Des nouvelles d’Universal War Two

Il y a quelques jours, j’ai annoncé que j’étais en train de travailler sur un Goldorak en BD. Évidemment, ça a inquiété les lecteurs d’Universal War qui attendent le tome 4 d’UW2 depuis déjà trop longtemps.

Je m’étais longuement expliqué dans un précédent message sur mon retard. Pour résumer, UW2, c’est vraiment très compliqué à faire. Mais vraiment. Ça me colle des angoisses de ne pas être au niveau du synopsis écrit en 1997. Et comme je crains de devenir de plus en plus exigeant en vieillissant, l’énergie que me demande un album d’Universal War ne cesse donc d’augmenter. Cela nécessite non seulement que je sois totalement concentré à la tâche, mais aussi que j’arrive à m’isoler sérieusement de toutes les autres sources de stress.

En me mettant en retrait de mes engagements syndicaux, j’avais bien espéré retrouver en 2020 la sérénité nécessaire. Je me préparais à partager mon temps entre la réalisation d’Universal War Two et celle de notre album de Goldorak (le fameux « projet collectif avec des amis » que j’évoquais dans ce message).

Retrouver en 2020 la sérénité ? En 2020 ? Ah ah ah, pauvre fou…

La crise sanitaire nous a évidemment tous bouleversés, même si nous n’avons pas tous été touchés de près par la maladie elle-même. Les confinements, les restrictions, les sourires masqués, les proches qu’on ne peut plus voir, les terribles difficultés économiques de beaucoup d’entre nous, la flambée des colères et parfois de la bêtise, en particulier sur les réseaux sociaux… tout cela nous a évidemment tous éprouvé. En plus, l’actualité ne s’est pas contentée de la COVID-19 en terme de mauvaises nouvelles. Qui pourrait se vanter de ne pas sortir épuisé émotionnellement de cette année ?

En tant qu’auteur de science-fiction dystopique, j’ai toujours montré des avenirs qui dérapent dans l’espoir qu’ils n’arrivent jamais. Plus on est nombreux à montrer que des chemins mènent à des futurs peu désirables, plus on peut espérer qu’on ne les empruntera pas. Hélas, cette année 2020 nous a donné l’impression de voir s’incarner une de ces dystopies. Même si je veux croire à la force des utopies, la séquence actuelle a été et est toujours profondément angoissante. Vous pouvez donc imaginer à quel point, entre mes questionnements créatifs, la fatigue accumulée par des années d’engagements syndicaux et la crise générale, il a été difficile de travailler sereinement.

J’ai donc décidé de me concentrer ces derniers mois sur le Goldorak, et ce parce que je le devais à mes amis Xavier, Brice, Alexis et Yoann. Ils comptaient sur moi pour que je sois dans les délais. Je leur devais d’apporter à ce projet mon temps, mon savoir-faire, mais aussi et surtout toute ma passion pour Goldorak.

La réalisation du story-board a été plus compliquée que je l’imaginais. Avec Brice et Alexis, on a parfois fait six versions avant d’avoir la bonne ! Ça devenait souvent obsessionnel, on voulait tellement que les scènes, que les images mais aussi que les sentiments soient à la hauteur de nos émotions d’enfance avec Goldorak.

En fait, j’ai même fini par y retrouver les mêmes niveaux d’angoisses créatives que sur Universal War Two. Je ne sais pas trop quelle leçon je dois en tirer, à part que je me colle sans doute trop la pression ! Souvent, je me dis que si je faisais les choses un peu plus à la légère, en me reposant sur un métier de plus de 25 ans, les lecteurs ne verraient sans doute pas beaucoup la différence. Puis je me dis que c’est peut-être ma façon de n’avoir jamais rien lâché tant que je n’avais pas fait de mon mieux qui a fait Universal War tel qu’il est. Et que donc ça se verrait. Et puis, et surtout, nous ne sommes pas des machines, on ne peut pas se changer comme ça, en décidant d’appuyer sur un interrupteur…

La bonne nouvelle, c’est que si réaliser ce Goldorak n’est pas facile, j’y prends aussi un plaisir gigantesque. Je me rends compte que j’apprends énormément en travaillant avec mes amis. C’est super excitant, en fait. Et j’ai d’ores et déjà très envie de voir ce que tout cela va apporter au tome 4 d’Universal War Two.

Voilà, en 2021, je terminerai donc ce Goldorak, et, je me remettrai ensuite, plein de d’énergies nouvelles, à UW2. Dès que ce tome 4 sera assez avancé, je vous tiendrai au courant sur les délais de parutions. Et, si tout va bien, je me lancerai dans les deux tomes restants dans la foulée, histoire d’arrêter de vous torturer à coup de suspens interminable, mes très très chers lecteurs et lectrices.

Vivent Goldorak et Universal War !

 

 

Les nouveaux westerns

SpaceX et Elon Musk déclarent qu’ils établi­ront leurs propres lois sur Mars

SpaceX, l’en­tre­prise aéro­spa­tiale privée d’Elon Musk, ne recon­naî­tra pas le droit inter­na­tio­nal sur Mars, révèlent les condi­tions géné­rales de son projet d’in­ter­net par satel­lite Star­link. Elle compte y établir ses propres lois, guidées par des « prin­cipes d’au­to­no­mie », qui seront défi­nies au moment de la colo­ni­sa­tion de la planète rouge, rapporte The Inde­pendent ce 29 octobre.
Sarah Ben Bouzid / Ulyces.com

Les lecteurs d’Universal War one doivent être à peine surpris d’apprendre que SpaceX, la société privée d’Elon Musk, lancée dans la colonisation de Mars, compte donc ne reconnaitre aucun droit national ou inter­na­tio­nal si elle y arrive. On est bien dans l’idée des CIC d’UW1 (Compagnies industrielles de colonisation), totalement indépendantes et totalement au service, hélas, d’intérêts économiques et particuliers.

Il faut bien réaliser que dans la tête de tous ces Américains, et pas que, la conquête spatiale privée, c’est la “nouvelle frontière”, la nouvelle conquête de l’ouest, le Far West quoi. Si on y ajoute la volonté du capital de ne plus contribuer au national et au collectif, fiscalement bien sûr, mais aussi sur plein d’autres terrains…

Bref, quand j’ai écrit UW1, il me paraissait évident qu’il ne pourrait pas en être autrement.

Comment vont répondre les États ? Vont-ils, comme dans UW1, réussir à s’entendre au sein de l’ONU pour garder encore quelques décennies un certain contrôle sur cette privatisation du système solaire ? Ou au moins en tirer un certain profit pour leurs populations ? Ou vont-ils continuer à laisser faire les multinationales comme aujourd’hui ?

En espérant que la réalité me donnera tort et que tout ça ne se terminera pas en guerre.

Universal War One – tome 5

l’œuf et la poule

La fusion nucléaire, c’est ce qui fait briller le Soleil lui-même. C’est une énergie particulièrement propre, tout à l’opposée de la fission nucléaire, celle de nos actuelles centrales. Le projet ITER vise à démontrer la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire comme source d’énergie. Construit en France, cofinancé par l’Union européenne, la Russie, les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Corée et la Chine, c’est le lieu d’une des plus grandes coopérations scientifiques au monde. Le réacteur sera terminé et devrait commencer ses premiers essais en 2025 : https://www.iter.org/

Les Chinois, membres du projet donc, font depuis quelques temps des déclarations fracassantes sur les progrès de leurs propres réacteurs à fusion de type tokamak. Je viens encore de voir passer sur Numerama un article enthousiaste. Mais il est bon de rappeler que cela fait déjà très longtemps qu’on travaille sur les tokamaks dans le monde, et que, pour l’instant, en tout cas, il n’y a rien de révolutionnaire dans ce que fait la Chine : https://www.futura-sciences.com/

Ce mot de “tokamak” doit dire quelque chose aux lecteurs d’Universal War one. En effet, c’est la fusion nucléaire qui rend tout possible dans ma série. Le problème du confinement des plasmas y est réglé par le maîtrise de l’antigravitation. Et le problème de l’énergie nécessaire à l’antigravité est, lui, réglé par la maîtrise de la fusion nucléaire. Cette série aurait dû s’appeler l’œuf et la poule 🙂

Des nouvelles d’Universal War

Ceci est un long texte, je ne sais pas si vous aurez le courage de le lire jusqu’au bout, mais j’essaye d’y faire un point honnête et complet sur le retard du tome 4 d‘Universal War Two comme sur ma situation d’auteur aujourd’hui.

J’ai découvert qu’une partie des libraires en ligne annonçaient la sortie du tome 4 d’Universal War Two pour le 20 novembre dernier. C’est, hélas pour mes lecteurs, totalement faux. Je n’ai aucune idée de comment cette date a pu être donnée et par qui. À aucun moment je n’ai dit à qui que ce soit que je pourrais livrer mon album cette année, j’ai même bien dit le contraire. Et, d’ailleurs, personne n’aurait pu le croire chez mon éditeur vu que je ne leur ai envoyé ni couverture, ni même une seule page terminée.

J’imagine que cette mise au point est des plus inquiétantes pour des lecteurs qui attendent depuis trop longtemps la suite d’Universal War. Qu’ils se rassurent, je travaille bien sur le tome 4 d’UW2. Je prévois même bien de finir cette série en 6 tomes, comme UW1 et comme c’est prévu dans le synopsis écrit il y a plus de 20 ans. Ce n’est pas parce que mon éditeur n’a rien vu que ce tome 4 n’est pas en cours de réalisation.

Pourquoi suis-je en retard ? Pourquoi est-ce si long ? Il y a de multiples raisons à cela.

Pour commencer, je l’ai souvent dit, je suis assez insatisfait de mon travail. La reconnaissance du public comme de la critique n’y change rien : j’ai une idée initiale de ce que devraient être mes livres mais, hélas, je n’arrive pas à la concrétiser aussi bien que je le voudrais. Année après année, mes exigences augmentant, cette insatisfaction ne va pas en s’arrangeant. J’ai donc tendance à refaire et refaire mon story-board. Cette étape chez moi est fondamentale, elle tient à la fois de l’écriture concrète des scènes et de crayonné des planches. Quand ça se passe bien, ça me prend entre 3 et 6 mois. Et derrière, je n’ai plus qu’à finaliser des planches déjà bien avancées. Mais quand ça se passe mal, que je refais sans cesse ce story-board, ce n’est pas la méthode la plus économe en énergie créative et en temps, bien au contraire…

Il s’avère qu’arrivé à ce tome 4, je dois aussi préparer des scènes des deux tomes suivants, afin d’être sûr que la trame écrite en 1997 fonctionne jusqu’au bout. Il y a une différence entre dire « il va se passer ça, ça et ça » et réussir à le faire dans 46 petites pages de Bande Dessinée. J’arrive en plus au moment des révélations : je vais présenter dans cette seconde moitié d’UW2 une nouvelle théorie physique, qui va donner un nouvel éclairage sur ce qui était donné comme évident depuis le début d’UW1. Dans ce tome 4, ces révélations s’entremêlent avec les réactions des personnages à la catastrophe et à la plongée dans l’inconnu qui vient de leur arriver dans les trois premiers tomes. Mélanger grand spectacle et touches subtiles qui permettent de mieux comprendre le caractère des personnages est un exercice d’équilibriste. Toute cette matière, ces enjeux, cette physique, ces personnages, ces civilisations, tout ceci est d’une complexité abyssale, surtout quand on veut rendre tout cela clair et évident à l’arrivée.

Malheureusement, alors qu’il m’aurait fallu le calme absolu pour mener ce travail, c’est tout le contraire depuis trop longtemps. La plupart d’entre vous ne l’ignorent pas, je me suis engagé beaucoup plus qu’auparavant dans la défense des auteurs. Depuis 2014, je suis débordé par le bénévolat que je fais pour les États généraux de la Bande Dessinée et la Ligue des auteurs professionnels. Certains mois, c’est un plein temps voire plus. Parce que la réforme des retraites ou de la Sécurité sociale n’attendront pas qu’on s’en occupe. Parce que la dégradation continue des rémunérations et des conditions de vies des autrices et des auteurs non plus.

Cela me coûte beaucoup en termes de temps, mais cela me coûte aussi beaucoup en termes d’énergie et de créativité. Imaginez : je passe une bonne partie de la semaine à lire des travaux sociologiques ou économiques qui montrent à quel point la situation des auteurs et des artistes se dégrade, je discute sans arrêt de cette réalité un peu effrayante pour l’avenir avec mes confrères et consœurs, je me retrouve sans arrêt à expliquer cela aux autres acteurs de notre milieu, aux ministères, aux politiques, aux journalistes, mais il faudrait que, juste après, je redevienne le joyeux Denis Bajram qui fait de la BD dans l’enthousiasme voire l’inconscience de tous ces enjeux ? Ce n’est pas possible. Tout cela est bien trop souvent démotivant. Je ne vais pas vous cacher que ça m’a cassé les mains pendant bien trop de semaines. Heureusement, je travaille parfois à ces moments-là sur un projet collectif avec des amis qui me permet de me nourrir de leur dynamisme et de leurs envies. Ça m’a fait beaucoup de bien à chaque fois. Je vous en reparlerai bientôt.

Certains, autour de moi, s’inquiètent gentiment de savoir comment je m’en sors financièrement. Si je peux m’engager autant, c’est que j’ai la chance de vivre bien de mes droits d’auteurs. Mais la plupart des auteurs n’arrivent pas à gagner même un SMIC en faisant de la Bande Dessinée. Plus de la moitié des autrices sont même sous le seuil de pauvreté ! On ne peut pas leur demander de travailler moins pour aller faire du bénévolat de longue durée dans les associations et syndicats d’auteurs. Dont acte : à un moment c’est aux veinards de ces métiers de donner de leur temps. Même si ça aura de grosses conséquences sur leurs revenus. Franchement, je préfère ne pas compter combien cela m’a coûté, mais c’est sans doute de l’ordre de la moitié de mes revenus d’avant…

Il y a une sorte de paradoxe dans cette situation : Aujourd’hui, vous qui avez fait le le succès de la série, vous, lecteurs qui attendez impatiemment la suite d’UW2, c’est vous qui m’avez offert des revenus suffisants qui font que j’ai pu m’engager si longtemps de manière bénévole au service des auteurs qui ont moins de chance que moi. En fait, c’est vous qui financez mon engagement social. En fait, c’est vous qui, à travers moi, défendez tous les auteurs.

J’espère sincèrement que vous comprenez l’importance de tout cela. Qu’attendre ce tome 4 trop longtemps vaut le coup. Je pense sincèrement que nous sommes quasiment arrivés à un point de non-retour. Si, rapidement, nous n’arrivons pas à protéger nos métiers, ce cycle se terminera en déprofessionnalisation massive. La Bande Dessinée en sortira irrémédiablement changée. Sans professionnels à plein temps, les albums au dessin très riche et long à faire deviendront inévitablement de plus en plus rares. Sans professionnels à plein temps, les séries à parution annuelle qui assuraient pourtant la rentabilité tranquille des maisons d’édition, ces séries se feront tout aussi rares. Et je ne suis pas sûr que les éditeurs et les libraires spécialisés s’y retrouvent très longtemps. C’est toute une économie qui va être touchée…

J’ai mis une bonne partie de mon énergie depuis cinq ans dans ce combat parce que je pense que c’est maintenant ou jamais. Mais je ne continuerai pas indéfiniment. Soit cette année nous aurons enfin vraiment avancé, en particulier avec le Ministère de la Culture, soit il faudra bien acter de l’échec et en tirer les conséquences.

Voilà, c’était un petit point sur mon travail et ma situation d’auteur. Croyez-moi, je n’ai qu’une envie aujourd’hui : écrire et dessiner, 24 heures sur 24. Et que les lecteurs d’UW2 se rassurent : j’ai mis tellement de moi dans Universal War, ce travail représente tellement dans ma vie qu’il est hors de question que je ne vous raconte pas rapidement la fin de cette incroyable histoire.

Aux armes, citoyen ?

Ce matin, j’ai répondu à France Culture au sujet de la Red Team que va créer le ministère des armées avec des auteurs de science-fiction pour nourrir ses capacités d’innovation. Pourquoi m’interroger moi, alors que le recrutement ne commencera qu’à la rentrée ? En fait, j’avais fait partie d’une première expérience du genre qui avait eu lieu, discrètement, pendant les Utopiales de Nantes, le grand festival de la science-fiction.

Je me souviens que, quand on m’avait proposé d’y participer, cela m’avait posé un vrai problème de conscience. La Marine venait nous chercher, moi et deux autres auteurs de SF, dans l’espoir, je cite, de « s’affranchir autant que possible des moyens habituels de la prospective ». Nous devions apporter dans ce petit groupe de travail mixte avec des officiers « la créativité de la SF ». Ça, je m’en sentais capable, d’autant plus que la guerre de demain, voire universelle, c’est clairement dans ma réflexion d’auteur. Et puis, avec un peu de chance, on allait enfin me construire le robot géant dont je rêvais gamin.

Plus sérieusement, je m’étais posé une vraie question : est-ce que j’avais envie, est-ce que j’étais même simplement prêt à travailler, même ponctuellement, avec l’armée de mon pays ?

D’un côté, l’étudiant des beaux-arts qui avait tout fait pour être réformé du service militaire me criait « Non, mais ça ne va pas ? Tu veux les aider à tuer des gens ? Et si par hasard, tu les aidais à faire émerger une idée qui s’avérerait meurtrière ? Genre bombe nucléaire, virus Ebola ou Terminator ? » Au-delà de cette angoisse viscérale, j’essaye depuis toujours d’éviter le conflit et la destruction, tentant, vainement souvent, de rassembler et de construire… Il n’y a donc pas grande chose de pire pour moi que de prendre les armes, de partir en guerre, même intellectuellement…

De l’autre côté, à presque 50 ans, j’en ai fini avec un certain romantisme, voire un certain angélisme, et j’ai bien compris que nous n’avons pas que des amis autour de nous. Je ne suis pas prêt à dire : « OK, démantelons nos arsenaux et notre armée et, devant tant de bonne volonté, les autres vont s’incliner et faire de même. ». Je me suis donc demandé s’il n’y avait pas quelque chose de l’ordre du faux-cul à se laver les mains des questions militaires. Genre moi je suis monsieur propre, mais je compte quand même sur l’armée pour me défendre…

Comme c’était pour un seul atelier, une seule après-midi, j’ai dit oui. C’était le meilleur moyen d’éprouver la réalité de tous ces sentiments entremêlés. Et puis, bon, en quelques heures, je ne risquais pas de changer le destin de l’humanité.

J’ai bien fait d’y aller, ce fut passionnant, comme toujours quand on échange avec des gens très différents. Je me suis rendu compte qu’au-delà d’avoir des idées originales d’auteur de SF, le fait de pouvoir dessiner des schémas, voire des engins qui me passaient par la tête était un vrai plus pour mes interlocuteurs. J’ai découvert beaucoup de choses et rencontré des gens plus qu’intéressants. Bref, j’ai passé un bon moment. Et je n’ai eu à tuer personne.

Je suis sorti de cette rencontre sans avoir réussi à trancher dans mes sentiments très contradictoires. Je ne sais toujours pas si c’est la place ou le rôle d’un auteur de SF.

En fait, quelque part, ça rejoint ce que je vis dans la lutte syndicale en faveur des auteurs. Je ne suis pas, politiquement, un grand supporter du libéralisme économique, ni de l’actuel gouvernement. Mais, « en même temps », il faut bien réussir à travailler avec lui. Car si je ne devais travailler qu’avec les pouvoirs publics qui auraient exactement les mêmes valeurs sociétales et politiques que moi, je pourrais attendre longtemps…

Ceci est valable, en fait, pour l’ensemble de nos interactions. À un moment, il faut faire avec le réel, pas avec nos fantasmes.

Bref, quand j’étais plus jeune, j’étais un idéaliste qui se refusait à tout compromis. J’avais fière allure, j’étais bien drapé dans ma dignité, et je pouvais contempler le reste du monde avec les certitudes de celui qui croit connaître le bien et le mal. Depuis, j’ai compris que tout était bien plus compliqué. J’ai appris qu’il n’y avait rien de plus immobilisant que d’avoir peur de se salir les mains. J’ai compris qu’avancer, construire, faire, voire simplement exister ne pouvait se faire sans compromis. J’ai compris que vivre, pleinement, c’était accepter de se tromper. Souvent.

 

Sujet Red Team à 12 mn :

Exposition et réalité virtuelle UW1 à Bayeux

Exposition de planches originales de Denis Bajram et réalité virtuelle UW1 à la nouvelle médiathèque de Bayeux du 2 février au 3 mars 2019.

La médiathèque de la ville de Bayeux partageait jusque-là le bâtiment de l’ancien grand séminaire avec le musée de la célèbre Tapisserie dite de la Reine Mathilde. Avec plus d’un demi million de visiteurs par an, le musée commençait à se sentir à l’étroit. Le projet d’une grande rénovation été l’occasion pour la municipalité de proposer à l’intercommunale de construire une grande médiathèque adaptée, elle aussi, aux usages d’aujourd’hui.

La Médiathèque des 7 lieux, c’est son nom, vient d’ouvrir, et c’est une très belle réussite, lumineuse, pratique, confortable et conviviale. Notre petite cité historique et les communes du Bessin qui l’entourent ont là un bien bel outil à leur disposition.

La médiathèque me fait l’honneur d’inaugurer ses espaces d’expositions et sa programmation culturelle avec mon travail. L’exposition part de mes premières planches originales de jeunesse sur papier pour vous emmener jusque dans une expérience de réalité virtuelle consacrée à UW1. En cela, elle résume bien les enjeux d’une médiathèque d’aujourd’hui, qui se doit d’aller de la bibliothèque traditionnelle jusqu’aux derniers médias et technologies.

L’expérience de réalité virtuelle par laquelle se conclut l’exposition est celle qui a été montée par le Miroir de Poitiers avec le Studio Nyx, et qui vient donc à Bayeux après un détour aux Utopiales de Nantes. C’est une expérience réellement magique, qui vous emporte grâce à un casque VR pendant quelques minutes en immersion dans la flotte spatiale du premier tome d’Universal War One. Je ne peux que vous recommander de profiter de sa venue si vous êtes de la région.

Un grand merci à Jérôme Félix, le commissaire de l’exposition, pour son implication et son sérieux. Bravo pour cette réalisation, et chapeau d’avoir réussi cela au milieu des urgences et des complications qui accompagnent toute ouverture d’une telle structurelle culturelle. Merci aussi à Birdie et aux équipes de la médiathèques pour leur accueil. Amis de Bayeux et du Bessin, n’hésitez pas à aller leur rendre visite !

Médiathèque les 7 lieux
Boulevard Fabien Ware 14400 Bayeux
(sur le “bypass”, à côté du cimetière militaire britannique)
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h et le dimanche de 15h à 18h.
Fermé les lundis et jours fériés.

Exposition du samedi 2 février au dimanche 3 mars 2019
Entrée libre

Universal music

C’est toujours un grand plaisir de voir que son travail nourrit d’autres créateurs, y compris en dehors de la Bande Dessinée. Là, je suis en train d’écouter à fond dans l’atelier un album inspiré par Universal War. Belle surprise et sacrées ambiances ! Bravo aux deux compositeurs de Visions Of Dystopia.

Je vous laisse découvrir à votre tour cet album, puisqu’il est en écoute libre sur Soundcloud et Youtube :

UW1 au musée

Photo ¢ Centre Belge de la Bande DessinéeLe Centre Belge de la Bande Dessinée me prévient que la planche originale d’Universal War One qu’ils m’ont demandée de leur prêter est maintenant installée dans l’espace Art de la BD.

C’est un grand bonheur d’être exposé dans un musée que j’ai eu tant de plaisir à fréquenter quand j’habitais Bruxelles.

Fans d’UW1, c’est le moment de visiter ou de revisiter cette belle institution !

Utopiales 2018

Comme tous les ans, je serai présent aux Utopiales, le rendez-vous incontournable de la science-fiction. Il se tient cette année du 31 octobre au 5 novembre 2018 à la Cité des congrès de Nantes.

Grande nouvelle, vous pourrez y découvrir l’expérience de réalité virtuelle Universal War One qui était installée tout cet été à Poitiers. Elle sera présentée aux Utopiales dans une version encore améliorée. Attention, il n’y a “que” quatre casques de réalité virtuelle, donc essayez de venir en dehors des heures de pointe.

Je serais plus souvent possible dans les parages pour répondre à toutes vos question et signer vos livres. D’ailleurs, n’hésitez pas à m’arrêter n’importe ou et n’importe quand dans le festival : je viens pour vous rencontrer.

Comme tous les ans, j’interviendrai aussi dans des tables-rondes variées. Cette année, les Utopiales m’ont en plus demandé de me prêter à l’exercice de la conférence en solo. À croire que je parle facilement… 🙂

Voici le programme de ces interventions :


Le corps des machines

Laurent Genefort, Denis Bajram, Marcus Dupont-Besnard

Mercredi 31 Octobre – 16:00 / 17hh00 – Salle Hypérion

Qui n’a jamais insulté son ordinateur récalcitrant ou jeté un téléphone fonctionnel mais démodé ? L’obsolescence programmée encourage et autorise ce type d’usage des machines tandis que les robots deviennent de plus en plus interactifs à défaut d’être conscients comme les réplicants de Blade Runner. Une éthique vis-à-vis des machines est-elle à envisager ? Faut-il aussi être soigneux pour un développement durable ?


Les réseaux, nouveaux organes de démocratie ?

Avec Denis Bajram, Jeanne-A Debats, Christopher Priest.
Modération : Magali Couzigou

Jeudi 1er Novembre – 18h00 / 19h00 – Scène Shayol

1970, Sur l’Onde de Choc de John Brunner : la révélation d’un secret fait tomber des entreprises nocives. Aujourd’hui, les citoyens, en désaccord avec la politique d’une institution ou d’une entreprise, le font savoir. Et parfois, ils obtiennent satisfaction. Entre danger de censure populaire et expression d’une démocratie directe, où va le corps social du réseau ? Est-il déjà le 5e pouvoir ?

Les cités biomimétiques ou les nouveaux jardins de Babylone

Baptiste Grard, Agnès Lelièvre, Kij Johnson – Modération : Denis Bajram

Samedi 3 Novembre – 15:30 / 16h30 – Scène Shayol

La science-fiction a rêvé toutes sortes de villes, souvent mégalopoles dystopiques où le citoyen insecte peine à trouver son chemin dans la fourmilière. Mais parfois il s’agit plutôt de cités vivantes, quasi végétales, elles aussi, tels les « habitarbres de Schuitten dans ses songes archiborescents. Ces agglomérations à taille humaine feront de leurs habitants non plus des consommateurs mais les acteurs de ces nouveaux écosystèmes. Êtes-vous prêts à déménager dans le futur ?

Rigueur scientifique et bande dessinée

Université Éphémère des Utopiale – Denis Bajram

Samedi 3 Novembre – 17h00 / 18h00 – Lieu Unique

L’imagerie de science-fiction pourrait sembler n’avoir eu de frein que la frénésie des auteurs. Pourtant, dès l’aube du genre, ils se sont souvent tournés vers la science pour créer des êtres ou des machines « réalistes ». Ainsi les spéculations sur les canaux martiens ou bien les formes des vaisseaux. À l’heure de la théorie des cordes, quelles nouvelles inspirations et contraintes scientifiques pour les auteurs ?

Universal War One en réalité virtuelle

Voici un aperçu de ce que vous pourrez expérimenter jusqu’au 14 octobre 2018 à La Chapelle Saint-Louis de Poitiers, puis pendant cinq jours aux Utopiales de Nantes. Au sein d’un des modules tout en métal de l’exposition, deux casques de réalité virtuelle permettent une immersion sonore et visuelle en relief et à 360°. On croirait vraiment être à bord d’un des vaisseaux d’Universal War One. Magique !