmes pour les sélectionner proprement.

Après avoir exploré le problème avec lui dans Photoshop, on a fini par comprendre que c’était une option de conversion qui provoquait cela. C’est ce qu’Adobe appelle « simulation » en français, « dither » en anglais, et qu’on traduit d’habitude par « diffusion d’erreur » en français.

Diffusons des erreurs pour que ça aille mieux

Le dither est donc un procédé qui consiste à introduire du bruit dans un signal numérique. C’est courant dans le domaine de l’audionumérique, mais je n’avais pas réalisé que c’était aussi le cas par défaut dans notre bon vieux Photoshop. Mais pourquoi ajouter du bruit à une image au moment de la convertir ?

Il faut savoir que l’espace de couleur CMJN qui sert à l’impression est plus petit que l’espace RVB de nos écrans.

Donc, quand on passe de l’un vers l’autre, le CMJN peut manquer de couleurs pour représenter toutes celles du RVB. En conséquence beaucoup vont se retrouver transformées et simplifiées. Cela va se traduire, dans certains dégradés, par des transitions violentes entre certaines plages de couleurs, alors qu’elles étaient fluides en RVB, Cela provoque à l’arrivée des effets de bandes assez inesthétiques.

C’est pour cela qu’est introduit ce dither, ce bruit aléatoire, durant la conversion, afin de masquer ces transitions brutales.

C’est une assez bonne solution, mais il vaut mieux le savoir, car cela n’est donc pas sans impact sur nos fichiers. Et il ne faut surtout pas hésiter à décocher cette option pour certains usages qui nécessitent une grande fidélité des aplats. Pour contrôler cela au cas par cas, vous pouvez utiliser le menu Édition > Convertir en profil :

Une histoire de poids

Ce dither a un autre impact : cela fait longtemps que je ne comprenais pas pourquoi les fichiers CMJN étaient parfois beaucoup plus lourds que les RVB. Car si le RVB comporte trois couches et le CMJN quatre, la différence de poids entre les deux ne devrait être que de 25%. Or, le plus souvent, c’est beaucoup plus. C’est en fait lié à la manière dont les fichiers sont compressés et au dither.

Quand plusieurs pixels consécutifs ont la même couleur, les formats de fichiers courants se contentent de n’enregistrer la couleur qu’une seule fois, et de noter ensuite le nombre de pixels consécutifs de la même couleur. Décrire un grand aplat ne pèse donc pas bien lourd, une page blanche encore moins. Si au contraire, chaque pixel a une couleur particulière, c’est 3 octets en RVB, 4 octets en CMJN qu’il faut enregistrer à chaque fois.

Donc, avec l’ajout du bruit à la conversion, qui fait que chaque pixel devient un peu différent de son voisin, c’est bien la taille du fichier qui explose à la fin inévitablement. Tout s’explique.

Conclusion

Pour finir, ce qui m’effraye un peu, c’est d’avoir utilisé Photoshop depuis la version 2.0 sans n’avoir jamais été confronté à cette question du dither RVB vers CMJN. Ces logiciels font énormément de choses et on oublie trop vite à quel point on n’en maitrise jamais tous les arcanes, même avec une véritable expertise, même au bout de 30 ans. Un rappel de la prudence et de la modestie qu’il faut garder face à toutes les technologies qui ont envahi nos vies.

 

Autofichage politique de précision

Ces derniers jours, un test politique refleurit sur Facebook. On vous promet de vous donner votre positionnement politique exact si vous remplissez un petit questionnaire sur  le site irdlabs.com.

Enfin, petit, c’est vite dit : le questionnaire compte tout de même  trente-six questions. Avec autant de réponses, on peut en effet établir un profil politique assez précis. Cela veut donc dire que, si c’est proposé par un ami sur Facebook, beaucoup vont aller dévoiler leurs opinions politiques profondes à un site web inconnu.

Quand on voit la sensibilité de la plupart de ces mêmes personnes sur leurs données personnelles, on s’étonne. J’ai vu, par exemple, une partie de ceux qui ont rempli ce test se plaindre en parallèle de l’application StopCovid, dénonçant un risque de surveillance par l’État. Alors pourquoi les mêmes passent-ils de longues minutes à déclarer leur pensée politique profonde à une entreprise inconnue ?

Se sont-ils seulement demandés qui est derrière ce site web ? Qui est IRDlabs ? D’autant plus que c’est une vraie question, vu l’absence d’information à ce sujet sur leur site. Quand on l’explore, on découvre surtout de très nombreux tests, qui ne portent pas que sur les opinions politiques, mais aussi religieuses, sexuelles… C’est donc clairement très intrusifs, et dans tous les domaines. Si le site possède une page sur sa politique de confidentialité, il est impossible de trouver nulle part une information sur IRDlabs. Est-ce une société ? Qui sont ces dirigeants ? Dans quel pays est-elle déclarée ? À quelle législation est-elle soumise ?

Si on cherche à savoir dans quel pays se trouve ce serveur web, on s’aperçoit qu’il est abrité derrière les services de Cloudfare, un outil qui empêche, entre autres, de le localiser. Quand on fait une recherche whois sur le domaine irdlabs.com, on n’a pas plus de coordonnées ou d’identification Mais on découvre que ce domaine est déclaré aux Bahamas, un paradis fiscal bien connu pour son manque de transparence et de collaboration judiciaire. Très rassurant.

On pourrait s’en moquer en se disant que les opinions qu’on va déclarer sur ce site restent anonymes, vu qu’on ne donne pas son nom ou son adresse, mais que son adresse IP. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Quand quelqu’un s’y connecte via Facebook, IRDlabs récupère une information, le fbclid que Facebook ajoute à toute adresse, qui permet de suivre un utilisateur ou une source. Et, bien pire, si cet utilisateur partage les résultats depuis le site lui-même, comme j’ai vu beaucoup le faire, cela offre à IRDlabs la possibilité de capturer son identité à ce moment-là, et de la lier aux données récupérées…

En clair : si ce site a décidé de ne pas respecter l’anonymat qu’il promet, si cette société bien cachée est aussi malhonnête que cela le laisse penser, elle doit être en train d’établir des fichiers d’opinions politiques, sociales, religieuses et sexuelles sur des millions d’utilisateurs. Le scandale Cambrige Analatyca de 2018 a déjà montré que non seulement des sociétés dûment déclarées et enregistrées ne se gênaient pas pour le faire, jusqu’à influencer les résultats de l’élection américaine, alors imaginons ce que peut faire cette société fantôme…

Je m’étais alarmé il y a quelques temps, dans cette note de blog, de voir apparaître des initiatives sur ces même réseaux sociaux qui permettaient à n’importe qui d’établir très facilement des listes de militants gilet jaune. Il est vraiment temps que nous, citoyens, commencions à réfléchir à qui nous confions nos opinions et nos données, et qui pourrait bien s’en servir pour nous manipuler à grande échelle en retour.