La démocratie sous le joug des réseaux sociaux

Meta a décidé de fermer du jour au lendemain la page Facebook “Mr Mondialisation”. C’est la suppression définitive et sans contestation possible d’un média d’information qui avait pourtant 1,5 million d’abonnés ! Tout ça pour une photo d’une tribu autochtone d’Amazonie qui avait le tort aux yeux pudibonds de Meta de montrer des corps un peu trop dénudés…

N’est-ce pas formidable ? Ces réseaux sociaux se montrent incapables de contrôler la diffusion de contenus dangereux et manipulateurs auprès des plus faibles, enfants en tête, mais, en même temps ils censurent de manière complètement aberrante des contenus qui ne peuvent que nous faire réfléchir, et ce quelles que soient nos opinions politiques, même si nous ne sommes pas d’accord avec une ligne éditoriale.

Ces réseaux sociaux ont un tel pouvoir qu’on aurait dû, il y a déjà longtemps, créer une sorte de loi antitrust pour contrer la main mise de ces intérêts très privés sur le débat public. Plus de 100 000 comptes actifs sur un site de discussion public ? Obligation de contrôle par une association de certification indépendante externe. Plus d’un million de comptes ? Obligation de transparence sur les algorithmes, règlement de modération imposé et contrôlé par une autorité publique (type Arcom pour l’audiovisuel).

Et si ça devait ne pas leur plaire, tant pis, que ces réseaux sociaux quittent la France et l’Europe. Ça nous éviterait d’en rajouter jour après jour à nos abêtissements et à nos difficultés démocratiques…

 

Si vous voulez en savoir plus et/ou soutenir Mr Mondialisation :

Mac : renommer ses fichiers par lot

J’ai réalisé hier en voyant passer un article que la plupart des utilisateurs de Mac devaient ignorer l’existence d’une fonction pour renommer des fichiers ou dossiers par lot. Grâce à elle, on peut ainsi éditer facilement tous leurs noms d’un coup, en remplaçant tout ou partie, en y ajoutant du texte au début ou à la fin, en les numérotant ou même en les datant.

Le plus merveilleux, c’est que tout cela se fait sans utilitaire particulier, juste en sélectionnant dans le Finder ses fichiers, puis en ouvrant le menu contextuel (clic droit) et en sélectionnant « Renommer ».

Et si vous connaissiez déjà cette astuce, je ne peux que vous recommander de vérifier que c’est le cas pour toutes celles proposées par l’excellent site Mac4ever :

Spacewar!

Voulez-vous essayer un des tous premiers jeux vidéo de l’Histoire ?

À partir de 1962, un ingénieur du MIT et des étudiants ont codé sur un ordinateur DEC PDP-1 un jeu de bataille spatiale, « Spacewar! », souvent considéré comme le premier jeu vidéo graphique de l’Histoire.

L’ordinateur DPD-1, avec son poids de 730 Kg pour seulement 10 Ko de RAM et moins de 3000 transistors, avait la qualité d’avoir un écran de 16 pouces assez défini et d’être prêt pour des usages interactifs. C’est d’ailleurs sur cet ordinateur que sera créé le premier traitement de texte, TECO, comme la première manette de jeu video. Ouvert, bien documenté, le PDP-1 sera pris en main par les étudiants de plusieurs universités, et donnera naissance à la culture hacker comme à l’open-source au MIT.

Le plus amusant, c’est que ce jeu si innovant mais si complexe à programmer dans un ordinateur qui coûtait pourtant plus d’un million d’euros d’aujourd’hui, eh bien ce petit jeu tourne sans aucun effort dans un navigateur web. Alors si vous voulez jouer à l’ancêtre du célèbre Asteroids d’Atari, c’est ici :

Et pour ceux qui voudraient en savoir beaucoup plus, voici un riche article sur le sujet :

Meta va entraîner ses IA sur nos créations sans qu’on puisse réellement s’y opposer

C’est officiel, d’ici un mois, Meta va utiliser toutes les données publiées par les utilisateurs de Facebook et Instagram pour entraîner ses IA sauf si ces utilisateurs s’y sont opposés formellement d’ici là.

Pourtant, sur les réseaux sociaux, énormément de photos, d’illustrations et de dessins sont partagés par des gens qui n’en sont pas les créateurs. S’ils ne se manifestent pas, Meta va faire comme si c’était leurs propres contenus, alors qu’ils sont déjà publiés de manière illégale du point de vue du droit d’auteur.

En conclusion, Meta va donc entraîner son IA avec tous ces contenus sans l’accord de leurs véritables auteurs et autrices. Et nous, créateurs et créatrices, il ne nous restera que nos yeux pour pleurer sur ce nouveau pillage.

Comment faire encore confiance à Facebook et Instagram ?

Saviez-vous que de 2012 à 2019 Facebook et Instagram avaient stocké les mots de passe de leurs utilisateurs en clair dans une base de données, au mépris de toutes les règles de sécurité ? Environ 600 millions d’utilisateurs étaient concernés.

Plus fort, près de 2 000 employés de Meta pouvaient les consulter librement ! Cela veut dire qu’ils pouvaient accéder à tous les contenus de ces comptes, lire toutes leurs conversations privées sur Messenger, regarder des photos tout aussi privées, voire, qui sait, poster à leur place…

De plus, on apprend que ces mots de passes ont été consultés 9 millions de fois en 7 ans ! On se demande ce qui pouvait justifier un tel nombre d’accès à ces comptes ?

Enfin, une fois l’affaire découverte, Meta n’a prévenu personne. Cela veut dire que si ces utilisateurs n’ont pas changé de mot de passe depuis 2019 ou activé la double authentification, leurs comptes restent parfaitement accessibles à tous ceux qui se seraient appropriés ces mots de passe…

L’Irlande vient d’infliger une amende de 91 millions d’euros à Meta pour ça, une somme ridicule pour une entreprise de cette taille. Comme si ce n’était pas une atteinte très grave à la vie privée et une insulte à toutes les lois européennes. Comme si c’était la première fois que Meta était pris la main dans le pot de confiture (Cambridge Analytica, par exemple).

Bref, ne confiez rien de privé aux réseaux sociaux tant qu’ils appartiendront à des incompétents, à des manipulateurs, à des voleurs de données privés, à des évadés fiscaux et à des menteurs compulsifs… Bref, comme ça ne risque pas de changer, ne confiez RIEN de privé, mais vraiment RIEN, aux réseaux sociaux.

Adobe, ou le piratage par intermédiaires

Quand Adobe avait présenté Firefly, son “intelligence artificielle” génératrice d’images, c’était avec la promesse qu’elle avait été entrainée seulement avec des images libres de droit. Chez pas mal d’artistes, il y avait eu un vrai soulagement en voyant une grosse société admettre enfin que le pillage de nos œuvres par les IA ne pouvait pas continuer. Mais on ne se faisait pas trop d’illusions, car, dans le fond, ça ne changeait rien à tous les autres problèmes, comme la concurrence déloyale entre hommes et machines ou l’appauvrissement programmé de la création et de la culture…

On découvre aujourd’hui qu’Adobe Firefly a aussi été formé à partir d’images générées par d’autres IA comme Midjourney. Ces mêmes IA qui, elles, ne se sont pas gênées pour piller sur Internet nos images protégées par le droit d’auteur. Bref, Firefly a pillé notre travail d’artistes, mais par le truchement d’intermédiaires… On se demande qui est le plus malhonnête finalement.

Je paye 500 euros par an d’abonnement à Adobe pour accéder à Photoshop, inDesign, Acrobat ou Première… Que dirait cette boîte si je décidais d’avoir la même négligence envers sa propriété intellectuelle, et que j’installais des versions piratées de tous ses logiciels, en me défendant de toute malversation puisqu’on les trouve facilement Internet et que ce sont d’autres qui ont fait le piratage initial ?

PS : Dire que mon dernier énervement contre Adobe à moins de deux ans : Vais-je me séparer d’Adobe après 30 ans de vie commune ?

 

 

Remplaçable ? Remplacé !

Nous avons tous compris que dans beaucoup de domaines, des travailleurs bien humains vont se faire remplacer par des “intelligences artificielles”. Mais dans quelle proportion ? Dans les métiers intellectuels, certains prédisent que ce sera plus de la moitié des postes.

Mais il faut arrêter de parler de tout cela au futur.

Onclusive, société française spécialisée dans la veille média et les outils de relations publiques vient d’annoncer qu’elle virait 217 salariés sur 383 et utilisera à la place de l’intelligence artificielle. C’est donc 56% de ses effectifs qui sont remplacés du jour au lendemain par un logiciel.

Dire que le développement de ces IA n’en est qu’à ses balbutiements. Depuis des décennies, les robots ont expulsés massivement les ouvriers du marché du travail ? C’est maintenant au tour des cols blancs de se faire liquider.

Ça promet.

Web WipEout

Dans les années 90, j’occupais une table d’atelier chez Mathieu Lauffray et on dessinait assidument toute la journée et une partie de la nuit. Enfin, presque. Mathieu avait eu la très bonne/mauvaise idée d’investir dans une grande télévision, sur laquelle on disséquait les films, et dans une magnifique console PlayStation, première du nom. Et parmi nos jeux préférés, il y avait la course futuriste WipEout. Créé par les Anglais du studio Psygnosis, il avait tout pour plaire : ultra fluide et rapide pour l’époque, il renouvelait les sensations d’arcade. Il était beau aussi, loin des rendus assez grossiers de la plupart des jeux, en particulier grâce aux créations visuelles de The Designers Republic, graphistes stars de la scène musicale anglaise. Enfin, la bande son était à la hauteur, avec les meilleurs représentants de la techno et de la big beat, les Orbital, Chemical Brothers ou The Prodigy qu’on découvrait à l’époque.

Aujourd’hui, il est possible de retrouver cette sensation d’un clic. Le code source du premier WipEout ayant fuité l’année dernière, un développeur s’est lancé dans son portage1 sur des plateformes plus modernes. Et en particulier, sur le web ! On peut donc jouer à WipEout sur son navigateur d’un clic sur ce lien (et en téléchargeant 144 Mo de données) :

On voit là quel chemin l’informatique a parcouru depuis 1995. Quand la première PlayStation a débarqué, en particulier avec WipEout, on était bluffé par la puissance, la qualité graphique et la réactivité de la console. C’était, proportionnellement aux ordinateurs de l’époque, franchement une réussite. Dire qu’aujourd’hui, tout cela tourne à fond dans un navigateur web, y compris sur son téléphone ! Si la technologie utilisée, WebAssembly, permet cette efficacité, cela reste une émulation, et donc consomme bien plus qu’un jeu directement écrit pour le processeur. On ne réalise pas que nos iPhones dépassent aujourd’hui aisément le teraflops de puissance de calcul, alors que nos braves PlayStations de 1995 faisaient toutes ces merveilles avec seulement 66 kiloflops sous le capot, soit 10 000 fois moins de puissance que nos « téléphones ». Et pourtant, à l’époque, on s’épatait d’avoir dans cette petite boîte sous la TV du salon presque la même puissance que les supercalculateurs Cray-1 qui nous avaient fait rêver gamins.

Bref, let’s play WipEout again!

Notes

Paranoïa numérique

Ce matin, je vois passer sur Facebook « une image de la NASA montrant le lancement de la navette Atlantis en 2006 prise par un avion de très haute altitude, le WB-57 ». Peu d’internautes l’auraient sans doute questionnée il y a encore un an, mais là, tout de suite, beaucoup parlent de trucage ou d’IA.

En fait, c’est bien la photo du lancement, mais recadrée, avec de l’ajout de flou sur le fond, ce qui lui donne cette apparence de maquette photographiée au macro-objectif. C’est donc une vrai-fausse image réelle, une version esthétisée d’une photographie.

Avec l’apparition des images générées par IA, pas mal de gens sont en train de devenir plus prudents avec ce qu’on leur montre. Et cela va devenir le cas dans tous les domaines touchés par les IA de génération de contenus. On peut s’en réjouir, mais on peu aussi s’en inquiéter. Ce monde numérique des fake news, des arnaques e-mail, des virus et des contenus IA ne serait-il pas en train de nous rendre tous complètement paranoïaques ?

Mémoire des prix

Source : facebook.com

L’ami Fred Beltran écrit sur Facebook qu’il doit se résoudre à se débarrasser de vieux Macintoshs pourtant acquis à prix d’or à l’époque. Que de souvenirs. En me remémorant le PowerMac qu’on avait acheté à deux avec Mathieu Lauffray, hors de prix pour de jeunes artistes débutants, j’ai donc commenté que ces ordinateurs « coûtaient un rein ». Mais certains me répondent que « ça n’a pas vraiment changé aujourd’hui ». Rien de moins sûr.

Sur la publicité d’époque, on peut voir le prix de la gamme des Macintoshs de 1994.

Si on convertit en euros les 20 000 Francs HT d’un PowerMac 7100, en tenant compte de l’inflation évidemment, on obtient presque 5 000 € HT / 6 000 € TTC d’aujourd’hui. Ce PowerMac 7100 de 1994 à 6 000 € a en gros comme équivalent dans la gamme aujourd’hui le Mac Mini M2 ”pro” à 1 500 €. C’est donc 4 fois moins cher. En performance, c’est évidemment sans comparaison.

Pour rappel, les tarifs du Mac Mini M2 de 2023 commencent à 700 € (et c’est déjà une sacrée bête de course à ce prix). Même le Mac Studio Ultra, horriblement cher, n’est « que » à 4 500 €.

Bref, les prix des PC comme des Mac se sont totalement effondrés en 30 ans à gamme égale. Et c’est vrai pour la plupart des appareils électroniques. Et ce sans tenir compte des prodigieux gains de performance obtenus entre temps. Et pourtant beaucoup continuent à les trouver bien trop chers.

On ne peut donc que recommander de comparer les prix dans le temps, car notre mémoire est très approximative sur ces sujets. Je pratique souvent cet exercice, et c’est plus surprenant qu’on ne l’imaginerait. Je le fais bien sûr aussi sur la rémunération des auteurs et autrices dans l’édition. Et croyez-moi, avec une vision de plus de 30 ans de recul sur les tarifs pratiqués, il y a de quoi avoir peur.

Pour faire des calculs des prix avec l’inflation mais aussi la conversion entre francs et euros entre les années :