Tendres tendons

La semaine dernière, je suis allé aux Utopiales Nantes avec une grosse attelle à la main de travail. Apparemment, l’info a circulé, puisque certains me demandent des nouvelles de ma santé en message privé.

Je fais donc un petit point rapide. En début de semaine dernière, en soulevant un objet très lourd dans l’atelier, j’ai ressenti une très vive douleur dans les doigts de la main droite ainsi que dans tout l’avant-bras. Aux urgences, on m’a diagnostiqué un problème de tendons et j’ai donc eu droit à une immobilisation quasi-totale de la main pendant les cinq jours passés aux Utopiales. Une fois rentré, le médecin m’a confirmé que c’était une bonne élongation. J’ai donc repris le chemin de l’attelle.

Normalement, je serai apte au service en fin de semaine prochaine. D’ici là, je bricole comme je peux sur l’ordinateur. Heureusement, j’ai le soutien de Valérie et des copains de l’Atelier virtuel. Donc, amis lecteurs, pas d’inquiétude, je reprendrai bientôt le travail sur Universal War 😊

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Utopiales 2023

Tous les ans, c’est un véritable bonheur d’aller aux Utopiales de Nantes. Au-delà d’être la référence incontournable des festivals de science-fiction, nous y voyons surtout un lieu où règne l’intelligence, la raison, mais aussi la folie, la folie de croire que les lendemains peuvent toujours chanter. Et puis, Valérie et moi y retrouvons de très nombreux amis et amies, et nous nous en faisons chaque fois de nouveaux.

Le programme est un peu plus calme cette année pour nous, sans exposition ou autres grands enjeux. C’est chouette, on aura du temps à consacrer à tout le monde. Si vous venez dans ce merveilleux endroit, nous pourrons donc prendre le temps de bavarder. Alors n’hésitez pas à nous arrêter si vous nous croisez !

MES tables rondes

► L’héritage de la science-fiction

La grande anthologie de science-fiction dirigée par Gérard Klein donnait à voir un panorama à la fois historique et thématique de ce qui se faisait et s’était fait en science-fiction. Mais comment choisir les textes importants, historiques, ou encore simplement lisibles aujourd’hui ? Quels conseils aux jeunes lecteur·rice·s en 2023 ?

Avec Richard Canal, Stéphanie Chaptal, Sylvie Denis, modération Denis Bajram

Vendredi 3 novembre de 11h45 à 12h45
Lieu Unique, Atelier 1

► Transmission par les images

La science-fiction se nourrit des sciences mais les images qu’elle crée en retour sont souvent dotées d’une esthétique et d’une charge émotionnelle importante. Cette abondante production d’images a notamment accompagné, voire aidé, l’aventure spatiale. Comment sont conçues les images de science ? Au-delà de leur esthétique, quel est l’intérêt des images de fiction ? Que nous racontent-elles sur notre univers et nos rapports avec lui ?

Avec Lalex Andréa, Denis Bajram, Héloïse Chochois, Elsa Ducrot, moderation Bénédicte Leclercq

Vendredi 3 novembre de 16h15 à 17h15
Espace CIC Ouest

► Paradigmes, novums et révolutions scientifiques

Comment la science passe-t-elle d’une compréhension du monde à une autre ? Son histoire est-elle une suite de coups de génie ou une génération doit-elle succéder à une autre pour qu’une idée nouvelle fasse son nid ? Peut-être les spécialistes des idées dérangeantes et des novums que sont les auteur·rice·s de SF le savent-ils·elles mieux que personne…

Avec Denis Bajram, Estelle Blanquet, Éric Picholle, modération Xavier Mauméjean

Samedi 4 novembre de 11h45 à 12h45
Espace CIC Ouest

► L’IA qui dessinait Mona Lisa et qui écrivait La Comédie humaine

La technologie, avec les récents outils qu’elle propose, offre de nouvelles possibilités tout en nous en faisant perdre d’anciennes. Et nous oublions ce que nous avons perdu. Comment l’art évolue-t-il avec la technologie ? Se transforme-t-il pour le meilleur ou pour le pire ? Qu’allons-nous faire de l’IA ? Que va-t-elle faire de nous ?

Avec Stéphane Levallois, Guillaume Singelin, Adrien Tomas, Elene Usdin, modération Denis Bajram

Dimanche 5 novembre de 09h15 à 10h15
Cité des Congrès – Salle 2001

 

Côté syndical

► Café Ligue

La Ligue des Auteurs Professionnels organise une rencontre autour d’un café, d’un thé ou d’un soft pour les auteurs et autrices présents aux Utopiales comme pour ceux et celles qui voudraient venir en voisins. Un Café Ligue, c’est un moment convivial où notre équipe vous tient au courant des questions et des actions du moment. En plus de s’informer auprès de nos juristes et de nos élus, c’est l’occasion pour nous, auteurs et autrices, de se retrouver et d’échanger sur nos métiers, notre situation et de réfléchir ensemble à notre avenir (et ce n’est pas de la science-fiction).

Avec l’équipe de la Ligue des auteurs professionnels

Samedi 4 novembre de 16h00 à 17h00
Sur inscription avant le 27 octobre midi au lien suivant :

Des fiches info pour les auteurs

Depuis le début, la Ligue des auteurs professionnels travaille à améliorer l’information des auteurs et autrices sur leurs droits dans l’édition, sur leur fiscalité, sur leurs obligations et droits sociaux. Afin de rendre tout cela beaucoup plus facile, nous lançons aujourd’hui un système de fiches info lié à un moteur de recherche. Il y a, bien sûr, des explications allant de vidéos de présentation jusqu’aux aspects les plus pointus du droit. Tout cela se veut facile d’accès sans perdre en précision, et surtout pratique, avec, par exemple, des courriers-types prêts à être envoyés à vos interlocuteurs.

Bref, indispensable !

 

 

Ministère amer

Vendredi a eu lieu au ministère de la Culture la réunion la plus ubuesque à laquelle j’ai pu participer en trois décennies d’engagement syndical. Ce fut aussi la réunion la plus courte.

Nous ne partions pourtant pas d’une situation idéale pour cette nouvelle concertation éditeurs / auteurs. Lancées depuis un an, nos négociations interprofessionnelles n’ont pas du tout apporté, pour l’instant, des résultats à la hauteur de la crise socio-économique qui touche les créateurs et créatrices du livre. En plus, le ministère avait déjà écarté de ces concertations le CAAP1, syndicat sans doute trop revendicatif à son goût, et ce malgré sa grande compétence technique.

Vendredi, lors de cette réunion au ministère, ce fut au tour du SNE, principal syndicat des éditeurs, de vouloir décider quelles personnes pouvaient représenter ou pas une organisation d’auteurs. Face au refus de la Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse d’écarter un de leurs représentants, l’avocat Denis Goulette, leur conseiller juridique, le SNE a donc quitté la réunion. Cerise sur le gâteau, une partie des représentants des auteurs, au lieu de soutenir la Charte, a trouvé le premier prétexte pour se lever à son tour et suivre les éditeurs dans leur refus de tenir cette réunion, laissant la Ligue des auteurs professionnels et la Charte seuls. Si-dé-rant.

Nous, représentants de la Ligue, avons demandé avec ceux de la Charte à ce que la réunion continue. Nous aurions pu au moins parler de ce qui venait de se passer. Mais le ministère a levé la séance, pliant ainsi devant les exigences du SNE. Ce n’était pas la première fois de la journée : à la demande du SNE, le ministère avait déjà tenté d’empêcher Maitre Goulette d’entrer dans la réunion, mais avait reculé en voyant qu’il était accompagné d’un huissier venu constater cette entrave manifestement illégale.

Tout cela est très grave et pose de sérieuses questions.

Déjà, peut-on parler de démocratie sociale lorsque les ministères ou les organisations patronales s’arrogent le droit de décider de qui va négocier pour les travailleurs ? Évidemment non. C’est tellement inéquitable qu’on se demande comment ils peuvent seulement oser le faire sans penser que cela va profondément choquer tous ceux qui l’apprendront.

Ensuite, comment a-t-on pu en arriver là ? Rappelons que la recommandation n°5 du Rapport Bruno Racine était d’organiser rapidement des élections professionnelles dans chaque secteur de création artistique afin de doter les artistes-auteurs d’organisations représentatives et financées. Cette urgence à avoir des élections afin que les auteurs et autrices choisissent qui parle en leur nom s’avère plus que nécessaire quand on constate que le simple choix des négociateurs est soumis aux coups de force des uns ou des autres. Face à ce blocage, on se demande vraiment pourquoi cette recommandation du rapport Racine a été enterrée… comme la plupart des autres d’ailleurs.

Enfin, tout cela interroge la neutralité du ministère de la Culture. Ne doit-il pas veiller à la réalité du dialogue social ? A quel point a-t-il cédé devant les industries culturelles aux dépens des créateurs et créatrices ? Incompétence ou malveillance ?

Cher ministère, après tous ces faux pas, il va vraiment falloir maintenant que tu nous prouves que tu soutiens notre droit en tant qu’auteurs et autrices à pouvoir nous défendre sérieusement. Et nous ne nous contenterons pas de quelques mots.

 

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé lors de cette réunion :

Notes

Bomb X

Bomb X est une nouvelle série de science-fiction qui a mûrit au sein de notre atelier virtuel. Sans que je ne sache vraiment de quoi parlait le scénario de Vincent Brugeas, c’était passionnant de voir comment Ronan Toulhoat, Brice Cossu et Yoann Guillo étaient en train mixer leurs styles, le tout sous l’excellente direction artistique d’Alexis Sentenac.

Leur éditeur m’ayant proposé d’écrire une préface à l’album, j’ai tout de même demandé à lire l’album finalisé avant de donner mon accord. heureusement, je n’ai pas été déçu, bien au contraire, par la lecture !

C’est donc avec un grand plaisir que j’ai écris ces quelques mots pour le livre de mes camarades :

Qu’est-ce que la science-fiction ? Durant des décennies des aéropages d’érudits ont proposé de bonnes définitions, mais il suffisait qu’un nouveau chef-d’œuvre bouleverse le genre pour qu’il faille les réécrire. Bien sûr, on peut définir la SF par ses sujets évidents, comme les histoires sur le progrès scientifique, les voyages dans l’espace ou dans le temps voire dans des univers parallèles, les extra-terrestres, les créations technologiques les plus incroyables… Mais, défini comme cela, ce vaste univers de la SF peut passer pour de la pure fantaisie jusqu’à n’être qu’un genre d’évasion un peu creux.

Je vois, au contraire, dans la science-fiction un genre des plus sérieux. Si je devais réduire la définition de la SF au plus court, je dirais qu’elle est spéculation sociétale. Car, si on invente tous ces mondes hypothétiques, c’est en fait pour observer différemment nos organisations humaines et nos comportements actuels. Si on amplifie certains phénomènes ou questions à l’extrême, c’est pour les voir fonctionner plus clairement, mieux en comprendre tenants et aboutissants et mieux identifier avantages et risques.

Bomb X correspond, bien sûr, à la définition classique de la science-fiction d’évasion. Sans rien vous dévoiler, on y retrouve beaucoup des grands thèmes que j’évoquais au début. Si vous avez feuilleté l’album, vous l’avez déjà constaté, les dessinateurs et le coloriste ont réalisé de sublimes images de SF. Et quelle mise en scène, quelle vie dans les personnages ! Bref, côté évasion, le lecteur est choyé.

Mais Bomb X est aussi de la science-fiction telle que j’aime à la définir. En effet, la micro-société que les auteurs nous décrivent est le résultat du télescopage d’humains venus d’horizons très différents. Il ressort inévitablement de cette expérience, voire de cette confrontation, des questions fortes, en particulier pour les Occidentaux de ce début de millénaire que nous sommes.

Je suis évidemment curieux maintenant d’en savoir plus sur ce monde énigmatique. Mais, je suis aussi curieux de continuer l’aventure avec tous ces personnages, de vivre avec eux cette expérience d’humanité inédite. Ne l’oublions jamais, la fiction a parfois plus à nous apprendre sur nous-mêmes que la réalité.

Denis Bajram

Pour avoir un aperçu de l’album :

Il faut lire Fabrice Neaud

La Bande Dessinée, je vous en ai déjà parlé, nourrit en général bien mal ses créateurs et créatrices. Mes débuts furent donc très difficiles économiquement, je dus quitter Paris pour une ville de province aux loyers bien moins chers. Il s’avère que cette ville abritait un collectif de bande dessinée ambitieux nommé Ego comme X.

Quand je vivais encore à Paris, je lisais avec beaucoup d’intérêt la revue Ego comme X. Et j’étais particulièrement intéressé par les pages d’un certain Fabrice Neaud. Comme les autres auteurs de la revue, il explorait l’autobiographie, une voie bien nouvelle à l’époque en BD. Mais, au lieu d’adopter un dessin-écriture rapide comme celui des auteurs qu’on allait regrouper sous l’étiquette de « nouvelle Bande Dessinée », il était parti dans une direction très différente, nourrit de tradition classique du dessin, mais aussi de comics et de manga. Il avait donc un dessin réaliste très solide qu’il mariait avec une recherche formelle sur la composition et la narration dont je me sentais assez proche.

C’est donc à l’occasion de ce déménagement en province que je rencontrais enfin Fabrice. C’était un garçon truculent, à la conversation volubile. Très vite, nous nous découvrîmes des passions communes : la musique classique, la science-fiction, la philosophie, les arts et les lettres, les comics de super héros… Ce fut le début d’une profonde amitié, de celles très rares, qui emplissent une vie.

En 1996, Fabrice sortit le premier tome de son Journal chez Ego comme X. Un livre si fort qu’il obtint l’Alph-Art du meilleur premier album au festival d’Angoulême suivant. Même si une partie de la critique n’y avait vu que l’autobiographie d’un homosexuel de province, j’y avais surtout vu, moi, une sacrée promesse : on ne croise pas tous les jours une telle qualité formelle sur un premier livre.

Cette promesse fut plus que confirmée par les tomes suivants. Elle le fut sur le fond déjà. Fabrice nous proposait une implacable dissection de sa propre vie, de ses sentiments, du petit monde autour de lui et du contexte social de cette fin des années 90. Fabrice faisait preuve d’une intelligence, d’une lucidité et d’une honnêteté rares, de celles qui changent votre propre manière de regarder le monde.

Mais n‘oublions surtout pas la forme sans laquelle ce fond n’aurait pu être qu’une petite musique sans ambition. Bien au contraire, Fabrice avait usé dans ces nouveaux tomes du Journal non seulement d’un dessin encore plus beau, mais il proposait surtout un vocabulaire d’images, de compositions, de narration extrêmement riche et complexe, à la grammaire aussi inventive que maitrisée. C’était une véritable leçon de Bande Dessinée.

 

Après la fin malheureuse d’Ego comme X (l’économie de la BD est plus que précaire, encore une fois), le Journal de Fabrice Neaud a finalement été réédité chez Delcourt. Mais c’est aujourd’hui seulement que parait, après un bien trop long silence autobiographique, Le Dernier Sergent, dont les événements suivent directement ceux du Journal.

Ce n’est pas sans une certaine inquiétude que je me suis lancé dans la lecture ce Dernier Sergent. J’ai tellement admiré le Journal de Fabrice que je craignais d’être éventuellement déçu. Non pas que je pensais que le livre pouvait être mauvais, ayant déjà vu et lu de nombreuses planches et scènes lors de nos visites chez lui avec Valérie. Cette vision parcellaire m’avait totalement convaincu de l’importance de ce nouvel opus. Mais, nous, lecteurs, sommes ainsi faits, quand nous avons connu une forte émotion avec une œuvre, nous pouvons en garder un souvenir surdimensionné, et nous retrouver bêtement déçus par une nouveauté pourtant remarquable.

Heureusement, j’avais tort d’avoir peur. Si j’écris ce texte, c’est même que je suis à nouveau totalement bouleversé par le travail de Fabrice, comme au premier jour. Je pense même que son silence, forcé, en matière autobiographique a permis à Fabrice d’atteindre une maturité artistique exceptionnelle. Le résultat est tellement fort que je n’oserai pas en parler plus longuement sans l’avoir relu. Tout ceci, vous pourrez le pré-sentir au feuilletage tant les dessins, les pages, les compositions explosent déjà au visage. Ce sont des heures exceptionnelles avec un très grand auteur qui vous attendent.

Alors, si vous ne connaissez pas Journal, n’attendez plus pour le lire. Autrement plongez-vous dans Le Dernier Sergent dès maintenant. Passée la déferlante de sentiments que provoquera cette lecture, vous aurez sans doute, comme-moi, envie de relire toute l’œuvre autobiographique de Fabrice, le temps de patienter jusqu’au prochain opus.

Oui, il faut vraiment lire et relire Fabrice Neaud

 

Remplaçable ? Remplacé !

Nous avons tous compris que dans beaucoup de domaines, des travailleurs bien humains vont se faire remplacer par des “intelligences artificielles”. Mais dans quelle proportion ? Dans les métiers intellectuels, certains prédisent que ce sera plus de la moitié des postes.

Mais il faut arrêter de parler de tout cela au futur.

Onclusive, société française spécialisée dans la veille média et les outils de relations publiques vient d’annoncer qu’elle virait 217 salariés sur 383 et utilisera à la place de l’intelligence artificielle. C’est donc 56% de ses effectifs qui sont remplacés du jour au lendemain par un logiciel.

Dire que le développement de ces IA n’en est qu’à ses balbutiements. Depuis des décennies, les robots ont expulsés massivement les ouvriers du marché du travail ? C’est maintenant au tour des cols blancs de se faire liquider.

Ça promet.

Web WipEout

Dans les années 90, j’occupais une table d’atelier chez Mathieu Lauffray et on dessinait assidument toute la journée et une partie de la nuit. Enfin, presque. Mathieu avait eu la très bonne/mauvaise idée d’investir dans une grande télévision, sur laquelle on disséquait les films, et dans une magnifique console PlayStation, première du nom. Et parmi nos jeux préférés, il y avait la course futuriste WipEout. Créé par les Anglais du studio Psygnosis, il avait tout pour plaire : ultra fluide et rapide pour l’époque, il renouvelait les sensations d’arcade. Il était beau aussi, loin des rendus assez grossiers de la plupart des jeux, en particulier grâce aux créations visuelles de The Designers Republic, graphistes stars de la scène musicale anglaise. Enfin, la bande son était à la hauteur, avec les meilleurs représentants de la techno et de la big beat, les Orbital, Chemical Brothers ou The Prodigy qu’on découvrait à l’époque.

Aujourd’hui, il est possible de retrouver cette sensation d’un clic. Le code source du premier WipEout ayant fuité l’année dernière, un développeur s’est lancé dans son portage1 sur des plateformes plus modernes. Et en particulier, sur le web ! On peut donc jouer à WipEout sur son navigateur d’un clic sur ce lien (et en téléchargeant 144 Mo de données) :

On voit là quel chemin l’informatique a parcouru depuis 1995. Quand la première PlayStation a débarqué, en particulier avec WipEout, on était bluffé par la puissance, la qualité graphique et la réactivité de la console. C’était, proportionnellement aux ordinateurs de l’époque, franchement une réussite. Dire qu’aujourd’hui, tout cela tourne à fond dans un navigateur web, y compris sur son téléphone ! Si la technologie utilisée, WebAssembly, permet cette efficacité, cela reste une émulation, et donc consomme bien plus qu’un jeu directement écrit pour le processeur. On ne réalise pas que nos iPhones dépassent aujourd’hui aisément le teraflops de puissance de calcul, alors que nos braves PlayStations de 1995 faisaient toutes ces merveilles avec seulement 66 kiloflops sous le capot, soit 10 000 fois moins de puissance que nos « téléphones ». Et pourtant, à l’époque, on s’épatait d’avoir dans cette petite boîte sous la TV du salon presque la même puissance que les supercalculateurs Cray-1 qui nous avaient fait rêver gamins.

Bref, let’s play WipEout again!

Notes

Non-droit à l’image

Hier soir, mon confrère Jean-Christophe Menu a quitté Facebook, principalement par lassitude des pubs et du grand vide qu’on y croise sans arrêt. J’ai éteint l’ordinateur après un dernier échange avec lui où je lui disais que, en ce moment, tout nous donne plutôt envie de se retirer du monde.

Ce matin, en allumant mon ordinateur, je tombe justement sur sa tête en train de me dire quelque chose… qu’il ne serait pas du genre à dire. C’est le partage par un ami d’une image postée par un compte « La cle de la Renaissance » remplie de citations et d’illustrations new age et de propositions de « soin Énergétique ». Je découvre rapidement que cette image circule depuis plus d’un an sur les réseaux, sur des comptes genre « Proverbe Du JOUR » (Sainte Typographie, priez pour nous).

Mais qui a eu l’idée saugrenue d’utiliser ainsi ce portrait de Jean-Christophe par le photographe David Rault ? Est-ce juste parce que le regard de JC y est particulièrement intense ? Et d’où sort cette « citation » plaquée dessus ? Une métaphore informatique qu’on imagine bien mal dans la bouche de JC en tout cas…

Et surtout, n’importe qui peut donc retrouver sa tronche sur Internet disant n’importe quoi. On imagine l’enfer que ce serait de faire effacer les milliers d’occurrences de ce genre de partages. et surtout le coût en avocats et huissiers…

Jean-Christophe, tu as vraiment bien fait de te casser des réseaux.

Colloque BD au Collège de France : le replay

La semaine dernière j’étais dans les vénérables murs du Collège de France pour le colloque Nouveaux chemins de la bande dessinée qui venait conclure l’année de cours de Benoît Peeters. On y a entendu des interventions passionnantes. Si vous voulez vous faire une idée des enjeux actuels, c’est à écouter ou réécouter.

Lors de l’intervention que je partageais avec Loo Hui Phang et Pierre Nocerino (ci-dessus) j’ai essayé, sans taire les immenses difficultés actuelles des auteurs et autrices, de finir sur une note un peu plus ambitieuse.

Petit détail amusant : quand Benoît a présenté mon travail en début de de table ronde, j’ai vu s’afficher sur l’écran géant la couverture de mon dernier album paru. Je vais donc pouvoir me gargariser d’avoir permis à Goldorak d’entrer au Collège de France 🙂

Voici l’ensemble des vidéos, dans l’ordre chronologique :

  1. Introduction
    Benoît Peeters
  2. Une bande dessinée de poésie
    Jan Baetens (auteur)
  3. La bande dessinée de non-fiction
    David Vandermeulen (auteur)
  4. Au-delà du papier, vers le numérique
    Julien Baudry (université Bordeaux Montaigne) :
  5. La recherche et l’enseignement de la bande dessinée.
    Thierry Groensteen (auteur), Irène Leroy-Ladurie (revue Neuvième art), Sylvain Lesage (université de Lille)
  6. Les évolutions du marchéXavier Guilbert (site Du9)
  7. Éditer la bande dessinée.
    Christel Hoolans (Kana – Le Lombard), Benoît Mouchart (Casterman), Serge Ewenczyk (Çà et là)
  8. Auteurs et autrices, un métier en danger ?
    Pierre Nocerino (chercheur), Loo Hui Phang (autrice), Denis Bajram (auteur)
  9. Lire et faire lire la bande dessinée.
    Vincent Poirier (libraire), Sonia Déchamps (journaliste-modératrice), Pascal Mériaux (BD Amiens)
  10. Exposer et conserver la bande dessinée.
    Anne-Hélène Hoog (CIBDI Angoulême), François Schuiten (auteur), Jean-Baptiste Barbier (galeriste)