Le Blog

Un entretien de deux heures

C’est n’importe quoi ! Deux heures ! J’ai causé deux heures avec David Geiger pour le podcast PLOP !

Ceci dit, avec ce format long, il s’en est dit des choses qu’on n’entend jamais d’habitude. Je crois même qu’on a eu le temps de refaire le monde deux ou trois fois.

Alors, bonne écoute :

Pour en savoir plus, vous abonner à PLOP, ou soutenir le projet :

Le marché de la BD se porte bien, pas les auteurs

Un papier de l’AFP La bande dessinée, secteur en plein essor, repris par de très nombreux sites de la grande presse, a énervé pas mal d’auteurs la semaine dernière. Nous avions été nombreux à faire remarquer qu’on ne pouvait pas se contenter du seul discours du SNE, syndicat des éditeurs, et que la situation des créateurs de BD était loin d’être triomphale, elle. Notre énervement sur les réseaux sociaux n’est pas passé inaperçu. Merci à Francis Forget de Culturebox / France Télévision d’avoir pris le sujet en main et d’avoir donné la parole aux auteurs.

Entretien avec André Schiffrin

La Fabrique venait de publier ‘L’édition sans éditeurs’ lorsque j’ai entendu la première fois André Schiffrin parler en public pendant un Autarcic Comix à Bruxelles. Je m’étais jeter sur l’ouvrage. Dès 1999, en se basant sur son expérience au USA, André Schiffrin y prédisait ce qui allait se passer en France dans la décennie suivante. Suivirent les tout autant passionnants ‘Le contrôle de la parole’ et ‘L’argent et les mots’.

du9 publie la transcription d’une table ronde avec William Henne et Xavier Guilbert de 2011, qui, comme toujours avec André Schiffrin, mais aussi Xavier, semble parler de ce que nous vivons précisément aujourd’hui. Passionnant !

La BD, un secteur en plein essor ?

LA BD VA SUPER BIEN ! SI ! Car ce qui est bien avec l’Agence France-Presse, c’est que ses articles sont repris partout. Donc, c’est officiel “la bande dessinée est un secteur en plein essor” puisque Libération, Le Figaro, L’Express, Le Point et consorts le disent tous en même temps…

Bon, bien sûr, l’AFP n’a interrogé que les gros éditeurs. Mais pourquoi aurait-elle demandé leur avis aux auteurs, par exemple ? Non, non, ces auteurs ne sont définitivement bons qu’à faire des livres et qu’à se précariser dans leur coin en silence…

Bref merci l’AFP. Vous devriez aussi faire un article sur la presse qui va super bien, en n’interrogeant que les patrons des groupes et surtout aucun journaliste…

[EDIT] Le texte de l’article, qui a disparu du site de l’AFP depuis :

La bande dessinée, secteur en plein essor

Dans un marché de l’édition morose, le secteur de la bande dessinée affiche une forme éclatante avec une croissance de 20% de son chiffre d’affaires au cours des dix dernières années, selon un rapport du Syndicat national de l’édition (SNE) divulgué mardi. Le signe le plus visible de ce dynamisme est la sortie jeudi, à un total de 5 millions d’exemplaires (dont 2 millions en français), du 37e album des aventures d’Astérix, “Astérix et la Transitalique”.

Avant Astérix, il y a eu Titeuf dont le 15e album, publié fin août, a été tiré à 550.000 exemplaires ou encore Largo Winch (350.000 exemplaires), Le Chat (300.000), Corto Maltese (250.000). D’ici la fin de l’année d’autres “locomotives” sont attendues en librairie dont la suite du Chat du rabbin (100.000 exemplaires prévus), les Tuniques bleues (110.000), les Cahiers d’Esther (100.000), les Vieux fourneaux (200.000) et Lou! (320.000). Aujourd’hui, 8,4 millions de Français achètent de la BD, soit 15,5% de la population âgée de plus de 10 ans, indique le rapport du SNE. Le secteur de la BD se situe au 3e rang de l’édition française (derrière la littérature générale et l’édition jeunesse) avec 14% de parts de marché.

L’étude du SNE montre également que l’acheteur de BD est relativement jeune (41 ans en moyenne contre 44 ans pour un acheteur de littérature générale), féminin (53% des acheteurs de BD sont des femmes) et appartient plutôt aux catégories socio-professionnels supérieures. Si la BD franco-belge (Astérix, Lucky Luke, Corto Maltese…) attire encore le plus grand nombre d’acheteurs (près de 7 millions), l’étude relève que l’achat de mangas (environ 5 millions d’acheteurs) se renforce régulièrement.

Ondes gravitationnelles

La fusion de deux étoiles à neutrons a été observée en même temps dans trois domaines : ondes gravitationnelles, sursaut gamma et optique. Un pas de géant pour l’astrophysique !

Désolé, cette réjouissante vidéo est en anglais, mais heureusement cet excellent article sur le site du CNRS est en français :

Utopiales 2017

Le programme des Utopiales Nantes 2017 est en ligne. En ce qui me concerne, je serai bien sûr présent comme auteur, mais aussi pour la première fois comme modérateur de tables rondes. En effet, j’avais envie de m’impliquer afin de mettre en avant mes confrères et leurs talents ! J’espère que ça fera plaisir en particulier aux auteurs de BD Mathieu Bablet, Jerry Frissen et Valentin Sécher 🙂

 

Voici donc le programme qui me concerne :


INTERRO SURPRISE : LE TEMPS DANS UNIVERSAL WAR ONE
Mercredi 1er novembre – 15h00 – Agora Hal

Denis Bajram a déclaré : « Le continuum espace-temps est un tout cohérent : le temps y est la conséquence de tous les voyages qui y ont lieu et qui y auront lieu un jour. […] les héros d’UW1 n’ont pas modifié l’Histoire : ils ont leur propre histoire de tout temps. Si leurs actes avaient été différents, l’Histoire aurait toujours été différente de tout temps. »

Regards croisés entre la physique et la création.
Avec : Roland Lehoucq, Denis Bajram


LE TEMPS EN BD
Mercredi 1er novembre – 16h00 – Scène Shayol

Selon Scott Mac Cloud, il y a toute une part d’art invisible dans la bande dessinée qui échappe au lecteur. Comment gérer la temporalité de l’action ? Comment rendre signifiant temporellement l’espace entre les cases ou leur organisation ? L’ellipse de la bande dessinée ne serait-elle pas une autre représentation discrète du voyage spatio-temporel ?

Avec : Valérie Mangin, Denis Bajram, Yoann, Grégory Panaccione, Giorgio Albertini – Modération : Gilles Francescano


LES MÉTA-BARONS, UNE BD GÉNÉRATIONNELLE
Jeudi 2 novembre – 13h00 – Scène Hetzel

Trente-sept ans que le premier tome de l’Incal, scénarisé par Jodorowsky et dessiné par Mœbius, est paru et que cette série mythique a accouché d’une autre série : les Méta-Barons. Également née sous la plume de Jodorowsky, elle est désormais reprise par Frissen et Sécher. Comment se glisse-t-on dans une aventure aussi longue ?

Avec : Jerry Frissen, Valentin Sécher – Modération : Denis Bajram


ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION D’OCTOBRE
Jeudi 2 novembre – 14h00 – Scène Hetzel

Le 25 septembre 1917, le croiseur Aurore tire à blanc le premier coup de canon de la Révolution d’octobre. Ce qui suivra changera la face du monde. Quarante ans plus tard, Spoutnik 2 quitte la Terre et emporte Laïka dans son voyage sans retour. Parallèlement, l’essor de l’imaginaire science-fictif soviétique ne le cède en rien à celui des États-Unis. Et si la science-fiction c’était un peu la révolution ?

Avec : Yann Olivier, Aymeric Seassau, Denis Bajram, Patrice Lajoye – Modération : Xavier Mauméjean


JEUNESSE ET VIEILLISSEMENT DANS LA CRÉATION
Vendredi 3 novembre – 11h00 – Scène Shayol

Dans l’un des derniers James Bond, la « romance » entre Daniel Craig et Monica Bellucci a fait scandale du fait de la grande maturité de Bellucci,
tandis que celle avec Léa Seydoux (18 ans dans le rôle) n’a étonné personne. Outre les différences de traitement par genre, comment le vieillissement est-il représenté dans notre société ? Au cinéma, comme en BD ou dans les romans, comment représente-t-on le passage du temps sur les corps
et les êtres ?

Avec : Ariane Gélinas, Emma Newman, Valérie Mangin, Nabil Ouali, Olivier Bérenval – Modération : Denis Bajram


LE PASSAGE DU TEMPS
Vendredi 3 novembre – 19h00 – Scène Hetzel

« Songez que du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent ». Ainsi s’adresse le général Bonaparte à ses officiers juste avant la bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, au pied des pyramides de Gizeh. En résistant aux épreuves du temps, les monuments anciens témoignent du passé même s’ils ont sans doute perdu la superbe qui était la leur. C’est
que le passage du temps use et transforme la matière, les créations humaines, les paysages. Comment se mesure-t-il ? Comment se représente-t-il ?

Avec : Valérie L’Hostis, Philippe-Aubert Côté, Denis Bajram, Marion Cuny – Modération : Bénédicte Leclercq


TIME WAR
Samedi 4 novembre – 9h00 – Scène Hetzel

Imaginons les guerres du futur. Les ordinateurs aux commandes pourraient-ils les rendre ridiculement brèves ? Ou mieux, tels les personnages de
Terminator, les soldats du futur ne pourraient-ils se poursuivre dans le temps pour changer chaque fois la face des événements? Et si le temps jouait un rôle primordial dans la guerre du futur?

Avec : Bertrand Campéis, Emmanuel Chiva, Laurent Genefort, Denis Bajram, Olivier Parent – Modération : Sara Doke


QUELLE GÉOPOLITIQUE DANS LA BANDE DESSINÉE D’ANTICIPATION ?
Samedi 4 novembre – 13h00 – Scène Shayol

La science-fiction ne se contente pas de redessiner les conditions sociales ou climatiques, de demain, mais aussi la géographie politique, au sens noble du terme, de l’avenir. Que deviendront les villes ? Ou les espaces périurbains ? Et les campagnes ? Comment habiterons-nous le futur ? Comment en tenir compte ou l’anticiper en bande dessinée ?

Avec : Denis Bajram, Christophe Bec, Alain Musset, Audrey Alwett, Erwann Surcouf – Modération : Lloyd Chery


ADAPTER UNE ŒUVRE EN BANDE DESSINÉE
Dimanche 5 novembre – 13h00 – Scène Shayol

Adapter un roman, changer le support de l’histoire d’origine implique des choix narratifs parfois radicaux et la fidélité pointilleuse n’est pas
forcément la « bonne » solution. De l’Énéide à La Horde du Contrevent, comment adapte-t-on une œuvre littéraire en bande dessinée ? Comment scénaristes et dessinateurs s’emparent-ils de l’univers de l’auteur ?

Avec : Julien Blondel, Aurélien Police, Éric Henninot, Valérie Mangin, Thomas Day – Modération : Denis Bajram


RENCONTRE AVEC MATHIEU BABLET
Dimanche 5 novembre – 15h00 – Scène Shayol

Mathieu Bablet est fan de films d’horreurs et de séries B. Fraîchement diplômé de l’ENAI de Chambéry (Enseignement aux arts appliqués & à l’image), il envoie le dossier de présentation de sa première BD à Ankama Éditions. La Belle Mort, son projet, est immédiatement repéré par Run, qui lui propose de le publier sous son label : 619. À suivre, après Adrastée et à même pas 30 ans, il se lance dans une fresque de science-fiction de plus de 200 pages, d’une beauté à couper le souffle : Shangri-La.

Modération : Denis Bajram

Se défendre, c’est collectivement

Suite à mon message sur la rencontre avec la Ministre de la Culture, un confrère auteur de BD écrit « Si Denis arrête, je ne vois pas qui s’investira autant pour les auteurs. »

C’est totalement faux. Ce n’est parce que je parfois je me retrouve très (trop) visible en première ligne du combat pour les auteurs que je suis le seul à le mener, bien au contraire. Déjà, Benoit Peeters et Valérie Mangin portent tout autant que moi la charge des États Généraux de la Bande Dessinée, sans oublier tous ceux qui se sont impliqués à nos côtés.

Mais, et surtout, n’oubliez jamais qu’il y a des dizaines d’auteurs qui consacrent plusieurs mois de leur temps de travail tous les ans au SNAC BD, dans le secret des nombreuses institutions ou nous siégeons, dans les négociations destinées à protéger les auteurs, et dans l’organisation de nos activités syndicales Un énorme salut respectueux aux bourreaux de travail du moment : Marc-Antoine Boidin, Christelle Pécout, Elvire DeCock, Gérard Guéro, Marc Lizano, Christian Lerolle, Antoine Ozanam, Gaelle Hersent, Gilles Corre et Alexis Sentenac.

Et, pour finir, je pense à tous ceux qui, un peu partout, travaillent là ou ils sont à aider les auteurs. Merci à eux !

À l’orgue de Caudebec lès Elbeuf

Ce week-end, j’étais l’invité d’honneur du festival BD et jeunesse de Caudebec à Je dois dire que j’ai eu le grand plaisir d’y rencontrer de nombreux passionnés de tout âges.

En apprenant par le maire que l’église médiévale de la ville possédait un bel orgue Cavaillé-coll, et en bon petit-fils d’organiste, j’ai demandé s’il était possible d’aller lui rendre une petite visite privée. C’est un orgue de 1891, entièrement en état d’époque, c’est à dire mécanique, donc dur à jouer pour un ahuri sans pratique comme moi, alors soyez indulgents avec ce petit extrait.

 

Merci à Laurent Bonnaterre et à l’organiste qui nous a accueillis pour ce moment magique !

CSG des auteurs : rencontre avec la Ministre de la Culture

La semaine dernière, j’ai rencontré rapidement la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen. En apprenant qu’elle venait aux Rencontres Nationales de la Bande Dessinée à Angoulême, plusieurs associations et syndicats d’auteurs m’avaient demandé de lui transmettre leurs très vives inquiétudes.

En effet, à l’instant où j’écris, l’augmentation de la CSG n’est toujours pas compensée pour les artistes et auteurs, alors qu’elle l’est chez les salariés et indépendants. Si rien ne change, ce sera 1.7% de perte de revenus pour les créateurs, ce qui sera insoutenable aujourd’hui. Je rappelle qu’en BD, plus de moitiés des auteurs professionnels gagnent moins qu’un SMIC, que plus d’un tiers sont sous le seuil de pauvreté et que ce chiffre est constante augmentation. La situation n’est pas meilleure dans d’autres branches, voire pire, à commencer pour nos cousins de la littérature jeunesse.

Cette augmentation de la CSG est censée rendre du pouvoir d’achat aux travailleurs, par des baisses de cotisations sociales coordonnées. Il serait scandaleux qu’artistes et auteurs en soient eux les victimes, alors que la plupart font déjà partie des travailleurs les plus pauvres de notre pays.

La Ministre de la Culture s’est montré très concernée, et m’a demandé de rassurer les créateurs sur le fait que cette hausse devait être compensée, qu’il ne pouvait pas en être autrement. Mais sans me donner plus de précision sur les modalités.

L’ensemble des associations et syndicats d’auteurs continuent de suivre de très près ce dossier et de multiplier les contacts politiques (J’y ai un peu passé la journée d’hier). Il y a urgence, la survie de très nombreux créateurs, et donc de l’avenir culturel de notre pays, se décide en ce moment même à l’Assemblée nationale.

Merci à Pierre Lungheretti pour son aide.

Photo Frédéric Bosser.