Une de mes sœurs vit à Munich, tout près du centre commercial où a eu lieu l’affreux massacre d’hier. Passé l’émotion la plus égoïste (ouf, elle et sa famille vont très bien), on s’interroge. Cet acte ressemble à tous les actes terroristes, mais semble finalement n’avoir aucun lien avec Daesh. Ce ne serait “que” le geste d’un fou. Cela rejoint les questions qu’on peut se poser sur le meurtrier de Nice. Terrorisme réel, ou juste terrible imitation de la violence du moment par un psychopathe ?
Il va falloir s’avouer qu’il y a quelque chose de pourri au sein de notre civilisation, dont Daesh sait hélas bien profiter. Michael Moore dans Bowling for Columbine émet l’hypothèse que les tueries de masse aux USA sont bien plus dues au business de la peur cher aux médias américains qu’au fait que les armes soient en vente libre. Nos médias français, et sans doute européens, ont glissé à leur tour vers cette même systématisation du spectacle de la peur, via les chaînes d’info et les reportages putassiers, bien aidés par les politiques en mal d’idées. Nos cinglés se mettent donc aux suicides spectaculaires et aux tueries de masse à l’américaine…
On peut même craindre qu’à chaque attentat ou tuerie, les médias et les réseaux sociaux ne relancent la machine de la peur, nourrissant donc les tueries de demain. Comment va-t-on sortir de ce cercle vicieux ?
ILS ONT OSÉ. Le gouvernement interdit donc une manifestation inter-syndicale. Et ce parce qu’il est, au mieux, incapable de faire correctement son travail de police contre les casseurs, et au pire complice d’avoir laissé pourrir la situation. ILS ONT OSÉ. Après l’état d’urgence permanent, c’est l’état policier permanent qui se dessine. Nous sommes donc parfaitement en droit de traiter notre président, son premier ministre et le ministre de l’intérieur des jolis noms de “sociaux-traitres”, “antidémocrates” et “graines de fachos”. ILS ONT OSÉ. Si le parlement se rend complice de ces actes, il faudra aussi que nous prenions cela en considération aux prochaines élections. Messieurs les députés, il est temps de censurer ce gouvernement aussi incapable que dangereux. ILS ONT OSÉ. Alors ça va être à nous tous de défendre la démocratie menacée.
Et ne me dites pas que je suis un gauchiste écervelé ou un fauteur de trouble. Si vous pensez cela en me lisant c’est que le délire sécuritaire vendu par trop de médias depuis trop d’années vous a fait oublier ce qu’est la démocratie.
[EDIT] La manifestation est finalement autorisée après une matinée de dupes. Je maintiens chaque mot de ce texte. Car ILS ONT OSÉ, mais apparemment sans savoir ce qu’ils allaient déclencher. Mais quelle absolue incompétence politique !
ReLIRE, le Registre des Livres Indisponibles en Réédition Électronique, était une belle idée : on ne pouvait que se réjouir de voir republier numériquement des livres que leurs éditeurs originaux avaient délaissés. Mais ce projet, dès le début, a eu la mauvaise idée de décider qu’il pouvait se passer de l’autorisation de auteurs pour les republier. Le collectif Le Droit du serf avait donc pris la décision d’acter en justice pour combattre cette dangereuse exception aux droits des créateurs.
Après le Conseil d’État, le dossier est maintenant devant la Cour de Justice de l’Union Européenne. Vues les conclusions de l’avocat général, il serait urgent que la Ministère de la Culture suspende le projet ReLIRE jusqu’à ce jugement qui pourrait bien lui être défavorable.
Merci en particulier à Sara Doke pour son engagement envers les auteurs depuis toutes ces années.
ReLIRE : “L’auteur et l’auteur seul décide de ce qui va être fait de son œuvre”
La numérisation de livres indisponibles, telle que la loi française l’a envisagée, ne répondrait pas à une directive européenne sur le droit d’auteur. Les conclusions de l’avocat général remises à la Cour de Justice de l’UE vont dans le sens des plaignants : sans l’accord préalable des auteurs, le registre ReLIRE représente une violation de la propriété intellectuelle. Sara Doke, qui fut à l’origine avec Ayerdhal, son conjoint, du recours porté devant le Conseil d’État revient avec nous sur cette première étape dans le processus européen.
« Ce que j’en retiens, c’est qu’étonnamment, l’avocat général, relisant la Convention de Berne, est en accord avec nos propres convictions : l’auteur et l’auteur seul décide de ce qui va être fait de son œuvre. » Et d’ajouter : « Il n’est pas possible de sortir d’un chapeau une exception qui spolierait l’auteur de ses droits sur sa création. Que l’avocat général insiste sur ce point devrait être salué par l’ensemble des sociétés d’auteurs. »
Sara Doke et Ayerdhal, aujourd’hui décédé, sont engagés dans un collectif, Le Droit du serf, « qui a travaillé sur la question numérique depuis son apparition. Que ce soit au Sénat ou au Ministère de la Culture, nous avons fait connaître notre sentiment et notre position. Et cela avant même que la loi ne soit présentée devant les chambres ».Lire l’article www.actualitte.com
Les amoureux du vrai camembert peuvent être catastrophés. Le groupe Lactalis vient de racheter Graindorge, et donc l’excellente fromagerie de St-Loup de Fribois qui fabrique, entre autres, pour Levasseur, Domaine du Plessis, Graindorge… Rappelons que Lactalis est le groupe qui a transformé les fleurons AOP qu’étaient Lepetit et Lanquetot en camemberts industriels sans goût (et Jort, Carel, Orbec et compagnie ne s’en tirent pas tellement mieux sous sa tutelle). Allié à la coopérative industrielle Isigny, Lactalis avait même essayé de mettre fin à l’obligation d’utiliser du lait cru pour l’AOP camembert de Normandie.
Bref, on peut craindre le pire pour les camemberts de St Loup de Fribois. Restent donc Reaux (Lessay), Gillot (Saint-Hilaire-de-Briouze), Pré Saint-Jean (Gavray) et Durand (Camembert) si on veut échapper à l’ogre…
Je serais à Lyon ce week-end pour le Lyon BD Festival.
Vendredi, ce sera très professionnel, je présenterai les résultats nationaux mais aussi régionaux de la grande enquête auteurs des États Généraux de la Bande Dessinée. Avec la complicité d’Olivier Jouvray et de l’ARALD. Auteurs, venez nombreux, on ne parlera que de vous !
Dimanche, je vous montrerai comment je crée Universal War. Et pour ça, je vais devoir me trainer un ordinateur portable et une tablette graphique à travers toute la France, alors venez nombreux ! (14H30, Palais du Commerce, Salle Tony Garnier)
Deux journalistes de I-dio-tv sommés de s'expliquer sur une information mensongère qu'ils viennent de passer en direct prétendant que les forces de l'ordre sont intervenus en réaction à des violences ce matin lors de l'évacuation des réfugiés du lycée Jean Jaurès, reconnaissent finalement "une maladresse"…
« Il y a une méprise de notre part ». Des journalistes d’iTélé pris en plein bricolage de l’information lors de l’évacuation forcée des migrants réfugiés dans le lycée désaffecté Jean Jaurès. Cette petite séquence rend concrète ce sentiment que nous avons tous que les médias dénoncent les violences que subit la police, mais quasi jamais celles que subit la population, malgré les nombreuses vidéos disponibles sur Internet.
On ne dira jamais assez la catastrophe qu’a été l’apparition des chaines d’information continue gratuites BFM et iTélé. Primeur au direct improvisé et vide de sens, illusion d’être informé alors que seul le recul permet de comprendre les choses, recherche du buzz et peur de le louper, transformation de tout en un spectacle destiné à boucher l’espace entre les pages de pub… Pire, elles ont imposé leur rythme à des hommes politique qui confondent maintenant gouverner et passer à l’antenne.
Un ami très énervé disait il n’y a pas longtemps « il va y en avoir des journalistes à tondre à la libération ». Mais ce n’est pas une compromission tant réfléchie que ça, c’est l’appât du gain de certains et surtout la précarisation de la grande majorité qui détruit les médias. D’où découle cette explosion de bêtise, approximation et/ou veulerie. Il n’est plus que temps de s’inquiéter de l’effondrement continue du quatrième pouvoir, celui qui dans une démocratie est censé surveiller les trois autres (législatif, exécutif et judiciaire). Mais je crains qu’il ne soit déjà trop tard : toute cette bêtise va probablement nous exploser à la gueule en 2017.
[EDIT] En parallèle, l’observatoire des médias Acrimed, qui n’a jamais été tendre avec les journalistes, se retrouve à devoir dénoncer les violences policières contre les journalistes. C’est aujourd’hui, c’est en France.
Hubert Mounier, alias Cleet Boris, leader et chanteur de l’Affaire Louis Trio, un des plus brillants musiciens de la scène pop/rock française, est décédé soudainement aujourd’hui. Je l’avais vu en concert la première fois quelques mois après mon bac et j’avais eu depuis la chance de le revoir aussi comme auteur de BD. J’avais toujours plaisir à le croiser sur Facebook. Mes pensées vont à ses proches et à tous ses autres fans. Et je m’en vais réécouter encore une fois ses albums dans « ma cabane en rondins cachée au fond des bois où on goûte la joie de vivre doucement… »
Trouvaille de l’ami Serge Fino : votre serviteur filmé en 1991 par FR3 à St Malo dans le cadre d’Étonnants Voyageurs. J’étais au Beaux-Arts, et le look Julien Doré faisait des ravages avant l’heure. AH AH AH AH 😀