Certains demandent aux organisations d’auteurs de s’exprimer sur l’appel à la grève à Montreuil et à Angoulême lancé par le CAA, Collectif Artistes Auteurs. En tant que “figure” de la lutte en faveur des auteurs, on me somme même dans plusieurs groupes Facebook de donner mon opinion sur le sujet.
Petite analyse personnelle, et je précise bien je ne m’exprime ici qu’en mon nom : Si les différentes organisations d’auteurs avaient pensé qu’il était possible de réussir des grèves significatives et que, une fois réussies, ces grèves pouvaient obtenir des résultats significatifs, elles auraient appelé à la grève depuis longtemps. D’autres modes d’action ont donc été choisis, adaptés à chaque fois aux revendications, aux capacités à mobiliser et aux cibles de ses revendications. Pour le cas précis de la CSG, par exemple, elles ont plutôt opté pour la discussion directe avec le Ministère de la Culture et avec les députés et les sénateurs (et j’ai donc travaillé longuement dans ce sens). Croyez-moi, les amendements parlementaires sur le sujet ne sont pas sortis tout seuls d’un chapeau de magicien.
Certains auteurs et artistes décident de ne pas suivre les choix tactiques des organisations représentatives et d’appeler unilatéralement à la grève. Que peuvent dire ces organisations ? Soutenir cette action, alors qu’elles avaient décidé que ce n’était pas la bonne solution, pourrait ressembler à un retournement de veste ou à une récupération du plus mauvais goût. À l’inverse, s’y opposer reviendrait à nier le droit des auteurs à lancer ce genre d’initiatives, ce qui serait évidemment illégitime. Ne rien faire et ne pas donner de consigne est donc, hélas, la solution la plus neutre. Je pense que c’est sans doute ce que vont décider la plupart des organisations.
On me somme aussi de m’exprimer personnellement. J’ai pas mal d’amis parmi ceux qui lancent cet appel, et j’ai plus qu’un profond respect pour leurs engagements sociaux et politiques. J’en comprends pleinement les motivations et j’aimerai bien qu’ils arrivent à prouver l’efficacité de ce genre de mobilisations chez les auteurs. Et je suis donc le premier embêté de devoir me résoudre à ne pas prendre parti. Mais je suis trop impliqué dans les structures collectives pour pouvoir m’exprimer totalement personnellement (même si c’est ce que je fais ici). Je ne donnerai donc aucun avis sur ce sujet. Le Collectif Artistes Auteurs a décidé d’y aller, tant mieux, tant pis. C’est bien personnellement que chacun va devoir se faire une opinion et décider s’il veut se joindre ou pas à cet appel à la grève.